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ous n’aborderons pas cette antienne usée par le temps qui a fait que
la fédération algérienne a, de tous temps, été considérée comme une agence de
voyages. Un argument utilisé pour qualifier et, dans un même mouvement, persifler
la profusion des stages organisés à l’étranger et de compétitions auxquelles
ont participé les leaders de l’athlétisme.
La préparation des athlètes de l’élite souffrirait de l’absence de
sparring-partners. Ceux-ci n’auraient pas de compagnons d’entrainement. C’est
ce qu’affirment mordicus leurs entraîneurs pour conforter leurs analyses et
obtenir de la FAA, du COA et du MJS les subsides espérés pour se déplacer sous
un ciel soit disant plus clément pour les champions.
Un argument étonnant qui conforte malheureusement les analyses
pessimistes, celles qui soulignent le déclin de l’athlétisme national qui ne
reposerait plus que sur quelques athlètes sur lesquels on pourrait compter lors
des compétitions internationales. Un point de vue qui n’est évidemment pas
celui des entraîneurs, appointés par la fédération, qui y trouvent leur compte.
Un athlète de niveau international, reconverti en entraîneur, un de
ceux qui brillèrent pendant les 90’s, a eu l’amabilité, il y a peu, de nous
rappeler qu’à l’époque où il fut athlète, des groupes d’entraînement s’étaient
formés à Alger, que des athlètes algériens avaient participé aux mêmes
entraînements que Noureddine Morceli et que lui-même avait servi de lièvre dans
des compétitions. Cet athlète, dont nous tairons le nom, avait pourtant une
stature internationale. Il était licencié dans un autre club (un des grands
clubs algérois de l’époque) que le Mouloudia d’Alger et s’entraînait avec un
entraîneur qui ne relevait pas du « groupe Brahmia »,
ne partageait pas sa vision du monde.
Nous rappellerons également à nos lecteurs la chronique qui s’intéressa
à Adem Djamaa et évoqua la préparation de l’Ethiopienne Genzebe Dibaba ayant
pour sparring-partners des athlètes masculins. Nous y signalâmes que le groupe d’entraînement de
Hassiba Boulmerka comportait de jeunes athlètes algériens valant 3.45 au 1 500
mètres.
En cette période difficile, nos deux champions étaient entourés par
des partenaires d’entraînement algériens dont le niveau progressa avec celui
des ténors, formant un semblant d’« école algérienne »
de demi-fond et de fond qui, pendant presque deux décennies, flirta avec le
haut niveau mondial avec des noms qui marquèrent plus ou moins la mémoire
collective (Boukenza, Boulahfane, Zerguelaine, Saidi Sief, Azaidj, Kohil, Bessou,
les frères Sakhri et tous ceux (trop nombreux pour les citer) qui placèrent en
tête de la hiérarchie nationale les clubs de Batna, de la police et de l’armée.
Sport individuel par excellence, l’athlétisme a été pratiqué en
groupe, dans une communion faisant que chacun, souffrant dans sa chair,
trouvait encouragement chez les autres, ceux qui couraient au coude-à-coude,
dans la même foulée. Cette réunion des meilleurs talents algériens n’a pas été
vaine. Le soutien, l’apport que chacun des athlètes (et des entraîneurs)
apportait au groupe a permis une amélioration du niveau de performance
individuel et collectif. Une amélioration perceptible à travers la lecture des
bilans annuels de l’époque.
Sans que cela n’y paraisse, le retrait de Mohamed Djouad (récemment
disparu) puis d’Amar Brahmia a interrompu une dynamique, une politique qui n’a
pas été toujours bien comprise mais a donné des résultats probants. Le Mouloudia (Club puis Pétrolier) d’Alger
s’est toujours considérée comme l’antichambre des équipes nationales, si ce
n’est comme l’ossature de ces représentations nationales. Le Mouloudia (le
Groupement Sportif des Pétroliers ensuite), bénéficiant du parrainage de la
première compagnie pétrolière africaine, n’a pas manqué de moyens (financiers,
matériels, logistiques, humains) pour mener à bien ses ambitions sportives. Cela
lui a permis de récupérer, de rassembler les meilleurs potentiels existant sur
tout le territoire national.
Les rapports difficiles que l’on a pu constater entre Brahmia, Bouras
et Mahour sont le fruit d’une relation presque malsaine à l’argent. Le premier
bénéficiant de la manne inépuisable pétrolière, les deux autres du soutien
indéfectible de la fédération et comité olympique. On notera également que la
révolution idéologique (celle apparue en 1988 et son évolution du début du 21ème
siècle) on conduit à l’individualisme et à une rentabilisation des efforts
accouplées à un recul de l’algérocentrisme. La carte de l’athlétisme national
n’est plus tout à fait la même.
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