La dernière affirmation de Benmissi est comme un coup de
tonnerre. Ce manquement aux dispositions qu’est la non-transmission des statuts
amendés de la FAA à l’instance supranationale de l’athlétisme qu’est l’IAAF autorise,
à en croire Benmissi, celle-ci à « remettre en cause nos résultats aux JO
de Rio » et réduire ainsi à
néant les efforts consentis et les résultats obtenus. Dans une quantification
résumée au risque maximal, le plus médiatique aussi, le risque le plus
important est la perte des « médailles remportées par
Makhloufi ». Son constat est rempli d’amertume :
« On est dans l’illégalité ».
La liberté de ton de Benmissi est connue. Sa fouge (le plus souvent
outrancière) interpelle plus que de raison ses auditeurs et ses contradicteurs par
des formules-choc. A travers cette
interview de dernière minute (par rapport à l’agenda du processus électoral de
la fédération algérienne d’athlétisme) et sachant que son éviction ne fait pas
d’elle une mise en valeur programmatique mais revêt plutôt une valeur
testamentaire, nous apprenons que depuis l’élection précédente, il n’a pas
cessé d’attirer l’attention du ministère en lui adressant plusieurs dossiers
qui, selon ses propos, auraient permis (s’ils avaient été pris en
considération) de « limiter les dégâts avant d’arriver à ce cirque ».
La mauvaise gestion de la FAA - qu’il a à maintes reprises
dénoncée - serait flagrante et se traduirait entre autre par cette absence de
réunions de la commission d’évaluation des finances de la fédération. Une
commission qui ne se serait pas réunie pendant les quatre années du mandat. Benmissi
soutient qu’ « il y a anguille sous roche ». Il
soulève ce qu’il prétend être une anomalie de taille. La fédération d’athlétisme
a manipulé 93 milliards de centimes pendant son mandat et à la fin elle « laisse
une dette de 7,6 milliards de centimes » aux nouveaux élus.
Dans le registre des étrangetés marquant le mandat écoulé,
l’ancien président de la FAA donne publiquement des informations sur le « fameux
dossier » des championnats du monde de Moscou qui est l’équivalent
du monstre du Loch Ness dont on entend souvent parler mais que l’on ne voit
jamais. Un dossier évoqué en « off », dont on a beaucoup
parlé en coulisses, et sur lequel personne n’a voulu publiquement communiquer.
On apprend donc et enfin d’une source enfin identifiée, par
une déclaration médiatique surprenante dans un environnement où l’omerta règne,
qu’« on a ramené 2 000 euros de médicaments qui existent sur le
marché algérien, et des produits dopants, mais personne n’a été inquiété ».
Il confirme également que la conservation de la manne monétaire inemployée,
au-delà des délais réglementaires autorisés, fait partie des mœurs depuis au
moins l’été 2013.
A ce propos, sa déclaration est révélatrice de la routine qui
s’est ancrée dans les pratiques de la fédération d’athlétisme. En révélant que
le « chef de la délégation a gardé 6 000 euros au lieu de les rendre
à la fédération », il fait de la restitution tardive des frais de
mission par le trio Mahour Bacha, Mohamed Hocine et Larbi Bouraâda, neuf mois
après l’annulation du déplacement pour les championnats du monde en salle de
Portland (Oregon), un non-événement. Ce
qu’il a effectivement été.
Interrogé sur le retrait de la candidature de Nouria
Benida-Merah, Kamel Benmissi soutient que la championne olympique du 1 500
« est un symbole » et qu’il avait « demandé
à ce que nos champions olympiques soient intégrés comme membres à part entière
de l’assemblée générale », une proposition qui fut acceptée avant
qu’elle ne soit reniée et que ces champions ne soient « enlevés de
la composante de l’AG ». Une proposition qui daterait donc du début
de son mandat inachevé de 1996.
La suite est cinglante. Benmissi observe, à juste titre selon
nous, que « dans le monde entier, on honore ces symboles et ces
héros, sauf chez nous ».
Benmissi, emporté par son élan contestataire et certainement
par la directivité de l’interview, a fait abstraction de la représentation des
athlètes algériens par le biais de leurs délégués élus statutairement prévus.
Il voudrait accorder aux héros de l’athlétisme algérien une place à part dans
le giron athlétique.
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