mercredi 29 novembre 2017

Samira Messad (95), De l’élasticité du temps

Nous sommes amenés à constater que la commission s’est réunie très rapidement et a statué aussi rondement.  A peine dix (10) jours se sont écoulés entre la réception de l’appel formulé par l’AMA et l’envoi présumé de la décision par fax.

On est bien loin de la période qui s’est écoulée entre la seconde audition de Samira Messad par la commission de discipline (7 octobre 2015), la semaine nécessaire pour que la commission de discipline examine les éléments du dossier de dopage (14  octobre) et la date figurant sur le document portant la décision de sanction (6 décembre 2015). Deux mois !

Cet examen accéléré, compressé de l’appel de l’AMA, est explicable par le cadre réglementaire, par les contraintes que s’est lui-même imposé le législateur dans la rédaction et l’adoption des codes mondial et national de la lutte contre le dopage. Cela est patent lorsque l’on se penche plus particulièrement dans les dispositions du code national de lutte antidopage et de son article 13.2.2.1.7.

Cet article stipule, au sujet des audiences devant le comité d’appel antidopage national, que le traitement  du cas doit être achevé « dans un délai raisonnable » ne pouvant excéder « les trois mois suivant la date de la décision du comité d’audition du dopage, sauf circonstances exceptionnelles ».

La commission d’appel de la CNAD se devait de prendre une décision avant le 6 mars. En considérant bien évidemment la date du 6 décembre comme étant la date de la prise de décision par la commission de discipline. Bien que l’on se doute que la décision a été prise bien avant et sa promulgation retardée.  Deux mois pour rédiger un procès-verbal de réunion et une décision, les saisir puis les transmettre à qui de droit n’est pas exagéré, n’est-ce pas ?

Avec ces deux situations antagoniques, on perçoit, avec une acuité accrue que, dans le dispositif de lutte antidopage algérien, la notion de temps possède la faculté d’être particulièrement élastique. La formule « dans un délai raisonnable » est vraisemblablement raccourcie ou allongée, selon les intérêts à découvrir de parties.

Nous observerons cependant qu’en retardant la transmission de la décision clémente de la commission de discipline qui n’agréée pas à certains, Samira Messad a été placée sur des charbons ardents. Quand il a fallu « casser » cette décision et prononcer la sanction la plus lourde disponible dans l’arsenal, elle a été prise en un clin d’œil.

Nous remarquerons que le délai fut à la fois rapide (compte tenu des standards) et en même temps inutile. L’estocade, se voulant décisive, n’a pas obtenu l’effet psychologique immédiat désiré : briser l’athlète récalcitrante. Elle ne saura rien de la décision prise puisque la machine s’est inexplicablement enrayée.

Le code national de lutte contre le dopage, dans son article 13.2 (se rapportant aux appels relatifs aux athlètes qui n’ont pas la qualité d’internationaux), offre, à l’AMA (agence mondiale de lutte contre le dopage), un très large éventail de possibilités d’intervenir sur les décisions prises par la CNAD et sur bien d’autres sujets liés à la lutte antidopage.

A propos de la décision prise par le comité d’appel antidopage national, l’article 13.2.2.3 a le mérite d’une clarté éblouissante en indiquant qu’ « à la fin de l’audience », ou dans « un délai ultérieur raisonnable », ledit-comité d’appel « rendra une décision écrite, datée et signée (à l’unanimité ou à la majorité) comportant l’ensemble des motifs de la décision ainsi que la période de suspension imposée, y compris (le cas échéant) une justification expliquant pourquoi la sanction potentielle maximale n’a pas été imposée ».

 Les critères formels de la décision sont décrits avec une précision chirurgicale. La décision doit obligatoirement être « écrite », « datée » et « signée ».

Le document transmis par la FAA à la ligue d’athlétisme de Bejaïa portant décision n°001/2016 de la commission d’appel de la CNAD est effectivement écrite, signée mais…n’est pas datée.

Cette infraction à la règle établie est aggravée par le non-respect de l’article 13.2.2.3.2 qui stipule que « La décision sera notifiée par la CNAD au sportif ou à l’autre personne, à sa fédération nationale, et aux organisations antidopage ayant le droit de faire appel en vertu de l’article 13.2.3 ».


lundi 27 novembre 2017

Samira Messad (94), La quête de vérité expliquée

La ligue de Bejaïa, elle-même, destinataire de la précédente décision de sanction, n’aurait pas eu connaissance de cette sanction. Il est difficile de concevoir qu’elle reçoive un dossier de mutation et le  transmette à la fédération en sachant que l’athlète est sous le coup d’une sanction qui ne permet pas l’aboutissement de la démarche.   

Pour la ligue (comme pour l’athlète), une seule décision de suspension existait. Celle enregistrée, au « courrier arrivée » de l’instance intermédiaire de gestion de l’athlétisme, en date du 03 février 2016. Celle parvenue à Bejaïa deux mois après son envoi. Un délai de courrier anormalement long.

On peut imaginer que pour expliquer sa décision de mise en attente (blocage) de la mutation, la fédération fut placée dans l’obligation de prendre attache avec la ligue pour d’abord une explication verbale du cas puis, à l’instigation de la ligue d’athlétisme de Bejaïa, de transmettre un document justificatif de la sanction. Ce sera le fax envoyé à la ligue qui elle-même fut contrainte de le répercuter à Samira Messad.

C’est le fameux fax qui lui fut remis le 22 février 2017. Soit, à quelques jours près, une année calendaire après que la commission d’appel de la CNAD ai statué. On sait que l’athlétisme est le royaume des records, il faut reconnaitre qu’en la circonstance, le record le plus farfelu de lenteur a été amélioré. On est passé de deux mois à une année.
L’enchaînement des faits qui succèdent à ce fax, que l’on se doit d’imaginer d’abord par un haussement de voix entre Samira Messad et les responsables de la ligue de Bejaïa, au siège de cette dernière, mais également par l’interpellation formelle du premier vice-président de la fédération-membre de la ligue de Bejaïa par les membres du bureau de ligue ou informelle par l’athlète a abouti certainement à la demande de recherche de la vérité (formulée en réunion du bureau fédéral) sur le cas de l’athlète et des sanctions prononcées : une sanction connue (un an de suspension) et une seconde émergeant du néant (4 ans de suspension).
La décision n°001/2016 de la commission d’appel de la CNAD, a surgi du chapeau haut-de-forme du magicien du « cirque Amar ». On comprendra qu’elle ait fait la même impression, sur les concernés ébaubis, qu’un des lapins utilisés dans les tours proposés par les prestidigitateurs.
La décision en question renvoie à la décision n°002/2015 de la commission de  discipline (la décision par laquelle il fut prononcé, à l’encontre de Samira Messad, la suspension de 12 mois) et à l’appel formulé le 16 février 2016 par l’agence mondiale antidopage.
Cette décision nous indique également que Samira Messad a été auditionnée par les membres de la commission d’appel sans que ne soit informée la date de cette audition.
Elle nous apprend beaucoup de choses. Pourtant, elle énonce SEULEMENT, qu’après « analyse des circonstances de l’appel » et « conformément aux règles nationale antidopage et au code mondial antidopage 2015 », dans un article 1  illisible, que la sanction est portée à 4 ans, puis en article 2, l’annulation de la sentence prononcée par la commission de discipline.
A la suite d’un article 3, totalement illisible sur le document en notre possession, l’article 4 annonce que la décision prend effet à compter du « mercredi 26 août 2015 ».
Rappelons aussi que la commission d’appel comme les commissions d’audition et de décision (commission de discipline de la commission nationale de lutte antidopage) sont présidés par des juristes.
Par un effet qu’adore le hasard, cette décision de la commission d’appel, comme pour confirmer l’amateurisme administratif et juridique ayant cours à la CNAD, précédemment constaté dans le contenu de la décision n°002/2015, n’est pas datée.

Le seul élément de datation utilisable est celui qui est fourni par le fax, l’appareil de transmission. Les informations de cette transmission (références relatives à l’expéditeur et à l’heure d’envoi) étant difficiles à décrypter, le lecteur est amené à supposer (à partir d’une photocopie transmise, pour accroitre la difficulté, par un des réseaux sociaux) que la copie de la décision a sans doute été envoyée (par on ne sait quel expéditeur et à quel destinataire) le « 25 feb 2016 »,  le 25 février 2016, soit 9 jours après l’appel de l’AMA. 

samedi 25 novembre 2017

Samira Messad (93), Exhumation de la suspension de 4 ans

Il faudrait certainement plonger dans les profondeurs (psychanalytiques et relationnelles) des coulisses de l’athlétisme constantinois pour comprendre les raisons qui ont fait que le MAC n’a pas été approché pour être une alternative à cet exil bougiote du sauteur.

Mais, nous croyons savoir que cela fut aussi le cas de l’ASC Bounouara, l’association sportive constantinoise disposant de plus de moyens financiers, du soutien et du parrainage fédéral et offrant en conséquence des rémunérations plus conséquentes que celle proposée par le MBB.

Triki Yasser Mohamed Tahar, comme tant d’autres athlètes avant lui, est un jeune champion écartelé, par de très forts liens, entre les pôles de sa jeune existence : Ibn Zyad (où il est né et a grandi), Constantine (où il est venu étudier et s’entraîner au quotidien) et Bejaïa participant à son développement d’athlète.

On y ajoutera aussi, dans un nécessaire souci d’objectivité, les différents lieux de stages de préparation organisés par le comité olympique algérien à Formia (Italie) et en Pologne (en compagnie d’Amine Bouanani) avant les championnats du monde juniors.

Ce dernier stage incita à quelques sourdes récriminations, sur les providentiels réseaux sociaux, de la part de parents d’athlètes, installés dans les hautes sphères du mouvement sportif national et, de par leurs passés sportifs, proches de l’athlétisme algérien et de ses instances fédérales, croyant sans doute à un stage fédéral que l’on aurait dissimulé et dont leur progéniture aurait été évincée.  

Nous croyons avoir compris (à partir de diverses discussions informelles portant à la fois sur le présent de l’athlétisme constantinois engagé dans un déclin inexorable et sur les éternelles inimitiés qui agitent le microcosme) que le dépit (inavoué publiquement) de Labed avait été d’autant plus grand que l’association sportive dont il est la cheville ouvrière (une sorte de directeur délégué ou exécutif)  aurait pu s’aligner sur les propositions, somme toutes modestes (toutes proportions gardées avec les promesses d’autres associations de la capitale), mais non négligeables compte tenu qu’elles touchent un junior, du MBB, cher à « D’da Djoudi » (Messaoudi).

Le projet de recrutement de Samira Messad a rapidement tourné court. Ce fut, pourrait-on écrire, un projet mort avant même de naître, un projet avorté pendant la gestation, une IVG athlétique.

Sa concrétisation, sur l’incontournable plan administratif autorisant officiellement le passage d’un club à un autre, ne pouvait être rendu possible que par l’obtention d’une licence sportive elle-même liée à une mutation interclubs et inter-wilayas. Pire encore, une mutation inter-CCR (conseils de coordination régionale), des entités non statutaires faisant office de ligues régionales.

Nous conjecturons que l’actualisation de la licence multi-annuelle, suspendue pour cause de suspension, n’aurait pas suscitée autant de remous et tracas. Pour tous les intervenants de premier rang (clubs, ligues de wilayas, CCR), en l’absence d’une quelconque information publique contraire à la décision parvenue à la ligue de Bejaïa au début du mois de février 2016, la suspension d’une année était arrivée à son terme à la fin du mois d’août 2016.  

Le retour de Samira Messad à la compétition avec son club d’origine n’aurait été perçu que comme une démarche administrative normale entreprise entre l’athlète, le club avec lequel elle était liée et la ligue qui semblent être deux entités ignorant les événements de l’année 2016 postérieurs à la suspension originelle.

Nous subodorons toutefois que, même dans ce scenario, l’introduction de la licence à puce, synonyme de modernisation de la base de données fédérales, aurait pu tout de même l’entravée.

Le dossier de mutation fut bloqué au niveau de la fédération.  L’effet immédiat de la décision fédérale a été que cette demande de mutation a permis de mettre à jour (au sens archéologique du terme) la décision de suspension prononcée par la commission d’appel de la CNAD.

L’entité fédérale était en possession de la décision mais n’en avait pas fait état. Bien au contraire, souvenons-nous que certains responsables fédéraux avaient réconforté Samira Messad sur sa participation aux championnats nationaux Open de 2017. Enfermée dans un tiroir à l’abri des regards indiscrets.


Cette sanction revêt une particularité incompréhensible. En effet, Elle est en contradiction avec une des règles nationales et mondiales de la lutte antidopage. Elle n’avait pas été notifiée à l’athlète. La clause de divulgation publique n’a pas été mise en application.

mercredi 22 novembre 2017

Samira Messad (92), Des conditions de recrutement

La différence entre ces deux vrais cas sociaux (les deux athlètes partagent également l’infortune d’avoir été orientées très tôt, à la fin du collège, vers la vie professionnelle (une formulation politiquement correcte, que l’on sait dans le milieu de l’éducation, signifiant aussi bien le renvoi des établissements scolaires que….la recherche d’un emploi introuvable) est que Hassiba Boulmerka a bénéficié d’un contexte (politique et économique) qui permit son intégration dans le monde du travail et du sport de haut niveau.

L’idée du recrutement de Samira Messad a été émise par Abboud Labed. Il reçut pour ce faire l’agrément préalable de Hassiba Boulmerka, la présidente du club. On ne le dira jamais assez, Labed est une âme très sensible.

Beaucoup parmi les centaines d’athlètes ayant fait partie des groupes d’entraînement coachés pendant des décennies par Labed, celles ayant obtenu quelques  résultats notables et dont les conditions sociales n’étaient pas adaptées à la pratique sportive d’un certain niveau, ont trouvé le gite et couvert dans sa famille, auprès de ses enfants. Hassiba Boulmerka en a fait partie.

On comprend mieux les fondements de l’intérêt que porta Abboud Labed à Samira Messad ainsi que, cela va sans doute de pair, la compréhension de sa présidente qui fut très attentive à sa préoccupation.

Hassiba fut d’autant plus sensible à l’intention de Labed que ce recrutement envisagé s’intégrait dans la nouvelle vision, dans celle de la chef d’entreprise. A la fin de l’année 2016 et au début de l’année 2017, le recrutement de Samira Messad était, malgré l’interruption subite et intempestive de sa carrière sportive, une bonne carte à jouer.

Abboud Labed et Hassiba Boulmerka supputaient (l’interruption étant de courte durée) que Samira Messad pouvait revenir assez rapidement (d’autant qu’elle continuait à s’entretenir) à son niveau antérieur, c’est-à-dire celui des meilleures spécialistes algériens des haies et par conséquent marquer de nombreux point dans ses deux disciplines de prédilections. Sans que ce soit leur intention, Amar et Zahra Bouras avaient montré la voie.

En se penchant sur les estimations financières inhérentes à cette opération de recrutement envisagé de Samira Messad, il apparait que le coût financier n’était pas excessif. Comparativement bien sûr à celui de Zahra Bouras dont le palmarès était plus fourni. Intégré dans le projet sportif, la rentabilité à long terme était quasiment assurée. Les deux parties étaient certaines de sortir bénéficiaires.

Du point de vue de Samira Messad, bien que les conditions de recrutement lui soient plutôt défavorables (suspension pour dopage, performances de niveau national, etc.), le MAC lui permettait de revenir sur la piste en connaissant un meilleur sort que celui qu’elle avait connu.

Le projet, dans la conception qu’en avait le duo Labed-Boulmerka, permettait à Samira Messad de rester à Bejaïa, près des siens, de ne pas être déracinée, de continuer à s’y entraîner dans un environnement favorable qu’elle connait bien et qui la connait, avec ses amis, son entraîneur.

Ce projet lui offrait aussi de participer à des stages de préparation organisés sur place par le club. Ces regroupements étaient envisagés pour lui permettre d’être proche des autres athlètes du club mais aussi pour ne pas trop s’éloigner de sa famille.

Le projet Samira Messad s’inscrit dans la perspective du projet d’entreprise du MAC porté par Hassiba Boulmerka. Depuis quelques années, depuis que la ligue de Bejaïa est devenue la plaque tournante de l’athlétisme national en organisant, avec brio, sur les installations de Souk El Tenine, les compétitions nationales jeunes, les jeunes athlètes du MAC se sont habitués à la fois au cadre majestueux, entre mer et montagne, aux mentalités et à la présence très motivante de jeunes sportifs locaux figurant parmi les meilleurs de l’élite nationale. 

Pour Samira Messad, il était prévu en outre la perception d’une indemnité mensuelle améliorée et des primes de résultats. Ce n’était pas le Pérou mais….


Nous nous demandons toutefois si une idée revancharde ne se serait pas glissée dans la démarche que comptait entreprendre le MAC. Nous savons qu’Abboud Labed avait été chagriné par la mutation du sauteur en longueur (et triple sauteur), Triki Yasser (passé par le MAC), qui trouva un bonheur provisoire (avant que les grands clubs d’Alger lui fassent les yeux doux) au sein du MB Bejaïa, et par les conditions et prestations qui lui avaient été offertes. 

dimanche 19 novembre 2017

Samira Messad (91), La volte-face du MAC

Ces deux compétitions (le cross Oudiba et le semi Larbi Ben Mehidi) ont été créées depuis l’arrivée de Zahra Bouras (2014-2015) dans le club de Bounouara. Ces deux compétitions nationales se sont ajoutées, dans le paysage sportif de cette daïra, au traditionnel semi-marathon Chihani Bachir du Khroub organisé depuis la fin des années 1980. Difficile d’y voir un effet du hasard.

Par la force des choses, le MAC  fut mis dans l’obligation de réorienter sa politique de recrutement en faisant maintenant appel à quelques athlètes plus âgé(e)s, à des athlètes certes confirmé(e)s mais paradoxalement en fin de carrière sportive.

Le MAC se tourna en premier lieu vers des vétéranes (Oulmi Fatima-Zohra, Aissani Wassila, Amina Chaâbane), puis des vétérans (Filali Tayeb), spécialistes d’abord des courses sur route et de la marche avant de porter son regard vers quelques sauteurs (Tibermacine) et lanceurs.

Ils étaient tous d’anciens internationaux au riche pédigrée. Dans ce groupe se mêlèrent des sélectionnés pour des compétitions maghrébines ou africaines et d’autres retenus pour des championnats du monde ou les jeux olympiques. Ces athlètes étaient là pour servir d’exemples à de jeunes talents athlétiques prometteurs. Ils étaient les locomotives du club.

Au cours des dernières saisons, les plus récentes de l’histoire du club, à savoir (2014-2015 et 2015-2016), celles correspond à la présence de Zahra Bouras à l’ASC Bounouara, les relations entre Hassiba Boulmerka et Amar Bouras se crispèrent plus qu’elles ne l’avaient jamais été.

Dans cette évocation historique, nous n’aurons garde d’oublier que Hassiba Boulmerka considéra Amar Bouras comme une « carte gagnante ». L’opportunisme n’est pas unilatéral. Mais, depuis quelques années, des divergences étaient apparues entre la star populaire et celle du système technocratique fédéral.

Hassiba Boulmerka est une femme de caractère qui, son statut de star aidant, sut dire à son ancien entraîneur des vérités que d’autres n’auraient pas osé lui dire. En particulier que sous sa présidence, le nombre de licenciés avait régressé. Samira Messad, elle aussi n’a pas la langue dans la poche.

Rancunier, Amar Bouras aurait alors retiré l’aide fédérale au challenge de courses de demi-fond, à prétention internationale, que Hassiba Boulmerka et Abboud Labed s’attelaient à bâtir pour redorer le blason de Constantine dont le meeting international des années 1990 avait disparu quand il commença à recevoir la  reconnaissance des instances internationale (CAA et IAAF) et le coup fatal porté par ses géniteurs.

Parallèlement, le président de la fédération vindicatif aidait le club rival.

C’est ce contexte de rivalité exacerbé qui permit au MAC de faire évoluer sa perception de la pratique de l’athlétisme, de faire enfin comme les autres clubs, de se lancer dans le recrutement tout en poursuivant les efforts fournis en matière de formation.

On ne peut comprendre le lien (dénoué par la décision reçue le 27 avril 2017) entre le MAC et Samira Messad  si l’on n’a pas à l’esprit ce que nous venons d’écrire. Mais, cette compréhension demeurera superficielle.

Pourtant, si cet aspect est révélateur, il est impossible de faire abstraction (c’est peut-être même la dimension la plus importante) des conditions de vie sociales et sportives dans lesquelles a évolué Hassiba Boulmerka dans ses jeunes années, au début des années 80. Des conditions de précarité présentant de nombreuses similitudes avec celles qui épousent les conditions dans lesquelles évoluent présentement Samira Messad.

Hassiba Boulmerka a grandi dans un des nombreux quartiers périphériques qui encerclaient la ville de Constantine, formant une couronne d’habitat insalubre. Elle a vécu sur un site d’habitat précaire surnommé, par la puissance de l’ironie, heureusement présente en ce lieu d’extrême précarité, « Dallas ». Avant que sa victoire de Tokyo ne permette l’octroi, et le déménagement de sa famille, d’un logement social à El Khroub.


Nous avons vu que Samira Messad a perdu son père alors qu’elle était minime (mais déjà internationale scolaire), que son unique frère est employé au marché de gros de Bejaïa et que sa  mère est une grande malade. On ne dira jamais assez que les résultats de Samira Messad sont, en grande partie, certes le produit de ses efforts, de ses victoires sur les blessures récurrentes mais également celui de l’accompagnement des âmes charitables peuplant la famille de l’athlétisme bougiote. Une autre ressemblance avec Hassiba. L’environnement proche lui permis de garder la tête hors de l’eau.

vendredi 17 novembre 2017

Samira Messad (90), La guéguerre des clubs

Les titres africains et les honorables places aux jeux olympiques furent les premières lignes importantes inscrites au palmarès de Hassiba Boulmerka avant qu’elle ne quitta Labed pour rejoindre Amar Bouras. Bien avant (en 1986) elle avait remporté  le titre de championne arabe de cross-country de la catégorie « juniors » et elle avait battu, quelques jours plus tard, le record d’Algérie « seniors » du 3000 mètres.

 Grâce à la mise en place d’une néo-politique ministérielle et fédérale, née de la mise au placard de la « Réforme sportive » évoluant d’un professionnalisme étatique à un professionnalisme libéralisé, Amar Bouras, soutenu par le président de la fédération de l’époque, pu mettre à sa disposition les gros moyens de la fédération algérienne d’athlétisme engagée dans l’élitisme à outrance.

Ces moyens étatiques, dépassaient de très loin, relevons-le, ceux qui lui avaient été offerts par le trio d’entraineurs constantinois de demi-fond (Labed, Grabsi et Benmissi) et un responsable local d’entreprises publiques connu comme étant monsieur Abdelatif. Il était alors le directeur d’une unité de la Sonacome, avant de devenir directeur régional d’Air Algérie. Ceux qui l’ont côtoyé le décrivent comme « un passionné de la course d’endurance ».

Ce quatuor avaient permis l’intégration de Hassiba Boulmerka à l’unité SNVI ex-Renault du « 4ème kilomètre » qui géographiquement est à la fois proche de son domicile et du stade du 17 juin. C’est alors qu’elle devint, très jeune, une athlète de performance  au CM Belcourt.

Au cours de sa courte existence (une décennie à peine), le MAC a été confronté à la dure réalité vécue par l’ensemble (hormis peut-être le Mouloudia d’Alger puis le Groupement Sportif des Pétroliers qui lui succéda ainsi que les associations des corps constitués) des clubs d’athlétisme.

Cette réalité fait que la survie des associations sportives est exclusivement dépendante des subventions accordées par les collectivités locales (communes et wilayas) en fonction, officiellement, des résultats obtenus (représentatifs en quelque  sorte de la notoriété acquise dans l’opinion administrativo-sportive) et d’autres raccourcis, moins visibles, mais plus effectifs.

Le MAC n’a guère profité des subventions souvent retardées ou supprimées pour des motifs divers et saugrenus comme celui faisant allusion (dans les coulisses des univers sportif, administratif et  politique constantinois) des capacités financières que pouvait offrir Hassiba Boulmerka, devenue chef d’entreprises florissantes, à SON club.

La réussite locale et régionale n’est pas financièrement rentable. C’est comme cela qu’est apparu au sein du MAC l’objectif de ce qui s’apparente à une révolution, à une révision de la politique interne. Une vision consistant à marquer des points, à remporter des titres et des médailles, synonymes d’amélioration de la position dans la classification nationale des clubs, prendre place dans la hiérarchie locale et nationale. La formation et le développement laissent un peu de place à la quête des résultats.

Pour le MAC, confronté à une situation qui l’oblige à rompre avec son crédo originel, il s’agit essentiellement, maintenant, de se positionner aux côtés ou, mieux encore, devant l’ASC Bounouara.

L’ASC Bounouara est un club de la périphérie constantinoise, élisant domicile dans une commune située  géographiquement dans le triangle ayant trois sommets : El Khroub - Ouled Rahmoune et Ain Abid, la ville martyrisée en  20 août 1955 de triste mémoire.

Il a possédé la réputation, fortement accolée à sa dénomination et à ses couleurs, d’avoir été le club chouchouté par le président de la fédération, Amar Bouras. Le club où a été licenciée sa fille Zahra, à son retour à la compétition, après qu’elle eut purgée la sanction de deux années de suspension pour dopage dont elle avait écopée. Un club dont (on le constate en 2017) le niveau de classification nationale a fortement décliné avec le départ de Zahra Bouras et de Skander Djamil Athmani ainsi que le retrait de Souhir Bouali.


Pour cette raison (l’accueil de Zahra Bouras), et bien d’autres, il se dit, avec fortes insistances, que cette association et la ligue d’athlétisme de Constantine (qui aurait servi d’intermédiaire dans une affaire constantino-constantinoise) auraient bénéficié de privilèges : matériels pédagogiques pour le club, deux compétitions nationales, inscrites aux challenges nationaux, dotées d’une aide financière fédérale intéressante lorsque les capacités financières de la fédération le permirent : un cross au Khroub ainsi qu’une course sur route à Ouled Rahmoune. 

jeudi 16 novembre 2017

Samira Messad (89), L’entrée en lice du MAC

Nous pouvons supposer que, sans cette proximité géographique, la seconde sanction (suspension de 4 ans) n’aurait pas été connue de la nouvelle FAA, que la décision n’aurait été, pour la ligue d’athlétisme, qu’un document administratif à classer dans les archives. Il n’en est rien.

En réalité, la situation qui vient de naitre, le « cas Samira Messad », tel que dénommé dans le procès-verbal de la réunion du bureau fédéral, est encore plus complexe qu’il n’y parait. Comme s’il ne l’était pas déjà suffisamment avec toutes les péripéties que le résultat d’analyses anormal ne laissait pas voir. Le fax de la DTN est certes le fait déclencheur. Mais, il n’est que l’aboutissement d’une démarche administrative engagée quelques semaines plus tôt.

Car, avant que la décision d’aggravation de la sanction ne soit dévoilée inopinément, tout démarre avec le désir de Samira Messad de reprendre une licence sportive, de retrouver la piste et les compétitions comme le lui permet la décision qu’elle a entre les mains. Une décision qui la suspend pour une année. Une décision acceptée à contre cœur.

Aux championnats d’Algérie d’athlétisme Open 2016, marquant quasiment la fin de la suspension de 12 mois, Samira Messad avait été approchée par Abboud Labed pour qu’elle signât une licence au club dont il est la cheville ouvrière : le MA de Constantine. La sanction d’une année de suspension expirerait à la fin du mois d’août 2016.

Le MAC n’est pas un grand club. Mais, c’est une association sportive particulièrement remarquable. Le club a été créé, est présidé et financé par la championne du 1 500 mètres des jeux olympiques de Barcelone (1992), Hassiba Boulmerka.

Le club déroge aux règles de fonctionnement habituelles. Dès sa création, il s’intéressa aux courses de demi-fond et aux jeunes. Il rejoignit ainsi la philosophie préexistante à la création des associations sportives ou sections d’athlétisme.

Cette vision fait partie également (comment pourrait-il en être autrement au vu des vécus de Boulmerka et Labed ?), il faut le dire, du conditionnement mental, du « formatage », du mode de pensée de Labed qui, pendant toute sa carrière d’enseignant d’EPS et d’entraîneur d’athlétisme, fut au contact des adolescents et surtout….. des adolescentes qui écrivirent les lignes les plus prestigieuses de son palmarès d’éducateur sportif. Abboud Labed est considérée comme LE spécialiste algérien de l’athlétisme féminin, excellant dans toutes les épreuves du programme. Quant à la préséance du demi-fond, le club la doit à Hassiba Boulmerka. Parcours sportif oblige.

Hassiba Boulmerka a connu Labed à ses premiers pas. En fait, dès le collège où elle fut son élève puis au club.  La connaissance partagée de l’idéologie sportive et la force de persuasion de Labed, conduisit la nouvelle association sportive à privilégier la création d’écoles d’athlétisme disséminées dans les établissements scolaires (de la ville et en dehors de l’agglomération de Constantine) où les enseignants d’EPS étaient motivés pour devenir des partenaires du club dont Hassiba est le leader. Dans leurs visions, chaque établissement scolaire est considéré comme un pôle de développement, apte à devenir ultérieurement une annexe du club ou même un club à part entière pour les écoles situées dans des localités éloignées.

La politique suivie commence à porter ses fruits. Avec de jeunes athlètes figurant parmi l’élite nationale. Ainsi qu’avec de premiers pas réussis au niveau international. Hamdani Benahmed, finaliste des championnats du monde cadets 2017 et médaillé d’argent des championnats arabes 2017 sur 2000 mètres steeple (5.56 sur la distance), est le joyau actuel du club.

Pour la petite histoire récente de l’athlétisme constantinois, le sauteur en longueur et triple sauteur Triki Yasser Mohamed Tahar y aurait pris sa première licence avant de connaitre d’autres clubs. Labed (et les clubs où il exerce) parait avoir été la victime rituelle du pillage des athlètes. Labed s’est habitué à cela. Bien qu’il trépigne de rage chaque fois que cela arrive.


Hassiba Boulmerka fut sans doute l’athlète la plus emblématique et représentative de la pratique du piratage d’athlètes. Avec Abboud Labed, Hassiba Boulmerka avait atteint un niveau international plus que respectable. Sous sa direction, elle fut double championne d’Afrique (800 mètres et 1 500 mètres) à Annaba (1988) et deux fois demi-finalistes sur les mêmes distances aux jeux olympiques de Séoul (1988). 

mercredi 15 novembre 2017

Samira Messad (88), A la recherche de la vérité

Lorsque se tient la réunion du bureau fédéral du 03 avril 2017, peu de personnes savent qu’une seconde sanction a été prononcée. Seulement, ceux qui sont……. dans le secret des Dieux du stade olympique.

Les membres de ce bureau fédéral, dans leur majorité, ne connaissent pas la « vérité ».A ce moment-là, peu de personnes savent qu’une seconde sanction a été prononcée. Savent-ils  d’ailleurs qui est  Samira Messad et qu’elle a été sanctionnée pour dopage.

Pour le premier vice-président de la FAA qui connait bien les conditions de vie incompatibles avec l’appropriation de produits dopants, la « vérité » sur la seconde sanction n’est pas connue et doit être recherchée.

La date du 03 avril  2017 est à retenir. Elle éclaire d’un jour nouveau l’ensemble du dossier puisque les points de vue de Dib et Ahmim sur ce sujet ne sont pas publiquement connus. Nous n’avons trouvé aucune référence documentaire.

Pour tenter de comprendre ce qui s’est passé depuis février 2016, nous devons remonter le temps en ne nous appuyant malheureusement que sur les seules déclarations décousues de Samira Messad.

Cette athlète, se prétendant innocente des faits de dopage qui lui sont reprochés, a tenté, avons- nous précédemment écrit, de se faire entendre. C’est au cours de cette période qui a suivi la réception de la notification de la première sanction par la ligue d’athlétisme de la wilaya de Bejaïa, qu’elle a commencé « à bouger ».

Vainement, d’ailleurs. De nombreux notables de la discipline sportive, du droit sportif et de la médecine sportive l’ont dissuadé de faire recours. Ils lui ont fait comprendre, sans détours, que « la petit Samira », isolée, sans moyens et sans soutiens ne pouvait rivaliser avec la puissante machine mettant en action le    système. Pendant ce temps, la fédération algérienne d’athlétisme agissait en catimini.

Samira Messad a le désagréable souvenir d’avoir été auditionnée à de multiples reprises par la CNAD. Ce qui est incroyable mais pourtant vrai, c’est que jusqu’à il y a peu, elle était dans l’incapacité la plus totale de faire la distinction entre la commission de discipline (la commission d’audition et de décision) de la CNAD  et la  commission d’appel de la même commission nationale.

Les différences, les subtilités juridico-administratives ne parlaient pas à Samira Messad. Plus exactement, n’arrivaient pas à faire partie de son entendement. Dans son esprit, elle n’avait qu’un seul interlocuteur. Celui-ci était indifférencié : la CNAD. Une entité qui, selon la compréhension qu’elle a des événements, l’avait une première fois sanctionnée pour dopage et continuait à s’en prendre à elle, à la brimer, après qu’elle ait été punie. Dans la compréhension qu’avait Samira Messad du système, la CNAD était associée à la FAA.

Dans les discussions que nous avons pu avoir avec elle, nous avons été mis dans l’obligation, pour comprendre la portée de ses propos, d’introduire des notions (très simplistes) qu’elle était en capacité de saisir, des formulations langagières aptes à situer les événements dans l’écoulement temporel : avant la suspension d’un an, d’une part, entre la suspension d’un an et celle de 4 ans, d’autre part. Ainsi que, plus tard, une troisième période, celle d’après la sanction de 4 ans. Une situation ubuesque !

Pour toute la période comprise entre le 3 février 2016 et fin février 2017, Samira Messad ne dispose que d’un seul document : une photocopie de la décision de la commission d’appel. Une photocopie qui lui a été remise, par……. la ligue d’athlétisme de la wilaya de Bejaïa, le…. 27 février 2017.

Cette photocopie (quasiment illisible) est celle d’un fax transmis par le DTN de la FAA pour clarifier la situation de Samira Messad par rapport à une décision prise par la fédération. Une décision dont elle n’avait pas connaissance. Une décision qui l’a mise dans tous ses états. La sanction d’une année dont elle avait connaissance avait été aggravée et portée à 4 années. A son insu !


La réunion du bureau fédéral du 03 avril 2017 s’est tenue quelques 30 jours après la réception par Samira Messad du procès-verbal de la commission d’appel de la CNAD et l’interpellation par elle du premier vice-président de la FAA, qui, pour son bonheur, est membre du bureau de la ligue de Bejaia. 

lundi 13 novembre 2017

Samira Messad (87), Ignorance ou fourberie de la FAA

L’idée d’un cloisonnement de la fédération, que certains voudraient rendre perceptible,  est la conclusion du cheminement intellectuel qui accompagne la lecture du procès-verbal n°07/17 ayant sanctionné la première réunion de l’actuel bureau fédéral. Cette réunion s’est déroulée le 03 avril 2017.

Le dossier Samira Messad est censé être définitivement clos depuis plus d’une année. Depuis au plus tard le 3 du mois de février 2016 marqué par la réception de la sanction, prononcée par la CNAD, par la ligue d’athlétisme de la wilaya de Bejaïa. C’est le dernier repère chronologique mis à notre disposition.

Deux membres du bureau fédéral élu au début de l’année 2017, siégeant lors cette réunion du 3 avril 2017, étaient membres du précédent bureau.

Abdelhakim Dib est l’un d’eux. L’actuel président de la fédération fut 1er vice-président du précédent bureau fédéral. Il occupait également la fonction de président de la commission des affaires juridiques. Accessoirement, il a été le candidat malheureux à la présidence du comité olympique algérien. Celui qui, après avoir félicité publiquement l’heureux élu, porta, dès le lendemain, la charge contre le vainqueur des élections maintenant contesté par les grands électeurs sportifs et les autorités.

Ahmim Saïd, actuellement 2ème vice-président en charge de la  commission médicale, était seulement membre du précédent bureau. Il était chargé d’une mission celle du développement de l’athlétisme dans le Sud. Il a été l’entraîneur des frères Touil, deux jeunes talents du demi-fond qui, comme tant d’autres, se sont essoufflés.

Notons aussi qu’Ahmim a été un temps candidat à la présidence de la fédération avant de se désister et de se rabattre sur le bureau.  Pour lui, le désistement était une solution préférable à l’élimination impitoyable par les censeurs fédéraux et ministériels.  

Ces deux anciens dirigeants fédéraux ont obtenu la confiance de l’Assemblée Générale Extraordinaire de la fédération d’athlétisme pour faire partie, à nouveau, du bureau fédéral.

La lecture du procès-verbal de la réunion du BF du 3 avril 2017 est éloquente et enrichissante. Elle montre, à travers l’une des résolutions prises, un retournement de situation auquel on est loin de s’attendre. La preuve, s’il en est, que l’objectivité n’a pas toujours été à l’œuvre à la fédération.

La démonstration de la subjectivité se trouve dans le passage que nous reproduisons : « Il a été  demandé d’effectuer une investigation pour connaitre la vérité sur ce cas de dopage et les sanctions prononcées à l’encontre de l’athlète ».

Il faut comprendre par-là que l’institution fédérale élue ne connait pas la vérité. Une explication peut être trouvée à ce fait. Dès son élection, le président Dib l’a décapitée en écartant trois cadres permanents. Trois directeurs (le DTN, le DOS et le DDF), responsables de trois directions importantes : la direction technique, l’organisation sportive et le développement et formation. Nommés par le ministre. Partis du jour au lendemain !

Le plus marquant et insolite se situe dans la formulation usitée dans le passage du procès-verbal. Elle laisse croire que les membres du bureau fédéral n’auraient pas été tenus informés des suites du « Cas de Messad Samira ». Ce qui pour la majorité des membres est véridique car nouvellement élus. Ils sont montés dans un train en marche, à grande vitesse.

Toutefois, cette interprétation ne peut s’appliquer à messieurs Dib et Ahmim. Et à quelques autres d’ailleurs. En particulier, ceux approchés, les jours précédant cette réunion, par une Samira Messad révoltée.

Quant à Dib et Ahmim, les seuls élus rescapés, ils avaient assisté à la réunion du 12 janvier 2016 qui décida de faire recours à la sanction prononcée à l’encontre de Samira Messad par la commission de discipline (commission d’audition et de décision). Ils sont sensés connaitre les tenants et aboutissants, les motivations à l’origine du recours formulé. Sauf…. s’ils n’étaient que des spectateurs. Ils étaient également informés du sort de l’athlète. Au moins par les peu nombreux articles de presse publiés à l’époque.  


Reconnaissons que la formulation (d’une meilleure qualité que celles des procès-verbaux de la fin du mandat précédent) est des plus ambigües, puisque l’on évoque la recherche de la vérité sur le cas de dopage et sur les sanctions prononcées. Notons également que l’on découvre, par hasard, non pas une sanction mais des sanctions. 

dimanche 12 novembre 2017

Amina Bettiche, L'athlète paumée

Amina Bettiche, recordwoman d’Algérie du 3000 mètres steeple, défraye la chronique.  Elle n’a rien fait de particulier dans son domaine de prédilection si ce n’est d’avoir couru le 5 novembre dernier à Laâyoune, en territoires sahraouis occupés. Et de s’y être classée à la seconde place. Une participation dérangeante à plus d’un titre car dérogeant aux crédos diplomatique et politique nationaux.
Les commentaires de cette information publiée dans la presse généraliste et reprises par de nombreux sites enflamment la Toile et alimentent les chroniques créant un champ tensionnel supplémentaire entre les partisans stricts de la doctrine politique actuelle et les adversaires de la mise à l’écart et du boycott des activités du Royaume du Maroc organisés dans ces territoires et par conséquent postulant au retour de relations harmonisées entre les deux pays.
Nous rappellerons que Bettiche, en 2014, au meeting de Marrakech, avait battu le record national du 3 000 m steeple. C’était lors d’une compétition à laquelle avait pris part les athlètes Hichem Bouchicha, Abdelhamid Zerif (3000 mètres steeple), Yassine Hathat (800 mètre) et Imad Touil (1500m).
Cette information postule seulement qu’il ne fait aucun doute que le fondement de la polémique est la participation à Laâyoune et non pas la présence d’athlètes algériens aux meetings marocains ou aux stages de préparation à Ifrane, entrés dans les mœurs de l’athlétisme national depuis des années.
Kamel Benmissi, ancien président de la fédération algérienne d’athlétisme, a vu dans Amina Bettiche « une athlète pommée ». Une expression langagière qui, au premier abord, renvoie à la perte de connaissance de l’athlète qui serait ainsi « tombée dans les pommes », à une défaillance avant tout physiologique. Ce qui n’est certainement le sens à considérer présentement.
Ce qui semble une incorrection orthographique est sémantiquement proche d’une autre expression populaire, orthographiée autrement. Amina Bettiche est « paumée ». Elle est perdue, désemparée. On pourrait ajouter, pour rester dans le champ idéologique présent,  « égarée ». Le psychologique  prend le dessus sur l’organique.
Mais, qui est Amina Bettiche ? C’est une athlète, qui comme tant d’autres, a pu percer malgré toutes les entraves qui se dressent devant un athlète algérien. Que dire alors d’une athlète en butte à tant de tabous ?
Amina Bettiche n’est pas une internationale de tout premier plan. Même si de nombreux la voit postuler à mieux, en raison d’un record personnel et national établis à 9.25.90 (lors des Jeux islamiques de Bakou) se rapprochant des meilleures performances mondiales du 3 000 mètres steeple. Un chrono qui lui offrit en 2017 la 25ème  place mondiale. Et par la règle des quotas, une place en finale des championnats du monde et des jeux olympiques. Malheureusement, comme d’athlètes algériens, elle fléchit dans les grandes compétitions mondiales donnant ainsi de la consistance à une stratégie qui aurait été mise en place dans certaines sphères.
Amina Bettiche est paumée depuis la fin de la saison 2014-2015. Depuis que, suite à une saison qualifiée, le 09 avril 2015, de « difficile » par le site de la FAA, elle a quitté celui qui fut son entraîneur, Mohamed Salem. Toujours selon le même site, Amina Bettiche aurait perdu ses repères, « n'avait à aucun moment retrouvé ses marques ».
En 2016, du moins la FAA l’affirme, elle voulait « revenir en force et se qualifier aux championnats d'Afrique et aux J.O ». Un objectif qui ne sera pas atteint car elle ne participa pas aux championnats d’Afrique et qu’elle fut éliminée très tôt aux JO.
Le site de la FAA indique que l’athlète sans entraîneur avait sollicité un stage de longue durée qui fut entamé au mois de février 2016 « sous la houlette de l’entraîneur Djamaa qui avait déjà pris en charge Makhloufi ».
L’entraineur Amar Benida, qui la chaperonna, si l’on peut le dire, pendant quelques temps, est rentré plus tôt que la spécialiste du 3 000 m steeple. Celle-ci aurait bénéficié, à sa demande acceptée par la CPO, d’une prolongation. Benida déclara au site fédéral que « Bettiche travaille d'arrache-pied pour pouvoir retrouver son niveau ».
Amar Benida précisait également que "Amina travaille beaucoup et durement avec un programme foncier spécifique" ».
Un peu plus tard, le 15 mai 2016, on apprendra par presse interposée que la « meilleure Algérienne sur 3000m steeple » (9:29.20, record national à l’époque), devait partir le 20 mai à destination de Barcelone « pour effectuer un stage de préparation en vue des prochains meetings en Europe ». Cette information reprise d’une dépêche de l’agence nationale de presse (APS) révélait qu’elle «  essayera de réaliser les minima pour les Jeux Olympiques de Rio ».
L’article nous apprend aussi qu’Amina  Bettiche était rentrée d’Ethiopie du stage éthiopien le 24 avril (15 jours après la publication du site fédéral), après avoir bénéficié d'un stage de 75 jours. En attendant le départ pour Barcelone, l'athlète se préparait à Bordj Bou Arreridj « sous la houlette de son nouvel entraîneur, Djama ». Plus exactement, devrait-on dire, sous la direction par correspondance (ou d’un programme d’entraînement remis avant son départ d’Ethiopie) d’Aden Jama. Selon les enquêteurs de l’IAAF ayant décrit l’organisation du groupe d’entraînement de l’entraîneur somalo-britannique, les athlètes comme Amina Bettiche font partie d’un troisième cercle.
C’est au cours de ce stage barcelonais qu’eut lieu « la descente » de la police et des services de douanes catalans sur l’hôtel où étaient les athlètes formant le groupe d’entraînement. Par un curieux hasard, la liste des athlètes autorisés à s’entraîner sur le stade de Sabadell sous la coupe des frères Jama, publiée par un site catalan « El Confidencial », comporte deux athlètes algériens (Hathat et Belferrar). Alors que Bettiche en est absente.
 Amina Bettiche, déclarait (avant de partir pour la Catalogne) que son objectif était de « retrouver mon meilleur niveau avant de viser un bon résultat lors des prochaines échéances». Pour cela, son programme incluait son retour à la compétition le 16 juin, lors du meeting de Stockholm (Suède), avant d'enchaîner par trois autres compétitions, en Scandinavie, toujours en quête des minima pour les JO de Rio. 
On sait maintenant que sa quête ne fut pas récompensée à la mesure de ses efforts.
Le récit que nous avons proposé pèche par beaucoup de lacunes. Les combler demande des recherches complémentaires.
Des questions doivent être posées et des réponses doivent être trouvées.
Pourquoi a-t-on refusé (un an plus tôt) à Toufik Makhloufi de partir seul (avec un groupe composés de sparring-partners et un kiné) aux Etats-Unis et en voulant lui imposer un entraîneur ? Pourquoi Bettiche était-elle restée seule en Ethiopie après le retour du groupe d’athlètes algériens (Hathat, Belferrar et Abdenouz) et du chef de la délégation, l’entraîneur Benida ? On invoquera sans doute des dispositions administratives et financières.
Pourquoi Bettiche ne figure-t-elle pas sur la liste des athlètes entraînés par Jama en mai-juin 2016 à Sabadell? Comment a été organisée sa campagne de meetings scandinaves ?
Au début du mois de mai 2017, un « Cas Bettiche Amina » est signalé au cours de la secondé réunion du nouveau bureau fédéral. Amina Bettiche n’en ferait qu’à sa tête.
Abdelkrim Sadou, le Directeur Technique National, nommé par le président à la place de Boubrit, informe les membres du bureau que l’athlète Amina Bettiche a raté deux contrôles anti-dopage et qu’elle avait quitté le stage  de demi-fond organisé à Sétif sans avertir les responsables.
Puis, qu’elle se serait rendue à Ifrane au Maroc de son propre chef. Il est de notoriété publique qu’Ifrane est un des hauts lieux de la préparation en altitude. Ce lieu est aussi connu pour avoir abrité beaucoup d’athlètes marocains contrôlés positifs. Cette remarque a aussi été opposée aux responsables du MCA dont les athlètes y avaient élus domicile. Amina Bettiche est sociétaire du Groupement Sportif des Pétroliers, une association sportive omnisport née de la séparation du football d’avec les autres disciplines sportives.
Le DTN, ainsi que cela est inscrit dans le procès-verbal n°02/2017 de la réunion tenue le 03 mai 2017, a  proposé de convoquer l’athlète et les responsables de son club pour plus d’informations.
Depuis aucun PV de réunion, permettant de connaître les suites réservées à cette affaire, ne figure sur le site de la FAA qui ne publie que le PV n°03/17 de la réunion du 30 mai 2017.
Si ce n’est que ce même PV n° 03 informe qu’Amina Bettiche a accompli des performances « acceptables » aux jeux de la solidarité islamique de Bakou (record national) dans un contexte très délicat à appréhender sur une base de suspicions de dopage, celui des « no shows » et du partenariat avec Aden Jama et d’autres entraîneurs.


mercredi 8 novembre 2017

Samira Messad (86), La demande d’investigations du BF

Le délai supplémentaire qu’octroie la réglementation à la fédération constitue indéniablement un gain de temps pour faire appel devant le comité d’appel antidopage national. Ce délai prend effet à compter de la réception du dossier. Le délai minimal d’appel initialement de 36 jours est à augmenter des délais de courrier (transmission de la notification de sanction et transmission du dossier complet). 

De toute évidence, la fédération d’athlétisme n’a pas exploité les possibilités normales qui lui étaient offertes par la réglementation.

Cependant, nous devons modérer notre propos en observant que des informations non vérifiées indiquent que la FAA aurait préféré utiliser d’autres voies, plus souterraines, sous le sceau de l’invisibilité formelle et de l’intraçabilité. Elle aurait pris attache avec l’IAAF et/ou l’AMA pour agir en ses lieux et place. Pour ce faire, elle aurait délégué un représentant et aurait  adressé le dossier complet de l’affaire.

Remarquons que l’hypothèse d’un appel de l’IAAF est à écarter. La fédération internationale est également piégée par l’inertie comme le fut la fédération algérienne d’athlétisme. La fédération internationale, comme la fédération nationale, est astreinte aux mêmes délais d’appel.

Dans ce genre de situation qui n’aurait pas vu les différents appelants prévus par le code - la FAA étant en première ligne car il s’agit d’une athlète de niveau national qui a priori ne fait pas partie des préoccupations majeures et prioritaires de l’IAAF - faire usage de ce droit, et donc être, si l’on peut le dire ainsi, défaillants, l’AMA peut se pourvoir en appel après la date limite définie plus haut (36 jours après la notification de la sanction).

Le code national prévoit que l’AMA dispose d’une dérogation de 21 jours supplémentaires s’ajoutant à ces 36 jours décomptés d’une part ou de 21 autres jours après la réception par elle du dossier complet relatif à l’affaire, d’autre part.

L’appel étant daté du 15 février 2016 et ayant été admis dans la forme par la CNAD nous devons considérer que c’est la seconde hypothèse qui est à prendre en compte. L’hypothèse la plus défavorable mène au 1er février 2016.

L’AMA ayant théoriquement un accès direct à Adams (c’est à dire à l’ensemble des résultats des analyses subies par un athlète et au compte-rendu de résultats d’analyse anormal établi par le laboratoire de Châtenay-Malabris) nous devons supposer que les  documents potentiellement manquants sont le procès-verbal de la commission de discipline de la CNAD expliquant l’atténuation de la sanction comparativement à la sanction prescrite par le code et la décision proprement dite. Deux documents censés avoir été transmis automatiquement par la CNAD.

Nous devons supposer, dans un premier temps, que l’AMA, tout comme l’IAAF, n’a pas accordé à la décision de la CNAD plus d’intérêt que le cas le méritait. Quoiqu’on puisse en dire, Samira Messad n’est qu’une athlète de niveau mineur dans la galaxie des athlètes internationaux sur laquelle les deux instances mondiales se penchent habituellement.

D’autant que, malgré toutes les anomalies que nous y avons décelées et recensées, le procès-verbal de la commission d’audition et de décision de la CNAD explique sans aucune ambiguïté, les motivations de la décision prononcée. Ces explications semblent être recevables dans la forme.

Il y a lieu bien sûr d’envisager que la politique de l’AMA soit de faire systématiquement recours (devant la commission d’appel de l’agence nationale de lutte contre le dopage) de toute sanction qui ne serait pas celle prescrite par le code et les annexes. Ou qu’elle ait été incitée à le faire par la réception du dossier reçu de la fédération algérienne.

La construction intellectuelle qui est la nôtre, en l’absence totale d’informations certifiées,  s’appuie sur le fait (outre la rumeur) que la fédération est une véritable maison hantée par des fantômes, membres de la famille Adams (le hasard pour une fois fait bien les choses) traversant les murs, portes et fenêtres, emportant avec eux des informations essentielles.

La fédération vit en vase clos. Le cloisonnement des activités semble avoir été hérité des pratiques révolutionnaires. Le cas Messad l’illustre parfaitement ou pourrait en être l’illustration.


Un cloisonnement qui pourtant n’existe plus depuis que le DTN fait également fonction de secrétaire général. La séparation des tâches et des pouvoirs n’est plus qu’organique. Les deux structures sont placées provisoirement sous la tutelle d’un seul et unique responsable, le DTN.

mardi 7 novembre 2017

Samira Messad (85), La FAA n’a pas fait appel

Les quelques centaines de mètres séparant la CNAD de la FAA n’ont pas, selon nous, allongé outre mesure le délai de distribution du courrier.

L’article 13.7.2 du code national antidoping, portant sur les « Appels en vertu de l’article 13.2.2 » relatifs aux sanctions prononcées par la CNAD à l’encontre d’athlètes de niveau national prévoit, que le  « délai pour  déposer un appel devant le comité d’appel antidopage national sera de vingt et un jours à compter de la date de la réception de la décision par la partie appelante ».

La fédération algérienne d’athlétisme fait partie des parties appelantes. Elle a marqué sa volonté de faire appel lors de sa réunion du 12 janvier. Nous conviendrons que, en considération de cet article 13.7.2, les délais prescrits pour que la fédération fasse appel sont incontestablement dépassés de quelques jours.

Pire, cette situation montre l’incompétence flagrante sur le sujet du dopage. Reconnaissons qu’elle n’a jamais rencontré ce genre de situation. A l’exception de deux membres de ses membres. Le président de la fédération et le DTN sont en effet sensés disposés d’une expérience sur le sujet ou du moins d’avoir procédé antérieurement à une exploration documentaire de la question.

Dans leurs vécus respectifs, nous trouvons une relation pratique avec la question. Le président a connu les désagréments causés par la « mésaventure » de sa fille et sans doute sur les moyens de trouver une issue favorable à l’intérêt paternel.

Le DTN, quant à lui, même s’il n’était pas directement concerné par le sujet, aurait dû être motivé, en tant que responsable de la super-élite,  par le questionnement simplement intellectuel né des circonstances auquel il fut certainement confronté par le cas des trois athlètes internationaux contrôlés positifs en 2012 : Réda Megdoud, Zahra Bouras et Larbi Bouraâda. En tant que cadre permanent de la fédération, nous pensons que ne serait-ce qu’en termes de conduite à tenir, de positionnement à assumer par l’instance nationale vis-à-vis des autres intervenants (athlètes, IAAF, AMA), il aurait dû être interpellé.

Nous ajouterons à ce duo formé par le président alors en exercice de la FAA et l’ex- DTN, celui qui était alors le premier vice-président du bureau fédéral, détenteur également de la qualité de président de la commission des affaires juridiques, normalement consulté sur une situation nouvelle, l’actuel président élu de la fédération, Abdelhakim Dib.

En toute transparence (officiellement, pourrait-on dire), la fédération algérienne d’athlétisme n’a pas fait appel de la décision.

La CNAD, dans la décision que prendra plus tard la commission  d’appel, ne marque pas la trace d’un recours formulé par la FAA. C’est un autre organisme, l’agence mondiale antidopage (AMA) qui est l’appelant. C’est l’AMA qui a réagi. Pas la FAA.

Pourtant, selon le code national de la lutte contre le dopage, la fédération est une des parties habilitées à faire appel. Le code national la positionne au premier rang, juste après le sportif sanctionné. Il considère la fédération comme étant la première organisation attachée par la préservation de sa réputation et de celle des athlètes qui l’on représentés dignement en championnats du monde ou aux jeux olympiques.

On sait par ailleurs que cette réputation a été ternie à la fois par les trois cas de dopage enregistrés (dont celui remarquable de la fille du président) au printemps 2012 et par la mise en garde qui lui aurait été adressée par la fédération internationale d’athlétisme. Le cas Samira Messad était une opportunité de redorer son blason.

Nous allons considérer, pour nous permettre d’allonger le délai d’appel, que la fédération algérienne d’athlétisme « n’était pas partie aux procédures ayant mené à la décision visée par l’appel ».

A ce titre, un suivi administratif simplement correct du dossier Samira Messad lui permettait de demander à la CNAD, dans les 15 jours ayant suivi la notification de la décision de sanction, une copie du dossier sur lequel la commission de discipline a basé sa décision.

La formulation de cette demande, dans le délai normal de 15 jours, ci-dessus indiqué, après réception de la notification de la sanction, a pour conséquence principale, dans le cadre de notre préoccupation présente, de faire bénéficier la FAA d’un délai supplémentaire de 21 jours.  


lundi 6 novembre 2017

Samira Messad (84): Délais d’appel dépassés

Réda Abdenouz (finaliste du 800 mètres des jeux olympiques de Barcelone 1992, entraîneur au Qatar) et son fils Ramzi (lui aussi coureur de 800 à la notoriété moins établie que celle de son père) furent victimes des écarts de langage du DTN.

Ce dernier n’aurait pas apprécié que Réda Abdenouz (avec qui les relations s’étaient détériorées lorsque Réda avait quitté le poste qu’il occupait à la DTN) affirma qu’il avait financé de ses propres deniers, le stage de son fils Ramzi sur les hauteurs de la Corne de l’Afrique.

Nous devons comprendre que du point de vue du DTN, l’information publiée, bien que véridique, était déplacée, dérangeante. Ramzi Abdenouz était partie en même temps que les athlètes du groupe constitué autour d’Amar Benida. Le stage de ce groupe d’athlètes était financé par la CPO. Il n’y a rien à redire à cela puisque cela fait partie des règles subjectives du jeu. La discrimination par l’argent et par la proximité. Réda Abdenouz côtoyait, au Qatar, le grand chef très controversé du groupe d’entraînement dont les athlètes algériens faisaient partie, Aden Jama. 

Aussi, devons-nous supposer que les conditions de la présence de Ramzi ne devaient pas être connues. L’effort financier consenti par Réda en faveur de Ramzi, son fils, aurait égratigné, l’image de la fédération. Cela ne devait pas se savoir. La loi du silence sur la gestion sur la base du « deux poids et deux mesures »  était, encore une fois, à l’œuvre.

Outre ces dérapages langagiers, dont plus tard Samira Messad aurait été une autre victime, Boubrit refusa la délivrance d’une attestation d’athlète sollicitée (après son retour de stage) par Ramzi Abdenouz en vue d’obtenir un visa Schengen devant lui faciliter la participation à des compétitions en Europe. Tandis que, dit-on,  dans une autre direction, la fédération les fabriquait en quantité industrielle y compris en faveur de non-sportifs.

Nous pouvons dire que fin 2015, et pendant toute l’année 2016, la fédération algérienne d’athlétisme est débordée tant par les polémiques et les coups bas portés par tous les protagonistes que la préparation olympique brinquebalante. La lecture des procès-verbaux des réunions du bureau fédéral de cette année-là est révélatrice du malaise qui y règne.

Pas de chance pour Samira Messad. Son dossier est classé, mis aux oubliettes par la FAA pendant que son affaire est minée on ne sait trop par qui, ni pourquoi.

Nous avons vu que la fédération se réveilla de son inertie début janvier 2016. Lors de la réunion du 12 janvier du bureau fédéral.

A cette réunion, six membres (sur douze) étaient absents. Parmi les absences les plus notables, celles de deux (des trois) vice-présidents : Nouria Benida-Merah, la championne olympique du 1500 mètres des jeux de Sidney, et Adli Abdelaziz, qui fut le chef de la délégation partie aux championnats du monde de Moscou 2013 revenue avec un stock de produits pharmaceutiques. Le secrétaire général, Rezki Azaoun, également.

C’est au cours de cette réunion, ayant eu lieu à Zeralda, qu’il fut décidé de faire appel de la décision prononcée par la CNAD. Ce qui est indéniablement du droit de la FAA.
Le 6 décembre 2015, date d’enregistrement de la notification de la décision de suspension de 12 mois reçue le 3 février 2016 par la ligue de wilaya de Bejaïa, Samira Messad change de statut. Elle devient officiellement une « athlète dopée » et suspendue de toute activité liée à la pratique athlétique et sportive.
Entre le 06 décembre 2015, date d’officialisation de la sanction, et le 12 janvier 2016, 36 jours se sont écoulés. La date de réception de cette décision par la fédération n’est certes pas connue. Et, nous ne l’avons pas particulièrement cherchée.


Le DTN a connu la notification de résultat d’analyse anormal trois jours environ après son envoi par la CNAD. Ahmed Boubrit était alors à Pékin où se disputaient les championnats du monde 2015 d’athlétisme précédés par le congrès de l’IAAF. Le président Bouras et Boubrit y étaient candidats à une fonction dans les instances internationales. Malgré ses préoccupations de responsable technique de la fédération et de candidat déçu, le DTN eut accès à l’information et put en parler à une chaîne de télé.