Toufik Makhloufi, le nouveau leader du demi-fond algérien et
mondial est également mis inévitablement au premier rang de la réflexion du
candidat exclu de la course au fauteuil de président de la fédération sur
incitation des attentes du journaliste. Et au-delà par les lecteurs. L’athlétisme
est présentement indissociable de Makhloufi.
Mais, la réflexion sur ce thème, ainsi qu’en témoigne la réponse
de Benmissi, est réduite à la plus simple expression. Concentrée,
pourrions-nous dire. Elle invite ainsi les lecteurs avertis (qui le voudraient
bien) à explorer la possibilité de développer à l’infini l’image retenue dans
le milieu par les champions olympiques et de se pencher sur la
notion précieuse de « travail » semblant avoir été
oubliée.
Aujourd’hui, il est loisible d’observer que le triple
médaillé olympique, la star des stars sportives nationales, est placé sur un
piédestal symbolico-médiatique. Le même (si l’on prend un instant le temps de
s’y arrêter) que celui sur lequel furent disposés Hassiba, Noureddine et Nouria
et tant d’autres avant (Rahoui, Boutamine) et après eux, (Saidi-Sief, Hammad,
Saïd-Guerni). Ce socle est virtuel et si fragile que (ainsi que l’enseigne
l’histoire de la discipline) l’on pressent que malheureusement il ne le portera
que le temps des victoires et des médailles.
Un podium sociétal, un tapis rouge (qui n’est certes pas
celui du festival cinématographique de Cannes) que l’on déroule devant ses pas
et qu’on lui retirera de sous les pieds quand il aura fait son temps. Quand les
années se seront écoulées inéluctablement. Quand les chronos et les victoires
ne seront plus en sa faveur. Bref, quand son auréole aura perdu de son éclat, les
regards se détourneront, les micros et les caméras s’éloigneront de son chemin.
Makhloufi connaitra l’amère désillusion lorsqu’il constatera qu’il n’a plus
d’utilité sociale.
Ses prédécesseurs dans l’histoire olympique algérienne n’ont
pas connu la chute vertigineuse qui semble lui être prédestinée. Son statut
social présent, l’impression d’ascension sociale rapide donnée par les conditions de préparation et
d’existence temporaire qui lui sont offertes, semblables à celle de l’élite
politique et du monde des affaires, sont comme un miroir attirant les alouettes.
Un miroir que l’on exhibe à tous les prétendants au statut de privilégié.
Selon Benmissi, « Makhloufi ne doit pas être
l’arbre qui cache la forêt ». La formule est archi-connue dans le
landernau. Elle a été ressassée des milliers de fois par tous les amoureux de
la discipline athlétique et de la course à pied. Depuis des décennies, depuis les
premières victoires internationales et les premiers titres mondiaux de
Boulmerka et Morceli. Elle est entendue aux alentours de Bouchaoui, du Sato, à
la maison des fédérations et en marge des regroupements et des compétitions.
Une formule qui, en ces temps antérieurs au 21ème siècle,
servait à masquer (au cours de ces inlassables polémiques illustrant le désœuvrement
des cadres du sport) une densité athlétique qui n’était pas aussi dérisoire (en
quantité et en qualité) qu’on le laissait entendre et qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Benmissi, comme tant d’autres avant (et avec) lui, en
utilisant cette formule qui résonne si bien aux oreilles, n’a malheureusement
pas constaté que derrière Makhloufi ne se profile plus la forêt mais le désert.
Un désert quantitatif que Hassiba Boulmerka a dénoncé (il y a
déjà quelques saisons sportives) en constatant la diminution (vraie ou
illusoire, nous ne saurons le dire en l’absence de données statistiques fiables)
de l’effectif des licenciés. Un nombre d’athlètes recensés par les clubs, les
ligues et la fédération qui n’auraient atteint en 2015 qu’à grand peine 9 000 licences. Une information
communiquée par la FAA pour contredire Hassiba. Bouras (le considéré comme
ancien entraîneur de la championne olympique) tenta d’apporter la contradiction
à celle qui fut son athlète et devint une opposante à ses idées.
Reconnaissons que Hassiba, prenant à contre-pied les
habitudes clubardes oublieux des principes de la Reforme sportive et l’orientation
donnée à la discipline par Bouras, avec les athlètes du club qu’elle a créé (avec
l’aide de son mentor initial Labed Abboud) et qu’elle finance, représente la
moitié (à peu de choses près) de la participation aux compétitions organisées
par la ligue de Constantine tout en commençant à s’illustrer en obtenant
quelques résultats au niveau national.
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