mardi 27 novembre 2018

Migration des athlètes, Le challenge à la pointe de la modernité



Il y a lieu d’admettre qu’en période de disette en devises, frappant les deux côtés de la frontière commune, la prise en charge en monnaie nationale est un facteur facilitant de l’échange athlétique algéro-tunisien inscrit dans un contexte d’instabilité politico-économique difficile pour les deux parties.

Dans ce contexte à la fois pénalisant et d’ouverture sur les autres, chacun des deux partenaires n’est préoccupé que par les questions domestiques, celles liées essentiellement aux questions d’hébergement, de restauration et de transport, etc. des athlètes invités qui sont considérés au même titre que les athlètes nationaux….dès le franchissement des postes -frontières, dès lors que la délégation hôte pose le pied sur le territoire national de la partie invitante.

L’avantage incontestable est que ces athlètes « à la double licence tuniso-algérienne » ne revêtent la casaque constantinoise que lors des compétitions de niveau intéressant (national ou international) sélectionnées et proposées à la délégation étrangère partenaire.

Pour le MAC, en sa qualité d’organisateur du challenge international de courses de demi-fond, la priorité a été indubitablement d’assurer une participation étrangère de niveau au moins égal au niveau national et de proposer à ses athlètes (et par extension aux athlètes algériens engagés) une concurrence de bon aloi.

Le jumelage offre également aux meilleurs athlètes du MAC la possibilité de prendre part à quelques compétitions étrangères sans que le budget du club ne soit grevé outre mesure.

Le « Top 10 2018» a été l’illustration décisive (au grand désespoir des clubs accaparateurs des athlètes algériens) que les athlètes tunisiennes ont été à la hauteur du pari engagé en trustant les premières places du classement national de la catégorie féminine.

Cette situation (ce classement) a été par ailleurs fort opportune. Elle a été l’occasion de montrer aux clubs formateurs (lesquels auraient dû applaudir la démarche en appréciant la confrontation inespérée mettant en valeur la qualité de leurs propres efforts) le long chemin restant à parcourir, l’importance des efforts à consentir et de ne pas se griser de résultats obtenus dans la bulle athlétique nationale.

La polémique (relancée avec une insistance accrue depuis la publication du « Top 10 provisoire ») a montré que cette participation tunisienne a incité les observateurs à se pencher rétroactivement sur les résultats des championnats nationaux dont le niveau a été incontestablement rehaussé comparativement au niveau habituel.

dimanche 25 novembre 2018

Ali Saidi-Sief (54), Pensée pour Zine El Abidine


Pendant ce semestre de transition, sur le plan de l’accompagnement technique, Yahia Azaidj a été écartelé, comme peut l’être un jouet que de grands enfants se disputent, entre les programmes de préparation concoctés les entraineurs nationaux (Mohamed Salem, entraîneur de l’EN junior de cross-country et de demi-fond fut l’un d’eux) et par les entraîneurs rémunérés par le MCA.

Il était également partagé entre les objectifs (devenus secondaires) du club de Ksar El Bokhari, évincé et confiné au simple rang de façade administrative, et ceux du MCA et de la fédération qui, au début de la décennie 1990, se percevait plus comme un opérateur et non tel un régulateur. La compréhension des textes réglementaires en vigueur à l’époque aidant avait fait  d’elle, en accord avec la vision du centralisme démocratique hérité du Parti Unique et du jacobinisme légué par le colonialisme,  un super  club réceptacle ultime de l’élite nationale.

Il fait partie de la nature de l’athlétisme, ou plutôt de la politique sportive telle que perçue par les entraîneurs en mal de notoriété ou désireux de la conserver, sous l’impulsion d’une politique plus libérale, de se disputer les jeunes talents émergents.

Nous avons vu que l’encadrement administratif d’Ali Saidi-Sief fut stable. Comme ce fut le cas pour Azaidj et tous ceux qui firent partie de l’association sportive pétrolière. Ayons en permanence à l’esprit que celle-ci est adossée à la plus importante entreprise économique et industrielle, le pis nourricier du pays. Toutefois, des informations tardives (les langues ont tardé à se délier) laissent à croire que tout ne fut pas toujours rose, aussi limpide que ce qui a été raconté dans les chaumières et dans les cénacles sportifs.

Aïssa Belaout a narré sur les réseaux sociaux les mésaventures qu’il a rencontrées lors de la fin de son parcours avec le Mouloudia et ceux (entraîneurs, manager, etc.) avec qui il était en contact. C’est au cours de cette période que semble avoir débuté la fragilité que connue Ali Saïdi-Sief.

Le temps passé, se comptant maintenant en décennies, n’efface pas toujours les ressentiments et les frictions d’hier. Il se dit aujourd’hui, dans cet univers que l’on ne voit qu’à travers le prisme déformant  des grands moments de la fabuleuse décennie athlétique (1990-2000), que les rapports entre les individus, plus particulièrement entre les membres du couple de base que sont les athlètes et leurs entraîneurs, ne furent pas toujours aussi harmonieux que ce que l’on peut entrevoir lorsqu’on est à distance ou lorsque les résultats sont présents et sont exposés « à la  Une » des journaux télévisés. Ce qui a pour conséquence d’attiser de toute évidence les convoitises naissantes.

La décennie 1990 a enregistré l’essentiel des titres et médailles mondiales et olympiques attribuées aux athlètes algériens. Boulmerka, Morceli, Merah-Benida, Hammad, Saïd-Guerni, Saïdi-Sief sont synonymes de moments de joie populaire.

Cette séquence temporelle de joies éphémères tranche paradoxalement avec le contexte de la décennie sanglante. Les victoires sportives, les plus belles qu’ait connues l’Histoire de l’athlétisme, furent le seul et unique rempart immatériel au sentiment de terreur que l’Algérie eut à connaitre. Un rempart qui transcendait les hommes (et les femmes) debout.

Les sportifs de haut niveau, mis dans un cocon quasi-imperméable aux effets et méfaits de la vie quotidienne, étaient perçus, médiatiquement parlant, par le petit bout de la lorgnette chère à Gulliver, ce personnage romanesque de Jonathan Swift, à travers la mise en avant du soutien polymorphe accordé par Sonatrach et l’Etat à ces ambassadeurs sportifs devenus des idoles nationales (et internationales) de la résistance à cette barbarie que la planète ne découvrit réellement qu’avec une décennie de retard.

Pendant longtemps (la décennie comprise entre 1996 à 2005), Djabir Saïd Guerni fut le compagnon, au club et en équipe nationale, de Saïdi-Sief et de tant d’autres champions dont beaucoup restèrent en plan. Contrairement à la leur, la carrière internationale de Djabir fut jalonnée par des médailles et des titres africains, mondiaux et olympiques.

Djabir Saïd-Guerni eut la chance (dont on ne mesure pas toute l’importance) d’avoir été accompagné, dès son plus jeune âge (13 ans), par son père. Zine El Abidine, un entraîneur venu de l’EPS qui ne fut pas apprécié de son vivant à sa juste valeur car il n’appartenait pas au sérail, sut protéger son fils, un champion musculairement fragile et, à ce titre, sujet à des blessures à répétions qui handicapèrent sa carrière.

 Il ne fait pas de doute que cet aspect (la protection de l’athlète) n’aurait certainement pas été au cœur des motivations d’un autre entraîneur qui ne serait pas lié à l’athlète par ce lien de parenté très fort. Préparation, repos, respects des consignes médicales, participations à des meetings soigneusement sélectionnés semblent avoir été préoccupations primordiales des Said-Guerni.

mercredi 21 novembre 2018

Migration des athlètes, Les effets de cavalerie



Dans le contexte actuel dans lequel se mêle beaucoup de résignation et de réminiscences de cet âge d’or disparu, emporté par les vagues successives d’adaptation aux chambardements idéologiques et économiques, la démarche du MAC est rebelle.
                                                                                  
Elle l’est d’autant plus que dans son action elle s’appuie sur une  gestion  la moins dispendieuse possible  des moyens financiers dont l’association dispose. C’est un modèle de gestion qui pourtant, dans l’histoire de l’économie, est conservateur et rétrograde tout en renvoyant aux premiers pas de l’humanité.

L’approche retenue appartient au registre de ces actes de gestion qu’auraient privilégiés un homme d’affaires gérant son entreprise en « bon père de famille ». Une notion qui a complétement disparue des discours modernistes pour faire place à des actions spéculatives en harmonie avec l’ambiance générale, celle qui a valeur de référence dans les souks.  Elle consiste à ne pas nuire aux activités en cours ou en projet.

Beaucoup de clubs ont en effet opté pour une course-poursuite perpétuelle consistant à recourir aux découverts, couvrir les dettes contractées par les crédits, les subventions tardant à venir : payer avec les subventions de l’année prochaine les dépenses engagées cette année. On reconnait une stratégie comparable à ce que les banquiers nomment les « effets de cavalerie ». Les prévisions inscrites dans les cahiers de charge annuels sont outrepassées par les charges induites par l’imprévoyance.

Le mode de gestion remis à l’honneur par le MAC ne plombe pas exagérément les comptes financiers de la structure sportive dans un contexte où l’austérité est de rigueur. Les recettes (subventions) sont limitées tandis que les dépenses sont en constante augmentation. L’inflation galopante et  l’apparition « normale », logique de nouveaux besoins (inspirés et portés à bouts de bras par une société consumériste à l’affut de la nouveauté) à satisfaire avec les fonds appartenant à autrui (les pouvoirs publics) dont les associations n’ont pas la maîtrise, en sont  la cause principale.

La démarche du MAC repose sur un mécanisme économique vieux comme le monde. Un mécanisme si usé qu’on a oublié qu’il a existé. Il est de toute évidence le modèle économique le plus ancien qu’ait connu l’humanité.

Il remonte indéniablement à Cro-Magnon ou à Neandertal. Il s’agit de ce bon vieux troc, ou échanges de biens (ou services) entre deux entités, matérialisé dans la situation présente par le jumelage de deux associations sportives désireuses d’apporter un plus à leurs membres sans générer d’effets pervers sur leurs trésoreries respectives.

samedi 17 novembre 2018

Ali Saidi-Sief (53), Azaidj, colocataire de l’« appartement »



Le trio flamboyant de coureurs de demi-fond que formaient Morceli, Belaout, Azaidj ne sera supplanté chronométriquement parlant  qu’avec l’émergence d’Ali Saïdi-Sief qui s’empara, en lui faisant faire un bond de 13 secondes, du record national.

Il fut, en 2000, le premier (et au demeurant l’unique) coureur algérien à avoir couru le 5 000 mètres en moins de 13 minutes (12.50. 85). A l’âge de 22 ans ! Le meilleur et le plus jeune ! Quelques mois plus tard, il sera à l’origine du pire, de la première grande flétrissure de l’athlétisme algérien qui, une dizaine d’années plus tard (en au printemps 2012), subira les atteintes portées par trois athlètes de l’élite nationale dont deux champions continentaux fortement soutenues par l’appareil fédéral dont ils portaient les espoirs et ambitions de médailles olympiques et mondiales.  Comme le fut Saïdi-Sief.

Un rapide regard sur le bilan national « tous temps », montre qu’avec son record personnel, aujourd’hui vieux de 23 ans, Yahia Azaidj y figure encore aujourd’hui en bonne place (9ème).

En 1990, Yahia Azaidj, alors junior 1ère année (il est né  en 1972), était encore lié administrativement par le lien ténu d’une licence délivrée en faveur du club de Ksar El Bokhari avec lequel il fit sa percée. Vers le milieu de la saison, il avait viré vers le MCA qui, en complémentarité avec l’aide apportée par la fédération en prévision des échéances internationales, lui accordait une prise en charge, sur le plan des moyens logistiques, que nous qualifierons de non négligeable. Il était incontestablement un jeune placé dans de bonnes conditions pour percer. 

Au sein du Mouloudia, à ses débuts, il posséda ainsi le statut ambivalent de membre transitoire, de membre en devenir de l’association…. pendant la durée approximative d’un semestre. Membre transitoire certes, mais déjà il jouissait de l’avantage accordé aux athlètes venus de l’intérieur du pays, aux leaders d’une équipe de ténors nationaux de la course à pied.

Il a été, comme tant d’autres jeunes et moins jeunes, colocataire de l’appartement de la « cité Les Sources » (aujourd’hui « Les Anassers ») qui plus tard sera remplacé par « la villa ». Un appartement qui en faisait les voisins de Boualem Rahoui, Sakina Boutamine, Abderrahmane Morceli, Amar Brahmia, les leaders, les stars de l’athlétisme des seventies et des eighties.

Un avantage dont Aïssa Belaout, émigré en France depuis le séisme d’El Asnam (1980) et pilier du « groupe de Brahmia » fut évincé, quelques années plus tard, pour des raisons restant encore à expliquer mais dont on subodore qu’elles relèvent du mode de  gestion de ce club dont on s’est plu très longtemps à caractériser, à mots couverts, la marginalité en tous points de vue dérangeante. Un système posé sur un socle d’autoritarisme et d’opacité, il (l’appartement) aurait ainsi servi d’instrument de mise au pas, de chantage et de représailles si besoin en était.

Le statut du jeune Azaidj était, on le voit, particulier. Il était compris entre celui d’un CDD (non formalisé administrativement parlant) et d’un CDI qu’il anticipait. Une sorte de période d’essai ne disant pas son nom, diraient les nombreux DRH de la compagnie pétrolière et de ses filiales.

Ce statut interlope, en marge de toutes les règles connues de gestion normalisée, moderne et scientifique dont l’entreprise marraine se voulait l’exemple national et continental, a cependant permis son entrée et son  intégration dans les groupes d’entraînement du MCA en attendant la future régularisation quasi-inéluctable de sa situation administrative vis-à-vis des instances sportives dont l’incontournable et indispensable mutation de Ksar El Bokhari au Mouloudia.

mardi 13 novembre 2018

Migration des athlètes, Le jumelage révolutionnaire


La diminution stigmatisée des savoirs par les cadres techniques (et technico-administratifs issus également de la filière avant que les établissements de formation ne proposent des spécialisations autres que techniques) les plus importants est liée, si l’on n’y prête attention, à l’amélioration inégalitaire des situations administratives et aux changements népotique des statuts administratifs.

Les réseaux sociaux (exutoires aux rancœurs emmagasinées pendant des décennies)  illustrent parfaitement ces situations par le foisonnement des récriminations émises par des entraîneurs ayant réussi, avec le peu moyens disponibles, à inscrire les athlètes aux portes de la renommée internationale. En dépit des embûches en tous genres préludant les détournements de talents.

Il est temps de remarquer que les discours critiques, ont conduit à un très formidable changement de paradigmes, à l’apparition d’une démarche totalement inconnue. Sur les traces de Marx, dans le lignage de  sa théorie du renversement, l’univers sportif algérien est présumé avoir bouleversé, retourné l’approche traditionnelle.

De nos jours, avec ce phénomène contemporain de la migration réservée à l’élite, selon les théories dévoilées par ces messieurs les critiqueurs, ce sont les athlètes (dont il est de notoriété publique que très peu ont eu la chance d’avoir fréquenté les amphithéâtres des IEPS, des Staps ou des ENS) à qui ils ont attribué la charge de former, de faciliter ou de concourir au perfectionnement de leurs entraîneurs en allant récolter butiner pour eux le savoir y compris et surtout en France, le pays honni par ces autoproclamés nationalistes formés aux règles du mondialisme et du trabendisme sportif.

La migration sportive est un déplacement dans lequel sont impliqués essentiellement les membres de la catégorie sportive supérieure, l’élite nationale en devenir sélectionnée par les piliers de la caste dominante.

Nous comprenons mieux l’avalanche de critiques qui s’est abattue sur le MAC et sur ses dirigeants. La démarche innovante qui a été la leur a bouleversé les pratiques traditionnelles solidement ancrées dans les esprits. Souvent à courte vue. Il s’agit avant tout pour ses partisans de préserver les avantages et autres privilèges susceptibles de pérenniser le statu-quo-ante qui leur convenait tant.


samedi 10 novembre 2018

Migration des athlètes (9,) Tentatives de revirginisation


L’Algérie a la particularité impossible à occulter d’être une nation où les dirigeants sportifs et politico-sportifs développent, à longueur de conférences, sans aucune espèce de retenue pudique, des discours regorgeant de vantardises, glorifiant le « système » d’avoir formé au fil des décennies (et de continuer à former) des générations de cadres sportifs de haut niveau.

Toute honte bue, la migration des athlètes serait, selon le point de vue de ses thuriféraires, un bienfait pour l’athlétisme, une opportunité miraculeuse pour l’amélioration du niveau de compétence des entraîneurs dont on n’estime pas nécessaire de dire qu’ils sont isolés de tout au pays qui les a vu naître, lorsqu’ils ne sont pas totalement enfermés dans le phénomène englobant de marginalisation édifié depuis des décennies en institution et de mise à l’écart de rivaux susceptibles de faire de l’ombre à une notoriété factice qui a pris racine à toutes les strates de la hiérarchie au sein de laquelle la compétence relative a pris le pouvoir.

On se garde bien de dire aussi qu’aucun système institutionnel de formation continue (cela fait partie des sujets qui fâchent dans les cercles de prédation) ne leur a été proposé ou mis à leurs dispositions.

Quant aux palliatifs à cette absence de formation continue et d’actions de perfectionnement qui furent l’apanage des collèges techniques nationaux, en cette époque bénie de la Réforme Sportive où les responsables techniques étaient portés sur le partage des connaissances et l’amélioration des compétences avec leurs collègues et pairs, ils se sont mus en des moments de rencontre sans intérêt pour la transmission, l’échange et la dissémination de savoirs et d’expériences.

La circulation de l’information cognitive (savoirs et expériences) a été confinée au sommet de la hiérarchie sportive dans ce qui pourrait être analysé en termes de souci de constitution de cercles restreints, de préservation népotique des territoires et des avantages afférents.

Ces anciens détenteurs du pouvoir, exclus des rouages fédéraux à la suite de l’échec consommé des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro, détracteurs affirmés de tous leurs confrères susceptibles de leur faire de l’ombre, sont en première ligne d’une tentative désespérément réitérée de retrouver une virginité perdue.  

Cette tentative est marquée par le comble de l’aberration. Ce sont en effet ces mêmes critiqueurs de la vision du MAC qui, dans des discours récents, se sont autorisés à réprouver la stagnation cognitive et à condamner la diminution du volume horaire et de la qualité de la formation initiale (celles dispensée par des instituts placés sous tutelle du MJS et du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique) qu’ils n’ont pas été en mesure de compenser par des actions de mise à niveau lorsqu’ils détenaient leadership. 

lundi 5 novembre 2018

Ali Saidi-Sief (52), Azaidj, reconversion réussie


Azaidj fait partie de ces athlètes algériens que l’on a tendance à reléguer dans les oubliettes mémorielles. Sans doute la conséquence de ce phénomène naturellement humain qui fait qu’ils appartinrent à la nombreuse cohorte d’athlètes qui restèrent en-deçà de leurs potentiels, qui auraient pu faire mieux et auxquels il manqua  si  peu de choses pour se constituer un palmarès plus brillant que celui qu’on leur connait et que les bilans et les mémoires retiennent.

Sans doute également qu’il fit partie de ces marées éternelles de jeunes coureurs qui vinrent rituellement chaque année, à chaque saison de cross-country, briller avant de se replier dans le reflux de la normalité.

Ils surent toutefois se tirer honorablement d’affaire avec l’accompagnement que l’on dit à la fois généreux et parcimonieux de Sonatrach dont la filiale sportive (le MCA) a été longtemps dirigée de main de maître par Mohamed Djouad ainsi que par l'inspiration plutôt controversée d’Amar Brahmia faisant figure, dans ce milieu très chahuté par les  questions de leadership, de personnage à la Janus, à la fois ange et démon.

L’attitude si contrastée de Sonatrach (?) ou du MCA est à découvrir dans la relation qu’entretenait le club avec ses jeunes coureurs talentueux. Une relation non dénuée d’une prise de risque. En effet, en cette même année 1996, un futur champion du monde du 800m perçait: Aïssa Djabir Saïd-Guerni.

On ne dira jamais assez que les talents mouloudéens étaient l’objet d’une  attention particulière, plus qu’elle ne pouvait l’être dans les autres clubs, hormis les grandes écuries de la capitale recensant les dernières associations sportives de performance méritant ce label.

A la fin de l’hiver 1996, alors qu’Ali Sidi-Sief était en stage de regroupement avec ses compères de l’équipe nationale de cross-country, le géant algérois Saïd-Guerni était en stage, pris en charge (hébergement-restauration) par le MCA, à « l’hôtel du BCR », à quelques pas des installations du Golf de Dely Ibrahim et de celles du stade du 05 juillet où il retrouvait à l’entrainement ses pairs de l’élite nationale junior.

En ces temps glorieux de l’athlétisme algérien auréolé par les titres et les médailles olympiques, les observateurs étaient déjà bercés  par le flot ininterrompu de rumeurs laissant entrevoir que les  jeunes talents  étaient enserrés dans les mailles des rets tendus par les manigances pas toujours glorieuses de leurs  mentors techniques et de leurs aînés intéressés.

Ce type de comportement, perdurant jusqu’aux temps présents, donne à penser qu’il fait partie intégrante des codes athlétiques et sportifs en usage dans une société peinant à décoller, oscillant en permanence entre les dogmes révolus et d’autres en gestation, entre le professionnalisme d’Etat inhérent à la Réforme sportive et celui de la nouvelle doxa installé sur un fond de débrouillardise débridée.

Aujourd’hui, c’est l’avantage d’avoir été un athlète licencié au sein du Mouloudia et d’y avoir fait la totalité de sa carrière qui vaut à Azaidj d’avoir réussi sa reconversion professionnelle en qualité d’éducateur sportif au sein de la compagnie nationale pétrolière.

Lorsque l’on revisite sa carrière bien des années après qu’il eût remisé son équipement d’athlète d’élite, on constate rétrospectivement qu’il fut, en 1995, avant qu’Ali Saïdi-Sief ne lui succède dans la lignée historique des jeunes athlètes algériens susceptibles de percer au niveau mondial, le plus jeune ( à 23 ans) meilleur coureur algérien  de 5 000 m.

Cette année-là, Azaidj était alors classé à la troisième place nationale (13.21.27) juste derrière le recordman national  de l’époque (Noureddine Morceli, 13.03.85 à 24 ans, en 1994) et son prédécesseur sur les tablettes nationales (Aïssa Belaout 13.08.03, 24 ans également, en 1993).