dimanche 11 décembre 2016

Polémiques (65), Profil d’un athlète gâté

Les carrières d’Anou, Keddar et de bien d’autres confortent un constat incroyable. Les jeunes athlètes algériens réussissent des performances assez intéressantes au sein leurs clubs, avec leurs entraîneurs, avec des moyens matériels et logistiques dérisoires. En tous cas qui ne sont pas toujours adéquats avec ceux exigés par le haut niveau. Ils déçoivent lorsqu’ils changent de milieu en rejoignant le pôle de l’excellence fédérale. De quoi apporter de l’eau à ceux qui prétendent que l’élite fédérale est conduite par l’….incompétence.

Abdelhamid « Blondin » Zerrifi  a été le premier athlète à se plaindre de la fédération dans les colonnes des journaux. Nous avons vu les reproches faits à la FAA. Nous pouvons concevoir que cet athlète trentenaire, dont le classement national depuis 2009 se situe régulièrement dans le Top 3, soit irrité par son éviction surprise de la liste des sélectionnés pour les jeux olympiques de Rio. Nous ne reviendrons pas sur le récit de ses mésaventures. 

A l’écouter dans ses récriminations, le lecteur moyen en arrive à douter (sans preuves) de l’objectivité de la fédération mais aussi, par la force des choses, de la réalité des faits racontés par « Blondin ». Trop c’est trop, impossible d’imaginer un seul instant un tel niveau de bassesse.  C’est quand même une fédération nationale. Zerrifi, se dit-on, éructe, médit à n’en plus savoir s’arrêter. Là aussi, on ne peut penser qu’à la méchanceté, à des propos vengeurs pour masquer un échec personnel. Alors qu’il n’en est rien. Zerrifi a digéré sa déception et a repris les entrainements avec Mahiedinne Mekhissi, en Californie, dans le camp dirigé par Abderrahmane Morceli.

Quelques semaines plus tard, alors que la majorité des membres de la délégation algérienne est installée à Rio, que certains ont achevé leur aventure olympique, un athlète n’est pas encore arrivé. Il s’agit du jeune Keddar Salim (21 ans), compagnon d’entraînement de Toufik Makhloufi. Tous deux, avec les athlètes français du coach Philippe Dupont, ont continué leur préparation sur les installations du centre hexagonal de préparation en altitude de Font Romeu, sis dans les Pyrénées, le massif montagneux séparant la France de l’Espagne. 

Keddar Salim, tout comme Abdelhamid Zerrifi, est mécontent. Il ne semble pas être le seul. Ses compères du demi-fond semblent l’être également. Mais, ils ne disent rien. Leurs entraîneurs restés en Algérie font cependant entendre leurs paroles sur les réseaux sociaux. Discrètement. Ils n’ont pas l’aura de Mahour Bacha et dit-on ses capacités de nuisance.

Dans un autre titre de la presse nationale en langue française, Keddar s’est livré à une attaque de la FAA. A fleurets mouchetés. Il y regrette les mécanismes de sélection mis en place par la fédération. Il lui reproche les minima fédéraux imposés dans un premier temps, la suppression de la période de référence des instances internationales qui l’ « ont beaucoup perturbé, du moment qu’officiellement j’étais qualifié pour les JO en ayant réalisé les minima exigés par l’IAAF l’année dernière ». Il explique à notre confrère qu’ « au lieu de me concentrer sur les Jeux, je me suis retrouvé perturbé à l’idée d’aller chercher encore ces minima». Ceci est connu de nos lecteurs. Nous remarquerons que Keddar n’a pas pu en 2016 réaliser ces minima.

La suite de sa déclaration est consternante. Est-il possible de mettre en doute ses propos ? Certainement pas puisque Keddar fait partie (en théorie) des privilégiés de la fédération, ceux qui paraissent bénéficier d’une bonne prise en charge. N’a-t-il pas été de tous les stages de Toufik Makhloufi  avec pour coach le manager du demi-fond français, Philippe Dupont ? Compte tenu de la qualité du groupe d’entraînement, il est possible de considérer que Keddar a été gâté. Il s’entraine avec un champion olympique, un champion d’Europe, etc.

Mis à part, la course au minima dans laquelle il a du s’engager, Keddar ne critique pas excessivement la fédération. Il a pu mener à son terme, dans de bonnes conditions, sa préparation prolongée jusqu’après le départ de l’avion spécial affrété par le COA, le 27 juillet. C’est ce que nous comprenons lorsqu’il dit : «J’ai rejoint Rio le 9 août, après avoir bouclé ma préparation en France en compagnie de Makhloufi et de notre coach Philippe Dupont ». Makhloufi et Keddar sont restés à Font Romeu jusqu’à la dernière minute pour profiter des effets bénéfiques de l’entrainement en altitude. Près de 15 jours supplémentaires de préparation loin des curieux, de l’agitation.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire