Lounnas nous explique que « le système national des
compétitions comme les ligues et clubs avaient pour principales missions la
détection et la confirmation de jeunes talents » et qu’avec la
nouvelle approche (celle tendant vers l’excellence, et le haut
niveau) la prise en charge des talents est réservée aux cadres de haut
niveau formés par l’ISTS et les ITS.
Nous ne croyons pas dénaturer cette idée en affirmant que le mouvement
sportif est séparé distinctement en deux catégories organisationnelles avec à
la base de la pyramide, les clubs et les
ligues effectuant le « travail
de base » (celui du dégrossissage) d’une part, et au sommet, la
fédération recueillant les meilleurs athlètes du pays, quasiment prêts à entrer
dans l’arène internationale, les offrant (sur un plateau) aux caciques du
système afin qu’ils puissent capter les honneurs et les dividendes.
Sans y prendre garde, nous sommes revenus, par la voix de notre ami
Lounnas en personne, à la fameuse et vieille distinction entre les « empiriques »
et les « scientifiques », entre les «
qualifiés » et les « diplômés ». Sauf que,
dans les clubs et les ligues, on trouve des diplômés de l’ITS et de l’ISTS. On
en a donc fait des cadres du sport intégrés dans une sorte de deuxième collège et, qui plus est, mis dans
l’incapacité de prétendre à l’excellence à laquelle chacun peut postuler.
Dans l’esprit de "nos amis", la répartition
des tâches est ainsi clairement définie et de plus, toujours selon Lounnas, il
y a lieu d’opérer une seconde séparation entre l’EPS et la pratique sportive de
compétition. Ce qui prête aujourd’hui à dérision et à lamentations, c’est que
l’exclusion (ou la mise à l’écart forcée) des enseignants d’EPS du mouvement
sportif (dit civil) a conduit (avec d’autres facteurs sociaux aggravants) au
dépérissement du sport scolaire et à la suppression de la passerelle qui
existait (par la seule présence de ces enseignants, ces bénévoles ne coûtant
pas un sou à l’administration sportive) entre le "sport scolaire"
et le "sport civil".
Les cadres formés par le MJS (les techniciens supérieurs en sport et
les conseillers en sport) en poste dans les clubs et les ligues n’ont
malheureusement pas su suppléer au retrait des enseignants d’EPS et des
bénévoles et investir la détection et la formation des talents. Ces deux corps
(enseignants d’EPS et cadres du sport) se sont enfermés dans leurs catégories,
dans leurs bulles, dans leurs champs d’interventions. Les uns dans les cours
d’écoles en boom démographique et les autres sur leurs stades désertés.
On connait aujourd’hui le résultat de cette vision qui est encore enkystée
dans les mentalités. Une 5ème place aux jeux olympiques est un
exploit sportif!
Le concept d’excellence était
partagé par certains clubs dont l’emblématique Mouloudia d’Alger qui eut,
pendant longtemps, pour directeur technique sportif cet Amar Brahmia qui est
devenu le président de la commission de la préparation olympique.
L’excellence a été non pas à
l’origine du phénomène de la « captation d’athlètes » mais
a permis son accentuation dans un cadre organisé, systématisé. Cette captation
a eu pour pôle attractif essentiellement le club parrainé par la compagnie
pétrolière et le passage obligé en a été pendant longtemps la fédération
algérienne d’athlétisme. Comme nous avons eu à l’écrire, le Mouloudia d’Alger,
grâce à la puissance financière et aux compétences managériales de Sonatrach,
fut à la fois l’antichambre des équipes nationales et un complément de ces
équipes nationales.
Nous sommes même tentés d’écrire
que le Mouloudia et la FFA ont été complices, partenaires, associés dans cette
pratique d’orientation des jeunes talents sportifs dont les effets furent
quelquefois pervers.
Quand avons-nous connu et
rencontré pour la première fois Amar Brahmia ? Nous ne serions le dire
avec exactitude. De lui, nous n’avions que des échos plutôt négatifs de la part
des entraîneurs et des dirigeants de clubs de l’Est algérien (Constantine,
Annaba, Sétif, Batna) qui, dans les années 80, se rencontraient (au moins une
fois par mois) au stade du 17 juin de Constantine, lors du week-end consacré à
une compétition inédite en Algérie, le CRIC (challenge régional interclubs).
Une compétition interclubs ouverte également aux individualités en mal de
compétitions. Une rencontre sportive organisée en direction des clubs et des
athlètes de la ligue régionale de Constantine qui s’était, au fil des années,
élargie aux associations des ligues régionales de l’Est. Pour caricaturer, nous
dirons que ce fut un « zonal » (un interrégional)
mensuel qui dans toutes les épreuves atteignaient une dimension nationale.
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