L’intervention télévisée de
Brahmia se situe au début de l’ « aventure islamiste ».
Il est nécessaire de le préciser pour éviter tous les amalgames (comme le font avec
dextérité aujourd’hui ses détracteurs)
pouvant naître d’une analyse des faits près d’un quart de siècle après leurs
survenues et évidemment de la connaissance que nous avons des dommages
économiques, sociologiques et psychologiques (sabotages, destructions,
accélération de l’exode rural, égorgements, viols, etc.) causés à la société
algérienne. Des faits qui l’ont profondément marquée et continuent de la
révulser.
Le FIS est alors un parti
politique agréé par l’Etat algérien. A ce titre, il participe aux débats
politiques et aux élections. Parti politique d’opposition, il puise ses références
idéologiques dans le terreau d’une des « constantes nationales »
(la religion). Il a réussi, par le
prosélytisme ambiant (le FLN avait réussi à imposer sa suprématie partisane en
instrumentalisant l’ « article 120 » en tant que
levier à une carrière dans les différentes structures et rouages de l’appareil
de l’Etat) à déplacer le centre de production du discours politique de la Kasma
FLN vers la mosquée et à remplacer le discours politique lui-même par le prêche politico-religieux prôné depuis
les minbars.
D’ailleurs, tout comme le « FLN
historique » rassemblait toutes les tendances idéologiques et
politiques promouvant le recouvrement de la souveraineté nationale, le « Front »
Islamique du Salut se voulait un regroupement des différents courants
politico-religieux existant à l’époque.
A ce moment-la, rien ne laissait
présager le raz-de-marée islamiste qui marquera le dépouillement des bulletins
de vote. La majorité du peuple algérien, crédule et bernée entre autre par
l’utilisation des innovations technologiques (laser dans le ciel d’Alger) et
les incantations, accordera sa préférence au programme du FIS.
Comme nous l’avons écrit dans la
précédente chronique, sur l’esplanade de Chlef, les gens venaient, saluaient
les présents, écoutaient un peu (et surtout) la péroraison de Brahmia qui sait
captiver les auditeurs puis repartaient à leurs occupations présentes :
inscriptions à la course, dispositions à prendre pour l’hébergement de leurs
délégations, etc.
L’annonce de Brahmia a été un
coup de tonnerre dans le ciel bleu de Chleff. Des débats qui se sont
immédiatement instaurés sur cette esplanade, il ressortait qu’une telle
déclaration était à la fois inattendue et ne correspondait pas aux idées qu’il
avait précédemment laissé transparaître.
Nous avons gardé en mémoire que
certains des champions présents furent ses compagnons pendant les campagnes
internationales de l’équipe nationale. Dans les différents groupes qui se sont
constitués, le leitmotiv était que Brahmia s’était fait remarquer par sa piété,
par une pratique religieuse constatée dès qu’il eut accès aux EN. Une pratique
normale, sans les excentricités et les extrémismes et les particularismes qui
semblaient le lot du moment.
Mieux, il n’avait aucun
inconvénient à côtoyer, à parler, à serrer la main des athlètes féminines avec lesquelles il
aurait eu un comportement tout à fait normal en milieu sportif. Et encore moins
avec certains de ses coéquipiers dont les penchants pour certains excès étaient
connus et furent rapportés. Il n’aurait exprimé ou montré aucune gêne pour des
comportements et des habitudes qui ont freinés la carrière de quelques-uns.
Nous avons retenu que pour tous les commentateurs, sa pratique religieuse dont
nous dirons aujourd’hui, pour reprendre un terme à la mode, était celle d’un
Islam modéré, celui de nos parents.
Le mode de pensée de Brahmia était
perceptible dans toutes ses participations à des discussions qui étaient marquées
par les références religieuses. En fait, elles ne l’étaient guère plus que
celles des habitués des mosquées et/ou des zaouïas. Un discours, une
énonciation entièrement marquée par ses
penchants religieux.
Aujourd’hui, avec le recul, et à
la lumière des explications sociologiques de Mohamed Hamouni et de la
description ethnologique de Mouloud Mammeri, on pourrait expliquer le comportement
antérieur de Brahmia par l’influence du milieu dans lequel il a vécu.
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