En quelques jours, l’athlétisme algérien vu de loin, de très
loin, de la base de la mosquée Emir Abdelkader que nous longeons quotidiennement
à chacune de nos promenades crépusculaires,
a été l’objet d’une transformation radicale inattendue.
Il est passé, pour le
situer dans le registre animalier qui sied si bien aux fabulistes et moralistes
de toutes cultures, d’une mare à un panier. Des canards s’ébattent dans la
première. Dans le second s’affrontent des crabes comme pour donner consistance
à ces deux expressions de la langue française que sont « mare aux
canards » et « panier de crabes ».
Nous ne savons pas si Darwin se serait penché sur cette
mutation quasi-magique faisant que l’on passe des cancans, des ragots pas
toujours inoffensifs aux coups de pinces qui ne sont pas des coups de griffes.
Les crabes ne peuvent décemment pas prétendre au noble statut de félins, de rois
des animaux.
Il faut dire que nous nous étions habitués aux commérages (sources
intarissables d’informations) qui donnent un semblant de vie commune à la forêt
de Bouchaoui et au stade annexe succédant aux cafés du commerce.
Des commérages qui, pris stricto sensu et si l’on n’y prend précautionneusement
garde, deviennent dénigrements, médisances, diffamations, persiflages, etc. avant
d’emprunter la pente glissante s’achevant dans un cul-de-sac où l’on s’adonne à
des jeux de mains et de vilains.
Il a suffi d’une seule journée, d’un jeudi passé à Zeralda
dans les locaux de l’Analj pour que la magie opère. L’élection d’un nouveau
président de la FAA a modifié tous les rapports entre ceux qui sont sensés
cohabité pendant un laps de temps variable, compté selon les circonstances en
jours, en semaines, en mois ou en années,
dans des groupements humains où chacun respecte l’autre. Une trame temporelle
envisageable malheureusement dans les seules communautés où l’intérêt général
prime celui du particulier.
Les échos qui nous parviennent, ces funestes et innombrables
cancans, nous ont appris que le nouveau pouvoir fédéral (celui qui, nous a-t-on
dit et avons compris, s’est donné pour noble et inestimable mission de redorer le blason terni de la
discipline) n’a pas attendu le délai de grâce, les fameux « cent
jours » marquant, en d’autres lieux certainement mieux et plus
policés, la transition, le passage d’une autorité à une autre que les adeptes
de la course à pied pourraient percevoir comme le passage du témoin de ce qui aurait
dû être un relais de quatre ans.
Que nenni ! Les membres de la nouvelle fédération n’ont
pas attendu de s’installer dans leurs nouvelles fonctions et de s’intégrer dans
la structure fédérale archi-connue puisque quelques-uns en ont été membres, en
connaissent parfaitement les rouages et les inimitiés.
Dès la semaine suivant les élections, dès les premiers jours
de la semaine ayant suivi le jeudi électif, les opprimés, les marginalisés de
tous bords - par une gestion des ressources humaines et relationnelles
déplorable ayant semé la zizanie entre les membres d’une famille déchirée par
le partage du legs hérité de leurs honorables et illustres prédécesseurs (nous
pensons ici à ceux qui ont fait
l’histoire de la discipline et non aux précédent et immédiats gestionnaires enfants
prodigues et dilapidateurs de l’institution) - ont entamé une opération de
représailles qui ne fait pas honneur à leurs auteurs et aux valeurs humanistes
olympiques devenues désuètes.
Quelques heures à peine ont suffi pour démanteler, mettre à
bas des opérations et des actes de gestion qui ne méritaient pas autant de
précipitation. Les nouveaux décideurs ont opté pour la révolution et non
l’évolution. Marx, Bakounine, Lénine ont été préférés à Darwin.
Les premières décisions ont été, de notre point de vue,
maladroites. Elles ont consisté à d’abord reprendre possession des véhicules de
la fédération utilisés auparavant par le DTN
et le trésorier et ensuite à changer un chef de délégation. Comprendre
qu’il fallait faire table rase du passé récent abhorré.
En quelques secondes, le discours prétendument rassembleur
prononcé à l’issue de l’opération électorale a été renié par celui qui l’avait
tenu tandis que la notion de « continuité de service public »
a été mise à mal.
Ces deux actes révèlent aussi la qualité de la relation
préexistante entre les élus et les cadres permanents objets de l’humiliation
publique d’une part et entre les cadres permanents qui dans un passé récent (éviction du
secrétaire général), n’avaient pas su être solidaires.
Ils illustrent, à notre profond désarroi, l’esprit de
revanche semblant prendre le pas sur une réconciliation devenant hypothétique.
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