lundi 29 février 2016

Sport en mutation (4), La belle époque du sport algérien

L
orsque le mouvement sportif national connait en 1976, avec la promulgation de ce qui sera la « Réforme sportive », sa première secousse tectonique, celle qui l’ébranla dans ses fondements juridiques et idéologiques, le sport national était structuré. Il avait certes conservé dans un premier temps les principes hérités de la loi française de 1901 mais, au fil des années et de l’imprégnation des idéaux  de gauche, il avait, au contact des coopérants techniques venus des pays de l’Europe de l’Est et du retour des cadres et futurs cadres du sports envoyé en formation  dans les pays-là, consolidé et systématisé les piliers d’une démarche scientifique renvoyant à la démocratisation du sport, la prospection, détection, formation et développement des talents sportifs. Cette période culmina avec l’organisation des Jeux Méditerranéens d’Alger et les deux médailles d’or hautement symboliques enregistrées avec la victoire en finale du tournoi de football de l’équipe nationale dirigée par l’ancien professionnel (Saint Etienne et Bastia) et membre de l’équipe du FLN Rachid Mekhloufi et l’incroyable chevauchée sur le 3 000 mètres steeple de Boualem Rahoui.
La « Réforme sportive » consolida ces acquis en assurant intégralement le financement (dans toutes ses dimensions) par l’Etat et ses prolongements (entreprises publiques relevant du patrimoine privé de l’Etat, collectivités et entreprises locales) et en garantissant l’avenir des sportifs. Cette période eut pour marqueurs les qualifications de l’équipe nationale de football aux coupes du monde de 1982 et 1986, les exploits des athlètes (Abderrahmane Morceli, Ammar Brahmia, Abderrezak Bounour, Rachid Kram, etc.) et les épopées des équipes nationales de sports collectifs et de tant d’autres sportifs dans quasiment toutes les disciplines sportives (boxe, natation, judo, karaté, cyclisme).
Une autre secousse législative « redressa » le mouvement sportif. La tendance à glisser vers la gauche (si bénéfique car elle enrichit en densité le palmarès du sport algérien) fut rattrapée et l’amena à se diriger vers les orientations véhiculées par les « conditionnalités » économico-politiques apportées dans les bagages du retour aux normes et ratios de l’économie et de la gestion financières mis en place sous les « auspices bienveillants » du FMI, de la Banque mondiale et des autres institutions financières mondiales.
Ce sera la loi de 1989 (organisation du système national de culture physique et sportive) qui vint remettre de l’ordre dans la réglementation et la législation sportive nationale qui marquèrent le désengagement de l’Etat du moins dans sa partie dite des « capitaux marchands de l’Etat » suscitant le retrait en masse (bien qu’échelonné dans le temps) des anciennes entreprises publiques - qui pour la majorité avait une viabilité et une pérennité fortement compromises, regroupées successivement en « holdings », puis « fonds de participations » et « société de gestion des participations » (au gré des décisions politiques) - du financement imposé des associations sportives de performances. Dorénavant, la représentation sportive nationale (l’élite) est certes prise en charge par l’Etat, les fédérations et le comité olympique tandis que le reste de l’organisation dépend du bon vouloir des structures locales (DJS et collectivités locales) et des partenariats économiques pouvant être conclus avec les opérateurs économiques publics et privés (sponsoring).
Cette période de disette est pourtant marquée par l’émergence de deux futurs grands champions d’athlétisme que seront Hassiba Boulmerka (championne d’Afrique des  800 et 1 500 mètres à Annaba et demi-finalistes, toujours sur 800-1500, aux jeux olympiques de Séoul) et Noureddine vice-champion du monde junior du  1 500 à Sudbury (Canada). Deux années plus tard, en 1991, ils remporteront le titre mondial du 1 500 mètres à Tokyo. Comme pour inaugurer en beauté la nouvelle ère deux autres athlètes feront honneur aux couleurs nationales en se hissant sur la podium des championnats du monde (Azzedine Brahmi, 3ème  du 3 000 mètres steeple) et Yasmina Azzizi en accédant en finale de l’heptathlon). A nouveau champions du monde et olympique sur la même distance, ils sont rejoints dans la gloire par Ali Sidi-Sief, Abderrahmane Hamad, Nouria Merah-Benida dont la détection et la formation relèvent encore des mécanismes de la période antérieure qui poursuit sur son erre.

Ces exploits sportifs seront accompagnés par ceux de l’équipe nationale de football qui remporte son premier titre en compétition continentale (coupe d’Afrique de 1990).     

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