dimanche 9 septembre 2018

Ali Saidi-Sief (48) Les changements de destin


Ali Saïdi-Sief est alors un talent en devenir, une graine de champion. Il appartient à une catégorie d’âge, à une génération d’athlètes qui, comme tant d’autres, avant et après lui, ont rapidement disparu des radars ! Il sera un rescapé puisqu’il saura se tirer des embûches qui se dressent sous ses pas. Provisoirement, d’ailleurs ! La Baraka ne l’a pas suivi.
Pendant ce temps, Miloud Abaoub est à inclure dans la catégorie intermédiaire des « athlètes semi-professionnels », une caste qui, pour reprendre le discours marxisant en voie d’extinction, est en formation. Il dispose de ce minimum nécessaire, selon l’imaginaire extensible à l’infini de l’idéologie des premiers mercenaires boulimiques du sport de haut niveau soutenu par l’Etat, qui impactera profondément le mode de pensée des générations suivantes. Mais, ses conditions de vie hors des frontières ne sont pas connues. Quant à Ali Saïdi-Sief, il appartient, pour peu de temps encore, à  celle des amateurs.

Pour Abaoub, le soutien logistique institutionnel celui inhérent à la prise en charge, de tous temps très controversée, par la fédération) relativement conséquent se maintien au niveau antérieur. Hors préparation des charges découlant de la préparation à des événements internationaux, l’athlétisme algérien est déchargé des obligations auquel il était astreint. Pour Saïdi-Sief, au contraire, il augmente avec son entrée dans la grande maison du MCA.

Le rattrapage est amorcé. Dorénavant, à partir de 1996, l’écart entre les deux athlètes se réduit. Il sera incontestablement en faveur du coureur de Hamma-Bouziane qui a fait son entrée dans la cour des grands. En quelques mois, le changement de statut sera perceptible à travers les performances et surtout par le niveau de leurs apogées respectives. Dès 1997, Ali Saïdi Sief est le leader national chez les jeunes laissant entrevoir des espérances de réussite.

Abaoub ne gagnera qu’une petite seconde, passant de 3.39.37 à 3.38.49. Une performance plus que respectable dans le contexte qui est le sien. Une vingtaine d’années plus tard, alors que la migration des athlètes est au cœur des débats, cette question sera mise en valeur par les meilleurs entraîneurs algériens. Ils vanteront l’expertise des entraîneurs français et s’auto-dénigreront en entraînant dans leurs sillages leurs pairs. Le comble de la duplicité intellectuelle de la part de cadres sportifs bénéficiaires de tous les avantages pendant un quart de siècle.

De son côté, en moins d’une année, Ali Saïdi-Sief progressa de cinq secondes sur 1 500 m. De 3.42.12, réalisées aux championnats du monde junior de Sydney, à ces 3.37.47 qui sont encore aujourd’hui inscrits en tant que meilleure performance algérienne junior de tous les temps.

Un chrono inaccessible aux juniors d’aujourd’hui et a fortiori à ceux qui ont émergé au cours des deux dernières décennies. Y compris ceux qui brillèrent lors des championnats du monde de la catégorie U20 y récoltant médailles et accessits. Ou simplement une place en finales.

L’amélioration des performances sur 1 500 m ne fut pas aussi important l’année suivante. Nous dirons qu’il ne fut que d’un peu moins de deux « petites » secondes (3.35.87). Une amélioration qui montre comment la progression chronométrique n’est pas qu’un discours. Ce gain chronométrique (dissonant par rapport aux progressions antérieure et postérieure) fut cependant accompagné d’un chrono plus que respectable (c’est le moins que l’on puisse dire) de 7 minutes 46 secondes 26 centièmes sur 3 000 m.


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