samedi 11 juin 2016

Dans le rétro (3), Cuba encercle Zahra


 
L
e 800 mètres, est – cela fait partie de la littérature sportive –une course mixte, à la croisée du sprint et du demi-fond long. Même si elle est la première course de ce dernier groupe d’épreuves, les athlètes et les entraîneurs qui en sont spécialistes empruntent depuis toujours, du moins depuis la fin de la seconde guerre mondiale, aux méthodes d’entraînement du sprint faites pour beaucoup de répétitions courues à vitesse intense suivies de temps de récupération. C’est essentiellement la course du 800 qui a cristallisé les débats d’écoles autour des concepts de « quantité » et de « qualité ». A l’entame des débats, puisque aujourd’hui cette préoccupation concerne l’ensemble des courses y compris le marathon et toutes les courses hors stade. 
Au sortir de la guerre de 39-45, les entraîneurs Allemands avaient posé les bases d’une révolution qui ne fut pas culturelle mais sportive en préconisant de préparer les athlètes en faisant appel à l’intervall-training, une approche qui sera reprise par leurs pairs des puissances occupantes. Les Etats Unis et l’URSS en systématisèrent la pratique que l’on retrouva dans les iles d’Amérique centrale, chacun dans son aire d’influence, en Jamaïque, au Bahamas, à Cuba, etc.)  tout en sachant que leur domaine de prédilection est prétendument les épreuves de sprint, de haies et de sauts. Ceci n’empêche pas que s’ils n’atteignirent pas toujours le haut niveau international (les podiums des compétitions d’importance mondiale), ils en furent souvent très proches. Un examen des bilans annuels de la Concacaf (que l’on n’a pas l’habitude de consulter dans nos contrées et auxquels on ne s’intéresse pas trop) montreront que les meilleures performances de cette région du monde se situent parmi la bonne moyenne mondiale (essentiellement européenne et africaine). Le regard se porte vers les plus forts, les plus rapides dans le courant de la médiatisation télévisuelle et médiatique.
Certains de nos lecteurs se sont certainement interrogés sur la fixation que nous avons faite sur le modèle cubain (Juantorena et Quirot) au lieu de nous référer au parcours d’une autre championne algérienne, Nouria Benida-Merah, dont le parcours est quasiment identique à celui de Zahra Bouras. On remarquera donc que Nouria a débuté sa carrière nationale par le 100-200, qu’elle poursuivi sa carrière sportive en montant d’abord sur 400 puis sur le 800 avant de culminer (dix années après ses débuts athlétiques) avec le 1 500 mètres dont elle s’appropria sur le fil du titre olympique à Sidney (2000).
Comme nous l’avons précédemment indiqué, les liens tissés par Amar Bouras et Ahmed Mahour Bacha avec Cuba sont très forts. Pour Amar Bouras, on pourrait, sans trop d’exagération, les comparer à des liens conjugaux ou même aux  liens indissolubles de paternité. La carrière de Hassiba Boulmerka achevée, Amar Bouras continue à se rendre régulièrement sur l’ile. Quant à Mahour Bacha, jusqu’à il y a peu, la page de couverture de son compte Facebook le montrait avec un gros cigare cubain à la bouche (certainement un de ces Havanes dont la renommée n’est plus à faire et qui furent l’apanage des richissimes hommes d’affaires malgré le boycott de l’île castriste et donc la prohibition qui en découla) et un chapeau de brousse sur la tête. La ressemblance avec « Che » Guevara étant inévitable, certains de ses amis lui ont attribué le sobriquet d’ « El Commandante » qui renvoie aussi à cette manie de s’immiscer dans des combats semblant perdus d’avance, des combats d’arrière-garde.
En 2010, après le titre africain de Zahra sur 800 mètres, Mahour Bacha avait expliqué sa méthode de préparation par un argument n’ayant pas de justification réglementaire. Il déclara alors, ainsi que nous l’avons rapporté dans une précédente chronique, que l’ambition était de courir deux fois dans la même journée. Une programmation classique au cours des éliminatoires (ou même en phase finale) de courses de sprint (100 et 200) et  rare pour le 400 mais inexistante pour les courses de demi-fond dont le 800 mètres. Sans doute un intérêt très fort pour poursuivre la carrière sur 400.
Le discours étant à destination du grand public, on peut supposer qu’il n’a pas voulu s’engager dans un grand déballage scientifique où se mêlerait séries à forte intensité et récupération réduite. Un travail de VMA tel qu’appréhendait par ses collègues. Sans compter que Zahra, l’ancienne sprinteuse, accoutumée à ce rythme, à cette organisation du programme et du temps, pouvait accepter cette innovation que l’on ne voit pas dans les entraînements de courses de demi-fond. Même en biquotidien.

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