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endant deux années, le temps de la sanction dont elle a écopé,
Zahra Bouras a disparu. Quelques mois après
les contrôles positifs, son père Amar Bouras est élu à la présidence de la
fédération algérienne d’athlétisme. Il n’est pas directement visé par la
suspicion. L’assemblée générale de la FAA lui a accordé sa confiance. Pour la
durée d’un mandat olympique qui s’achèvera en début 2017.
Plus personne ne parle de
l’affaire de dopage de sa fille. Aucune information ne filtre. Médiatiquement
parlant, la plainte déposée pour empoisonnement n’a eu aucune suite. Zahra est
oubliée par tous. Il n’y a qu’à la FAA où, avec Larbi Bourraâda, également
sanctionné par une suspension d’égale durée, elle continue à faire partie du
projet sportif. Malgré cette double mésaventure dans les rangs, parmi les
proches des piliers de la « fédé », bien qu’ils soient,
momentanément et disciplinairement exclus de la famille de l’athlétisme,
certains opposants de la politique fédérale relèvent que la DTN et la FAA les
incluent dans des stages de préparation avec la bénédiction du bureau fédéral.
Les deux athlètes sont maintenus dans le programme de soutien à la préparation
en vue des échéances à venir.
Lorsque les deux années se sont écoulées, la saison sportive est bien
entamée. Son retour est discret. Elle n’apparait dans aucun bilan. Ce n’est
qu’au début de la saison suivante (2015) que l’on apprend qu’elle s’est
éloignée d’Alger. Elle n’est plus enregistrée à l’AECA mais à l’ACS Bounouara,
un petit club de la wilaya de Constantine, créé au niveau d’Ouled Rahmoune, un
nœud ferroviaire d’où partent les lignes conduisant vers l’Ouest (Sétif, Bordj
Bou Arreridj, Alger, etc.) et le Sud-Est (Batna, Biskra) situé entre El Khroub
et Aïn M’Lila. Une gare qui vit transiter, pendant la seconde guerre mondiale,
des convois de centaines de milliers de conscrits algériens se rendant sur les
champs de bataille de la campagne de Tunisie.
Zahra Bouras est maintenant
licenciée dans une région qui, après avoir rivalisé pendant un demi-siècle avec
les grands clubs algérois, est devenu un quasi désert athlétique. Les jours
heureux de la discipline, ceux qui voyaient Hassiba Boulmerka, Ali Saïdi Sief
conquérir des médailles mondiales et tant d’autres athlètes (Tadjine, Zemouli,
Talhi, Messikh, Boudjelti, Oulmi)se battre pour des titres africains
appartiennent à un passé (pourtant récent) qui n’a pas d’ancrage dans les
esprits juvéniles, ne sont plus que des souvenirs qui s’estompent dans les
mémoires de leurs aînés et survivent dans celles des plus anciens.
Avec la venue de Zahra Bouras, l’ACS Bounouara prend son essor. Sa
présence dans l’effectif va amplifier le développement sportif (classification
nationale) et matériel d’un petit club qui ne dépare pas dans le paysage
athlétique constantinois, une association loin des centres urbains qui jusque-là
n’est remarquée que par les résultats de Souhir Bouali et Skander Djamil
Athmani, deux spécialistes du 100-200, figurant en tête des bilans nationaux et
aux premières places des championnats nationaux, deux membres de l’équipe
nationale d’athlétisme.
Sa signature dans un club de Constantine est une sorte de retour aux
sources puisque sa famille est originaire de la capitale de Massinissa. Son
arrivée dans la capitale de l’Est fait beaucoup parler. En effet, elle
bouleverse la hiérarchie locale de ces micro-clubs survivant difficilement et
classant de temps à autre quelques athlètes de talents dans les finales des
championnats nationaux jeunes. Les clubs structurés d’hier ont éclaté faisant
place à une multitude de petits clubs.
La venue de Zahra Bouras booste l’ACS Bounouara. L’explication est
donnée par le mode de classification des clubs privilégiant les résultats
ostentatoires (résultats des championnats nationaux et le « top
10 ») ainsi que par le soutien fédéral. Zahra Bouras apporte des
points, beaucoup de points.
Nous ne saurions trop dire si la suspension fut une leçon, si elle l’a
profondément marquée, mais la jeune femme que nous avons croisée à la fin de
l’hiver 2015 ne se fait pas trop remarquer. Rien ne la différencie des athlètes
qui l’entouraient. L’observant dans ses relations avec les autres, nous avons
cru reconnaitre la réserve qui caractérise Nouria Benida-Merah ainsi qu’une
tendance à s’isoler tempérée par une proximité forte avec Souhir Bouali qu’elle
connait depuis plusieurs années. Une relation certainement facilitée par les
rencontres lors des compétitions nationales et internationales et les stages de
préparation de l’EN.
Mais,
sur le plan des résultats, des chronos, elle est restée loin des performances
d’avant. Régulière autour des 2.05, elle ne s’est pas véritablement rapprochée
des 2 minutes. Elle a terminé la saison 2015 avec une SB (Season Best,
meilleure performance de la saison) à 2.03.93 qui laisse songeur
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