mardi 30 mai 2017

Samira Messad (19) Multiplement responsable

La conséquence de l’alinéa 2.1.1 est que la violation des règles antidopage est établie sans qu’il ne soit « nécessaire de faire la preuve de l’intention, de la faute, de la négligence ou de l’usage conscient de la part du sportif ». La preuve est contenue dans les résultats des analyses. Dans l’organisme du sportif dévoilant la responsabilité.
De fait, par la simple et automatique application de cette disposition, Samira Messad est fautive. En réalité, elle l’est à  double titre. Elle ne sait pas (ou elle n’est pas consciente de l’enchainement qui va la conduire dans la situation dans laquelle elle se trouve actuellement) que l’alinéa 2.1.2 (dont elle n’a pas connaissance) augmente le niveau de sa responsabilité en faisant du renoncement à l’analyse de l’échantillon B  quasiment un aveu. Plus exactement la reconnaissance d’une faute, d’une infraction à la règle.
En effet, cet alinéa 2.1.2 stipule que (en plus des dispositions prévues en vertu de l’article 2.1) la violation d’une règle antidopage est également (nous sommes tentés de dire mécaniquement ou irrémédiablement) établie dans le cas où la présence d’une substance interdite ou de ses métabolites ou marqueurs a été décelée dans l’échantillon A du sportif et…. que le sportif renonce au droit accordé par les dispositions réglementaires à faire procéder (à titre contradictoire) à l’analyse de l’échantillon B.
De facto, le renoncement du sportif à ce droit fait que l’échantillon B n’est pas analysé et que les résultats de l’analyse de l’échantillon A sont confirmés ou plus exactement maintenus en l’état. En outre, cette renonciation a pour effet de se draper dans une posture d’acceptation, de reconnaissance du résultat de l’échantillon A.
Renoncer à faire analyser l’échantillon B est en soi un acte d’empêchement à confirmation (ou à infirmation) du résultat initial. Au bout du compte, l’athlète reconnait implicitement (selon le point de vue développé par la CNAD, les autres agences nationales de lutte contre le dopage à la suite de l’AMA) qu’il était dopé, qu’il a enfreint les règles.
Nous appuyant sur les préceptes des religions monothéistes proche-orientales que nous connaissons, l’AMA, considérant qu’une « faute avouée est à moitié pardonnée », dispose donc d’un système de pénitences salvatrices.
En nous penchant sur le cas de Samira Messad, nous devons aussi avoir à l’esprit le ressenti d’une athlète (placée dans la même situation que cette athlète), pratiquant une discipline sportive dans un pays émergent, lorsqu’elle est confrontée au statut de la science (et de ses représentants emblématiques que sont les médecins, les pharmaciens, les biologistes et autres porteurs de blouses blanches) dont il lui est difficile (impossible ?) de contester le savoir et la puissance sociale qui en découle et à laquelle, dans sa faiblesse cognitive et de la succession d’échecs multiformes, elle ne peut guère s’opposer.  
Dans le portrait que nous avons précédemment dépeint, nous avons mis en exergue que Samira Messad fait partie de ces milliers athlètes démunis, ignorés par le système ne se penchant que sur une élite numériquement extrêmement limitée, ceux et celles auxquels le système algérien de la performance n’accorde que peu d’attention.

Orpheline de père, vivant avec une mère malade et un frère aîné livré lui aussi à la précarité sociale, se mouvant dans un milieu familial animé par les traditions agnatiques faisant le lit à l’intention d’accaparement du peu de biens légués par le défunt chef de famille, elle est quasiment sans ressources financières si ce n’est les modestes subsides qui lui ont été accordés par les clubs au sein desquels elle a été signataire. Dans des déclarations le plus souvent rageuses, à fleur de peau, elle admet son statut de sportive de second plan dans une formule dont la traduction approximative donne : « Pourquoi me doperai-je ? Je n’irai jamais aux jeux olympiques ou aux championnats du monde qui sont l’ambition suprême d’un athlète !».

dimanche 28 mai 2017

« L’évolution sémiologique et fonctionnelle de la relation presse-football »

Je partage ci-dessous le texte de la communication rédigée pour le compte d’une journée d’études organisée par l’EN/STS (ex-ISTS), dans le cadre des CPUS (Carrefours universitaires et professionnels du sport). La thématique retenue pour cette rencontre du 23 mai 2017 portait sur la relation médias-football.  
La communication a été présentée par la direction du quotidien « Le Géant Sportif ».

« L’évolution sémiologique et fonctionnelle de la relation presse-football »

Depuis que la presse algérienne est née, le football, est (il ne faut pas se voiler la face) un de ses thèmes favoris. Un de ceux qui, plus que tous les autres, en font sa richesse économique. A tel titre qu’il fut qualifié un temps d’ « opium du peuple » dans ce qui se voulait une parodie de la célèbre citation de Karl Marx.
Avant la proclamation de l’indépendance, l’équipe du FLN y avait déjà sa place en tant qu’élément fort de résilience, en tant que vecteur du discours révolutionnaire, en tant que discours ou symbole fédérateur porté par la presse  nationaliste indépendantiste.
Depuis lors, le football est un espace informationnel aussi important que les thématiques politiques et économiques. Ces dernières années, en des circonstances particulières, il les a même supplantés. Lorsqu’il n’est pas devenu lui-même un sujet de politique politicienne telle qu’elle se vit dans les cafés. Rappelons-nous comment le traitement des matchs entre les équipes nationales algérienne et égyptienne joués au Caire puis à Oum Dourmane fut traité et a permis le franchissement de la mise en page traditionnellement  cloisonnée et rigide.
Sur le plan historique, on constate que la relation entre la presse et le football a connu une évolution liée au contexte politique et idéologique marqué indéniablement par le passage de l’unicité du discours à la pluralité discursive. Par une évolution déclarative du système de gouvernance. Un passage qui est aussi celui qui permet de franchir la frontière entre le parti unique et le pluralisme politique.
Un changement idéologique qui autorisa l’arrivée de ce que l’on a appelé la « presse indépendante » (du pouvoir) ou la « presse privée ». Deux notions qui mériteraient que l’on s’y arrête (dans un autre cadre que celui-ci) pour les définir et expliciter les sémantiques dont ces deux concepts sont historiquement porteuses. Comparativement à leur socle fondateur, la « presse publique ».
Le lien ombilical unissant ces deux presses (la presse indépendante est née de la presse publique) n’a pas facilité l’apport de changements majeurs (si ce n’est dans la gouvernance de l’entreprise de presse et le traitement de l’information), en conservant de fait les fonctions classiques connues des médias (information, pédagogie, catharsis et résilience) qui restent présentes.
Le changement s’est fait au plan de la priorisation des fonctions accordées aux médias et dans le bouleversement de la hiérarchie académiquement répertoriée.
L’analyse du contenu de la presse sportive d’expression française actuelle (relevant du secteur de la presse privée) montre qu’elle a bouleversé la hiérarchie des fonctions en donnant la prévalence à la fonction cathartique par rapport aux fonctions informationnelle et pédagogique privilégiées par la presse sportive du secteur public d’hier et se poursuivant dans les rubriques sportives des titres généralistes de ce secteur perdurant.
La relation de l’événement footballistique dans cette presse a toujours possédé un contenu à tendance pédagogique. L’action sportive (au sens large du terme) est porteuse d’un contenu explicatif et devant être expliqué.
La presse sportive du secteur privé est aujourd’hui dominante sur les étals des buralistes. La fonction « formation » ou « pédagogie » qui fut essentielle (car en phase avec le discours politique d’antan) est reléguée au second plan. Elle été supplantée par la primauté donnée à la fonction cathartique.
Cette fonction de « catharsis » (une forme de soupape de sureté permettant l’expression libre et souvent outrancière de ce qui ne peut être exprimé et qui devient une libération de la parole individuelle) qui, par le passé, fut résiduelle (dans la forme présente), nous serions tentés d’écrire presque anecdotique (tout en étant permanente dans le discours journalistique par le jeu sémantique subtil de la connotation, par des discours journalistiques allusifs en porte-à-faux avec les discours dominants) est la marque de fabrique de la presse sportive.
S’appuyant sur le fait sportif indéniable (celui matérialisé par une rencontre sportive, les circonstances de déroulement, les à-côtés, etc. ainsi que par les enjeux économiques, financiers, commerciaux, de pouvoir souvent personnels généralement imperceptibles aux yeux des non-initiés), elle offre un espace en apparence non régulé aux sportifs de différents statuts (athlètes, entraîneurs, dirigeants, supporters-spectateurs) qui bénéficient ainsi à moindre coût de la possibilité de s’exprimer et de porter à la connaissance de qui de droit (les autorités publique locales ou nationales ou la masse des supporters hissée au statut de décideurs alors qu’elle n’est qu’un levier utilisé par les Archimède du mouvement sportif) des préoccupations « mineures », dans le contexte général vécu par la population en situation de précarité mais primordiales dans un microcosme sportif se limitant le plus souvent au cercle restreint qu’est un groupement de sportifs (associations sportives ou autres organisations sectorielles telles que les ligues, les fédérations, etc.).
Au bout du compte, cette évolution, formée sur une durée de trois ou quatre décennies, s’est alignée sur l’ambiance générale. La démocratisation de la vie sociale s’est accompagnée d’une démocratisation de l’univers sportif. Le professionnalisme à visage libéral a remplacé le professionnalisme étatique. La presse instrument des appareils de l’Etat  a laissé place à une presse instrument d’intérêts certes éparpillés mais détenus par une oligarchie en mal de reconnaissance sociale ayant pour cible (ou moteur de promotion) l’activité sportive imprégnant le plus les esprits.
Alors que la presse sportive publique était un élément d’incitation à la réflexion des décideurs politiques locaux et nationaux, la presse sportive actuelle se retrouve dans les oripeaux de rouages d’un instrument de pression sur les pouvoirs économiques en action dans les micro-organisations que sont les associations sportives. En vue d’une prise de pouvoir sectorielle.
Le quatrième pouvoir spirituel et virtuel qu’elle fut avec la presse sportive publique s’est transformé en un quatrième pouvoir agissant dans les sphères basiques, influençant le comportement des parties en présence souvent antinomiques dans leurs buts et leurs fonctionnements.
Les ressorts de la confection des médias ont été grosso modo conservés en dépit de moyens technologiques modernes. Si ce n’est que la collecte de l’information ne se fait plus sur les principes en vigueur hier et avant-hier sublimant des leaders d’opinion au vécu sportif établi.
Une analyse sémiologique quantitative montrera plus que cet exposé qu’une priorité insidieuse (démontrant par ailleurs l’économie générale de la confection de beaucoup de médias), outre la peopolisation ambiante, est accordée à une génération de sportifs sans aucun palmarès, souvent inconnus, y compris quelques fois de leurs entraineurs et de leurs dirigeants qui ne les ont pas encore portés au premier rang, attendant leur arrivée à maturité.

Ces jeunes sportifs mis en avant par la presse forment des régiments prenant les apparences de starlettes du sport ne disposant pas toujours des appâts (talents) évidents qu’exhibent les starlettes du 7ème art déambulant sur la Croisette. Des jeunots que l’on fait mousser pour le bonheur  des tireurs de ficelles. 

Samira Messad (18) L’intention de tricher

Ainsi que nous l’avons  vu tout concourt pour que la sanction maximale soit de deux ans. En fait, pour qu’elle soit comprise entre une réprimande et une sanction de deux ans. Ceci explique certainement pourquoi la sanction prononcée par le comité à été une suspension de 12 mois.
La notion d’acte intentionnel  ou de tricherie concerne évidemment le sportif qui «  a manifestement ignoré ce risque ». C’est cette notion d’ « intention » qui permet la distinction entre ceux qui savaient que leurs actes sont une violation des règles et ceux qui ne savaient pas. Autrement dit, elle permettrait donc d’établir une subtile distinction entre les tricheurs et les autres qui (selon les situations) seraient soit des naïfs soit des ignorants,  pour ne pas dire autre chose. 
Selon cet article 10.2, une violation des règles antidopage  résultant d’ « un résultat d’analyse anormal », suite à la présence d’une substance interdite seulement en compétition, sera présumée ne pas être « intentionnelle » si la substance est « une substance spécifiée » et que le sportif peut établir que la substance interdite a été utilisée  hors compétition dans un contexte sans rapport avec la performance sportive.
Dans le deuxième temps du processus de la détermination de la sanction qui sera prononcée, et dans l’éventualité où la sanction basique prévoit un éventail de peines, l’instance d’audition doit déterminer parmi cette gamme la condamnation applicable en fonction du degré de la faute du sportif.  
Au cours du troisième moment ou étape de la prise de décision de sanction, l’instance d’audition établit s’il existe une base, des éléments d’appréciation susceptibles d’étayer la possibilité d’un sursis, la réduction ou l’élimination de la sanction (article 10.6).
Enfin, au cours de ce qui est la quatrième étape du processus de détermination de la sanction, le comité d’audition et de décision prononce le début de la période de suspension en vertu de l’article 10.11.
Il est possible de lire dans le texte des éléments examinés avant que la décision ne soit prise que le comité a enregistré que Samira Messad a été contrôlée à plusieurs reprises mais « toujours avec des résultats d’analyse négatifs ». Elle est donc une primo positive à laquelle ne peuvent s’appliquer les dispositions relatives aux récidivistes tout en plaidant pour une sanction atténuée.
Nous avons précédemment indiqué que par la seule présence du produit prohibé (Nandrolone Métabolite 19 Norandrosterone) signalé dans la décision du comité d’audition et de décision décelé dans son organisme, Samira Messad, la spécialiste des haies signataire à l’ASFJ Bejaïa, encourt une suspension de toutes activités sportives de 4 ans.
Il y a lieu d’observer que Samira Messad, dans ses jérémiades interminables, croit fermement, encore aujourd’hui que ce sont trois produits qui auraient été découverts à travers les analyses d’urine. C’est une des nombreuses zones d’ombre décelables dans ce dossier.  
La « notification de l’analyse de l’échantillon A » qui lui a été adressée par la CNAD indique effectivement la présence de trois substances (Nandrolone, Stanozolol et Methandienone) au sujet desquelles il est précisé qu’il s’agit de stéroïdes anabolisants androgènes exogènes. La décision du comité d’audition et de décision ne s’est intéressée qu’à une seule substance.
Samira Messad, dans son intervention décousue que certains membres de la fédération algérienne d’athlétisme lui reprochent avec insistance jusqu’à ce jour, ayant fait valoir l’absence d’intentionnalité, en affirmant qu’elle n’a pas ingéré de produits interdits par la réglementation sportive édictée par l’AMA et la CNAD et que dans son régime alimentaire elle a introduit seulement de la viande chevaline supposée (a postériori) en contenir et qui serait donc devenue, par la force des choses, un produit contaminé, de par la logique AMA-CNAD, la sanction maximale encourue (4 ans) est abaissée à deux ans de suspension.

L’article 2.1 du code national du dopage 2015  relatif à la « Présence d’une substance interdite, de ses métabolites ou de ses marqueurs dans un échantillon fourni par un sportif », dans son alinéa 2.1.1, fait que les sportifs, dans cette situation, sont « responsables de toute substance interdite ou de ses métabolites ou marqueurs dont la présence est décelée dans leurs échantillons ». 

jeudi 25 mai 2017

Samira Messad (17) Sanction maximale fixée à 4 ans

Le code national de la  lutte contre le dopage (dans la version en application depuis janvier 2015), dans le commentaire portant sur la compréhension de l’article 10.6.4, fixe le processus  de détermination de la sanction appropriée à la violation des règles relevée. On y découvre que la démarche aboutissant à la sanction se déroule en quatre étapes.
Ce commentaire explique que  l’instance d’audition détermine en premier lieu  « la sanction standard » ou maximale en faisant référence aux articles 10.2, 10.3, 10.4 ou 10.5 s’appliquant à la violation des règles antidopage en question dans ces articles.
L’article 10.2 relatif se rapporte aux situations qui vaudraient aux commissions d’audition et de décision d’être confrontées aux cas dits de « Suspensions en cas de présence, d’usage ou de tentative d’usage,  ou de possession d’une substance interdite ou d’une méthode interdite » (dans le cas de Samira Messad, il s’agit de la présence d’une substance interdite), il est explicitement indiqué que la période de suspension pour une violation des articles 2.1 est (sous réserve d’une réduction ou d’un sursis potentiel envisageable plus tard durant le déroulement de la prise de décision) de quatre ans.
Ce même article 10.2 du Code national de la lutte contre le dopage précise également que lorsque « la violation des règles antidopage n’implique pas une substance spécifiée, à moins que le sportif ou l’autre personne ne puisse établir que cette violation n’était pas intentionnelle » (article 10.2.1.1) ou que « la violation des règles antidopage implique une  substance spécifiée et la CNAD peut établir que cette violation était intentionnelle » (article 10.2.1.2), la durée de la suspension sera de deux ans. 
Nous observons que lorsqu’il prononça la sanction applicable à Samira Messad, le comité d’audition et de décision de la CNAD, dans sa mansuétude découlant des arguments de défense, a présumé que la violation n’était pas intentionnelle. D’ailleurs, comment le serait-elle puisque étant l’effet de la consommation de viande chevaline ?
L’expression « Substances spécifiées » qui est apparu dans le corpus nécessite des éclaircissements et que l’on s’y arrête un instant. Selon l’article 4.2.2 du Code s’y rapportant et ainsi que cela est expressément indiqué, ce concept est défini afin de permettre l’application de cet article 10 relatif à la détermination de la durée de la suspension que se doit de prononcer la CNAD.
Du point de vue de l’article 4.2.2, sont considérées comme substances spécifiées, toutes les substances interdites  à l’exception  des « substances appartenant aux classes des agents anabolisants et des hormones, ainsi que les stimulants et les antagonistes hormonaux et modulateurs identifiés comme tels dans la Liste des interdictions ». Cet article précise  que la catégorie des méthodes interdites n’appartient pas à la catégorie des substances spécifiées.
L’article 4.2.2 est suivi d’un commentaire qui indique que les « substances spécifiées » mentionnées dans le corps de l’article 4.2.2 « ne doivent en aucune manière être considérées comme moins importantes ou moins dangereuses que les autres substances dopantes ». Ce sont, du point de vue du Code, des substances qui ne se distinguent pas des substances dopantes. Ces substances spécifiées ont la particularité de pouvoir être « consommées par un sportif à d’autres fins que l’amélioration de la performance sportive ». Un argument somme toute spécieux puisque défini comme un produit dopant il serait utilisable à d’autres fins que l’amélioration des performances tout en y concourant.  Par exemple pour un usage thérapeutique préventif. Un argument dont se sert abondamment le groupe d’entraînement d’Alberto Salazar (et bien d’autres athlètes) pour l’obtention d’AUT (autorisation à usage thérapeutique).
Dans son troisième alinéa, l’article 10.2 désigne le terme « intentionnel » comme étant celui visant à identifier les « tricheurs ».
La notion de « tricherie » est définie textuellement comme l’adoption par le sportif d’une conduite dont ce dernier savait pertinemment qu’ « elle constituait ou provoquait une violation des règles antidopage, ou qu’il existait un risque important qu’elle puisse constituer ou aboutir à une violation des règles antidopage ».

Les éléments du dossier Samira Messad (que nous avons examinés à travers les attendus de la décision initiale du comité d’audition et de décision qui a entendu l’athlète en octobre 2015) montrent l’absence d’intention de tricher.  

lundi 22 mai 2017

Samira Messad (16) Au pays de Kafka

Nous nous devons d’admettre que, par certains des aspects dont elle est porteuse, la logique de la lutte contre le dopage aurait sa place dans la vision juridico-bureaucratique des disciples de Kafka qui se seraient installés dans les rouages concepteurs de la réglementation définie par la CNAD et bien avant par l’AMA. Sans doute en prévision du juridisme pointilleux à l’extrême que l’on trouve chez les champions de la défense de sportifs ayant l’indélicatesse de présenter des résultats d’analyses anormales.
Confortant ce que nous avons appréhendé dans la précédente chronique, le comité d’audition et de décision désigné au sein de la CNAD estime qu’ « il est difficile d’évaluer et d’apprécier à juste titre le degré de la faute » qui pourrait bien prendre naissance dans la  consommation d’une viande qui n’appartient pas au us et coutumes de la société algérienne.
Tout en reconnaissant cette difficulté d’appréciation, le comité engage cependant la responsabilité de l’athlète Samira Messad. Il lui impute également une « certaine négligence » consistant en la consommation d’une viande sur laquelle pesaient de fortes probabilités de contamination. Il lui reproche (en particulier et surtout) de n’avoir pas sollicité au préalable « l’avis de son entraîneur ou de son médecin ».
Le raisonnement (ou l’argumentation) du comité d’audition et de décision nous semble quelque peu singulier. Ou pour le moins trop précautionneux. Il nous incite à nous interroger sur la possibilité (éventuellement existante) d’anticiper une probable contamination de la viande chevaline achetée chez un boucher, certainement connu dans la localité de résidence de l’athlète, et dont il est loisible pour les connaisseurs de la localité de situer le magasin en un endroit précis. Cette singularité interpelle.
Par ailleurs, envisager d’inscrire sur le « formulaire de contrôle du dopage » la consommation de viande chevaline conduirait indubitablement à penser (dans un univers où les suspicions sont légions) que l’athlète aux résultats anormaux, malgré les doutes qu’il y aurait pu pressentir sur une possible contamination par un produit prohibé, en a malgré cela ingéré.
On pourrait alors déduire qu’il a intentionnellement fait fi des dispositions réglementaires et tente donc de se prémunir des effets de cette infraction consciente, vis-à-vis des autorités, en obtenant d’abord l’adhésion de son entraineur et de son médecin. Nous devons supposer également que ces derniers (qui ne verraient normalement aucun inconvénient à la consommation de cette viande chevaline) auraient cautionné cette dérive et seraient donc devenus complices de la violation des règles. L’aboutissement de cette démarche insoutenable est l’inscription sur la feuille de contrôle de dopage que l’athlète, selon la réglementation, doit renseigner.
De toute évidence, dans un cas similaire à celui décrit ci-dessus qui serait (nous devons l’admettre) celui de l’extension aux limites possibles du raisonnement, il ne s’agirait plus de circonstances atténuantes mais au contraire de circonstances aggravantes. Celles qui mettraient en évidence la préméditation conduisant inéluctablement à un alourdissement de la peine à prononcer.
Ce cas d’école ne correspond pas au cas Samira Messad. Alors que l’audition est sensée se dérouler en une seule séance, la spécialiste des haies et des épreuves combinées s’est présentée à de multiples reprises devant le comité. Dont au moins une pour présenter le justificatif de consommation (d’achat ?) de la viande invoquée vraisemblablement lors de la séance inaugurale. Un document dont l’obligation de le rapporter (dans les meilleurs délais) au comité la conduisit à retourner à Bejaïa.
Samira Messad s’est présentée à plusieurs reprises (quelque fois avec une journée d’intervalle) devant le comité d’audition et de décision. Nous avons le souvenir qu’elle ne cesse de se plaindre des fréquents, couteux et fastidieux déplacements Bejaïa-Alger qui lui ont été imposés. Souvent à des horaires contraignants : départs matinaux et retours tardifs.

A l’époque, les quelques 250 kilomètres du trajet étaient parcourus en plus de 5 heures dont au moins 3 heures pour parcourir le tronçon de 110 kilomètres entre Ahnif (ex-Maillot) et la capitale des Hammadites. Un exaspérant voyage dans l’interminable Vallée de la Soummam réputée pour ces innombrables ralentisseurs et pour ses localités s’étirant sur des kilomètres de la « Nationale 26 », le cauchemar des automobilistes et des chauffeurs de poids lourds devant l’emprunter.

samedi 20 mai 2017

Samira Messad (15), L’indulgence du comité

Le comité d’audition et de décision - chargé d’entendre les sportifs présentant un « résultat d’analyses anormales » (l’expression signifiant, dans ce corpus juridique que constitue- le code national 2015 relatif à la lutte contre le dopage, que des traces anormalement élevées d’un produit interdit ont été trouvées dans l’organisme d’un sportif) et ensuite de se prononcer sur la sanction qui sera appliquée au contrevenant - observe que la viande chevaline (présentée, rappelons-le, par Samira Messad comme étant la source des résultats d’analyses qui font qu’elle soit présente devant le triumvirat) ne peut être assimilée à « un complément alimentaire ».
Le comité établit une distinction (en matière de responsabilité de l’athlète) entre le « complément alimentaire » et la viande chevaline consommée par Messad. Il entrevoit  pour ce qui concerne le complément alimentaire, une responsabilité pleine et entière. Par certains aspects, le complément alimentaire est perçu dans sa proximité avec les produits pharmaceutiques. Ce qui induit que l’athlète est dans l’obligation de « savoir et de connaitre ce qu’il ingère ».
Selon le comité, la consommation de viande chevaline, même si celle-ci est contaminée, ne « saurait être considérée comme une faute ou une négligence » d’autant que l’athlète aurait « consommée cette viande en toute bonne foi ».
Dans les attendus à sa décision, le comité (se référant aux dispositions de l’article 10.5.1.2 du code national antidopage découlant du code mondial) attribue à l’athlète des circonstances atténuantes.
L’article 10.5 porte sur la « Réduction de la période de suspension pour cause d’absence de faute ou de négligence significative » dans les cas de « substances spécifiées » ou de « produits contaminés », objets de l’article 2.1 qui est la disposition inscrite dans le code qui vaut la traduction de Samira Messad devant ce comité.
Les dispositions de l’article 10.5.1.2 indiquent que - lorsque le sportif peut « établir l’absence de faute ou de négligence significative » (ce qui a été retenu par le comité d’audition et de décision de la CNAD en faveur de Samira Messad) et qu’en outre « la substance interdite détectée provient d’un produit contaminé » - la suspension à prononcer est comprise entre un minimum consistant en  « une réprimande sans suspension » et au maximum en « une suspension de deux ans ». La sanction dépend du degré de la faute du sportif.
Le commentaire de l’article 10.5.1.2 du code national du dopage ne peut en aucune manière s’appliquer au cas Messad. Du moins tel qu’il est présenté dans les justifications à la décision prise par la CNAD.  
Ce commentaire porte sur l’évaluation du degré de faute du sportif dans une situation différente.  Celle qui aurait pu être celle dans laquelle se trouvèrent  Zahra Bouras et de Larbi Bouraâda. Un contexte où essentiellement leurs entraîneurs  avaient fait état d’injections de vitamines qui auraient été contaminées par des mains malveillantes.
 Il s’agissait alors de ce qui peut être qualifié de « compléments alimentaires », une terminologie utilisée par les défenseurs médiatiques des deux athlètes. Ainsi que dans le récit de David Torrence, lanceur d’alerte américano-péruvien, décrivant les pratiques en cours dans le groupe d’entraînement de Jama Aden.
 Ce commentaire considère par ailleurs comme un élément favorable au sportif, la déclaration par celui-ci, sur le formulaire de contrôle du dopage, du produit qui sera plus tard considéré comme contaminé. Un argument qui a également valeur d’aveu susceptible de s’appliquer dans le cas d’AUT (autorisation à usage thérapeutique d’un produit figurant sur la liste des produits prohibés). 
Dans le cas de Samira Messad, c’est certainement le point de vue implicitement compris par le comité.

Il est toutefois difficile de concevoir la déclaration de la consommation de viande chevaline, un aliment « naturel » (bien que ne correspondant pas au régime alimentaire habituel de la population algérienne) dont on ne peut supposer à priori (malgré tout ce que nous avons pu évoquer dans une chronique précédente au sujet des pratiques illicites) qu’il puisse être contaminé par un produit prohibé par la réglementation sportive mise en place pour lutter contre le dopage.

mardi 16 mai 2017

Samira Messad (14), Réapparition du concept de contamination

Dans le prolongement de cet argument de connaissance de l’environnement qui n’est pas exprimé mais auquel on ne peut que se référer implicitement, en leur qualité de citoyens vivants en Algérie connaissant le milieu dans lequel ils évoluent, les trois membres du comité d’audition considèrent que cette viande chevaline (présentée comme étant à l’origine de la présence du produit prohibé et dans le prolongement des déclarations faites devant eux par l’athlète) recèle de «fortes probabilités » d’avoir été contaminée.
Selon toute vraisemblance, la preuve formelle n’a pas été apportée. Ce qui explique sans doute le rebondissement que connaitra l’affaire quelques mois plus tard.
A la lecture du procès-verbal, à partir duquel nous fondons notre extrapolation, le témoignage du boucher (sur le contenu duquel nous n’avons pas d’informations particulières) auquel il est fait allusion doit certainement indiquer que Samira est une consommatrice de viande chevaline et au mieux qu’elle est une cliente régulière de son établissement.
Nous nous devons de constater qu’en Algérie, et dans ce domaine qu’est la pratique sportive accompagnées de très forts soupçons de pratiques prohibées (même si les cas vérifiés ne sont pas nombreux) rassemblées dans le terme de dopage, c’est la seconde fois (à notre connaissance) que le facteur « contamination » est évoqué lors de situations avérées.
La première apparition de ce mot (dans le contexte du dopage) fut au cours des jours et des semaines de juin et juillet 2012 qui suivirent les sanctions de suspension (deux années) prononcées à  l’encontre de Zahra Bouras et Larbi Bouraâda.
Les proches de Zahra Bouras et de Larbi Bouraâda, qui furent et continuent d’être les emblématiques représentants du dopage en Algérie (avant qu’ils ne soient détrônés , pour un temps, par les footballeurs Youssef Belaili et Khair-Eddine Merzougui), à savoir Ahmed Mahour Bacha (qui fut l’entraîneur de ces deux athlètes pendant de longues années) et Amar Bouras (le père de Zahra qui devint son entraîneur quand elle quitta Mahour Bacha, à quelques mois des jeux olympiques de Londres 2012 et par ailleurs président de la fédération algérienne d’athlétisme lorsque se présente le cas de Samira Messad) ont été les introducteurs de cette notion de « contamination ».
Elle est apparue dans le discours sportif et journalistique algériens lorsque les deux entraîneurs considérés, bien avant que les athlètes ne soient épinglés, comme les experts en « préparation biologique » la firent valoir comme moyen de défense pour justifier les contrôles positifs de leurs athlètes. Des contrôles positifs observés à l’étranger (France et Allemagne) dans un contexte tel qu’ils ne pouvaient être effacés ainsi qu’on le laisse entendre.
 Il va s’en dire qu’au début de l’été 2012, l’expression fit florès dans les médias. N’oublions pas que les athlètes Zahra Bouras et Larbi Bouraâda figuraient sur la liste des espoirs de médailles alors dégagée par les dirigeants de la FAA pour les jeux olympiques qui se tinrent quelques semaines plus tard à Londres.
Il s’agissait alors d’injections de « vitamines » qui auraient pu être dénaturées. Leurs déclarations faites à l’époque laissèrent à penser à une contamination volontaire, à une action criminelle qui les incita (sans que l’on connaisse les suites données) à envisager au dépôt d’une plainte contre X. (cf. les chroniques « Sous l’olivier » N° 339 et suivantes, série « Dans le rétro »).
S’il est difficile de considérer comme une justification probante cette thèse (voir à ce sujet les explications du docteur Yacine Zerguini reprise dans la chronique « Sous l’olivier. N° 353. Malveillance, négligence ou amateurisme » du 25 juin 2016) lorsque l’on est face à un processus de fabrication industrielle de produits pharmaceutiques, parapharmaceutiques ou de compléments alimentaires habituellement objets de conditions de fabrication strictes, elle le devient (peu ou prou mais avec une très forte prévalence) lorsque l’on a à l’esprit les conditions de l’élevage de bétail perçu en tant que moyen d’enrichissement rapide y compris par l’emploi de pratiques déloyales, aux limites quelque fois de la criminalité. N’a-t-on pas vendu, pendant des mois de Ramadhan, de la viande d’ânes ? Des pratiques qui résulteraient des pratiques commerciales informelles et (cela va de pair) l’inexistence de contrôle vétérinaire dans les circuits commerciaux non réglementés, pour ne pas écrire illicites.


lundi 8 mai 2017

Samira Messad (13), Le comité comprend le contexte

Le comité désigné par la CNAD nous apprend, à travers la masse (inscrite dans le procès-verbal d’audition et de sanction) d’éléments ayant servi à prendre sa décision que Samira Messad aurait consommé cette viande chevaline pour surmonter « l’état de faiblesse et de fatigue dans lequel elle se trouvait pour récupérer et se préparer aux différentes échéances sportives ».
Le comité n’explique pas cependant par quels moyens il est arrivé à considérer (et incidemment à conclure) qu’il existait de fortes probabilités que la viande chevaline soit contaminée. Cette hypothèse (d’apparence insolite) est pourtant vraisemblable.
Samira Messad aurait consommé cette viande  peu usitée dans la ration alimentaire de notre pays (et  en particulier de la région de Bejaïa où l’on observe une prédominance de la consommation de la viande bovine en  dehors du rite sacrificiel de l’Aïd El Adha) où l’on remarque que, outre les viandes blanches moins onéreuses et donc à la portée des bourses de la majorité de la population, c’est la viande ovine qui fait partie de la gastronomie locale.
Il est bien entendu fait abstraction du régime dit « fortifiant » utilisé (sans que cela puisse être érigé en règle absolue) dans des cas de faiblesse comme ceux auxquels sont confrontés les parturientes et les malades ayant subi une intervention chirurgicale. Selon le discours populaire, la viande de cheval rend fort ! Ce serait celle qu’il faut consommer lorsque les abats (foie, rognons, etc.) sont sans effets tangibles sur l’état de santé.
Deux remarques sont toutefois à apporter. Elles confortent la perception du comité. Le premier constat est l’observation quasi-unanime chez les consommateurs algériens que l’élevage animalier se fait de plus en plus dans des « hangars » (au sens d’installations industrielles et donc d’élevage extensif) au lieu de poulaillers et de bergeries  d’antan et que l’alimentation du bétail (à l’exception devenue d’une grande rareté des troupeaux ovins transhumants des Hauts Plateaux qui n’en sont pas totalement exempts, spécialement en période de sécheresse) ne fait, pour ainsi dire, plus recours aux produits naturels (fourrages et grains) et s’est tournée vers l’alimentation « artificielle » ou, dans le meilleur des cas, « mixte ».
Cette remarque est doublée par la constatation que l’élevage est aujourd’hui  une activité mercantile spéculative que se sont appropriés des « smasrias »   spécialisés dans ce créneau.  Une longue chaîne d’intermédiaires-revendeurs (entre les éleveurs et les consommateurs) s’adonnant à un engraissement accéléré avec le recours, affirmé publiquement, aux adjuvants (compléments) alimentaires sur lesquels on ne sait que très peu de choses. Il s’agit du fameux élevage animalier dit, en langue populaire l’ « élevage aux hormones » ou pour la volaille de « djedj triciti » (( le poulet à l’électricité) qui fait que chaque citoyen algérien, s’approvisionnant dans n’importe quel marché du pays, ne sait pas ce qu’il mange réellement en matière de viandes et autres produits de première nécessité.
Le second constat, découlant du premier, a été le phénomène observé, à l’occasion de l’Aïd El Adha 2016, (donc après le cas désormais connu de Messad) illustré par les nombreux récits repris par la presse, de moutons en apparence sains lors de leurs achats mais devenus impropres à la consommation dans les heures ayant suivi leur abattage. Un phénomène que les services sanitaires n’ont su expliquer (officieusement) que par l’engraissement forcé aux produits pharmaceutiques importés frauduleusement, aux techniques d’engraissement artificiel et à des techniques frauduleuses.
Cet aspect contextuel nous semble avoir été pris en considération par le comité qui, dans la prise de connaissance des arguments de défense présentés par Samira Messad dans la perspective d’établir l’ « absence de faute ou de négligence significative », allègue que l’athlète ne pouvait « raisonnablement savoir » que la substance interdite détectée dans son organisme provenait d’un aliment habituellement consommé (par des personnes et/ou des malades alités, donc en situation de faiblesse) sur recommandation médicale.

Le comité ne précise pas que cette recommandation ne fait pas l’objet d’une prescription médicale (ordonnance). Mais, nous devons le comprendre puisqu’il s’agit de la médecine traditionnelle transmissible de bouche à oreille, de femme à sa fille et à sa petite fille. Cette prescription fait partie des conseils donnés par les « chouyoukhs » et les « cheikhates », transmetteurs du Savoir ancestral.

samedi 6 mai 2017

Samira Messad (12), Responsable avant l’audition

Au cours de la courte période, débutant avec la fin du mois d’aout 2015 et s’achevant avec le début de l’automne de la même année, correspondant avec la période au cours de laquelle Samira Messad a d’abord été contrôlée positivement et ensuite au  traitement juridictionnel de la CNAD, le président du comité olympique algérien  a été interpellé par la presse nationale sur cette question du dopage devenue médiatiquement centrale. Samira Messad, disons-le sans détours, n’était pas la préoccupation première des autorités sportives.
En quelques jours (quelques semaines au plus) marqués par les nombreux cas de dopage recensés chez les footballeurs millionnaires (en dinars), l’absence d’un laboratoire algérien de contrôle anti dopage a suscité quelques réflexions rapidement étouffées par la chape de plomb qui s’abat lourdement lorsque des thèmes sérieux sont abordés.
Mustapha Berraf, le président du COA avait alors expliqué que, dans la situation de crise financière que commençait à connaître le pays consécutivement à la diminution de ses recettes issues de la cession de ses ressources pétrolières sur les marchés mondiaux, il était préférable de faire procéder aux analyses à l’étranger. Son argument, imparable dans le contexte invoqué et en de telles conditions économiques, est que le prix de revient des intrants indispensables pour la réalisation de ces analyses dans un laboratoire algérien  en aurait rendu le coût prohibitif. La réalisation du centre national de lutte contre le dopage semblait alors bien avancée. On en a plus parlé depuis.
Quelques mois plus tard, quelques recoupements a postériori permettront de mieux comprendre la situation dans laquelle se débat le mouvement sportif national. Celui-ci ne peut effectivement se départir des difficultés financières auxquelles est confrontée en particulier la préparation pour les jeux olympiques de Rio qui est dans l’obligation (pour faire face aux dépenses) d’avoir recours à des avances auprès du comité olympique algérien. On sait également que celui-ci est également en situation de prêteur auprès de quelques fédérations sportives nationales dont celle d’athlétisme. Les pouvoirs publics (le ministère de la jeunesse et des sports) sont  dans l’incapacité de prendre en charge leurs obligations.
Le procès-verbal de la commission de discipline de la CNAD renvoie également à « une décision de notification d’analyse anormale », datée du 3 septembre 2015, adressée à Samira Messad, ainsi qu’aux justificatifs produits par l’athlète, au procès-verbal de son audition ayant eu lieu le 7 octobre 2015 et aux « débats non publics » qui ont eu lieu une semaine plus tard, le 14 octobre 2015.
On y apprend que la faute reprochée à Messad Samira est liée à l’article 2.1  du code national du dopage 2015 lequel, en son premier alinéa (2.1.1), prévoit qu’ « il  incombe à chaque sportif de s’assurer qu’aucune substance interdite ne pénètre dans son organisme ».
Cet alinéa précise que « les sportifs sont responsables de toute substance interdite ou de ses métabolites ou marqueurs dont la présence est décelée dans leurs échantillons ». Leur seule présence dans l’organisme rend l’athlète coupable d’une violation des règles antidopage telles que définies dans cet article 2.1.
A partir de là, il n’est plus nécessaire de se pencher sur les conditions qui ont fait de l’athlète un sportif dopé. Cet alinéa empêche donc la commission nationale de faire « la preuve de l’intention, de la faute, de la négligence ou de l’usage conscient de la part du sportif ». Il s’agit seulement de sanctionner l’athlète.
Le comité d’audition et de décision - c’est l’appellation exacte donnée au groupe de responsables (un juriste, un médecin ou un pharmacien et un sportif au sens large du terme) désignés pour entendre et statuer sur le cas Messad - note que « l’athlète ne réfute pas la réalité et la matérialité de la présence de cette substance interdite (Nandrolone métabolite 19 Norandrosterone) dans son organisme mais qu’elle affirme, cependant, ne pas avoir pris un médicament quelconque qui puisse expliquer  la présence de cette substance dans son corps ».
Ce même comité  avait précédemment considéré que l’athlète auditionnée avait fait valoir qu’elle avait consommé de la viande chevaline « sensée être la cause de la présence de la substance interdite dans son organisme » et qu’elle avait présenté un justificatif fourni par le boucher lui ayant vendu la viande.


mercredi 3 mai 2017

Samira Messad (11), Quelques incongruités

Samira Messad n’a jamais caché que sans l’aide des clubs où elle a été signataire, elle n’aurait jamais pu faire carrière sportive qui a été la sienne. Une toute petite carrière. Une carrière sans grand relief international qui n’a tenu (à comprendre ses dires) qu’à un fil, celui des âmes charitable qui l’on soutenu lorsqu’elle était en difficulté. Entre 2008 et 2012.
Une aide financièrement limitée à une prime d’un montant modeste et à la prise en charge de la restauration. Sans stages ! Ni de la fédération dans les papiers de laquelle elle dit n’avoir jamais figurée. Ni les regroupements organisés par les clubs où elle a été signataire qu’elle devait malheureusement toujours décliner (participant avec les autres stagiaires aux séances d’entraînement et aux repas de midi avant de rentrer au domicile familial) pour  rester au chevet de sa mère.
A propos de la prise en charge de sa préparation, dans les oreilles de Samira Messad résonne encore les propos de ce DTN qui montait sur ses grands chevaux chaque fois qu’il la voyait. Ce même responsable qui osa (comble de l’impertinence), au début de cette année 2017, lui réclamer le remboursement des aides et du coût des stages qui ne lui furent pas accordés.
Comme beaucoup de nos responsables, le DTN/FAA se sentait fort, important avec les faibles qui sont la majorité dans les rangs de l’athlétisme. Contradictoirement, nous remarquerons qu’il n’eut pas l’audace de  formuler  une telle réclamation  lorsqu’il s’était agi de Zahra Bouras et de Larbi Bouraâda. Deux athlètes de niveau international dopés ‘et protégés par le bureau fédéral) pour lesquels il proposa, au contraire et en infraction avec la réglementation nationale et internationale, la poursuite de la prise en charge fédérale en prévision des échéances sportives internationales qui leur étaient déjà promises une année avant la fin de la suspension.
Aujourd’hui, lorsqu’on lui parle de la CNAD, Samira Messad reproche essentiellement à la commission nationale de lutte contre le dopage les nombreuses allées et venues auxquelles elle a dû se résoudre entre Bejaïa et Alger. Quelque fois à deux reprises (le dimanche et le mardi) dans la semaine.
Alors qu’elle ne dispose pas des moyens financiers pour survivre, elle s’est retrouvée engager dans un combat interminable dont elle ne pouvait entrevoir l’issue dans un monde dont elle ne comprenait les ressorts.
Afin de défendre son intégrité, sa moralité, son nom cité dans la presse, mise dans l’obligation de s’expliquer, et pour ce faire de se déplacer la veille, elle doit emprunter pour payer le voyage, l’hébergement, la restauration et tous les autres frais qui immanquablement suivent. Souvent accompagnée par son entraîneur ou une autre personne.
Une situation quelque fois si difficile qu’elle se sentait prise dans les mâchoires d’un étau impitoyable. Au point  qu’elle se retrouva quasiment à élire domicile dans les services hospitaliers d’urgence et à solliciter des reports d’audition. Un émule de Kafka y aurait sans doute trouvé l’inspiration.
C’est avec surprise que nous avons appris qu’elle n’aurait aucun souvenir d’avoir reçu la  décision de la commission de discipline qui était censée lui avoir été remise en accompagnement de la décision de sanction prononcée par la CNAD, après signature par le président de l’agence algérienne de lutte contre le dopage. Ce procès-verbal sur lequel figure le nom du produit qui fait d’elle une athlète ayant enfreint les règles en matière de dopage. Cette surprise se dissipera à la lecture de la documentation.
La lecture de la décision de la commission de discipline est édifiante. On y apprend que cette commission s’est réunie suite à un « rapport de contrôle établi le 24 août 2015 par le laboratoire de l’agence française de lutte contre le dopage à la suite du contrôle de l’athlète Messad Samira à Alger le 1 août 2015 à l’issue d’une compétition nationale d’athlétisme ».

Une information surprenante est contenue dans cette citation. La commission nationale de la lutte contre le dopage est contrainte pour accomplir sa mission de contrôle de solliciter la collaboration du laboratoire de l’agence française. Incroyablement, l’Algérie ne dispose pas d’un tel laboratoire, de son propre laboratoire pourtant prévu au titre du développement de son activité et fait appel à ceux d’agences d’autres pays dans le cadre d’accords sportifs bilatéraux.

mardi 2 mai 2017

Samira Messad (10), L’athlète perd la boule

Maintenant, nous connaissons un petit peu mieux le contexte dans lequel se déroula l’ « affaire Samira Messad ». Il nous faut reconnaitre qu’entre la fausseté des uns et la naïveté associée à l’incohérence discursive de l’autre, il est difficile de se faire une idée mesurée de ce dossier.
Les arguments de défense de Samira Messad sont  difficiles à comprendre. Elle ne dispose pas de la compétence linguistique (ni de la situation juridique dans laquelle est impliquée) qui lui permettrait de faire valoir les arguments qui seraient susceptibles de faire recours à la lourde sanction dont elle a écopé en deuxième instance.
Ce que nous retiendrons, parmi les faits notables subsistant dans l’ensemble des données que nous avons laborieusement recueillies, c’est   l’aggravation de la sanction prononcée par la commission nationale anti dopage suite à un appel fait selon des versions contradictoires.
Une première version semble indiquer que la fédération algérienne d’athlétisme en fut à l’origine. Selon une autre version, l’appel aurait été introduit par l’agence mondiale. C’est cette seconde version qui a été  retenue par la CNAD lors de sa seconde session de l’examen de ce cas. Nous verrons cette question et quelques autres ratés.
Lorsque nous nous sommes lancés dans une tentative de  compréhension de ce cas de dopage inédit (en athlétisme) en Algérie, la lecture du procès-verbal rédigé par la commission de discipline de la CNAD au sujet de l’audition de l’athlète Samira Messad s’est avérée fructueuse.
Les quelques discussions, que nous avons eu avec l’athlète, se sont quant à elles très confuses. Elle évolue en effet constamment entre d’une part des dénégations outragées et en permanence enflammées de pratiques dopantes qu’elle est supposée avoir mise en œuvre pour améliorer ses performances et, d’autre part, des accusations véhémentes portées contre ceux (dirigeants et système) qu’elle perçoit en tant que ses ennemis, les auteurs de la combine de très mauvais goût qui lui aurait été faite.
Elle se prétend victime d’une machination qui aurait eu pour seul but d’avantager ses rivales dont certaines seraient entraînées par les « manipulateurs » et de lui interdire l’accès à l’équipe nationale, du moins à un de ses strapontins. Ceux accordés à ceux et celles retenus pour les compétitions maghrébines. Le premier échelon de la hiérarchie des compétitions internationales. Elle croit fortement qu’elle est victime de manigances de la part de responsables fédéraux. Elle verse dans un délire paranoïaque….qui pourrait bien ne pas  en être un.
Samira Messad se dit innocente des griefs qui lui sont reprochés. Elle avait accepté, avec beaucoup de réticences, la première sanction de suspension qui fut prononcée par la CNAD.  Que pouvait-elle faire fut son premier réflexe ? Elle n’avait pas les moyens de s’engager dans une procédure de recours. Si elle accepta, contre son gré, avec énormément de réticence, cette suspension c’est aussi en partie parce qu’on lui avait fait croire (tant à la CNAD qu’à la fédération) qu’il était préférable d’écoper de cette peine somme toute légère que d’une autre qui serait plus lourde.
Rétrospectivement, elle s’est rendue compte qu’elle avait été bernée par ceux et celles à qui elle avait accordé sa confiance, ceux et celles qui lui prodiguaient prétendument de « bons conseils ».
Dans l’esprit déboussolé de Samira Messad, les faits, les rencontres, les discussions se mêlent. Pendant longtemps, elle n’a même pas su quel était le produit dopant découvert dans son organisme. Elle l’apprendra par cette chronique, par une information contenue dans un document auquel elle ne semble pas avoir eu accès et qui nous est parvenu par des sources et des moyens inattendus.  

Jusqu’à il y a quelques jours, Samira Messad croyait qu’il s’agissait de ce même produit qui fut, un jour de 2012, décelé chez Zahra Bouras et Larbi Bouraâda. Un anabolisant, ce stanozolol, deux mots inconnus à son registre lexical. Deux mots qu’elle ne sait même pas prononcé correctement. Un produit (Nandrolone métabolite 19 Norandrosterone) qu’elle était dans l’incapacité de se procurer compte tenu de ses ressources plus que dérisoires et dont la lecture puis la prononciation ne lui seront pas aisées.