mardi 21 mars 2017

AGE de la FAA (10), (Re)Mobiliser les désabusé

Dans la précédente chronique nous avons vu la dénonciation par Kamel Benmissi de la léthargie qui s’est emparée de la majorité des wilayas. Il aurait pu citer les 15 oasis, ces 15 ligues de wilayas qui, dit-il, « travaillent ». Ces wilayas que l’on peu trouver en lorgnant du côté d’Alger, de Bejaïa, de Bordj Bou Arreridj et de ces quelques autres wilayas ou villes où de petits clubs prospèrent. Des lieux  où le cross-country et les courses de demi-fond survivent par la seule volonté de quelques irréductibles croyant fermement que le développement de l‘athlétisme passe par la promotion de la course à pied.
Il aurait pu également s’interroger sur les quelques ligues continuant à œuvrer au développement de l’athlétisme comme il aurait pu aussi se pencher sur l’état des lieux, sur le présent des wilayas de Constantine, Annaba, Skikda, Guelma, Oran, Tlemcen qui font illusion tout en s’enfonçant année après année, mandat après mandat dans la régression de la pratique.
Le candidat à la présidence ne parle pas du phénomène de récession  accompagné par une antagonique inflation, une démultiplication soutenue du nombre d’associations agréées par les pouvoirs publics sollicitant et épuisant les maigres subventions distribuées par les collectivités locales (communes, fonds de wilaya et directions de la jeunesse et des sports) sans résultats probants. Ni performances sportives ni accompagnement des jeunes.
Dans cette interview, Benmissi reprend également à son compte une antienne qui est celle des compétences marginalisées, quelques fois même ostracisées, celles qui n’ont jamais pu compter sur l’aide fédérale ou qui n’ont jamais eu recours à l’aide de ces produits interdits appartenant apparemment à l’arsenal des entraîneurs cotés: « On a des potentialités, des infrastructures, des talents et des techniciens de haut niveau, on peut faire beaucoup mieux. Il faut travailler, c’est tout ». C’est tout certes. C’est peu et beaucoup en même temps. Travailler !
Tout un programme en direction de ces désabusés (dirigeants de clubs, entraîneurs et même athlètes) qu’il faudra mobiliser à nouveau. Là encore, il n’a pas développé cette idée que l’on devine partager avec tant de techniciens et de dirigeants qui ont connu l’absence de stades et de salles. Ceux qui  présentement constatent avec amertume qu’avec de plus en plus de moyens infrastructurels mis à  disposition là où existèrent les viviers de la discipline  il y a peu d’athlètes pour les utiliser.
Pourtant, un peu partout sur le territoire national, dans les stades, les salles omnisports, sur le bord des routes nationales et départementales, on observe un nombre sans cesse croissant de pratiquants de la course à pied, des joggers du weekend. Une mode et une façon de vivre qui s’étend avec des masters, des vétérans, d’anciens sportifs à la recherche d’une activité sportive ludique ou de personnes à la recherche d’une santé perdue.
Curieusement ce qui est une activité sportive ludique, de loisirs pour les uns, a été transformée (par d’autres appâtés par le gain) en activité lucrative alimentant les caisses personnelles à partir d’un sport servant de repoussoir au lieu d’attirer les jeunes. Il a laissé en suspens les maux qui frappent la discipline. Ils ne faisaient pas l’objet de son interpellation.
Benmissi aurait pu dire également que les encadreurs d’hier, qui se sont dévoués pour prendre en charge les milliers d’écoliers, de collégiens et de lycéens orientés par les enseignants d’EPS croyant aux discours dithyrambiques, se sont laissés débordés par des pratiques pernicieuses alors inconnues.
Le discours sur l’obligation de revenir aux fondamentaux (il soutient habituellement cette thèse) n’est pas propre à Benmissi. Il appartient à tous les entraîneurs anonymes ou à ceux qui ont acquis une petite notoriété avec quelques résultats. Ils le savent, le disent quelquefois et ne peuvent agir. Ils ne sont pas dans le circuit.

Des performances, des talents à modeler mais rapidement étouffés par la machine impitoyable mise en place à la fédération, par les entraîneurs dits de l’élite s’appropriant le produits des efforts des autres, ceux qui ont fait leur réputation dans le milieu sportif en exerçant leur métier sur le dos des autres, comme les coucous s’installant dans le nid des autres volatiles. En fait rien de bien nouveau sous le soleil d’Algérie où la discipline est maintenant la proie d’opportunistes de tous bords. Des professionnels, des experts.

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