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a crise qui a jailli entre le COA et certains entraîneurs d'athlétisme (dont Ahmed Mahour
Bacha est le leader) est née des conditions de préparation offertes aux
athlètes d’élite. Ceux qui, à travers les pronostics émis par leurs entraîneurs
et la FAA sont susceptibles de participer aux finales des Jeux Olympiques de
Rio et pour quelques-uns (bien rares) de s’installer sur une des trois marches
du podium. Ces pronostics sont établis sur la base des résultats de la saison
passée et de l’idée (fort louable et logique d’ailleurs) que les athlètes en
question peuvent améliorer leurs performances si on leur en donne les moyens de
réussir le challenge. Des moyens consistant essentiellement en….stages à
l’étranger.
La préparation à l’étranger fait aujourd’hui partie de la routine, des
habitudes prises pendant d’abord deux périodes importantes de l’Histoire
récente du pays. Une première période qui a vu la sécurité des athlètes et des
staffs prévaloir sur toute autre considération et une seconde où l’on a
considéré que les rentrées en pétrodollars étaient à la fois importantes et éternelles. Deux
considérations qui ont fait que tous les stages de préparation ont été
organisés en dehors des frontières. Un troisième aspect a été aussi mis en
avant par les entraîneurs et les instances fédérales : l’absence
d’infrastructures modernes permettant à la fois de réaliser le travail
programmé et ensuite de bénéficier des moyens de récupération.
Pendant le quart de siècle qui vient de s’écouler les pouvoirs publics
ont financé la réalisation d’infrastructures sur tout le territoire national.
D’autres ont été réhabilitées. Toutes ces infrastructures ont (en théorie) fait
l’objet d’une maturation et d’un suivi par les structures déconcentrées du
ministère de la jeunesse et des sports dans lesquelles activent des cadres des
sports, condisciples des cadres permanents des fédérations et des entraîneurs
nationaux pratiquant, du moins nous le supposons, le même langage et partageant
une même idéologie puisque sortant du même moule, du même établissement de formation.
Malgré cela, malgré ce réseau qui quadrille le pays, il est de notoriété
publique que tous ces projets connaissent des retards (se décomptant en années)
et des malfaçons dont on se rend compte
tardivement.
La cécité semble être la maladie qui frappe les cadres et les
gestionnaires du sport. L’effort
financier consenti par l’Etat a permis de doter des centres urbains (Batna,
Sétif, Bordj Bou Arreridj, Tlemcen, Saïda) situés en altitude moyenne
(1 000 à 1 300 mètres) d’infrastructures répondant aux normes
internationales. Le centre de préparation en altitude (1 600 mètres) de
Tikjda (dévasté par le terrorisme) a été réhabilité et accueille des délégations
de nations amies, quelques équipes nationales ainsi que des équipes
professionnelles de football auxquelles l’asséchement financier interdit une
préparation à l’étranger. Souvent, ces centres de préparation étrangers (auxquels
sont abonnées, depuis des années, nos équipes de football professionnel) sont
édifiés à quelques dizaines de kilomètres des frontières avec nos voisins
tunisiens et marocains.
Pendant ce temps, le bon vieux centre de préparation de Seraidi, sur les
hauteurs d’Annaba, où des générations d’athlètes ont préparé leurs compétitions
de haut niveau, attend que l’on se retrousse les manches et qu’il ne donne plus
l’impression d’être abandonné. Bien
qu’il ne réponde plus aux attentes de la nomenklatura sportive algérienne,
quelques coups de pinceaux, de marteaux et
de râteaux en feraient un centre envié par les milliers d’athlètes kenyans et
éthiopiens qui ne disposent pas des conditions matérielles offertes aux
athlètes algériens. La récente polémique (cet hiver) a permis au public
attentif de prendre connaissance qu’après les championnats du monde de Pékin,
Toufik Makhloufi a été hébergé à l’hôtel Sheraton du Club des Pins aux frais de
la FAA et ensuite du COA.
Mais, Tikjda, Chréa sur les hauteurs de Blida (1 550 mètres),
Seraidi (900 mètres) sonnent moins bien aux oreilles, frappent moins les
esprits que Formia, Iten, Eldoret, Font Romeu (démodé dans l’esprit des
entraîneurs), Ifrane ou les centres d’Afrique du Sud, du Qatar, d’Espagne, du
Portugal, etc. Chaque discipline, chaque épreuve a ses centres de préparation
fétiches.
L’argumentaire des entraîneurs comprend (pour justifier leurs souhaits
de préparation à l’étranger) l’absence des moyens de récupération et de
sparring-partners obligeant donc à se rendre là où ils trouveront ce qui manque
sur place, ici en Algérie.
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