dimanche 4 février 2018

Youssef Belaili (4), Le joueur maudit

Après avoir purgé sa sanction… internationale, celle prononcée par le TAS en invalidation de la sanction de la CAA, comme cela avait été à son retour de son « expérience professionnelle » tunisienne, Belaili fut à nouveau courtisé par les clubs les plus fortunés du pays.  
Ils n’ignoraient pas que le joueur avait été, à sa belle époque, hors de prix pour leurs caisses en permanente délicatesse. Les puissances footballistiques nationales se ruèrent à l’assaut de celui que l’on présentait dans les colonnes des journaux comme le chevalier dressé sur son destrier pour porter les couleurs de la plus belle princesse  de la contrée et de ses courtisans entassés dans les gradins. Ses caprices devaient être satisfaits.
Tous crocs dehors pour dévorer le talent assoupi par ses années de retrait imposé, assaillis par les intermédiaires de tout acabit, désorientés par les écrits dithyrambiques des médias eux-mêmes déboussolés mais agissant en intermédiaires déguisés, les dirigeants des clubs brandirent à bout de bras leurs carnets de chèques à blanc.
Ce qui est juridiquement un instrument de paiement se mua, en cette circonstance et en bien d’autres similaires devenues ordinaires dans la société algérienne et dans le milieu footballistique, en instrument de crédit.
Alors que la provision est préalable à son émission, il est remis sans provision, servant de garantie en attente de régularisations cycliques, honoré avec milles et une difficultés par les tonneaux des Danaïdes inlassablement remplis par Sonatrach, ses filiales, le patron des investisseurs algériens ou les « grands patrons » du football, toujours en décalage avec les délais. Belaili fut, pendant quelques semaines, la Cendrillon du football passée entre les mains de la fée.
Malgré la limitation des salaires convenue par les présidents de clubs sachant faire allégrement dérogation, en  dépit des réductions drastiques quasi-unilatérales sur les salaires des autres joueurs, malgré la sanction toujours en cours mais oubliée de tous, malgré l’évidente régression compétitive du joueur, les « grands clubs » voulurent s’approprier à tout prix ce joueur maudit, copie de ce Rimbaud qui fut lui poète maudit.
 Les propositions les plus folles furent étalées devant le prodige qui s’envola, à la surprise de tous, vers la douceur angevine laissant en plan, sur le tarmac de l’aéroport international Houari Boumediene, ses soupirants éperdus.
Avant que ne s’acheva le premier mercato hivernal suivant son arrivée dans le groupe de joueurs du SCO Angers présidé par un binational, Youssef Belaili se trouva confronté à la dure réalité du football professionnel, le vrai. Celui qui obéit à des règles plus rigoureuses que celles en usage dans son pays. Celui qui ne consiste pas à seulement recevoir un chèque comportant de nombreux zéros, payable à une date indéterminée pour quelques mouvements de jambes.
Le joueur formé par le RCG Oran ne put revoir les fondements de sa pratique, se remettre en cause et à niveau. Les sportifs du vendredi savent que la forme est liée aux nombreuses heures passées sur le terrain à s’entraîner et que le temps consacré à faire autre chose lui est préjudiciable.
Le « diplômé starisé » du football algérien choyé par ses proches, ses fans et porté aux nués par la presse people foot dithyrambique, n’a pu admettre un inévitable retour à la case départ, un nouvel apprentissage, celui des rudiments de base du football professionnel.

De son point de vue, dont on dit qu’il a été intoxiqué par celui de ses proches et de ses supporters, son nom aurait dû lui ouvrir, toutes grandes, les portes du club de seconde division française qui consentit à l’accueillir… sans lui dérouler le tapis rouge.

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