Nous observerons que jusqu’à
cette déclaration quelque peu déroutante du Directeur Technique National, le
nom de Salim Keddar n’avait jamais été cité aussi ouvertement sur la place
publique. A notre connaissance, aucun officiel de l’athlétisme national n’avait
accolé son nom à une affaire de dopage.
Pourtant, son nom avait été
prononcé à maintes reprises. Il avait été véhiculé par des rumeurs qui évoquèrent
souvent la présence de ce spécialiste du 1500 mètres dans la liste des athlètes
d’une notoriété certaine qui auraient échappé, par un moyen ou un autre (dont
les fameuses autorisations à usage thérapeutiques présentées après un résultat
d’analyse anormal alors que la qualité d’athlète international impose la remise
d’un dossier médical justificatif au moins 30 jours avant la compétition), aux
contrôles anti-dopage et qui ne se gênèrent pas pour attribuer sa progression
chronométrique phénoménale à l’aide pharmaceutique.
En plus d’avoir été associé aux
autres coureurs de demi-fond appartenant à l’élite nationale prétendument en
marge de la légalité sportive, Salim Keddar fut le sujet d’au moins deux
rumeurs qui circulèrent dans le périmètre du complexe olympique. Deux rumeurs
qui le visèrent directement.
La première fut celle qui en fit
un des adeptes de la pratique d’évitements
de contrôles anti-dopage.
La seconde le signala (avec du
recul nous dirons que la déclaration de Boubrit a pu être le déclic de cette
rumeur) en tant que troisième luron du trio ayant présenté un résultat
d’analyse anormal lors des championnats nationaux open du 1er août
2015.
Un trio anonyme jusque-là composé
de Samira Messad déclarée positive et à ce titre sanctionnée, d’Abdelghani
Bensaadi (le coureur de cross-country et de demi-fond long de Bordj Bou
Arreridj dont l’identité est liée, par un procès-verbal de réunion de la FAA, à
l’éviction d’un médecin du processus de validation d’AUT) et donc de Salim
Keddar.
Ahmed Boubrit précisa également,
au cours de cet entretien téléphonique se présentant aujourd’hui avec les
attributs de la réfutation d’une partie des déclarations de Messad, que le
programme de contrôle anti-dopage retenu pour ces championnats d’Algérie Open
d’athlétisme portait sur les trois
premiers des épreuves.
L’athlète prétend pour sa part que
le contrôle aurait été un préalable, une condition sine qua non à une sélection
pour les championnats maghrébins.
L’intervention radio-télévisée
d’Ahmed Boubrit nous conduit à comprendre que les palabres relatées par Samira
Messad pourraient ne pas avoir eu lieu, seraient le fruit de son imagination. Ce
qui rend encore plus incompréhensible le renvoi (puis le rappel) de Samira
Messad de la salle d’attente du centre de prélèvement.
Toutefois, cet épisode met aussi au
premier plan, une thèse quelque fois évoquée dans la perspective de la théorie très
contemporaine du complot et de manipulations de flacons d’urine. Selon cette thèse,
Samira Messad en aurait été la victime, le bouc émissaire destiné à couvrir les
activités illicites d’une autre athlète, d’une championne qui ne pourrait être,
cela va de soi, qu’une protégée de la fédération.
Le compte-rendu des résultats de
l’analyse est anonyme. L’identité de l’athlète n’est pas spécifiée. L’athlète,
selon le protocole, est identifié par un numéro de dossier. Le bilan des
analyses indique uniquement que les urines examinées appartiennent à un athlète
de sexe féminin. Un peu plus loin, dans un commentaire se voulant explication
de la présence du produit trouvé (Nandrolone), il exclue l’éventualité de
l’utilisation de la pilule contraceptive et/ou d’un état de grossesse, un
produit et une situation typiquement féminine.
Seul un examen plus approfondi
des résultats (et d’autres analyses) peut valider ou infirmer cette théorie
difficile à concevoir.
Le passage à la télévision de
Boubrit nous était inconnu. Nous avons été mis dans l’impossibilité de relever
que l’affaire Samira Messad a également connu une infraction à la règle de
confidentialité. Les deux années écoulées avant les fuites visant Souad Aït
Salem et les 5 cyclistes encore anonymes montrent à ceux qui voudraient nier la
transgression qu’il s’agit en vérité d’une pratique éculée.
Le 24 août 2015, une vingtaine de
jours après ce contrôle réalisé lors d’une compétition et en un lieu suscitant
plus tard (et jusqu’à aujourd’hui) des doutes, le laboratoire français
accrédité par l’AMA de Châtenay-Malabris, situé dans la région parisienne déclare
un résultat anormal d’analyse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire