Ali Saïdi-Sief est alors un talent en devenir, une graine de
champion. Il appartient à une catégorie d’âge, à une génération d’athlètes qui,
comme tant d’autres, avant et après lui, ont rapidement disparu des
radars ! Il sera un rescapé puisqu’il saura se tirer des embûches qui se
dressent sous ses pas. Provisoirement, d’ailleurs ! La Baraka ne l’a pas
suivi.
Pendant ce temps, Miloud Abaoub est à inclure dans la
catégorie intermédiaire des « athlètes semi-professionnels »,
une caste qui, pour reprendre le discours marxisant en voie d’extinction, est
en formation. Il dispose de ce minimum nécessaire, selon l’imaginaire
extensible à l’infini de l’idéologie des premiers mercenaires boulimiques du
sport de haut niveau soutenu par l’Etat, qui impactera profondément le mode de
pensée des générations suivantes. Mais, ses conditions de vie hors des
frontières ne sont pas connues. Quant à Ali Saïdi-Sief, il appartient, pour peu
de temps encore, à celle des amateurs.
Pour Abaoub, le soutien logistique institutionnel celui inhérent à la
prise en charge, de tous temps très controversée, par la fédération) relativement
conséquent se maintien au niveau antérieur. Hors préparation des charges découlant
de la préparation à des événements internationaux, l’athlétisme algérien est
déchargé des obligations auquel il était astreint. Pour Saïdi-Sief, au
contraire, il augmente avec son entrée dans la grande maison du MCA.
Le rattrapage est amorcé. Dorénavant, à partir de 1996, l’écart entre
les deux athlètes se réduit. Il sera incontestablement en faveur du coureur de
Hamma-Bouziane qui a fait son entrée dans la cour des grands. En quelques mois,
le changement de statut sera perceptible à travers les performances et surtout
par le niveau de leurs apogées respectives. Dès 1997, Ali Saïdi Sief est le
leader national chez les jeunes laissant entrevoir des espérances de réussite.
Abaoub ne gagnera qu’une petite seconde, passant de 3.39.37 à 3.38.49.
Une performance plus que respectable dans le contexte qui est le sien. Une
vingtaine d’années plus tard, alors que la migration des athlètes est au cœur
des débats, cette question sera mise en valeur par les meilleurs entraîneurs
algériens. Ils vanteront l’expertise des entraîneurs français et
s’auto-dénigreront en entraînant dans leurs sillages leurs pairs. Le comble de
la duplicité intellectuelle de la part de cadres sportifs bénéficiaires de tous
les avantages pendant un quart de siècle.
De son côté, en moins d’une année, Ali Saïdi-Sief progressa de cinq
secondes sur 1 500 m. De 3.42.12, réalisées aux championnats du monde
junior de Sydney, à ces 3.37.47 qui sont encore aujourd’hui inscrits en tant
que meilleure performance algérienne junior de tous les temps.
Un chrono inaccessible aux juniors d’aujourd’hui et a fortiori à ceux
qui ont émergé au cours des deux dernières décennies. Y compris ceux qui
brillèrent lors des championnats du monde de la catégorie U20 y récoltant
médailles et accessits. Ou simplement une place en finales.
L’amélioration des performances sur 1 500 m ne fut pas aussi
important l’année suivante. Nous dirons qu’il ne fut que d’un peu moins de deux
« petites » secondes (3.35.87). Une amélioration qui montre comment
la progression chronométrique n’est pas qu’un discours. Ce gain chronométrique (dissonant
par rapport aux progressions antérieure et postérieure) fut cependant
accompagné d’un chrono plus que respectable (c’est le moins que l’on puisse
dire) de 7 minutes 46 secondes 26 centièmes sur 3 000 m.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire