Dans la précédente chronique nous avons vu la dénonciation
par Kamel Benmissi de la léthargie qui s’est emparée de la majorité des
wilayas. Il aurait pu citer les 15 oasis, ces 15 ligues de wilayas qui, dit-il,
« travaillent ». Ces wilayas que l’on peu trouver en
lorgnant du côté d’Alger, de Bejaïa, de Bordj Bou Arreridj et de ces quelques
autres wilayas ou villes où de petits clubs prospèrent. Des lieux où le cross-country et les courses de
demi-fond survivent par la seule volonté de quelques irréductibles croyant
fermement que le développement de l‘athlétisme passe par la promotion de la course
à pied.
Il aurait pu également s’interroger sur les quelques ligues
continuant à œuvrer au développement de l’athlétisme comme il aurait pu aussi
se pencher sur l’état des lieux, sur le présent des wilayas de Constantine,
Annaba, Skikda, Guelma, Oran, Tlemcen qui font illusion tout en s’enfonçant
année après année, mandat après mandat dans la régression de la pratique.
Le candidat à la présidence ne parle pas du phénomène de récession
accompagné par une antagonique inflation,
une démultiplication soutenue du nombre d’associations agréées par les pouvoirs
publics sollicitant et épuisant les maigres subventions distribuées par les
collectivités locales (communes, fonds de wilaya et directions de la jeunesse
et des sports) sans résultats probants. Ni performances sportives ni
accompagnement des jeunes.
Dans cette interview, Benmissi reprend également à son compte
une antienne qui est celle des compétences marginalisées, quelques fois même
ostracisées, celles qui n’ont jamais pu compter sur l’aide fédérale ou qui n’ont
jamais eu recours à l’aide de ces produits interdits appartenant apparemment
à l’arsenal des entraîneurs cotés: « On a des potentialités,
des infrastructures, des talents et des techniciens de haut niveau, on peut
faire beaucoup mieux. Il faut travailler, c’est tout ». C’est tout
certes. C’est peu et beaucoup en même temps. Travailler !
Tout un programme en direction de ces désabusés (dirigeants
de clubs, entraîneurs et même athlètes) qu’il faudra mobiliser à nouveau. Là
encore, il n’a pas développé cette idée que l’on devine partager avec tant de
techniciens et de dirigeants qui ont connu l’absence de stades et de salles.
Ceux qui présentement constatent avec
amertume qu’avec de plus en plus de moyens infrastructurels mis à disposition là où existèrent les viviers de la
discipline il y a peu d’athlètes pour
les utiliser.
Pourtant, un peu partout sur le territoire national, dans les
stades, les salles omnisports, sur le bord des routes nationales et
départementales, on observe un nombre sans cesse croissant de pratiquants de la
course à pied, des joggers du weekend. Une mode et une façon de vivre qui s’étend
avec des masters, des vétérans, d’anciens sportifs à la recherche d’une
activité sportive ludique ou de personnes à la recherche d’une santé perdue.
Curieusement ce qui est une activité sportive ludique, de
loisirs pour les uns, a été transformée (par d’autres appâtés par le gain) en
activité lucrative alimentant les caisses personnelles à partir d’un sport servant
de repoussoir au lieu d’attirer les jeunes. Il a laissé en suspens les maux qui
frappent la discipline. Ils ne faisaient pas l’objet de son interpellation.
Benmissi aurait pu dire également que les encadreurs d’hier,
qui se sont dévoués pour prendre en charge les milliers d’écoliers, de
collégiens et de lycéens orientés par les enseignants d’EPS croyant aux
discours dithyrambiques, se sont laissés débordés par des pratiques pernicieuses
alors inconnues.
Le discours sur l’obligation de revenir aux fondamentaux (il
soutient habituellement cette thèse) n’est pas propre à Benmissi. Il appartient
à tous les entraîneurs anonymes ou à ceux qui ont acquis une petite notoriété
avec quelques résultats. Ils le savent, le disent quelquefois et ne peuvent
agir. Ils ne sont pas dans le circuit.
Des performances, des talents à modeler mais rapidement
étouffés par la machine impitoyable mise en place à la fédération, par les
entraîneurs dits de l’élite s’appropriant le produits des efforts des autres,
ceux qui ont fait leur réputation dans le milieu sportif en exerçant leur
métier sur le dos des autres, comme les coucous s’installant dans le nid des
autres volatiles. En fait rien de bien nouveau sous le soleil d’Algérie où la
discipline est maintenant la proie d’opportunistes de tous bords. Des
professionnels, des experts.
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