Selon les discours des exégètes de l’époque, le dopage était perçu comme
un raccourci incontournable dans la course aux médailles.
Celles-ci sont inscrites, selon des logiques qui plus tard pousseront
jusqu’aux limites du raisonnement humain et de la philosophie olympique
subissant les assauts multiples du libéralisme mercantiliste et d’une société
de consommation débridée, au premier rang des moyens et éléments de propagande et
de valorisation du système économique et politique impliqué dans les nouvelles
relations de géopolitique, dans des rapports de force tendus entre les tenants
de l’uni-polarité occidentale (Pacte de l’OTAN) et de la multipolarité revigorée par le BRICS (Brésil,
Russie, Chine, Afrique du Sud) amorce de la nouvelle guerre froide appliquée au
monde des sportifs et du fair-play.
Les entraîneurs (et les athlètes
à leurs suites) entrent donc de plain-pied dans le cercle infernal de la
complémentation alimentaire, de la préparation biologique, sur le marché de la
pharmacopée lui aussi régulé par « la
main invisible » orientant habituellement les marchés financiers
et des matières premières conduisant au bout du compte à toutes les formes de
spéculation et au dopage défini comme étant l’utilisation de substances et de
méthodes incompatibles avec la réglementation sportive.
Pour corroborer cette thèse, un rapport récent sur les violations des
règles anti-dopage, publié par l’AMA (agence mondiale de lutte contre le
dopage) vient contredire les affirmations qu’il a été possible de lire à
satiété dans la presse occidentale et celles qui les prennent pour source
irréfutable. Ce rapport montre que la réalité est différente du sentiment que
l’on peut ressentir à la lecture proposée habituellement par les journaux.
Les nations occidentales
occupent les premières places du bilan. On y recense, pour la seule année 2016,
l’Italie (147 cas), la France (86), les Etats Unis (76) l’Australie (75)
suivies de la Belgique (73). Ce n’est qu’en ensuite que viennent l’Inde (69),
la Russie (69), le Brésil (55) et l’Afrique du Sud (55).
Au plan interne, le phénomène était à appréhender dans la dimension
communicationnelle du processus de la réinsertion dans le concert des nations
d’un pays mis à l’écart par des parties (nationales et étrangères) soutenant la radicalisation
religieuse armée à travers le slogan du « qui tue qui ? »
de triste mémoire.
L’intermédiation et la sur-médiatisation sportive portées par les médailles
mondiales et surtout olympiques remportées par Boulmerka, Morceli,
Benida-Merah, Hammad, Saïd-Guerni, Saïdi-Sief, etc. participent amplement à
cette démarche de communication politicienne.
L’aspect de communication politicienne est primordial dans une société
empêtrée dans une crise multidimensionnelle (économique, politique,
sécuritaire, sociale et dont les horizons sont bouchés. Il s’agissait aussi
d’une sortie du cadre collectif pour les personnes concernées directement (entraîneurs,
athlètes, dirigeants) de participer à une compétition située sur un autre plan
que celui des stades et des salles omnisports.
Tous, ils sont engagés dans la course aux médailles dont la
dénomination sportive renvoie aux métaux les plus précieux connus (et vénérés
selon les âges chronologiques) par l’humanité. L’or, l’argent et le
bronze sont, dans ce contexte, synonymes à la fois de richesses virtuelles et
symboliques ainsi que de leurs associations aux richesses matérielles (les
fameuses primes et dollars, puis plus tard en euros) et d’un lien avec le
barème des « avantages sociaux » promis par l’Etat aux
sportifs valeureux installés sur le même piédestal honorifique que les
footballeurs de l’ « équipe du FLN ».
Ils sont (dans un de ces rapprochements émotionnels permis et
sollicités par les discours idéologiques) élevés au même plan que les « hommes
debout » luttant contre les maquis islamistes armés et méritant le
statut polysémique de « moudjahidine » tant convoité
par les uns et les autres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire