mercredi 3 août 2016

Nike Oregon Project (2), Galen Rupp, le produit phare

L
e NOP ne pouvait échapper à la règle qui veut que tout projet naissant s’appuie sur ce qui se fait de mieux dans la discipline, dans la spécialité. Mais, Salazar a finalement constaté que cette perception recélait beaucoup de désavantages, dont celui d’avoir à supporter les « mauvaises » habitudes acquises…..par les coureurs auprès de ses confrères.

Cette notion de « mauvaises habitudes » doit être clarifiée. Chacun de nous y apportera mille et un sens, mille et un   aspects puisés de son expérience personnelle, dans ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes. Une perception de l’univers qui renvoie sans y paraître à d’autres concepts aussi fluctuants que « objectivité », « subjectivité » et que l’on retrouve dans la notion linguistique d’ «énonciation », à savoir la somme des contenus psychologiques, sociologiques, philosophiques, idéologiques, cognitifs de notre personnalité.

Nous sommes, tous sans exception, le produit d’un formatage social. Celui qui résulte à la fois de notre individualité et des environnements proches et lointains. Celui qui découle de conditionnements, de normes à respecter et de tabous à ne pas enfreindre, des contraintes imposées par la société dans laquelle nous sommes immergés.

L’entraîneur Alberto Salazar, pilote du NOP, comme tous les autres entraîneurs, dispose au départ d’un modèle d’entraînement acquis auprès de ses maîtres, dans le système  enseigné et reproduit par les structures de formation académique définissant un cadre général dans lequel il est amené à s’inscrire. Ce cadre n’est pas immuable. Il est modulé, dans l’espace et dans le temps, consécutivement à une meilleure maîtrise des concepts et des philosophies qui sous-tendent la formation initiale ainsi qu’à des rencontres et à l’acquisition de nouvelles connaissances, à la fois dans le domaine et dans les spécialités connexes, via un effort personnel.

Pour Salazar, le recrutement initial du NOP ne répondait pas (en termes de performances et de qualités) à ses attentes. Il dut modifier ses critères de recrutement et s’intéresser à une population d’athlètes plus jeunes que, se voulant Pygmalion des temps modernes, il pourrait modeler à sa guise, selon ses canons, ses principes. Avec un atout supplémentaire, celui de n’avoir pas à se préoccuper des modifications, des correctifs à apporter dans les habitudes de courses acquises.

Lancé dans une nouvelle version du projet, Salazar n’eut pas à aller bien loin pour trouver celui qui sera le produit-phare du NOP, celui de la révolution  salazarienne. Dans son autobiographie, Alberto Salazar écrit qu’il avait repéré, dans un lycée de Portland, Galen Rupp alors que celui-ci était âgé de 15 ans et montrait déjà beaucoup de talent. Il rappelle qu’au début il voulait « commencer le projet Oregon avec les meilleurs coureurs professionnels disponibles, mais finalement, Galen allais être la star ». En 2004 et 2005, le jeune coureur de lycée (il est né en 1986) réalisait des performances dignes d’un athlète plus âgé et son palmarès était déjà très riche avec notamment les records des États-Unis juniors en plein air du 3 000 m (7.49. 16), du 5 000 m (13.37.91) et du 10 000 m (28.15.52).

Au cours des années suivantes, Galen Rupp est effectivement la star du 10 000 mètres aux USA. Après s’être classé à la seconde place des championnats des Etat Unis de la distance (2007 et 2008), il remporte, à partir de 2009, tous les titres nationaux attribués et double en 2012 (5 000 et 10 000) et 2016 (10 000 et marathon). Ses meilleures performances personnelles sont aussi ébouriffantes tout en n’étant pas toutefois au niveau de celles de Mo Farah ou des Kenyans et Ethiopiens (5 000 m, 12.58.90 le 2 juin 2012 ; 10 000 m, 26. 44.36 le 30 mai 2014, record de la Concacaf ; 1 500 m, 3.34.15 le 5 septembre 2014 et marathon, 2 h 11 min 12 sec le 13 février 2016).


Au niveau international, il est en retrait par rapport aux attentes. Son seul fait d’armes est la seconde place sur le 10 000 des jeux olympiques de Londres (2012) derrière Mo Farah, nouveau leader du NOP depuis février 2011, qu’il accompagne sur le podium. Si Rupp est le produit du NOP, Farah est la façade médiatique du groupe engagé dans un processus d’internationalisation du recrutement : le label Nike oblige ! 

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