Le fonctionnement de la filière des corps constitués est basé sur un recrutement,
le souvent en qualité de « contractuels » (dans le
jargon usité par les spécialistes de la GRH et du droit du travail on devrait
dire des CDD), des meilleurs athlètes nationaux dans ces corps (l’armée, la
police, les services pénitentiaires, la douane, les pompiers) ou des
établissements publics (chemins de fer, postes) avec pour activité essentielle l’entraînement
et la participation à des stages de préparation et à des compétitions via un
détachement pour raison sportive.
Bien qu’une cartographie sérieuse des mouvements migratoires internes
des sportifs reste à élaborer, il a été remarqué (intuitivement) une tendance
qu’il faudrait certainement actualiser pour s’assurer de sa validité actuelle. Il fut un temps où les coureurs de la région
de Sétif optaient plutôt pour le club de
la police tandis que les coureurs de Souk Ahras, Guelma, Tébessa choisissaient
celui de l’armée.
Ces deux équipes exerçaient une attraction indéniable. Elles
monopolisaient les meilleures places (individuelles et collectives) des cross-countries,
courses sur route et courses de
demi-fond. Les observateurs les plus anciens, véritables mémoires vivantes de
l’athlétisme algérien, attesteront que la rivalité intense qui mettait aux
prises le Mouloudia à l’ASSN (le club de
la police) et au CMEPS (le club de l’armée) alimentait la chronique athlétique.
En particulier à la veille des championnats nationaux. Aujourd’hui, un
autre corps constitué est venu s’ajouter. La Protection Civile s’est placée
(avec un certain succès) dans cette confrontation sportive qui a, il est vrai,
un peu perdu (la stagnation-régression
des niveaux et surtout la densité des performances en fait foi) de son charme
d’antan et met aux prises d’autres protagonistes.
Le champion de Hamma Bouziane ne s’est guère exprimé sur cette
période. Nous dirons qu’il s’est retrouvé engluer dans un monde de « professionnels
de façade » où la « complémentation alimentaire »,
la « préparation biologique » étaient à la mode. Toutefois, on
parlait peu en public, en dehors du milieu, en présence d’inconnus.
Observons, que des insinuations étaient relayées à propos de cette
complémentation alimentaire. Elle était associée (la personnalité de ses
initiateurs, les performances de leurs athlètes ayant favorisé les commérages)
avec la préparation biologique et même avec
le dopage qui, pour des raisons diverses, alimentaient les discussions.
Dans un milieu ouvert à la mesquinerie, à la jalousie, à une mise en
avant d’égos surdimensionnés, il fallait, pour exister dans la foire aux
louanges, pendre part aux dénigrements (selon les cibles choisies par le groupe
duquel on était le plus proche) sur les performances et titres des champions du
monde du 1 500 m, Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli, alors représentants
algériens de deux écoles : l’école de l’Europe de l’Est et l’école des
Occidentaux et qui plus est des Etats Unis. Quant à ce qui est des lanceurs et
des athlètes complets (décathlon et heptathlon), les accusations étaient à
peine voilées.
Les insinuations et les accusations étaient évidemment favorisées par
les succès de certains entraineurs nationaux. Elles l’étaient également, disait
alors la « vox sportiva », par des usages qui auraient
été introduits dans les cartables des entraîneurs soviétiques et de l’ex-Allemagne
de l’Est, élevés aux rangs de coopérants techniques, sous le couvert de ce qui aurait
relevé du transfert de technologie fort
à la vogue.
Vraies ou fausses, ces allégations eurent le vent en poupe. Elles avaient
été raffermies par la multiplication de stages de préparation organisés en ces
pays de l’ex-Europe de l’Est, ceux du Pacte de Varsovie ou d’autres nations
idéologiquement proches (Cuba). Ce sont des pays qui seront quelques années plus
tard stigmatisés pour s’être engagés dans ce qui a été dénommée « systématisation
étatique du dopage ».
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