Après avoir purgé sa sanction…
internationale, celle prononcée par le TAS en invalidation de la sanction de la
CAA, comme cela avait été à son retour de son « expérience
professionnelle » tunisienne, Belaili fut à nouveau courtisé par
les clubs les plus fortunés du pays.
Ils n’ignoraient pas que le
joueur avait été, à sa belle époque, hors de prix pour leurs caisses en
permanente délicatesse. Les puissances footballistiques nationales se ruèrent à
l’assaut de celui que l’on présentait dans les colonnes des journaux comme le
chevalier dressé sur son destrier pour porter les couleurs de la plus belle
princesse de la contrée et de ses
courtisans entassés dans les gradins. Ses caprices devaient être satisfaits.
Tous crocs dehors pour dévorer le
talent assoupi par ses années de retrait imposé, assaillis par les
intermédiaires de tout acabit, désorientés par les écrits dithyrambiques des médias
eux-mêmes déboussolés mais agissant en intermédiaires déguisés, les dirigeants
des clubs brandirent à bout de bras leurs carnets de chèques à blanc.
Ce qui est juridiquement un instrument
de paiement se mua, en cette circonstance et en bien d’autres similaires
devenues ordinaires dans la société algérienne et dans le milieu
footballistique, en instrument de crédit.
Alors que la provision est
préalable à son émission, il est remis sans provision, servant de garantie en
attente de régularisations cycliques, honoré avec milles et une difficultés par
les tonneaux des Danaïdes inlassablement remplis par Sonatrach, ses filiales,
le patron des investisseurs algériens ou les « grands patrons » du
football, toujours en décalage avec les délais. Belaili fut, pendant quelques
semaines, la Cendrillon du football passée entre les mains de la fée.
Malgré la limitation des salaires
convenue par les présidents de clubs sachant faire allégrement dérogation, en dépit des réductions drastiques
quasi-unilatérales sur les salaires des autres joueurs, malgré la sanction
toujours en cours mais oubliée de tous, malgré l’évidente régression
compétitive du joueur, les « grands clubs » voulurent
s’approprier à tout prix ce joueur maudit, copie de ce Rimbaud qui fut lui
poète maudit.
Les propositions les plus folles furent
étalées devant le prodige qui s’envola, à la surprise de tous, vers la douceur
angevine laissant en plan, sur le tarmac de l’aéroport international Houari
Boumediene, ses soupirants éperdus.
Avant que ne s’acheva le premier
mercato hivernal suivant son arrivée dans le groupe de joueurs du SCO Angers
présidé par un binational, Youssef Belaili se trouva confronté à la dure
réalité du football professionnel, le vrai. Celui qui obéit à des règles plus
rigoureuses que celles en usage dans son pays. Celui qui ne consiste pas à
seulement recevoir un chèque comportant de nombreux zéros, payable à une date
indéterminée pour quelques mouvements de jambes.
Le joueur formé par le RCG Oran
ne put revoir les fondements de sa pratique, se remettre en cause et à niveau.
Les sportifs du vendredi savent que la forme est liée aux nombreuses heures
passées sur le terrain à s’entraîner et que le temps consacré à faire autre chose
lui est préjudiciable.
Le « diplômé starisé » du
football algérien choyé par ses proches, ses fans et porté aux nués par la
presse people foot dithyrambique, n’a pu admettre un inévitable retour à la
case départ, un nouvel apprentissage, celui des rudiments de base du football
professionnel.
De son point de vue, dont on dit
qu’il a été intoxiqué par celui de ses proches et de ses supporters, son nom
aurait dû lui ouvrir, toutes grandes, les portes du club de seconde division
française qui consentit à l’accueillir… sans lui dérouler le tapis rouge.
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