L
|
orsque le mouvement sportif national connait en 1976, avec la
promulgation de ce qui sera la « Réforme sportive », sa
première secousse tectonique, celle qui l’ébranla dans ses fondements
juridiques et idéologiques, le sport national était structuré. Il avait certes
conservé dans un premier temps les principes hérités de la loi française de
1901 mais, au fil des années et de l’imprégnation des idéaux de gauche, il avait, au contact des
coopérants techniques venus des pays de l’Europe de l’Est et du retour des
cadres et futurs cadres du sports envoyé en formation dans les pays-là, consolidé et systématisé
les piliers d’une démarche scientifique renvoyant à la démocratisation du
sport, la prospection, détection, formation et développement des talents
sportifs. Cette période culmina avec l’organisation des Jeux Méditerranéens
d’Alger et les deux médailles d’or hautement symboliques enregistrées avec
la victoire en finale du tournoi de football de l’équipe nationale dirigée par
l’ancien professionnel (Saint Etienne et Bastia) et membre de l’équipe du FLN
Rachid Mekhloufi et l’incroyable chevauchée sur le 3 000 mètres steeple de
Boualem Rahoui.
La « Réforme sportive » consolida ces acquis
en assurant intégralement le financement (dans toutes ses dimensions) par
l’Etat et ses prolongements (entreprises publiques relevant du patrimoine privé
de l’Etat, collectivités et entreprises locales) et en garantissant l’avenir
des sportifs. Cette période eut pour marqueurs les qualifications de l’équipe
nationale de football aux coupes du monde de 1982 et 1986, les exploits des
athlètes (Abderrahmane Morceli, Ammar Brahmia, Abderrezak Bounour, Rachid Kram,
etc.) et les épopées des équipes nationales de sports collectifs et de tant
d’autres sportifs dans quasiment toutes les disciplines sportives (boxe,
natation, judo, karaté, cyclisme).
Une autre secousse législative « redressa » le
mouvement sportif. La tendance à glisser vers la gauche (si bénéfique car elle
enrichit en densité le palmarès du sport algérien) fut rattrapée et l’amena à
se diriger vers les orientations véhiculées par les « conditionnalités »
économico-politiques apportées dans les bagages du retour aux normes et ratios
de l’économie et de la gestion financières mis en place sous les « auspices
bienveillants » du FMI, de la Banque mondiale et des autres
institutions financières mondiales.
Ce sera la loi de 1989 (organisation du système national de culture
physique et sportive) qui vint remettre de l’ordre dans la réglementation et la
législation sportive nationale qui marquèrent le désengagement de l’Etat du
moins dans sa partie dite des « capitaux marchands de l’Etat »
suscitant le retrait en masse (bien qu’échelonné dans le temps) des anciennes
entreprises publiques - qui pour la majorité avait une viabilité et une
pérennité fortement compromises, regroupées successivement en « holdings »,
puis « fonds de participations » et « société
de gestion des participations » (au gré des décisions politiques)
- du financement imposé des associations sportives de performances. Dorénavant,
la représentation sportive nationale (l’élite) est certes prise en charge par
l’Etat, les fédérations et le comité olympique tandis que le reste de
l’organisation dépend du bon vouloir des structures locales (DJS et
collectivités locales) et des partenariats économiques pouvant être conclus
avec les opérateurs économiques publics et privés (sponsoring).
Cette période de disette est pourtant marquée par l’émergence de deux
futurs grands champions d’athlétisme que seront Hassiba Boulmerka (championne
d’Afrique des 800 et 1 500 mètres à
Annaba et demi-finalistes, toujours sur 800-1500, aux jeux olympiques de Séoul)
et Noureddine vice-champion du monde junior du
1 500 à Sudbury (Canada). Deux années plus tard, en 1991, ils
remporteront le titre mondial du 1 500 mètres à Tokyo. Comme pour
inaugurer en beauté la nouvelle ère deux autres athlètes feront honneur aux
couleurs nationales en se hissant sur la podium des championnats du monde
(Azzedine Brahmi, 3ème du
3 000 mètres steeple) et Yasmina Azzizi en accédant en finale de
l’heptathlon). A nouveau champions du monde et olympique sur la même distance,
ils sont rejoints dans la gloire par Ali Sidi-Sief, Abderrahmane Hamad, Nouria
Merah-Benida dont la détection et la formation relèvent encore des mécanismes
de la période antérieure qui poursuit sur son erre.
Ces exploits sportifs seront accompagnés par ceux de l’équipe
nationale de football qui remporte son premier titre en compétition
continentale (coupe d’Afrique de 1990).