samedi 18 mars 2017

AGE de la FAA (7), « On est dans l’illégalité »

La dernière affirmation de Benmissi est comme un coup de tonnerre. Ce manquement aux dispositions qu’est la non-transmission des statuts amendés de la FAA à l’instance supranationale de l’athlétisme qu’est l’IAAF autorise, à en croire Benmissi, celle-ci à  « remettre en cause nos résultats aux JO de Rio » et réduire ainsi  à néant les efforts consentis et les résultats obtenus. Dans une quantification résumée au risque maximal, le plus médiatique aussi, le risque le plus important est la perte des « médailles remportées par Makhloufi ». Son constat est rempli d’amertume : «  On est dans l’illégalité ».
La liberté de ton de Benmissi est connue. Sa fouge (le plus souvent outrancière) interpelle plus que de raison ses auditeurs et ses contradicteurs par des formules-choc.  A travers cette interview de dernière minute (par rapport à l’agenda du processus électoral de la fédération algérienne d’athlétisme) et sachant que son éviction ne fait pas d’elle une mise en valeur programmatique mais revêt plutôt une valeur testamentaire, nous apprenons que depuis l’élection précédente, il n’a pas cessé d’attirer l’attention du ministère en lui adressant plusieurs dossiers qui, selon ses propos, auraient permis (s’ils avaient été pris en considération) de « limiter les dégâts avant d’arriver à ce cirque ».
La mauvaise gestion de la FAA - qu’il a à maintes reprises dénoncée - serait flagrante et se traduirait entre autre par cette absence de réunions de la commission d’évaluation des finances de la fédération. Une commission qui ne se serait pas réunie pendant les quatre années du mandat. Benmissi soutient qu’ « il y a anguille sous roche ». Il soulève ce qu’il prétend être une anomalie de taille. La fédération d’athlétisme a manipulé 93 milliards de centimes pendant son mandat et à la fin elle « laisse une dette de 7,6 milliards de centimes » aux nouveaux élus.
Dans le registre des étrangetés marquant le mandat écoulé, l’ancien président de la FAA donne publiquement des informations sur le « fameux dossier » des championnats du monde de Moscou qui est l’équivalent du monstre du Loch Ness dont on entend souvent parler mais que l’on ne voit jamais. Un dossier évoqué en « off », dont on a beaucoup parlé en coulisses, et sur lequel personne n’a voulu publiquement communiquer.
On apprend donc et enfin d’une source enfin identifiée, par une déclaration médiatique surprenante dans un environnement où l’omerta règne, qu’« on a ramené 2 000 euros de médicaments qui existent sur le marché algérien, et des produits dopants, mais personne n’a été inquiété ». Il confirme également que la conservation de la manne monétaire inemployée, au-delà des délais réglementaires autorisés, fait partie des mœurs depuis au moins l’été 2013.
A ce propos, sa déclaration est révélatrice de la routine qui s’est ancrée dans les pratiques de la fédération d’athlétisme. En révélant que le « chef de la délégation a gardé 6 000 euros au lieu de les rendre à la fédération », il fait de la restitution tardive des frais de mission par le trio Mahour Bacha, Mohamed Hocine et Larbi Bouraâda, neuf mois après l’annulation du déplacement pour les championnats du monde en salle de Portland (Oregon),  un non-événement. Ce qu’il a effectivement été.
Interrogé sur le retrait de la candidature de Nouria Benida-Merah, Kamel Benmissi soutient que la championne olympique du 1 500 « est un symbole » et qu’il avait «  demandé à ce que nos champions olympiques soient intégrés comme membres à part entière de l’assemblée générale », une proposition qui fut acceptée avant qu’elle ne soit reniée et que ces champions ne soient « enlevés de la composante de l’AG ». Une proposition qui daterait donc du début de son mandat inachevé de 1996.  
La suite est cinglante. Benmissi observe, à juste titre selon nous, que «  dans le monde entier, on honore ces symboles et ces héros, sauf chez nous ».

Benmissi, emporté par son élan contestataire et certainement par la directivité de l’interview, a fait abstraction de la représentation des athlètes algériens par le biais de leurs délégués élus statutairement prévus. Il voudrait accorder aux héros de l’athlétisme algérien une place à part dans le giron athlétique. 

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