lundi 19 septembre 2016

Polémiques (12), Bouras, le « président-docteur »

Pratiquement à la même époque, dans un commentaire Facebook, un autre sobriquet a été attribué à Amar Bouras : « président-docteur». Cette appellation est plus valorisante. Ce serait donc un « Bouras », une grosse tête bien pleine, un peu dans le genre des invités de Philippe Bouvard, l’animateur de l’émission de télévision française, « Les grosses têtes ». Sauf qu’Amar Bouras, contrairement à une grande majorité de récipiendaires d’un doctorat (ou d’un PHD) d’Algérie, ne fait pas valoir ce titre honorifique. Une preuve de modestie, sommes-nous amenés à penser de prime  abord.
 Amar Bouras, docteur en sports. Nous en avions eu écho, il y a déjà quelques mois. Une information que nous avions classée rapidement. Sans suite. Elle n’apportait rien (si ce n’est qu’elle indiquait la poursuite d’études postuniversitaires) car l’informateur ne pouvait la certifiée. Lui aussi s’appuyait sur des « on-dit ». 
Cependant, il y aurait lieu de se pencher sur le mode de recrutement de l’ISTS à l’époque où il a intégré l’établissement de formation : un niveau de classe de terminale et/ou le bac et une attestation d’athlète membre des équipes nationales. Une attestation, délivrée par les ligues et la fédération, dont nous avons évoqué ici même les conditions douteuses de délivrance.
A Constantine, lorsque nous faisons appel à nos souvenirs et à ceux des personnes qui le connurent, Amar Bouras n’est pas réputé avoir obtenu le bac ni d’avoir fait partie des équipes nationales. Ces détails n’ont aujourd’hui que peu d’importance et de plus, après tant d’années écoulées, la mémoire humaine peut présenter des failles. La seule certitude que nous puissions avoir est qu’il a suivi l’enseignement de l’ISTS et détient le diplôme délivré, à la fin de la formation, par l’établissement (sous tutelle du MJS) censé produire des cadres du sport de haut niveau (durée de la formation cinq ans).
Dans un autre échange Facebook, nous avons surpris un qualificatif (« érudit de l’ISTS ») qui aurait mérité que nous nous arrêtions un instant si ce n’est que nous avons des doutes sur les compétences linguistiques (en langue française) de son auteur qui certainement a saisi au vol cette formule employée devant lui ou traduit un état d’esprit faisant de la formation ISTS une accumulation de savoirs. Sans compter que l’obtention d’un doctorat en sports est aussi signe d’érudition.
Nous avons connaissance de cas de diplômés de l’ISTS dont l’un fait prévaloir cette qualité (le docteur Ali Hakoumi,  entraîneur des frères Amar (200-400) et Adem Hecini (400-800) au cours de la décennie 90). Un autre, Mounir Alloui, l’ancien champion d’Afrique junior du 800 et du 1500 (1984) enseigne à l’université de Batna après avoir enseigné à l’ITS de Constantine. Il en existe certainement d’autres qui ont choisi la voie académique pour laquelle la détention de ce titre est primordiale dans la progression professionnelle.
Nous observerons que l’université algérienne (comme toutes les universités) a pour caractéristique de n’accorder ses titres universitaires qu’aux étudiants détenteurs du diplôme du baccalauréat ou d’un titre admis en équivalence. En particulier pour les diplômes délivrés par les institutions de formation scolaire et universitaire étrangères.
Selon les informations en notre possession, Amar Bouras aurait obtenu son doctorat à Cuba, l’île des Caraïbes où il fit de fréquents séjours, y compris pendant la préparation de Hassiba Boulmerka. Etonnamment, certains entraîneurs, certains athlètes de ce temps-là, des personnes connues pour leur maturité, évitant de s’immiscer dans les discussions stériles et les polémiques, par des anecdotes souvent savoureuses mais difficiles à accepter et à croire, décrivent un entraîneur souvent humilié, renvoyé du stade par Hassiba qui poussait ensuite ses sparring-partners à concocter le programme des séances d’entraînement. Le groupe d’athlètes comportaient  heureusement des athlètes diplômés ou étudiants à l’ISTS ou  dans les ITS. 

L’approche empruntant à l’histoire, à la sociolinguistique, à l’ethnologie, à l’anthropologie pour la compréhension des patronymes, pour ce qui concerne la région de Chleff, a été un sujet de discussion avec Mohamed Hamouni (entraîneur des débuts de la carrière sportive de Noureddine Morceli, ancien président de la FAA, aujourd’hui député) qui a formulé devant nous, en 1992, une explication de la réussite sportive à travers le processus de nomination et de l’appartenance sociologique (guerriers, savants, serviteurs) au sein des Mourabitine, vecteurs d’une réislamisation rigoriste venus des confins du Sahara occidental et Rio de Oro qui prit la forme de la "maraboutisation" du pays à l’époque des royaumes berbères. 

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