vendredi 11 novembre 2016

Polémiques (46), Rio : une expérience amère


Lorsque l’on se retourne vers un passé récent, la dernière année, les derniers mois  de l’olympiade qui s’est achevée avec les jeux olympiques de Rio, il est possible de mesurer l’écart entre les objectifs fantasmés, semés aux quatre vents par des dirigeants sportifs dépassés par une machinerie qu’ils n’ont pas su s’approprier ou dont ils n’ont jamais eu la maîtrise.

Les espérances de médailles pompeusement annoncés par les fédérations, le comité olympique puis, au sommet de la pyramide sportive, par le ministère de la jeunesse et des sports n’ont été que des illusions propagandistes que l’on fit  miroiter aux yeux d’un peuple déconcerté.

Des quatre médailles pompeusement conjecturées (sans que ne soit précisée la couleur du métal bien que pour l’athlétisme tous les pronostiqueurs tablaient sur une médaille d’or pour Toufik Makhloufi et une médaille de bronze pour Larbi Bouraâda), seules deux médailles d’argent - remportées par un seul athlète parti pour en ramener une seule qui aurait tenue compagnie dans son palmarès à celle de Londres 2012) - ont rempli l’escarcelle algérienne. La réalité du sport, celle construite sur les valeurs  travail et la sueur, universellement et intemporellement  avancées pour glorifier la réussite, est passée par là.

La première justification de cet échec comptable a été de faire valoir cette satanée incertitude du sport départageant les champions mais qui chez nous camoufle à merveille les insuffisances des uns et la suffisance des autres, les approximations méthodologiques et les impasses organisationnelles.

Le bilan médiatico-virtuel tel qu’il nous a été présenté sur les réseaux sociaux fait ressortir une prétendue incompétence du comité olympique algérien (et de sa commission de préparation olympique) couvrant d’un voile pudique l’inaptitude des fédérations à prendre en charge la réalisation d’un aussi gigantesque projet. Le COA a été le parfait bouc-émissaire au sens biblique du terme. Celui qui doit payer pour les fautes des autres.

« Chat échaudé craint l’eau froide » dit l’adage. Le comité olympique a pris apparemment bonne note des dysfonctionnements rencontrés par la préparation de l’élite. Le président du COA, Mustapha Berraf en a conscience. Certainement de concert avec ses collègues de l’instance olympique nationale et les membres de la commission de préparation olympique, il compte classer dans les archives de l’olympisme algérien l’épisode désastreux de Rio.

Lors d’un forum organisé, il y a peu, par des confrères à la maison de la presse Tahar Djaout, il  affirmé que  «le COA ne compte plus s'immiscer dans la préparation des athlètes d'élite» qui, en 2017, auront à leurs programmes des  échéances internationales dont on amplifie généreusement l’importance (les 4èmes Jeux de la solidarité islamique qui auront lieu du 12 au 22 mai à Bakou en Azerbaïdjan, ainsi que les 18èmes  Jeux méditerranéens, initialement  prévus du 30 juin au 10 juillet à Tarragone en Espagne avant que son organisation ne soit reportée à juin 2018).

Dans l’univers feutré qui est celui des instances sportives où les imprécations des stades et salles n’ont pas court, le président du COA a déclaré que, contrairement à ce qui fut le cas lors des Jeux Olympiques de Rio 2016, cette mission importante relèvera désormais des différentes fédérations. Le comité olympique ne veut plus servir de paravent. Les fédérations sont également mises face à leurs responsabilités.

Cette position compréhensible risque de marquer durablement le déroulement et les objectifs de la prochaine olympiade. Berraf et ses pairs du COA n’ont aucune certitude quant à leurs présences dans le prochain comité dont l’AGE est prévue pour le 29 avril 2017, en couronnement du processus de renouvellement de l’ensemble des structures sportives (ligues, fédérations) actuellement en cours dans un climat tendu.

L’expérience de Rio est trop forte, psychologiquement marquante  pour qu’elle soit oubliée y compris si la totalité du conseil actuel n’en fait plus partie.


Le plus intéressant n’est pas cet avenir que l’on pressent morose. Berraf a confirmé certaines informations distillées depuis le début de l’année 2016. Dans la solennité qui sied à un forum, devant un parterre de journalistes plus attentifs à ses propos qu’il y a seulement quelques semaines,  Mustapha Berraf a confirmé ce que laissait soupçonner quelques petites phrases rapidement oubliées ou auxquelles les commentateurs n’ont pas accordé l’importance nécessaire. Les partis-pris n’ont pas permis également de mesurer la gravité de la situation.

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