Nous nous devons d’admettre que, par certains des aspects
dont elle est porteuse, la logique de la lutte contre le dopage aurait sa place
dans la vision juridico-bureaucratique des disciples de Kafka qui se seraient installés
dans les rouages concepteurs de la réglementation définie par la CNAD et bien
avant par l’AMA. Sans doute en prévision du juridisme pointilleux à l’extrême
que l’on trouve chez les champions de la défense de sportifs ayant l’indélicatesse
de présenter des résultats d’analyses anormales.
Confortant ce que nous avons appréhendé dans la précédente
chronique, le comité d’audition et de décision désigné au sein de la CNAD estime
qu’ « il est difficile d’évaluer et d’apprécier à juste titre
le degré de la faute » qui pourrait bien prendre naissance dans la
consommation d’une viande qui
n’appartient pas au us et coutumes de la société algérienne.
Tout en reconnaissant cette difficulté d’appréciation, le
comité engage cependant la responsabilité de l’athlète Samira Messad. Il lui
impute également une « certaine négligence » consistant
en la consommation d’une viande sur laquelle pesaient de fortes probabilités de
contamination. Il lui reproche (en particulier et surtout) de n’avoir pas sollicité
au préalable « l’avis de son entraîneur ou de son médecin ».
Le raisonnement (ou l’argumentation) du comité d’audition et
de décision nous semble quelque peu singulier. Ou pour le moins trop
précautionneux. Il nous incite à nous interroger sur la possibilité
(éventuellement existante) d’anticiper une probable contamination de la viande
chevaline achetée chez un boucher, certainement connu dans la localité de
résidence de l’athlète, et dont il est loisible pour les connaisseurs de la
localité de situer le magasin en un endroit précis. Cette singularité
interpelle.
Par ailleurs, envisager d’inscrire sur le « formulaire
de contrôle du dopage » la consommation de viande chevaline conduirait
indubitablement à penser (dans un univers où les suspicions sont légions) que
l’athlète aux résultats anormaux, malgré les doutes qu’il y aurait pu pressentir
sur une possible contamination par un produit prohibé, en a malgré cela ingéré.
On pourrait alors déduire qu’il a intentionnellement fait fi
des dispositions réglementaires et tente donc de se prémunir des effets de
cette infraction consciente, vis-à-vis des autorités, en obtenant d’abord l’adhésion
de son entraineur et de son médecin. Nous devons supposer également que ces
derniers (qui ne verraient normalement aucun inconvénient à la consommation de
cette viande chevaline) auraient cautionné cette dérive et seraient donc
devenus complices de la violation des règles. L’aboutissement de cette démarche
insoutenable est l’inscription sur la feuille de contrôle de dopage que
l’athlète, selon la réglementation, doit renseigner.
De toute évidence, dans un cas similaire à celui décrit
ci-dessus qui serait (nous devons l’admettre) celui de l’extension aux limites
possibles du raisonnement, il ne s’agirait plus de circonstances atténuantes
mais au contraire de circonstances aggravantes. Celles qui mettraient en
évidence la préméditation conduisant inéluctablement à un alourdissement de la
peine à prononcer.
Ce cas d’école ne correspond pas au cas Samira Messad. Alors
que l’audition est sensée se dérouler en une seule séance, la spécialiste des
haies et des épreuves combinées s’est présentée à de multiples reprises devant
le comité. Dont au moins une pour présenter le justificatif de consommation
(d’achat ?) de la viande invoquée vraisemblablement lors de la séance
inaugurale. Un document dont l’obligation de le rapporter (dans les meilleurs
délais) au comité la conduisit à retourner à Bejaïa.
Samira Messad s’est présentée à plusieurs reprises (quelque
fois avec une journée d’intervalle) devant le comité d’audition et de décision.
Nous avons le souvenir qu’elle ne cesse de se plaindre des fréquents, couteux
et fastidieux déplacements Bejaïa-Alger qui lui ont été imposés. Souvent à des
horaires contraignants : départs matinaux et retours tardifs.
A l’époque, les quelques 250 kilomètres du trajet étaient
parcourus en plus de 5 heures dont au moins 3 heures pour parcourir le tronçon
de 110 kilomètres entre Ahnif (ex-Maillot) et la capitale des Hammadites. Un
exaspérant voyage dans l’interminable Vallée de la Soummam réputée pour ces
innombrables ralentisseurs et pour ses localités s’étirant sur des kilomètres de
la « Nationale 26 », le cauchemar des automobilistes et
des chauffeurs de poids lourds devant l’emprunter.
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