mardi 23 janvier 2018

Mercato hivernal, Le souk s’est achevé

Chaque été et chaque hiver, le football se met en transe. Partout dans ces territoires qui nous sont géographiquement proches, en Afrique du Nord ou en cette Europe riveraine de la mer Méditerranée occidentale, vivants au rythme des mêmes saisons…..sportives.

Ces deux courtes périodes marquant chez nous deux saisons climatiques fortement contrastées avec la venue des grandes chaleurs incitant au farniente et ensuite, quelques six mois plus tard, l’arrivée de la  froidure  glaciale perçant les os - accueillent l’arrivée du plus grand cirque du monde, le Barnum qui eut une réputation internationale (avant que son nom prenne un tout autre sens) offrant son chapiteau aux clowneries et jongleries des messieurs Loyal, ci-devant présidents de clubs de chez nous lourdement endettés qui achètent et vendent avec frénésie leurs joueurs, animateurs d’une discipline sportive dont la qualité est décriée par tous.

Il faut se dire qu’au-delà de la rime et des sens figurés liant Barnum et capharnaüm, il n’y a que très peu de place pour abriter ce qui ailleurs est le « mercato » du football doté de règles clairement affichées sur le tableau de la mercuriale et qui chez nous devrait, en toute légitimité linguistique, se dénommer « le souk » et quelquefois « le bazar ». Un lieu d’échanges commerciaux et financiers où se négocie - comme diraient « les traders » de Wall Street ou de la City londonienne, les places boursières et financières les plus réputées mondialement - les joueurs de football.

Dans la cacophonie déréglementée par la main invisible traquée par Marx et ses partisans accompagnant ce souk, on se surprendrait presque à remplacer les dits joueurs, véritables gladiateurs des temps modernes, par des esclaves et des prisonniers destinés s’affronter les armes à la main sur le sable des arènes de Rome, Pompéi ou Capoue pour faire les délices et proposer une jouissance inégalable à une populace en quête de ces jeux et de ce pain promis par les César Imperator. Un pain qui ne prendra certainement pas les apparences et les qualités nutritives et gustatives de la brioche chère à Marie Antoinette, reine de France qui laissa sa tête sur un échafaud.

Les mécanismes de valorisation de ces joueurs ne déparent guère de ceux qui, il y a bien des siècles, au vu du spectacle proposé par les média, s’apparentent encore et aussi à la détermination des prix des troupeaux mis en vente sur les marchés aux bestiaux.

On y perçoit des joueurs véritablement appréhendés comme de belles bêtes que se disputent des maquignons surenchérissant sur le compère soucieux de subtiliser les plus belles pièces. Celles qui, dans six mois ou une année, malgré l’asséchement des pis, seront considérées comme des vaches normandes. L’impécuniosité du trabendiste est passée par là. Le hangar à fourrage s’est vidé.

La vue de ce spectacle désopilant incite à sourire. Il fait fureur, depuis une dizaine d’années correspondant grossièrement à la naissance du football professionnel algérien (dans sa version libérale fondée sur le libre-échange) ainsi qu’à la compréhension qu’en ont les maîtres du caravansérail pour lesquels cette activité commerciale footballistique correspond grosso modo à l’interprétation d’une ligne figurant sur les bilans et les comptes sociaux des entreprises régies par la comptabilité moderne et planétaire connue sous l’acronyme d’IAS/IFRS.

Les joueurs ne sont plus, parce qu’ils font le spectacle et participent à l’enrichissement de l’entreprise footballistique, que la partie la plus importante du patrimoine de la SSPA. Ces êtres humains, dont l’habileté balle au pied serait en régression constante, seraient donc devenus « les actifs » de la société que l’on peut acquérir et céder selon le bon vouloir des actionnaires.   


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