lundi 9 mai 2016

Préparation olympique (10), Absence de centres de préparation

L
a crise qui a jailli entre le COA et certains entraîneurs d'athlétisme (dont Ahmed Mahour Bacha est le leader) est née des conditions de préparation offertes aux athlètes d’élite. Ceux qui, à travers les pronostics émis par leurs entraîneurs et la FAA sont susceptibles de participer aux finales des Jeux Olympiques de Rio et pour quelques-uns (bien rares) de s’installer sur une des trois marches du podium. Ces pronostics sont établis sur la base des résultats de la saison passée et de l’idée (fort louable et logique d’ailleurs) que les athlètes en question peuvent améliorer leurs performances si on leur en donne les moyens de réussir le challenge. Des moyens consistant essentiellement en….stages à l’étranger.
La préparation à l’étranger fait aujourd’hui partie de la routine, des habitudes prises pendant d’abord deux périodes importantes de l’Histoire récente du pays. Une première période qui a vu la sécurité des athlètes et des staffs prévaloir sur toute autre considération et une seconde où l’on a considéré que les rentrées en pétrodollars étaient à la fois  importantes et éternelles. Deux considérations qui ont fait que tous les stages de préparation ont été organisés en dehors des frontières. Un troisième aspect a été aussi mis en avant par les entraîneurs et les instances fédérales : l’absence d’infrastructures modernes permettant à la fois de réaliser le travail programmé et ensuite de bénéficier des moyens de récupération.
Pendant le quart de siècle qui vient de s’écouler les pouvoirs publics ont financé la réalisation d’infrastructures sur tout le territoire national. D’autres ont été réhabilitées. Toutes ces infrastructures ont (en théorie) fait l’objet d’une maturation et d’un suivi par les structures déconcentrées du ministère de la jeunesse et des sports dans lesquelles activent des cadres des sports, condisciples des cadres permanents des fédérations et des entraîneurs nationaux pratiquant, du moins nous le supposons, le même langage et partageant une même idéologie puisque sortant du même moule, du même établissement de formation. Malgré cela, malgré ce réseau qui quadrille le pays, il est de notoriété publique que tous ces projets connaissent des retards (se décomptant en années) et des malfaçons dont on se  rend compte tardivement.
La cécité semble être la maladie qui frappe les cadres et les gestionnaires du  sport. L’effort financier consenti par l’Etat a permis de doter des centres urbains (Batna, Sétif, Bordj Bou Arreridj, Tlemcen, Saïda) situés en altitude moyenne (1 000 à 1 300 mètres) d’infrastructures répondant aux normes internationales. Le centre de préparation en altitude (1 600 mètres) de Tikjda (dévasté par le terrorisme) a été réhabilité et accueille des délégations de nations amies, quelques équipes nationales ainsi que des équipes professionnelles de football auxquelles l’asséchement financier interdit une préparation à l’étranger. Souvent, ces centres de préparation étrangers (auxquels sont abonnées, depuis des années, nos équipes de football professionnel) sont édifiés à quelques dizaines de kilomètres des frontières avec nos voisins tunisiens et marocains.  
Pendant ce temps, le bon vieux centre de préparation de Seraidi, sur les hauteurs d’Annaba, où des générations d’athlètes ont préparé leurs compétitions de haut niveau, attend que l’on se retrousse les manches et qu’il ne donne plus l’impression d’être abandonné.  Bien qu’il ne réponde plus aux attentes de la nomenklatura sportive algérienne, quelques coups de pinceaux,  de marteaux et de râteaux en feraient un centre envié par les milliers d’athlètes kenyans et éthiopiens qui ne disposent pas des conditions matérielles offertes aux athlètes algériens. La récente polémique (cet hiver) a permis au public attentif de prendre connaissance qu’après les championnats du monde de Pékin, Toufik Makhloufi a été hébergé à l’hôtel Sheraton du Club des Pins aux frais de la FAA et ensuite du COA.
Mais, Tikjda, Chréa sur les hauteurs de Blida (1 550 mètres), Seraidi (900 mètres) sonnent moins bien aux oreilles, frappent moins les esprits que Formia, Iten, Eldoret, Font Romeu (démodé dans l’esprit des entraîneurs), Ifrane ou les centres d’Afrique du Sud, du Qatar, d’Espagne, du Portugal, etc. Chaque discipline, chaque épreuve a ses centres de préparation fétiches.
L’argumentaire des entraîneurs comprend (pour justifier leurs souhaits de préparation à l’étranger) l’absence des moyens de récupération et de sparring-partners obligeant donc à se rendre là où ils trouveront ce qui manque sur place, ici en Algérie.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire