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e 800 mètres, est – cela fait partie de la littérature sportive –une course
mixte, à la croisée du sprint et du demi-fond long. Même si elle est la
première course de ce dernier groupe d’épreuves, les athlètes et les entraîneurs
qui en sont spécialistes empruntent depuis toujours, du moins depuis la fin de
la seconde guerre mondiale, aux méthodes d’entraînement du sprint faites pour
beaucoup de répétitions courues à vitesse intense suivies de temps de récupération.
C’est essentiellement la course du 800 qui a cristallisé les débats d’écoles
autour des concepts de « quantité » et de « qualité ».
A l’entame des débats, puisque aujourd’hui cette préoccupation concerne
l’ensemble des courses y compris le marathon et toutes les courses hors stade.
Au sortir de la guerre de 39-45, les entraîneurs Allemands avaient
posé les bases d’une révolution qui ne fut pas culturelle mais sportive en
préconisant de préparer les athlètes en faisant appel à l’intervall-training,
une approche qui sera reprise par leurs pairs des puissances occupantes. Les
Etats Unis et l’URSS en systématisèrent la pratique que l’on retrouva dans les
iles d’Amérique centrale, chacun dans son aire d’influence, en Jamaïque, au Bahamas,
à Cuba, etc.) tout en sachant que leur
domaine de prédilection est prétendument les épreuves de sprint, de haies et de
sauts. Ceci n’empêche pas que s’ils n’atteignirent pas toujours le haut niveau
international (les podiums des compétitions d’importance mondiale), ils en
furent souvent très proches. Un examen des bilans annuels de la Concacaf (que
l’on n’a pas l’habitude de consulter dans nos contrées et auxquels on ne
s’intéresse pas trop) montreront que les meilleures performances de cette
région du monde se situent parmi la bonne moyenne mondiale (essentiellement
européenne et africaine). Le regard se porte vers les plus forts, les plus
rapides dans le courant de la médiatisation télévisuelle et médiatique.
Certains de nos lecteurs se sont certainement interrogés sur la
fixation que nous avons faite sur le modèle cubain (Juantorena et Quirot) au
lieu de nous référer au parcours d’une autre championne algérienne, Nouria Benida-Merah,
dont le parcours est quasiment identique à celui de Zahra Bouras. On remarquera
donc que Nouria a débuté sa carrière nationale par le 100-200, qu’elle poursuivi
sa carrière sportive en montant d’abord sur 400 puis sur le 800 avant de
culminer (dix années après ses débuts athlétiques) avec le 1 500 mètres
dont elle s’appropria sur le fil du titre olympique à Sidney (2000).
Comme nous l’avons précédemment indiqué, les liens tissés par Amar
Bouras et Ahmed Mahour Bacha avec Cuba sont très forts. Pour Amar Bouras, on
pourrait, sans trop d’exagération, les comparer à des liens conjugaux ou même
aux liens indissolubles de paternité. La
carrière de Hassiba Boulmerka achevée, Amar Bouras continue à se rendre régulièrement
sur l’ile. Quant à Mahour Bacha, jusqu’à il y a peu, la page de couverture de
son compte Facebook le montrait avec un gros cigare cubain à la bouche (certainement
un de ces Havanes dont la renommée n’est plus à faire et qui furent l’apanage
des richissimes hommes d’affaires malgré le boycott de l’île castriste et donc
la prohibition qui en découla) et un chapeau de brousse sur la tête. La
ressemblance avec « Che » Guevara étant inévitable,
certains de ses amis lui ont attribué le sobriquet d’ « El Commandante »
qui renvoie aussi à cette manie de s’immiscer dans des combats semblant perdus
d’avance, des combats d’arrière-garde.
En 2010, après le titre africain de Zahra sur 800 mètres, Mahour Bacha
avait expliqué sa méthode de préparation par un argument n’ayant pas de
justification réglementaire. Il déclara alors, ainsi que nous l’avons rapporté
dans une précédente chronique, que l’ambition était de courir deux fois dans la
même journée. Une programmation classique au cours des éliminatoires (ou même en
phase finale) de courses de sprint (100 et 200) et rare pour le 400 mais inexistante pour les
courses de demi-fond dont le 800 mètres. Sans doute un intérêt très fort pour
poursuivre la carrière sur 400.
Le discours étant à destination du grand public, on peut supposer
qu’il n’a pas voulu s’engager dans un grand déballage scientifique où se
mêlerait séries à forte intensité et récupération réduite. Un travail de VMA
tel qu’appréhendait par ses collègues. Sans compter que Zahra, l’ancienne
sprinteuse, accoutumée à ce rythme, à cette organisation du programme et du
temps, pouvait accepter cette innovation que l’on ne voit pas dans les
entraînements de courses de demi-fond. Même en biquotidien.
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