La « cryothérapie de Cro-Magnon » relève d’une ère qui n’est pas
aussi révolue qu’elle ne le parait de prime abord, qu’on voudrait le croire.
Comme Cro-Magnon, cette période a connu,
dans le même temps et sur le même territoire, deux Hommes : l’homme de Neandertal
et l’homo Sapiens. Elle existe encore dans les coins perdus de l’Algérie
profonde mais aussi dans les quelques grandes villes où l’athlétisme de
performance a, tant bien que mal, droit de montrer (pour combien de
temps ?) le bout de son nez, de faire illusion.
Elle (la cryothérapie) est arrivée dans le pays, dans l’esprit des
athlètes et des entraîneurs, avec le retour de stages à l’étranger où elle
avait été expérimentée avec une certaine réussite par les membres des équipes
nationales. La solution apportée pour faciliter la récupération après des
efforts intenses a marqué les esprits de certains d’entre eux qui,
contrairement à une idée fortement
répandue, ne se sont pas déplacés (à l’étranger) pour faire du tourisme sous le
couvert du sport. Il est vrai que cette catégorie de voyageurs est rare parmi eux et qu’on la trouve essentiellement
chez les dirigeants.
Les bienfaits et le concept de la cryothérapie a été progressivement assimilés,
grâce au lent processus de transfert de technologie et de savoir d’une part et avec
le concours de l’accommodation piagétienne. Profitant de la vélocité de la transmission
via les nouvelles technologies de l’information et de la communication, ses
vertus se sont propagées par réseaux. Le résultat est que l’idée a fait son
chemin, a essaimée dans tout le pays. Ce qui est admirable et réhabilite les
cadres du mouvement sportif, c’est que
chacun (chaque entraîneur) a adapté ce moyen de récupération aux conditions de
pratiques qui sont les siennes, dans le milieu où il évolue.
A la recherche insatiable des bienfaits procurés par l’utilisation du
froid sur la performance, la progression et la récupération de l’athlète, ces
entraineurs ont imaginé, mis en place
toutes les formules qui ont pu se présenter à leurs esprits. Elles sont
variées. Y compris quelque fois les plus farfelues, les plus surprenantes, les
plus saugrenues, les plus choquantes.
La difficulté première, essentielle dans ce transfert de connaissances
qui n’attend pas la signature de conventions internationales par les plus
hautes autorités politiques, a été de trouver le réceptacle susceptible de contenir
à la fois l’eau glacée et un athlète dont le gabarit n’est certainement pas
celui d’une poupée Barbie. Certains sont allés jusqu’à employer des bacs
détournés de leur usage habituel, de leur destination originelle socialement normalisée…… contenir les ordures
ménagères.
Une photo nous a été adressée. Elle montre un jeune champion si grand
(par le potentiel et surtout par la taille) qu’il a du faire appel à des
talents insoupçonnés de contorsionniste pour plier ses segments inférieurs et
s’accroupir dans une poubelle…. comme celles que l’on voit dans nos quartiers,
au bas de nos immeubles, ceux dans lesquelles nous déposons, chaque jour que
Dieu fait, nos déchets domestiques. La photo le montre claquant des dents. Elle
lui donne l’apparence d’un thon replié dans une boite de sardines.
Cette photo déprimante nous oblige, comme le font tous les entraîneurs
passionnés par leurs métiers, luttant inlassablement pour surmonter les
difficultés de tous ordres qui se présentent quotidiennement à eux, à
positiver. Elle nous incite à voir autre chose qu’un athlète…. jeté à la
poubelle, « metaiech fi la poubelle », pour reprendre une formule
utilisée par un enfant de 9 ans regardant ahurie la photo. La « vérité
sort de la bouche des enfants » affirme un adage. Leur innocence
dans ce cas est lourde de sens. La photo illustre le peu de considération que
le système sportif national leur accorde.
Une accusation enfantine visant en réalité les hommes qui font
fonctionner ce système. Des cadres, issus le plus souvent des mêmes écoles que
ces techniciens, qui ont perdu de vue les valeurs qu’ils partagèrent (peut
être) un jour bien lointain. Des hommes qui tapissent les bureaux, alourdissent
les rouages et freinent le mouvement sportif.
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