dimanche 30 avril 2017

Samira Messad (9), Le rôle de la CNAD

Ahmed Achour, journaliste sportif au quotidien francophone « Le Temps d’Algérie » - un titre du groupe de presse (éditant également un quotidien en langue arabe et propriétaire d’une chaine de télévision) détenu par le patron des patrons, le président du FCE (forum des chefs d’entreprises), PDG de l’ETRHB (une des plus importantes entreprises du secteur privé national) et de l’USMA Alger (club professionnel de football dont on dit qu’il est le mieux structuré du pays) - implique la CNAD dans l’empoussièrement et l’enlisement du « dossier des produits pharmaceutiques et dopants de Moscou 2013 », une affaire litigieuse également signalée (comme on s’en doute) par Kamel Benmissi, ex-président de la FAA et candidat évincé des dernières élections ayant recouru, pour ce dernier point, au TAS (tribunal arbitral sportif) et en attente de la décision.

Cette affaire que nous avons auparavant évoquée dans nos chroniques pourrait se traduire par des faits liés à une importation illégale de produits prohibés par la réglementation et à ce titre passible de sanctions sportives et pénales.

Dans son article 2.8, le code mondial considère étant une comme violation des règles antidopage les actes suivants, « (….) assistance, incitation, contribution, dissimulation ou toute autre forme de complicité impliquant la violation, ou toute autre tentative de violation d’une règle antidopage ».

Ahmed Achour écrit à ce sujet, dans un commentaire publié sur les réseaux sociaux, sur Facebook, que la CNAD avait été chargée par le ministère de la jeunesse et des sports d’enquêter sur les tenants et aboutissants de cette affaire (dont il avait été saisi – ce que l’on ne sait pas ou que l’on ne dit pas - par une autre alerte de Kamel Benmissi) et que les conclusions (que l’on ignore à ce jour) qui en découlèrent auraient été une mise au placard du dossier. Elle (la mise au placard) aurait eu lieu après que le ministre de l’époque (le professeur Tahmi) eut achevé sa mission ministérielle pour laquelle il avait été désigné.

L’acquisition de produits prohibés par la délégation algérienne (à condition qu’elle soit prouvée ce qui évidemment ne peut l’être à moins de faire remonter à la surface les conclusions de l’enquête menée par la CNAD) relève ostensiblement de cet article 2.8. Comment comprendre comme autre chose qu’à une « incitation » et à une « contribution » l’importation de produits prohibés qui ne seraient pas destinés à l’écoulement sur le marché national ? Ne pourrait-on pas entrevoir dans l’absence de diffusion des conclusions des  investigations comme une tentative de « dissimulation » et une « forme de complicité » ?

Pour ceux qui ont la fâcheuse tendance à oublier les faits et les événements, nous rappellerons que le  professeur en  cardiologie (chef du service de cardiologie du  centre hospitalo-universitaire de Tizi Ouzou) et ancien président de la fédération algérienne de hand-ball, Mohamed Tahmi fut le ministre qui a été mis dans l’obligation (aussi bien par le comité olympique algérien et la fédération algérienne d’athlétisme protagonistes d’une partie de tennis de table dans laquelle la balle a été Toufik Makhloufi) de se jeter dans l’arène médiatique et d’intervenir lors de la première affaire médiatisée du champion olympique du 1 500 mètres de Londres 2012..

L’affaire relative à un dossier de sortie portant sur la somme (négligeable pour certains) de 200 000 euros qui ne fut pas débloqué à temps (en raison de nombreux atermoiements encore incomplètement élucidés) avant ce stage de préparation qui se déroula aux Etats Unis au début de l’année 2015 en précédant de quelques mois  l’intégration de l’athlète dans le groupe d’entraînement de l’entraîneur français Philippe Dupont, conventionné par la FAA et rémunéré par le COA.

C’est aussi l’affaire qui caricaturalement devint celle de la mallette remplie de billets de banque que transporta le DTN Ahmed Boubrit jusque sur les lieux du stage et en fit pour l’histoire un convoyeur de fonds.


Le CNAD serait intervenu officiellement à deux reprises dans la suspension de Samira Messad. Si l’on se réfère aux déclarations récentes à la presse nationale, le CNAD est ce « comité » (ainsi que le dénomme l’athlète) que d’aucuns dans les corporations médiatique et sportive ont confondu et assimilé avec le comité olympique algérien (COA).

mercredi 26 avril 2017

Samira Messad (8) Détournement de la réglementation

Dans la lettre adressée au bureau fédéral de la FAA et aux instances sportives concernées, Benmissi précise (ne faisant pas dans les demi-mesures) que les agissements de la FAA (il implique l’ensemble des membres du bureau fédéral et à travers eux l’institution sportive nationale) sont  « en complète violation » avec le code d’éthique de l’IAAF et de « son annexe consacrée au statut de l’athlète durant la suspension ».
Sur ce point, nous devons admettre que Kamel Benmissi est totalement en phase avec la réglementation. En particulier avec le code mondial de la lutte antidopage de 2009 (en vigueur au moment des faits puisqu’il ne sera amendé qu’à partir de janvier 2015 avec ce qui est la version actuellement appliquée) porteur de ce que l’on peut, sans exagération aucune, reconnaitre comme étant la réglementation universelle encadrant la lutte antidopage à laquelle toutes les réglementations internationales et nationales doivent obligatoirement souscrire et se référer.
Ce code mondial de 2009, dans un commentaire explicatif de l'article 10.10.1 (relatif au statut des athlètes pendant la suspension) indique, sans ambiguïté, que « le sportif suspendu ne peut participer à un camp d'entraînement, à une démonstration ou à un entraînement organisé par sa fédération nationale ou un club membre de cette fédération nationale…. ».
Benmissi observe également que le directeur technique national (maintenu à son poste grâce au soutien du bureau fédéral) « continue d’apposer le nom des athlètes suspendus pour dopage des athlètes classés par la fédération pour bénéficier des stages et autres aides ».
Faisant part de ses craintes bien réelles, le membre de l’assemblée générale alerte le président de la FAA (ainsi que les autres destinataires de sa correspondance, n’ayons garde de l’oublier) sur ce qu’il appréhende comme une insouciance pouvant nuire « gravement aux athlètes par un renforcement de leurs peines de suspension » dans un premier temps et ensuite « aux intérêts de notre pays ».
En effet, l’article 10.10.2 portant sur la «  violation de l’interdiction de participation pendant la suspension » stipule que « lorsqu’un sportif ou une autre personne faisant l’objet d’une suspension  viole l’interdiction de participation pendant la suspension  décrite à l’article 10.10.1, les résultats de cette participation sont annulés et la période de suspension imposée initialement recommence à la date de l’infraction ».

Informée par on ne sait quelle source, l’IAAF sanctionnera légèrement  (Benmissi qui suit le dossier de près écrit que la fédération a reçu des remontrances) la fédération algérienne d’athlétisme. Une application stricte de l’article en question aurait dû valoir à Larbi Bouraâda et Zahra Bouras, un recul du retour sur les pistes (juin 2015 au lieu de juin2014). La fédération certainement questionnée sur ce sujet s’est montrée persuasive. L’IAAF ne devait certainement pas être en possession des deux procès-verbaux que la fédération s’est de toute évidence bien gardée de lui envoyer.

Benmissi prend soin de rappeler, « aux honorables élus », ce qu’est le statut d’athlètes suspendus.  Un statut qui, dans la perception juridique que nous devons en avoir, entraîne, conséquemment à la suspension, « la perte de la qualité de membre de notre association nationale ». Pour Benmissi, l’effet de ce statut d’athlètes suspendus,  cette perte de qualité de membre de la fédération et de toutes les structures en dépendant étant que « toute dépense ou aide de quelque nature que ce soit en leur faveur constituerait un délit d’abus de biens sociaux relevant du code pénal ».


Il faut également inclure, pour faire bonne mesure et une meilleure connaissance du contexte, la CNAD (commission nationale anti dopage), le référent algérien de l’AMA (agence mondiale du dopage) en Algérie dont le  fonctionnement semblerait paraitre équivoque. Elle est l’institution algérienne en charge des missions qui lui sont dévolues réglementairement (de par la loi) dont celles de sensibilisation, mise en place des processus de contrôles, programmes, prélèvements, sanctions, etc.  La CNAD a été créée par l’arrêté ministériel N° 70 du 30 octobre 2011, modifié et complété par l’arrêté N° 185 du 05 décembre 2013 et par l’arrêté N° 052 du 10 juillet 2014. Elle encadre la lutte contre le dopage en Algérie où elle a les mêmes fonctions que l’AMA vis-à-vis du comité olympique algérien et des fédérations nationales.

mardi 25 avril 2017

Samira Messad (7) Le double discours de Bouras

En toute logique, cette déclaration du président de la FAA, évoquée dans la précédente chronique, le concerne personnellement. Elle n’implique en aucune manière les membres du bureau fédéral.
Le président de la FAA poursuit en affirmant que la FAA « respecte, comme elle l’a toujours fait, la réglementation en vigueur de l’IAAF concernant notamment les questions liées au dopage ». Il se lancera plus tard dans une longue argumentation pour illustrer la prise en charge du dopage en appliquant l’esprit de cette lutte qui serait ralentie par les insuffisances de financement. Toujours le manque de moyens alors que la pensée qui commande les  actions est engagée dans une autre direction.
Dans la suite de sa réponse à la correspondance de Benmissi,  le président de la FAA aborde le sujet des procès-verbaux  n° 4 et 5 relatifs aux réunions qui se sont respectivement tenues en juin et août 2013. Gardons en mémoire que l’interpellation de Benmissi date du 27 janvier 2014 et la réponse de Bouras du 10 mars 2014.  Dans cette réponse, Il en nie leurs contenus ou du moins il cherche une échappatoire en dénaturant le sens de l’intervention de Benmissi. Pour ce faire, Bouras invoque une erreur de transcription dont nous remarquerons qu’elle n’a pas (depuis) été corrigée.
On y apprend que ce qui dans le procès-verbal de la réunion est annoncée comme une proposition émanant du DTN « était en fait une intention des membres de la grande famille de l’athlétisme afin de permettre à Zahra Bouras et Larbi Bourrada de poursuivre leur  préparation pour qu’ils puissent aborder la compétition dans les meilleures conditions possibles, une fois leur sanction consommée ». Bouras peut-il supprimer cette lettre ?
Il est difficile de contredire les arguments de Bouras. Dont celui qui fait des deux athlètes des héros de l’athlétisme algérien « ayant porté haut le drapeau Algérien » mais qui oublie  sciemment de dire qu’en se dopant ils l’on traîné dans la boue.
Contre toute attente, Bouras   - dont l’attention particulière qu’il porte à ces deux athlètes (sa fille et l’athlète de son ami) qu’il a lui-même cités alors que Benmissi ne parlait que d’athlètes suspendus pour dopage sans donner leurs noms lui vaut d’être visé par Kamel Benmissi par la possibilité d’accusations devant la justice d’« abus de biens sociaux »   et de « conflit d’intérêt » - se lance dans une longue digression aux relents politiciens dans laquelle il fait apparaître un programme de contrôle proposé par le DTN et validé par la CNAD, « actuellement en application »  avec le souci de « combattre ce dangereux fléau au risque de gangréner nos meilleurs athlètes ».

Bouras, en adepte de l’expression « fait ce que je dis, mais ne fait pas ce que je fais », indique également que la fédération d’athlétisme est la fédération nationale qui compte le plus grand nombre de contrôles effectués à l’entraînement, en compétitions, en Algérie et à l’étranger. Ce qui est peut-être vrai mais est insuffisant, dérisoire, désopilant  lorsque Samira Messad raconte les conditions dans lesquelles se déroulent ces contrôles.
En employant la formule « des membres de la grande famille de l’athlétisme », Bouras élargit insidieusement (mais dans sa situation, cela est tout à fait normal) le nombre des partisans de la décision prise par le bureau fédéral en les faisant passer des onze membres présents à la réunion à ce qui immanquablement fait penser à une multitude alors qu’il se réduit à celui plus réduit que l’on doit voir exclusivement parmi les proches (entraineurs et dirigeants ainsi que leur cour) des athlètes.

Dans cet échange de courrier que nous avons découvert récemment, Benmissi poursuit avoir cru que la déclaration faite à ma presse était « une simple déclaration destinée à souder les rangs de la famille de l’athlétisme ». A son étonnement, cette déclaration « a été suivie d’actes concrets » qui sont rapportés dans sa correspondance. Il a le mérite de faire observer dans un cadre officiel, par écrit dans un microcosme privilégiant l’oralité qu’il s’agit d’athlètes qui,  en dépit de leurs statuts de suspendus pour des raisons de dopage, « continuent d’être pris en charge dans des stages en Algérie et à l’étranger ». 

lundi 24 avril 2017

Samira Messad (6), Le brouillage du président Bouras

La réunion du bureau fédéral de la FAA, celle s’étant tenue le 17 juin 2013, celle qui a autorisé (ainsi qu’on peut le lire sur le site de la FAA) la prise en charge d’athlètes dopés, a été suivie immédiatement d’effets.

On observera qu’à la date de la réunion, Larbi Bourrrada est suspendu depuis une année pour usage de produits prohibés et que le stage auquel il a participé en Allemagne prendra fin le lendemain de la réunion du BF du mois d’août. Le mal est fait.

Le stage a débuté seulement un mois après que la décision ait été prise. Cette préparation se déroulant en Europe a bien évidemment nécessité un dossier de sortie présenté par la fédération algérienne d’athlétisme au ministère de la  jeunesse et des sports qui (nous devons le supposer) l’a accepté permettant ainsi à l’athlète de participer à ce stage, d’être pris en charge et enfin de bénéficier de l’argent de poche.

On remarquera à la lecture du procès-verbal que la décision prise lors de la réunion du mois de juin l’a été à l’unanimité  des membres présents. Un membre du bureau fédéral était absent excusé : le président de la commission sponsor et communication, Adli Abdelaziz.

Il est curieux d’observer que ce  dernier, alors président de la ligue Djelfa, sera quelques semaines plus tard, le chef de la délégation algérienne aux championnats du monde de Moscou. Il sera ainsi mêlé à des faits étranges. La délégation qu’il dirigeait aurait ramené 2 000 euros de produits pharmaceutiques et de produits dopants. Il serait étonnant qu’il ait fait cette acquisition de sa propre initiative. Cela fut sans doute à l’incitation du président de la fédération, présent sur les lieux en sa qualité de candidat (malheureux) au comité exécutif de l’IAAF.

Postulant au bureau fédéral de la fédération algérienne des sports scolaires lors du renouvellement de 2017, sa candidature aurait fait l’objet d’une opposition de la part du ministère de la jeunesse et des sports. Il avait été suspendu de son mandat avant d’être réhabilité par la FAA (à l’insu du ministère ?) quelques mois plus tard.

Parmi les membres présents à cette réunion et ayant en conséquence approuvé la dite-décision, on trouve deux vice-présidents (Abdelhakim Dib, l’actuel président de la FAA et anciennement président de la commission juridique ainsi que Nouria Benida-Merah, la championne olympique du 1500 de Sidney) ainsi que les cadres permanents qui ont cautionné la décision des élus.

Kamel Benmissi est, cela est de notoriété publique dans l’athlétisme algérien et le mouvement sportif national, un empêcheur de tourner en rond. Il est connu aussi pour ne pas partager les idées du duo composé par Bouras et Mahour Bacha. Apparemment, il a mis du temps pour prendre connaissance de cette décision du bureau fédéral. Il ne pouvait pas rater une telle opportunité de mettre un grain de sel.

Dans un courrier, daté  du 27 janvier 2014, adressé à « Monsieur le président de la fédération algérienne d’athlétisme » et à « Messieurs et Mesdames les membres du bureau fédéral », avec copies aux autorités sportives nationales habilitées à connaître ce type d’informations (le ministre de la jeunesse et des sports, le secrétaire général du MJS, le directeur général de la promotion du sport, le président du comité olympique algérien et le directeur général de l’agence nationale antidopage) l’ancien président de la fédération, intervenant en sa qualité de membre de l’AG, relève à son grand étonnement d’abord une déclaration faite à la presse dans laquelle le président (Amar Bouras) « fraichement élu en mars 2013 » avait l’intention de « porter l’aide fédérale aux athlètes suspendus pour dopage » que le président de la FAA, réfutera dans une réponse datée du 10 mars 2014.


La réponse de Bouras est sublime de rouerie. Elle emprunte aux pratiques politiciennes. Le président Bouras porte à la connaissance de Benmissi que la « fédération n’a transmis aucun communiqué aux organes de presse à ce sujet ». Il sait pourtant qu’il n’est point question d’un communiqué de la fédération. Pour rétablir la vérité, il s’agit plus exactement d’une déclaration qu’il a faite le 23 mars 2013 à un quotidien de la presse publique dont Benmissi s’est fait un plaisir de lui transmettre une copie.

dimanche 23 avril 2017

Samira Messad (5), Un combat inégal

En tête de la liste des âmes charitable, elle porte, on ne sait trop pourquoi, bien qu’on le pressente, « Dda Djoudi Messaoudi », le vénérable phare indestructible de l’athlétisme bougiote et un vieux routier de la transmission des valeurs éducatives du sport par le biais du sport scolaire.

Alors que certains noms sont précédés par la formule tout aussi respectueuse de « cheikh », elle accole à Djoudi cette formule amazighe (elle est présente essentiellement en Kabylie et dans les Aurès et au sein des populations urbaines qui sont issues de ces régions) du respect que l’on accorde aux personnes considérées comme porteuses de valeurs morales et de savoir. « Dda », à l’instar de « cheikh » (en arabe dialectal et en amazigh) véhicule la même sémantique. Il renvoie en premier lieu, dans une société agnatique, à l’appartenance au cercle familial (l’oncle, l’ainé, le premier dans la chaîne de succession héréditaire) puis, par extension, à toute personne pouvant, par adoption, y être intégrée. C’est dire toute l’importance, la place qu’il revêt implicitement dans l’esprit de Samira Messad. Sans doute aussi les 10 années passées au sein du MBB.

Nous avons maintenant une idée globale sur les protagonistes de l’ « affaire Samira Messad ». Cette idée doit être précisée. On retrouve dans cette affaire les catégories structurantes de l’analyse des contes  avec une héroïne (qui est ici  beaucoup plus une anti-héroïne comme a pu l’être Don Quichotte), des adjuvants - les alliés, les amis qu’elle a certainement recensé à travers ceux (dont au moins trois anciens présidents de la FAA) qui, sur les réseaux sociaux, ont eu une pensée à l’occasion de son récent anniversaire - et les opposants (adversaires).

Samira Messad, peut être vue comme une des Cendrillon de l’athlétisme algérien renfermant aussi quantité de Cosette et de Gavroche. Il s’agit aussi dans cette mystérieuse affaire de la lutte du pot de terre contre le pot de fer, d’une confrontation directe, asymétrique et invisible entre l’athlète dopée qu’elle serait si l’on accorde crédit aux rapports officiels  et la fédération algérienne d’athlétisme se caractérisant par ses rapports louches avec les pratiques du dopage.

Cette bataille inégale devrait se poursuivre dans les prétoires sportifs auxquels Messad ne peut accéder. Cendrillon, opposée aux Rastignac de tous bords, ne dispose pas des moyens financiers pour envisager cette possibilité de faire appel aux TAS algérien et international. Cosette a d’autres préoccupations. Elle doit avant tout survivre.

Elle a bien sur envisagé la possibilité de s’adresser à ces instances de recours. Mais, elle affirme sans fard ne pas disposer des 30 000 dinars nécessaires pour déposer un dossier au TAS algérien et encore moins des 300 millions indispensables pour un traitement de son dossier par celui de Lausanne.

Par dérision, son ultime arme, elle déclare que si elle détenait ces 300 millions, elle en ferait autre usage tel qu’acheter un appartement et…se marier. Comme toutes les jeunes femmes de son âge, elle attend son champion. Un chevalier que cette affaire de dopage pourrait avoir  fait fuir.

La fédération algérienne est un espace de schizophrénie. Ainsi que le sont toutes les institutions où s’affichent des courants idéologiques divers et antagonistes se disputant des parcelles de pouvoir.  D’aucuns diront qu’elle a perdu le Nord, ne sachant plus si elle doit encourager le dopage (Larbi Bouraâda, Zahra Bouras) ou entreprendre des actions dissuasives (Samira Messad). 

La documentation officielle de la FAA montre que la position du bureau fédéral aurait varié en quatre années de mandat. Dans le procès-verbal n° 4/13 (disponible sur le site officiel de la FAA) de la réunion du 17 juin 2013 qui s’est tenue au siège de la fédération, il est possible de lire « III. Cas Bourrada Larbi et Bouras Zahra. A l’unanimité, les membres du bureau fédéral, ont approuvé la proposition de M. le DTN quant à la mise en œuvre de leurs préparations aux échéances nationales ».

Dans un autre PV (n°5 du 4 août 2013), celui de la réunion suivante,  il est décidé que dans le cadre des « stages précompétitifs organisés par la FAA » il est constaté la participation de «  3- Messieurs Mahour Bacha Ahmed – Rahmani Miloud- Hadj Lazib Othmane – Bourrada Larbi du 20/07/2013 au 05/08/2013 à Leverkussein Allemagne ».


samedi 22 avril 2017

Samira Messad (4), Papillon dans un cocon

Ecouter parler Samira Messad, équivaut à écouter un discours incohérent qu’il faut en permanence interrompre, recadrer pour isoler, retrouver le fil rouge de son affaire. Un fil que l’on perd souvent tant elle passe d’un sujet à un autre, sautant d’un remerciement ou d’une expression de gratitude à… des propos désobligeants adressés à ceux qui, selon ses propos inlassablement répétés, seraient à l’origine de sa situation actuelle. Il faut constamment être attentif pour comprendre les éléments, les étapes successives de ce qui pourrait donner du sens à sa mésaventure.

A l’image des musulmans qui, à la Mecque jette la pierre sur Satan, dans une des étapes de la purification, Samira Messad voue aux gémonies Ahmed Boubrit, le  DTN  de la FAA relevé de ses fonctions par le nouveau président de la fédération. Elle croit fermement qu’il est à l’origine de l’aggravation de sa suspension. Une croyance qui s’est fortifiée depuis que celui-ci, au mois de février dernier, a fait preuve de mépris, de condescendance réprobatrice à son égard. L’animosité ressentie prendrait ses racines au cours des années ayant précédé la suspension en raison du refus de la retenir en sélection nationale ou en stages de préparation. Un refus mal compris par l’athlète prétendant qu’elle aurait pu remporter des médailles dans les compétitions nationales de second niveau (championnats maghrébins ou arabes). Messad n’a pas compris que la communication n’est pas le fort du DTN.
 
 Samira Messad est présentement un véritable volcan qui brûle tout sur son passage, un véritable flot de lave qui cherche sa voie. Elle est aussi comme un oued en furie qui emporte tout. Tandis qu’elle croyait que son cauchemar était terminé, le rebondissement que fut l’aggravation de la sanction prononcée initialement a été un choc qu’elle peine à surmonter sachant qu’elle se considère innocente des faits qui lui sont reprochés.

Aujourd’hui, elle est poussée par une folle envie destructrice, celle qui domine les personnes qui n’ont plus rien à perdre puisqu’on leur a tout pris ! Le sentiment d’oppression conjugué à celui de la vengeance ressenti par les démunis dans leurs relations avec les nantis s’exprimant au nom de la loi. Pour Samira, ce sont 20 années de sa vie qui sont parties….en fumée.

Samira Messad a vécu aussi, malgré les difficultés rencontrées en si peu de temps, comme dans une sorte de cocon artificiel. Il est vrai qu’il n’a pas été douillet et confortable. Orpheline au début de la  période de puberté, elle s’est retrouvée, pendant toutes ces années (où un bonheur factice lui a été offert par l’athlétisme) précédant l’Enfer actuel, dans un milieu bienveillant, compréhensif, riche en sollicitudes. Dans une famille d’adoption.

En dépit de toutes les attentions qui lui furent prodiguées, Samira Messad a nomadisé. Elle a connu trois clubs de la ville de Bejaïa. Son premier club a été le MBB (où elle est restée 10 ans), puis le CSHB et enfin l’ESJB.

Sans compter, cette année 2009 où elle a pris une licence en individuel. Des clubs quittés sur des coups de tête que les dirigeants de ces clubs semblent avoir compris. Des dirigeants compatissants, pleins de mansuétude pour une jeune femme déboussolée par les déboires que la vie de tous les jours propose aux défavorisés.

Samira Messad, dont la sensibilité est à fleur de peau, est une proie facile (avons-nous compris) aux influences et aux discours subjectifs. Elle ne sait pas toujours faire la part des choses. Apparemment induite en erreur par les beaux discours. Que dire alors de ses réactions à l’emporte-pièce dans l’emportement et la confusion  produits par un sentiment de révolte que l’on sent irrépressible.


Elle reconnait que, sur cette question de nomadisme, elle a fait des erreurs. Sans savoir qu’elle l’avait déjà implicitement admis en relevant et en citant les actions charitables (ramener le médecin pour soigner sa mère à la maison, l’aider financièrement pour se déplacer afin de soigner ses blessures aussi bien à Sétif qu’au CNMS, penser à eux lors des fêtes religieuses, ainsi qu’une quantité de ces « petits gestes » qu’elle n’a pas honte d’évoquer parce qu’elle en connait la valeur) et le réconfort que lui apportèrent (au cours de cette période  difficile que fut l’olympiade 2008-2012) ceux qui furent soit les managers de clubs soit des entraineurs (Hocine Ourabah, Oukaci, Feghouli, Ouchene, etc.).

jeudi 20 avril 2017

Samira Messad (3), 2008-2012 : une olympiade riche en obstacles

Au niveau international, trop de signes, trop de commentaires pernicieux laissent penser à une pratique répandue du dopage dans le pays. Le trio d’athlètes (Megdoud, Bouras, Bouraâda) dont le contrôle positif précéda de quelques semaines la médaille d’or surprise remportée par Toufik Makhloufi aux jeux olympiques de Londres, ainsi que la proximité du champion olympique avec Aden, influencent (il ne faut pas se voiler la face) négativement l’idée que l’on peut se faire (en dehors de nos frontières) de la respectabilité de l’athlétisme algérien.

Pour en revenir à Samira Messad, il est indispensable de noter que l’athlète est connue dans la famille de l’athlétisme depuis 2003. Cette année-là, alors qu’elle  fait partie de la catégorie des minimes, elle est retenue dans la sélection nationale des « cadettes scolaires » qui se rendit aux championnats du monde de cette catégorie. La pentathlonienne était en gestation. Elle concourut dans l’épreuve du lancer du poids.

C’est également en cette année 2003 que décède (d’un cancer) son père (pompier de profession) la laissant seule avec sa mère, une femme au foyer (aujourd’hui diabétique) et  son frère aîné, employé au marché de gros de Bejaia selon des horaires impossibles, inconcevables pour un citoyen lambda: du milieu de la nuit au milieu du jour. Il faut bien survivre !

Quand nous écrivons qu’elle présente le profil type du dopé algérien, nous ne sommes pas loin de la réalité. Elle possède quelques-unes des caractéristiques faisant le profil connu d’Ali Saidi Sief ou celui de Larbi Bouraâda : une scolarité inaboutie conclue par une orientation précoce vers la vie active accompagnée par une précarité sociale aigue dans un environnement décourageant les meilleures volontés et, dans une forme de compensation, une incroyable volonté de réussir, de s’en sortir.

Ces deux éléments du profil établissent également un lien avec la championne olympique et du monde du 1 500 mètres, cette Hassiba Boulmerka (dont nous parlerons plus loin) et que l’on ne peut évidemment pas associée à ce duo d’athlètes attrapés par la patrouille de lutte contre le dopage.

Bien que soupçonnée de faire partie de la cohorte des athlètes peu respectueux de la réglementation en la matière, la carrière sportive de Hassiba Boulmerka n’a pas été impactée par un contrôle positif. Nous ne devons pas écarté de notre réflexion que le milieu dans lequel elle a évolué, dès son arrivée dans le groupe pris en charge par la fédération,  prédisposait à la propagation de telles rumeurs. 

Hassiba Boulmerka est apparue dans la vie de Samira après que cette dernière eut purgé la peine d’une année de suspension que lui infligea le CNAD (l’agence algérienne de lutte contre le dopage). Ce fut peu de temps avant que Samira Messad ne soit informée que la sanction précédemment prononcée avait été aggravée et portée à 4 ans.

Comme Hassiba, Samira Messad est une femme forte. Une femme de caractère qui ne donne pas l’impression de se laisser marcher sur les pieds. Une femme dans laquelle nous avons retrouvé la Hassiba de ses jeunes années, des années 80, quand l’athlète de Labed Abboud était mésestimée, méprisée, marginalisée, ne faisait pas partie des plans de la fédération. Comme Hassiba, Samira vient des milieux défavorisés. Avec les qualités et les défauts qui vont avec.

En jeunes catégories, les résultats de Samira Messad sont prometteurs. Malgré la précarité sociale, elle progresse et collectionne des sélections nationales.

En 2008, âgée à peine de vingt ans, à cet âge que l’on dit ingrat, celui qui vit Hassiba prendre son envol en quittant Constantine pour Alger, délaissant Labed pour Bouras, le fil de la progression de Samira Messad est interrompu par une blessure sérieuse au tendon d’Achille puis par une hernie discale. Elle ne réapparaitra dans les bilans qu’en 2012 avec une citation à l’heptathlon. Avec un total de points très modeste. Le récit qu’elle fait de cette période est difficile à comprendre. Elle dû y faire face seule ou presque. Des anges gardiens surent lui insuffler la force de résister.


A l’entendre parler, par moments, nous avons ressenti un très fort sentiment de ressemblance avec les discours que tenaient la Hassiba des années antérieures à la « migration sportive ». Une force de caractère inouïe. Un tempérament que forgent les difficultés de la vie. 

mercredi 19 avril 2017

Samira Messad (2), El Kebch El Aïd

Nous rappellerons, pour revisiter la petite histoire de l’athlétisme algérien, qu’un sprinter néo-zélandais (à moins de 10.40, de même valeur chronométrique que Mustapha Kamel   Selmi, le meilleur sprinter algérien de la période) aurait été le premier athlète surpris dopé en Algérie. Ce fut à l’occasion du meeting international d’athlétisme de Constantine organisé en 1996.

L’idée de ce contrôle anti-dopage, en ces temps aujourd’hui préhistoriques,  avait été émise par feu le docteur Baba et proposée au comité d’organisation du meeting constantinois par le DOS (directeur de l’organisation sportive) de l’époque, Idriss Haouès annoncé (dans les conditions que l’on connait) pour être le prochain DTN de la FAA.

Lorsque l’on examine (dans une tentative de compréhension du cas présent) le parcours de Samira Messad, la  première remarque que nous devons objectivement faire, est qu’il est des plus erratiques.

La seconde observation est que son niveau de performance n’est pas celui que l’on attend  habituellement du haut niveau, de celui qui peut attirer l’attention des observateurs obnubilés par le chrono, par les vedettes de l’athlétisme. La hurdleuse est âgée de 27 ans au moment des faits. Ses chronos n’ont rien de bien extraordinaire.

Samira Messad est incontestablement, au cours des quelques deux ou trois ans années qui précèdent sa suspension, une athlète de niveau national. Pour ceux qui connaissent un peu le milieu des haies en Algérie, elle possédait les capacités pour intégrer (tardivement il est vrai) avec un peu d’aide et de sollicitude, la « 3ème classe » de notre hiérarchie de l’élite nationale, objet de l’ intérêt de la défunte DTN. Cette « 3ème classe » qui fait émerger les athlètes de club, les retire du lot, de la gangue, de la masse des athlètes qui sont là remplissant les couloirs des stades en formant l’armée des figurants qui assurent la présence de la discipline lorsque les stars sont en voyages, en stages ou compétitions en Europe.

Samira est une athlète qui appartient donc à la catégorie des « démunis », des sans grade qui peuplent les phases finales des championnats nationaux. Elle n’a pu évoluer normalement, favorablement. Sa progression n’a été possible qu’avec la modeste (mais précieuse) aide des clubs bougiotes au sein desquels elle a évolué.

Malgré cela, en dépit d’un soutien qui ne pouvait être plus conséquent, elle n’était qu’aux portes des sélections nationales seniors. Ainsi qu’elle le dit aujourd’hui avec cette colère contenue car longtemps retenue, ne demandant qu’à exploser, elle prétendait seulement, en cette année 2015, qu’à une sélection pour les championnats d’Afrique zone 1 (championnats maghrébins) et éventuellement pour les championnats arabes. Elle savait avoir atteint son Everest. Avec cependant, dans un coin de l’esprit,  cet espoir ténu d’aller plus haut animant les athlètes ambitieux croyant en leurs chances de percer  si…. Samira Messad n’était pas postulante (elle le savait trop bien) à une participation aux championnats du monde ou aux jeux olympiques.

Quand on le recherche dans le fameux « Top 10 », recueil maigrelet de l’élite athlétique, le nom de Samira Messad n’est pas facile à trouver avec facilité. Elle y figure certes mais pas autant que son talent précoce l’avait un jour laissé entrevoir.

Avec le recul, en y regardant bien, elle présentait le profil parfait pour en faire un bouc-émissaire, le mouton sacrificiel de l’Aïd El Kebir, celui sur lequel « on essuie le couteau sanglant».

Depuis 2012, la fédération, qui est dans le viseur des instances internationales, cherche à écarter Bliss, ce Satan, ce diable qui tourmente les créatures de Dieu comme il incita nos parents originels (Adem et Hawa) à voir ce qu’ils ne devaient pas voir ou plutôt en les tentant avec la Pomme…... de la facilité.

En fait, nous pensons qu’il serait plus approprié de croire qu’il s’agissait d’éloigner l’attention qui lui est portée. La mise en garde qui lui a été adressée par une IAAF (qui à cause de faits identiques sur laquelle elle a fermé les yeux, sera elle aussi, quelques mois plus tard, dans la tourmente) en est la preuve flagrante. La FAA était attendue au tournant. Bliss est déjà dans la maison FAA. Il y sévit depuis longtemps. « Satan » n’est-il pas le surnom donné à un des acteurs du phénomène du dopage en Algérie ?


mardi 18 avril 2017

Samira Messad, Première dopée en Algérie

A partir de 2012,  il a été observé qu’au stade annexe, le déroulement des championnats nationaux Open ainsi que chaque manifestation athlétique internationale majeure offre une opportunité idéale pour mettre en marche l’unité de fabrication des rumeurs sur le dopage.

Ces rumeurs (définies comme des informations qui ne sont pas portées par des voix et des voies officielles) puisent leurs sources dans des informations ayant fuitées de ces instances sportives aussi repliées sur elles-mêmes que le sont des escargots anticipant un danger. Des instances où aussi on ne sait pas garder le secret des délibérations. Des informations  sur lesquelles on pose un couvercle renforçant le brouillard opaque qui entoure la fédération algérienne d’athlétisme.

Au début du mois d’août 2015, pendant que se déroulaient les championnats d’Algérie d’athlétisme « Open » (ouvert à toutes les catégories d’âge une preuve s’il devrait en être du talent méconnu des compétiteurs des catégories cadets et juniors toujours bien représentés en nombre, délaissés par la FAA et pris en charge par le COA dans la perspective des jeux olympiques de la jeunesse), ce que dans d’autres pays on dénomme « championnat national Elite », une rumeur se répand avec une vélocité rarement connue.

Nous sommes (il est indispensable de le souligner à titre indicatif puisque le même scénario se reproduira un an plus tard aux championnats nationaux de 2016 précédant les jeux olympiques de Rio 2016) à la veille des championnats du monde de Pékin. Cinq athlètes auraient été positivement contrôlés à des produits prohibés (en 2016 on parla de 11 athlètes dont 2 sélectionnés pour les jeux olympiques).

Très rapidement, la rumeur s’est éteinte. Nous avons une forte envie d’écrire qu’elle a été étouffée dans l’œuf. Elle renaitra, avec plus d’intensité, au début de l’automne. Nous ne sûmes pas alors pourquoi. La rumeur initiale fut rectifiée : ce ne seraient plus cinq athlètes qui étaient dopés mais trois.

Encore quelques semaines, l’information devient concrète. On appris toujours par la rumeur (qui sera cependant étayée par de courts articles de presse peu explicites) qu’une athlète est effectivement positive et que les deux autres ont été blanchis par la présentation d’autorisations à usage thérapeutique, la fameuse autorisation de traitement médical à l’aide de produits pharmaceutiques interdits dans le cadre de la pratique sportive de compétition que présentent les plus grands champions que l’on découvre grands malades.

La « rumeur » (bien que tout à fait réelle ainsi que cela sera montrée plus tard, la nouvelle n’a pas fait l’objet d’une publication dans les canaux officiels habituels, ceux qui pourraient la valider) dit également que l’athlète dopée est détentrice d’une licence dans un club de Bejaïa et que les deux autres le sont respectivement à Alger et Bordj Bou Arreridj. Point à la ligne. La vie continue. Sauf pour l’athlète restée (anonyme et inconnue du public) à l’écart des pistes d’athlétisme.

A la même période, des cas de dopage sont révélés avec profusion dans des articles publiés dans la presse nationale sportive et généraliste. Ils concernent des footballeurs de notoriété nationale et internationale avérée, figurant parmi les mieux payés de l’armée des professionnels. L’un d’entre eux, celui qui incita le plus aux commentaires percevrait quelque chose comme un demi-milliard de centimes. On comprend donc l’intérêt qui est accordé à Youcef Belaili dont la situation connaitra (notons-le) de multiples rebondissements au plan national, continental et mondial.

Il sera révélée plus tard dans la presse nationale que la première athlète algérienne contrôlée positivement en Algérie est la spécialiste des haies (100 mètres haies et 400 mètres haies) et des épreuves combinées Samira Messad, athlète licenciée à l’ASFJ. Cette année-là (2015), ses meilleures performances sont 14.06 au 100 mètres haies, 60.30 au 400m haies, 56.03 au 400 et 24.03 au 200 ainsi que 4 864 points à l’heptathlon.


Des chronos qui ne sont pas fracassants bien que l’on puisse noter une progression notable comparativement à ses performances antérieures. A cet Open 2015, Samira Messad couru, dit-elle, (les résultats ayant été effacés des tablettes suite à la décision prise par la commission nationale anti dopage, CNAD) le 100 mètres  haies en 13.94 et le 400 mètres  haies en 58.78. Un autre bond qui la rend suspecte. Une progression que nous tenterons d’expliquer (autrement que par le dopage) un peu plus tard.

lundi 17 avril 2017

Les Algériens et le dopage (11), Le tournant de l’an 2012

Les chemins de Bouraâda et de Mahour Bacha se sont séparés. Le premier s’est rapproché géographiquement de Londres en se préparant dans la région parisienne. Il s’est aussi rapproché de la médaille en s’entraînant avec un entraîneur dont le record personnel est proche du sien et qui ne trimbale pas derrière lui des casseroles.

Mahour Bacha a rejoint, en Arabie Saoudite, la famille reconstituée. La famille au sens habituellement consacré de relations parentales, de liens familiaux ainsi que la « famille » (dans sa perception maffioso algéroise) qui, à l’exemple de celles de Sicile et de Calabre, telle une pieuvre, plonge ses tentacules dans le dopage.

Les accusations qui furent portées à l’encontre de quelques notables de la discipline (Mahour Bacha évidemment, Bouras et Brahmia) sont aujourd’hui adressées à d’autres entraîneurs qui justement élisent domicile en ces lieux et seraient proches du trio. En équipe nationale et dans les clubs.

Jusqu’en 2012, les assertions des uns et des autres étaient reçues, par l’auditoire incrédule, comme faisant partie d’une gigantesque farce, une manipulation des esprits complétées par  des tentatives de dénigrement de l’Autre.

Les médisances se sont toutefois transformées en réalité lorsque, au début de l’été 2012, trois athlètes ont été pris en flagrant délit de dopage lors de contrôles effectués en dehors du territoire national.

Mohamed Réda Megdoud était licencié au GSP, le fief de Brahmia. Dans les semaines qui suivirent, ce furent Larbi Bouraâda et Zahra Bouras, deux athlètes très proches du duo Mahour Bacha-Bouras, qui furent pris dans le filet. Notons qu’Amar Bouras ne sera élu président de la FAA que quelques mois plus tard.

Une année plus tard (en plein été 2013), après l’irruption de ce scandale dans l’univers de l’athlétisme algérien, il est signalé un événement frappant qui passa inaperçu. Ainsi que le rapporta publiquement dernièrement Kamel Benmissi, la délégation  algérienne ayant participé aux championnats du monde d’athlétisme de Moscou (2013) aurait rapporté dans ses bagages (avec pour justificatifs de dépenses, selon des propos tenus en off, une facture rédigée cyrillique) des produits pharmaceutiques disponibles dans les officines nationales et des produits dopants. La valeur de ce stock, introduit sur le territoire national dans les bagages de la délégation, a été estimée à 2 000 euros (correspondant grosso modo au cours de l’époque à plus de 200 000 dinars, 20 millions de centimes). De quoi remplir abondamment les étagères d’une pharmacie.

C’est à partir de cette date (qui semble marqué un tournant dans la perception que l’on a en Algérie du dopage) que ce qui n’était que suspicions, rumeurs a pris de l’ampleur et corps.

Le phénomène est certes universel. Toute performance sortant de la norme habituelle devient suspecte, fortement entachée par l’éventualité d’une pratique d’infraction à l’éthique, de recours à des produits prohibés par la réglementation sportive, de pratiques qui ne sont pas formellement interdites tout en prêtant à suspicion. Sans compter le « dopage autorisé » via les autorisations à usage thérapeutiques de produits interdits.

L’affaire « Zahra Bouras et Larbi Bouraâda » s’est achevée en queue de poisson. Les plaintes déposées (que l’on devrait plus exactement, cinq années plus tard, appréhender en tant qu’intentions de « plaintes contre X » médiatisées à grand renfort de déclarations tonitruantes dans la presse nationale) par Amar Bouras et Ahmed Mahour Bacha, n’ont pas abouties. Pour plus d’exactitude, on ne connait pas le sort qui a été le leur.

Les accusations portées par Zahra Bouras contre son ex-entraîneur Mahour Bacha (qu’elle avait quitté quelques mois avant les deux contrôles positifs pour poursuivre sa préparation pour les championnats d’Afrique et les jeux olympiques sous la houlette de son père) n’ont également pas eu d’échos. Elles n’ont pas suscité de réactions officielles visibles.

La fédération, qui n’était pas encore présidée par Amar Bouras, est restée impassible. Sans réaction qui puisse entraver la calamité en gestation. En fait, nous pensons qu’un sentiment d’impunité s’est alors installé.

Nous sommes tentés de croire que la pratique maléfique a été encouragée en permettant en particulier à nos deux lurons (Bouras et Bouraâda) de continuer à bénéficier des avantages d’athlètes d’élite dont la prise en charge de stages. Aveugle et complice, la fédération l’est encore plus sous la présidence Bouras. Elle écopera d’une mise en garde de l’IAAF.


dimanche 16 avril 2017

Les Algériens et le dopage (10), Paroles de femme

Tout en menaçant Bouraâda d’avoir à faire à la justice, de le retrouver dans un prétoire au cas où…. Ahmed Mahour Bacha précise qu’il n’engagera les actions envisagées qu’après avoir « regarder l'émission complète ». Au moment où il tient ces propos, il n’en a vu qu’un extrait qui lui a été adressé par la chaîne de télévision. Une séquence, un lien qu’il s’est empressé de partager sans délais sur son mur Facebook.

Mahour Bacha - en apprenant que Larbi Bouraâda a pris la parole, a accordé une interview à une chaine de télévision privée dérangeante dont il sait qu’elle est à la recherche perpétuelle de scoops, d’une amélioration constante de son audimat - a pris les devants. Evidemment, il  sait mieux que quiconque ce qu’il sait et ce qu’il a fait.

Il sait ce que nous ne savons pas et que de nombreux indices permettent pourtant de supposer. D’ailleurs, Zahra Bouras avait été loquace dès son retour des championnats d’Afrique auquel elle n’avait pu prendre part car la sanction de suspension l’avait suivie jusqu’au cœur du continent. Elle avait immédiatement réagi en l’incriminant.

Alors que Mahour Bacha tempête et menace, l’interview montre que Bouraâda a déjà tourné la page. Mahour Bacha représente un passé qu’il voudrait dépasser, oublier si cela était possible. Bouraâda ne renie cependant pas son passé. Il montre qu’il n’est pas amnésique, et n’est pas, contrairement aux accusations portées contre lui, ingrat. Il connait ce qu’il doit à son ex-coach. En bien et en mal. Nietzche n’est pas bien loin.

Les regards et les espérances de Bouraâda sont dirigés vers la première quinzaine du mois d’août, vers le podium des championnats du monde de Londres devenu son challenge personnel après avoir été celui prescrit, défini, déterminé par d’autres.

Bouraâda se voit sur le podium des championnats du monde de Londres. Un podium que Mahour Bacha et Bouras (en tant que représentant de la FAA) lui donnait déjà pour les jeux de 2012 (disputés dans cette même capitale britannique), ensuite pour les championnats du monde de Pékin (2015) et enfin pour les jeux de Rio (2016).

Un podium  qui redorerait son histoire, son blason terni. Une médaille qui amplifierait une popularité momentanée, virtuelle, fabriquée. Une notoriété qui fut propulsée, boostée par les médias alléchés par les scandales qui en ont fait le « meskine », l’opprimé par le système alors qu’il est le produit d’une autre face d’un système, ou plus exactement une facette d’un autre système (d’une structure informelle) évoluant parallèlement à l’éthique. Bouraâda s’est tu pendant cinq années. Il continuera à se taire. La gloire (certes éphémère) est à ce prix. Ainsi que les retombées qui vont avec.

Toutefois, la vérité, une vérité, SA vérité sur cet épisode sera connue sous peu. « Si Dieu le veut ! », diront les partisans du « mektoub », de la Destinée et ceux qui voudraient la perte de Mahour Bacha. Certainement, prédisent les derniers, dans quelques mois, après les épreuves sportives de Londres. Sa parole sera certainement auréolée d’une médaille. Elle aura alors une portée planétaire. Les liens qui l’asservissent auront été déliés.

Si Bouraâda est atteint de mutisme, il n’est pas aveugle, ni sourd.  Il sait qu’il détient des informations qui pourraient intéressés des amis qui lui veulent du bien. En quelques mois, certainement avec l’aide de ses nouveaux parrains, ses yeux ont été décillés. Il comprend mieux la valeur des informations qu’il détient. Avant même que Mahour Bacha ne l’ait menacé, il a brandi l’idée de tout dévoiler, de s’adresser à la justice. A armes égales !

 A la fin de l’été, à la fin de la saison d’athlétisme  nous saurons alors ce que vaut réellement la parole d’une jeune femme qui a su se libérer de toutes les attaches et toutes les entraves qui lui ont été imposées à la fois par son entraîneur et par son père, ami de son entraîneur.


Mahour Bacha, après avoir menacé (tel Zeus brandissant la foudre) s’est rendu compte qu’il ne risquait rien. Il s’est expatrié en quête des pétrodollars remplaçant ces euros dont on dit qu’il est friand ainsi que d’une omra purificatrice, selon l’expression des dévots de tous bords..

samedi 15 avril 2017

La nouvelle FAA (5), La révolution en marche

L’athlétisme algérien, tout comme la société humaine en général, vit une guerre permanente de clans avec des affrontements incessants, des escarmouches entre des groupes sociaux, les rivalités de lobbies.
Il ne peut en être autrement dans un système social où chacune des activités humaines qui y est exercée est étroitement imbriquées aux autres, chacune d’elles influence les autres, place ses pions dans un immense jeu d’échecs à l’échelle d’une nation.
Il y a bien des siècles, Ibn Khaldoun, père de la sociologie et de l’histoire moderne, en a décrit les mécanismes. Depuis, on ne peut s’empêcher d’affirmer que peu de choses ont changé.
Cette lutte aussi vieille que l’histoire de l’humanité oppose, cela semble être le dénominateur commun, deux groupes  sociaux, deux classes  sociales, pourra-t-on trouver dans les réflexions inspirées par la littérature marxiste ou marxisante dans laquelle abonde les idées progressistes.
Dans l’activité sportive, ces deux groupes préexistent. Le premier de ces groupes est celui considéré  comme étant le représentant de la classe des « nantis ». Une classe regroupant les  détenteurs d’une des formes multiples de ce pouvoir défini en tant que forme de maîtrise des événements présents et à venir. Et du passé sans cesse remodelé au gré des influences du moment présent.
Une catégorie sociale puisant sa légitimité dans l’autorité que lui assurent la puissance administrative et /ou la possession de ressources financières. Des ressources qui ne lui appartiennent pas en propre et qui le plus souvent sont octroyées, allouées en contrepartie d’une allégeance, par l’Administration élevée au rang de divinité super-structurelle, dispensatrice d’oboles, de privilèges ou d’avantages divers dont ces voyages qui font de la fédérations une véritable agence de voyage.
L’univers associatif sportif, on ne le sait que trop, n’est pas rémunérateur. Il n’est pas financièrement enrichissant. Du moins, il ne l’est pas directement. Le monde des associations est décrit d’ailleurs dans le discours juridique et réglementaire dominant comme l’univers par excellence du bénévolat. Un univers dans lequel on donne et dont on n’attend rien. Sans trop d’exagération, nous aurions envie d’affirmer qu’il est très proche du sacerdoce religieux si ce n’est que le clergé fut et est encore une classe intermédiaire.
La détention de ces atouts que sont le pouvoir administratif et la puissance financière concourt fatalement à la réussite dans la course à la possession de fiefs ressuscitant la période féodale ou tribale.
Le fonctionnement des associations, depuis l’association locale jusqu’aux fédérations, montre qu’il s’agit de toute évidence d’une catégorie sociale ayant recours à tous les moyens, à toutes les alliances pour s’emparer des rênes ou se placer sur un strapontin en attendant mieux, une position plus élevée dans la hiérarchie associative. 
Le second groupe est celui des « démunis », des prolétaires du sport, de ceux qui voudraient emprunter l’ascenseur social pouvant les conduire de leur classe originelle dans laquelle ils sont englués pour l’éternité, de leur milieu naturel (celui dans lequel ils sont nés et ont grandi) fait d’habitats précaires, de bidonvilles, de favelas aux…..suites luxueuses des grands hôtels de la capitale symbolisant l’appartenance provisoire à la classe espérée des « nantis ».
La nouvelle fédération faisant partie des nouveaux nantis, s’est lancée dans une politique de communication décousue, débridée comme si elle voulait se mettre à la portée de la base athlétique, des dirigeants de la base, des entraineurs et des athlètes. De ceux avec qui quelques-uns de ses membres étaient hier associés.
On apprend à la lecture des informations publiées sur le site que la fédération a procédé à la « dissolution » de la DTN. Une action qui est en fait le renvoi arbitraire (jusqu’à preuve du contraire) des cadres permanents nommés par le ministère.
La « dissolution » de cette DTN montre que le nouveau bureau fédéral (?) est entré en guerre contre les anciens détenteurs du pouvoir technique, contre le système en place. Il s’est donc engagé dans une révolution sans doute nécessaire pour la renaissance de l’athlétisme moribond.
Le plus extravagant dans tout cela est que le bureau fédéral s’arroge un pouvoir dont il n’est pas doté. L’autorité de légiférer, d’amender de modifier un texte législatif, paraphé par les représentants élus et/ou nommés de l’Etat algérien (président de la République, premier ministre), définissant l’organisation et les structures de la fédération.

Il est vrai qu’il ne s’agit que d’une information que nous devinons maladroitement rédigée mais reflétant pleinement et entièrement la pensée de son concepteur (ou de son rapporteur). Celle de remettre la fédération ….sur ses pieds par la force des baïonnettes administratives, d’édits seigneuriaux.

jeudi 13 avril 2017

Les Algériens et le dopage (9), La valse à deux pas de Bouraâda

Bouraâda le dopé est revenu dans l’estime des Algériens depuis sa belle aventure en terre brésilienne. Malgré l’échec, grâce à sa combativité.

Après ses instants de gloire, un accueil de star à l’aéroport d’Alger et dans la petite ville où il réside, il était attendu sur le thème du dopage relégué en marge. Nul ne sait intéresser sérieusement à ce sujet éminemment dérangeant pour la périphérie sportive.

A notre grand désappointement qui est également celui de ceux qui attendaient beaucoup de cette intervention), il n’a pas été très prolixe sur ce sujet. Les espérances de l’entendre enfin impliquer (ou mettre hors de cause) directement Mahour Bacha ont été déçues.

Les « amis » de ce dernier, sans avoir vu la vidéo, se sont fait entendre. Leurs interventions ont été bien évidemment orientées dans le sens que l’on devine être celui de l’« amitié », celui de la défense de leur héros. Les réactions sont significatives car faisant porté par Bouraâda l’habit de traitre. Tout a été fait pour discréditer celui qu’ils ont porté quelques mois plus tôt sur leurs épaules.

Dans le corpus documentaire (dont l’interview télévisée) que nous avons à notre disposition, la prise de parole de Bouraâda est édulcorée. Quelque part, Mahour Bacha n’a pas tort. Elle semble avoir été commandée et dirigée. Le recordman d’Afrique des épreuves combinées évoque seulement cette hantise (naturelle pour celui pris la main dans le sac) qui l’a habité depuis qu’il a repris la compétition.

Le sujet du dopage est esquivé. Bouraâda, à cause de cette suspension déstabilisatrice de deux années, a vu sa crédulité, sa routine et ses certitudes bousculées sur leurs fondements. Il ne dit pas  que, pendant la période de suspension de deux années, il a été soutenu par son entraîneur la fédération algérienne d’athlétisme. A propos de Driouch, Kyle Barber avait parlé d’un prix du silence.

Ce sujet fait partie des secrets de famille qu’il ne faut pas porter sur la place publique. Il en sait indirectement quelque chose. Encore qu’il soit difficile de penser (le sujet ayant été bien caché comme le fut le montant des dossiers de sortie dont il a bénéficié) que Mahour Bacha (ou Bouras) ait évoqué devant lui cette situation répréhensible du point de vue réglementaire.

Le soutien que lui apporta la fédération algérienne fut mal apprécié par la fédération internationale qui adressa une mise en garde à la FAA. Pourtant, on saura plus tard que l’IAAF n’est pas indemne de dérapages dans ce domaine ultra-sensible.

La question du dopage n’a pas été abordée. C’est un passé qu’il (Bouraâda et son entourage proche ainsi que tous ceux qui ont besoin de ses exploits et de cette image forte d’une Algérie qui gagne qu’il véhicule) vaut mieux oublier et faire oublier. Nous ne saurions dire si l’enfant d’Ouled Hedjadj a effacé de sa mémoire ce moment douloureux (nous ne le croyons pas après avoir vu la vidéo) alors que Mahour Bacha semble être habité par la crainte que suscite la résurgence de ses vieux démons.

Les déclarations de Bouraâda (comparées à celles de Zahra Bouras) n’ont que peu de poids. Elles ont cependant conduit Mahour Bacha (certainement à titre préventif) à réagir sur son compte Facebook qui est sans doute le seul moyen qu’il ait à sa disposition pour faire entendre sa voix, pour être entendu ses aficionados et par la presse.

Depuis ses actions de guérilla contre l’ordre établi, ses déclarations intempestives contre les instances du mouvement olympique honni qui l’ont écarté et les tentatives de prise de pouvoir et le renversement de celui en place le nom d’Ahmed Mahour Bacha n’est plus apparu porteur. Il n’a pas été associé aux débats….. sur le renouvellement des instances sportives fédérales.

L’interview de Bouraâda, son apparition sur la chaine de télévision privée qui avait fait de son ancien coach son incontournable expert, les articles de presse les rapportant ont permis à Mahour Bacha de revenir sur le devant de la scène.


Il a en cette occasion remis au goût du jour ce qui fut son habitude, sa manie, sa réaction conditionnée, cette intention d’exiger d’abord un droit de réponse et ensuite d’ « aller en justice afin que chacun puisse répondre de ses actes et de ses paroles ». 

mercredi 12 avril 2017

Les Algériens et le dopage (8), Paroles confisquées

Tard, bien tard, Larbi Bouraâda a pris conscience qu’il n’était qu’un instrument. Une olympiade après Zahra Bouras. Une jeune femme qui souffre de la position de son père dans les structures sportives nationales. Une situation, une proximité qui ne l’empêche pas de se faire entendre, de porter une parole discordante ; en dépit de toutes les réticences que l’on peut avoir à croire ses propos.

Ceux qui connaissent le décathlonien affirment sans ambages que l’on ne pouvait attendre à autre chose de sa part. Comptant  énormément  sur les avantages procurés par une carrière sportive au très haut niveau, le mutisme lui aurait été profitable. Une issue honorable pour s’extirper du marasme social dans lequel il est plongé.

Contrairement à tous les scénarii  échafaudés, en dépit de tout ce qui a pu être dit par les uns et par les autres, Bouraâda a surpris le grand public en assurant que « le président Mustapha Berraf m’appelait souvent, d’ailleurs, pour demander de mes nouvelles ».

Les ponts n’auraient donc jamais été totalement coupés entre l’athlète et le premier responsable du comité olympique algérien. Bien que ex-son entraîneur et son ex-président de fédération aient tenté de l’enfermer dans une camisole. Cela nous amène à penser que la parole olympique (comme celle de tant d’athlètes, entraîneurs et dirigeants) a été confisquée.

La reprise en mains par les pouvoirs publics de la destinée d’un l’athlète, qui ne serait plus pris en otage, sur lequel ont fait encore une fois peser l’espoir d’une future médaille autorise l’entraîneur Mahour Bacha, qui fut un boutefeu impénitent, à se poser maintenant en victime du système. Lui qui fut, du temps de sa splendeur, l’oppresseur (nous croyons qu’il n’en a pas conscience) des petites gens, des sans-grades.

Contrairement à la parole de la famille de l’athlétisme, celle qui fait que la discipline continue à exister en dépit des coups portés, celle de Mahour Bacha et de ses épigones n’a pas de limites.

Selon des propos publiés sur son mur Facebook, la déclaration de Bouraâda aurait été commanditée en prévision des assemblées générales du COA qui se tiendront dans quelques semaines, en vue d’un nouveau mandat. Cela est possible. Il connait si bien la manœuvre pour l’avoir expérimentée tout au long du printemps et de l’été de l’année dernière. Et, bien avant.

La confiscation de la parole du système sportif national (ministère de la jeunesse et des sports, comité olympique tenus au devoir de réserve) par Mahour Bacha and C° n’a pas permis le dévoilement de certaines aberrations (dont le dopage) qui en sont partie intégrantes et d’informations susceptibles de mieux appréhender les coulisses et des réalités occultées.
  
Sans que cela soit vraiment une surprise (avec le temps nous nous y sommes habitués), des bribes de vérité nous parviennent de l’étranger dans cette presse francophone très présente qui nous apprend que les conflits de 2014 et 2015 avaient pour protagonistes Makhloufi et la fédération et conforte s’il en est besoin les déclarations ministérielles et de l’instance olympique antérieures.

Cette presse sportive ajoute aussi que si le contrat de préparation avec Dupont a  reçu « la bénédiction de la fédération algérienne », l’entraîneur français a été « rémunéré par le comité olympique ». Ce que beaucoup ont eu tendance à oublier car ignorant ou désireux d’occulter les difficultés financières réelles de la FAA enregistrant, à la fin 2016, 7.8 milliards de centimes d’endettement dans lesquels ne sont pas comptabilisés les prises en charge de la préparation olympique. Sans le comité olympique, Makhloufi n’aurait pas conquis les médailles de Londres (2012) et Rio (2016).

Pour enfoncer le clou, elle informe ses lecteurs que le salaire de Sébastien Levicq (entraîneur choisi par le COA qui participa aux jeux olympiques et détient un record personnel très proche de celui de Bouraâda) perçoit une rémunération (versée par le comité olympique) proche de celle de Dupont.


Par les coups portés par « la main étrangère » que l’on incrimine souvent et que l’on tente de séduire à tous prix, les vitrines du précédent bureau fédéral se sont brisées. La réussite des deux athlètes (Makhloufi et Bouraâda) n’est pas à mettre au crédit de la fédération mais à celui des pouvoirs publics et du COA accusés à tort.