mercredi 15 juin 2016

Dans le rétro (7), Un retour en demi-teinte

P
endant deux années,  le temps de la sanction dont elle a écopé, Zahra Bouras a disparu.  Quelques mois après les contrôles positifs, son père Amar Bouras est élu à la présidence de la fédération algérienne d’athlétisme. Il n’est pas directement visé par la suspicion. L’assemblée générale de la FAA lui a accordé sa confiance. Pour la durée d’un mandat olympique qui s’achèvera en début 2017.
Plus personne ne parle de l’affaire de dopage de sa fille. Aucune information ne filtre. Médiatiquement parlant, la plainte déposée pour empoisonnement n’a eu aucune suite. Zahra est oubliée par tous. Il n’y a qu’à la FAA où, avec Larbi Bourraâda, également sanctionné par une suspension d’égale durée, elle continue à faire partie du projet sportif. Malgré cette double mésaventure dans les rangs, parmi les proches des piliers de la « fédé », bien qu’ils soient, momentanément et disciplinairement exclus de la famille de l’athlétisme, certains opposants de la politique fédérale relèvent que la DTN et la FAA les incluent dans des stages de préparation avec la bénédiction du bureau fédéral. Les deux athlètes sont maintenus dans le programme de soutien à la préparation en vue des échéances à venir.
Lorsque les deux années se sont écoulées, la saison sportive est bien entamée. Son retour est discret. Elle n’apparait dans aucun bilan. Ce n’est qu’au début de la saison suivante (2015) que l’on apprend qu’elle s’est éloignée d’Alger. Elle n’est plus enregistrée à l’AECA mais à l’ACS Bounouara, un petit club de la wilaya de Constantine, créé au niveau d’Ouled Rahmoune, un nœud ferroviaire d’où partent les lignes conduisant vers l’Ouest (Sétif, Bordj Bou Arreridj, Alger, etc.) et le Sud-Est (Batna, Biskra) situé entre El Khroub et Aïn M’Lila. Une gare qui vit transiter, pendant la seconde guerre mondiale, des convois de centaines de milliers de conscrits algériens se rendant sur les champs de bataille de la campagne de Tunisie.
 Zahra Bouras est maintenant licenciée dans une région qui, après avoir rivalisé pendant un demi-siècle avec les grands clubs algérois, est devenu un quasi désert athlétique. Les jours heureux de la discipline, ceux qui voyaient Hassiba Boulmerka, Ali Saïdi Sief conquérir des médailles mondiales et tant d’autres athlètes (Tadjine, Zemouli, Talhi, Messikh, Boudjelti, Oulmi)se battre pour des titres africains appartiennent à un passé (pourtant récent) qui n’a pas d’ancrage dans les esprits juvéniles, ne sont plus que des souvenirs qui s’estompent dans les mémoires de leurs aînés et survivent dans celles des plus anciens.  
Avec la venue de Zahra Bouras, l’ACS Bounouara prend son essor. Sa présence dans l’effectif va amplifier le développement sportif (classification nationale) et matériel d’un petit club qui ne dépare pas dans le paysage athlétique constantinois, une association loin des centres urbains qui jusque-là n’est remarquée que par les résultats de Souhir Bouali et Skander Djamil Athmani, deux spécialistes du 100-200, figurant en tête des bilans nationaux et aux premières places des championnats nationaux, deux membres de l’équipe nationale d’athlétisme.  
Sa signature dans un club de Constantine est une sorte de retour aux sources puisque sa famille est originaire de la capitale de Massinissa. Son arrivée dans la capitale de l’Est fait beaucoup parler. En effet, elle bouleverse la hiérarchie locale de ces micro-clubs survivant difficilement et classant de temps à autre quelques athlètes de talents dans les finales des championnats nationaux jeunes. Les clubs structurés d’hier ont éclaté faisant place à une multitude de petits clubs.
La venue de Zahra Bouras booste l’ACS Bounouara. L’explication est donnée par le mode de classification des clubs privilégiant les résultats ostentatoires (résultats des championnats nationaux et le « top 10 ») ainsi que par le soutien fédéral. Zahra Bouras apporte des points, beaucoup de points. 
Nous ne saurions trop dire si la suspension fut une leçon, si elle l’a profondément marquée, mais la jeune femme que nous avons croisée à la fin de l’hiver 2015 ne se fait pas trop remarquer. Rien ne la différencie des athlètes qui l’entouraient. L’observant dans ses relations avec les autres, nous avons cru reconnaitre la réserve qui caractérise Nouria Benida-Merah ainsi qu’une tendance à s’isoler tempérée par une proximité forte avec Souhir Bouali qu’elle connait depuis plusieurs années. Une relation certainement facilitée par les rencontres lors des compétitions nationales et internationales et les stages de préparation de l’EN.
Mais, sur le plan des résultats, des chronos, elle est restée loin des performances d’avant. Régulière autour des 2.05, elle ne s’est pas véritablement rapprochée des 2 minutes. Elle a terminé la saison 2015 avec une SB (Season Best, meilleure performance de la saison) à 2.03.93 qui laisse songeur

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