mardi 30 mai 2017

Samira Messad (19) Multiplement responsable

La conséquence de l’alinéa 2.1.1 est que la violation des règles antidopage est établie sans qu’il ne soit « nécessaire de faire la preuve de l’intention, de la faute, de la négligence ou de l’usage conscient de la part du sportif ». La preuve est contenue dans les résultats des analyses. Dans l’organisme du sportif dévoilant la responsabilité.
De fait, par la simple et automatique application de cette disposition, Samira Messad est fautive. En réalité, elle l’est à  double titre. Elle ne sait pas (ou elle n’est pas consciente de l’enchainement qui va la conduire dans la situation dans laquelle elle se trouve actuellement) que l’alinéa 2.1.2 (dont elle n’a pas connaissance) augmente le niveau de sa responsabilité en faisant du renoncement à l’analyse de l’échantillon B  quasiment un aveu. Plus exactement la reconnaissance d’une faute, d’une infraction à la règle.
En effet, cet alinéa 2.1.2 stipule que (en plus des dispositions prévues en vertu de l’article 2.1) la violation d’une règle antidopage est également (nous sommes tentés de dire mécaniquement ou irrémédiablement) établie dans le cas où la présence d’une substance interdite ou de ses métabolites ou marqueurs a été décelée dans l’échantillon A du sportif et…. que le sportif renonce au droit accordé par les dispositions réglementaires à faire procéder (à titre contradictoire) à l’analyse de l’échantillon B.
De facto, le renoncement du sportif à ce droit fait que l’échantillon B n’est pas analysé et que les résultats de l’analyse de l’échantillon A sont confirmés ou plus exactement maintenus en l’état. En outre, cette renonciation a pour effet de se draper dans une posture d’acceptation, de reconnaissance du résultat de l’échantillon A.
Renoncer à faire analyser l’échantillon B est en soi un acte d’empêchement à confirmation (ou à infirmation) du résultat initial. Au bout du compte, l’athlète reconnait implicitement (selon le point de vue développé par la CNAD, les autres agences nationales de lutte contre le dopage à la suite de l’AMA) qu’il était dopé, qu’il a enfreint les règles.
Nous appuyant sur les préceptes des religions monothéistes proche-orientales que nous connaissons, l’AMA, considérant qu’une « faute avouée est à moitié pardonnée », dispose donc d’un système de pénitences salvatrices.
En nous penchant sur le cas de Samira Messad, nous devons aussi avoir à l’esprit le ressenti d’une athlète (placée dans la même situation que cette athlète), pratiquant une discipline sportive dans un pays émergent, lorsqu’elle est confrontée au statut de la science (et de ses représentants emblématiques que sont les médecins, les pharmaciens, les biologistes et autres porteurs de blouses blanches) dont il lui est difficile (impossible ?) de contester le savoir et la puissance sociale qui en découle et à laquelle, dans sa faiblesse cognitive et de la succession d’échecs multiformes, elle ne peut guère s’opposer.  
Dans le portrait que nous avons précédemment dépeint, nous avons mis en exergue que Samira Messad fait partie de ces milliers athlètes démunis, ignorés par le système ne se penchant que sur une élite numériquement extrêmement limitée, ceux et celles auxquels le système algérien de la performance n’accorde que peu d’attention.

Orpheline de père, vivant avec une mère malade et un frère aîné livré lui aussi à la précarité sociale, se mouvant dans un milieu familial animé par les traditions agnatiques faisant le lit à l’intention d’accaparement du peu de biens légués par le défunt chef de famille, elle est quasiment sans ressources financières si ce n’est les modestes subsides qui lui ont été accordés par les clubs au sein desquels elle a été signataire. Dans des déclarations le plus souvent rageuses, à fleur de peau, elle admet son statut de sportive de second plan dans une formule dont la traduction approximative donne : « Pourquoi me doperai-je ? Je n’irai jamais aux jeux olympiques ou aux championnats du monde qui sont l’ambition suprême d’un athlète !».

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