L’interview du docteur Mekacher a aussi porté sur la question sensible
de la confidentialité des informations, sur la protection de la vie privée des
sportifs incriminés dans des affaires de dopages. Cet aspect fait partie du
crédo de l’AMA, des fondamentaux que l’agence mondiale défend avec force. L’AMA
qui s’est dotée du pouvoir régalien de rendre justice, de préserver l’équité,
ne reconnait que des « allégations de dopage » tant que
la procédure n’est pas achevée.
Le docteur Mekacher, dans sa réponse à une question directe, s’inscrit
en droite ligne dans la démarche discursive de l’AMA. Il assimile cette
question problématique de la confidentialité en matière de dopage à celle qui
prévaut dans les affaires de justice où rappelle-t-il à bon escient que « vous
êtes présumé innocent tant que la justice n'a pas statué sur votre cas ».
Revenant à ce qui est de son domaine d’expertise, le président de la
CNAD (spécialiste es toxicologie) apporte les précisions suivantes :
« Si vous êtes contrôlé, rien ne se dira sur votre cas tant que les
premiers résultats de l'analyse ne sont pas dévoilés. Si le contrôle s'avère
positif, vous avez le droit de faire
appel et de demander une contre-expertise. Si celle-ci aboutit au même
résultat, l'affaire est rendue publique puisqu'il y a sanction ».
Nous devons donc considérer, sur la base de la déclaration du docteur
Mekacher, que la divulgation du cas de
dopage (et du nom du produit dopant) est liée à la sanction définitive. Tant
que celle-ci n’a pas été prononcée ou plus exactement tant qu’elle n’est pas
devenue officielle, rien ne peut et ne doit être révélé.
Sauf que, dans la réalité, les faits et les actes ne semblent pas être
aussi simples que peut le laisse entendre l’affirmation du docteur Mekacher.
Nous reviendrons sur cette thématique en abordant ces situations particulières
qui sont celles des interférences pouvant se produire lorsqu’intervient un
recours à la procédure d’appel par le sportif ou par les parties habilitées, ou
encore à propos de ces rumeurs qui ont cours au stade annexe déflorant au
passage les procédures en cours et qui sont donc inabouties.
Sur cette notion d’appel, le docteur Mekacher, à partir
d’ « un point de vue juridique » (en réponse à une
question portant sur la problématique d’une décision qui aurait été prise par
la FAF et qui ne satisferait pas la CNAD), estime qu’il existe « des
dispositions règlementaires imposées par
l'Agence mondiale antidopage et par la Fifa. Si un jugement est estimé
antiréglementaire par l'une de ces deux parties ou par les deux, il faut
s'attendre à ce que ce soient elles qui fassent appel pour exiger que la
sanction soit en rapport avec les nouvelles dispositions de janvier 2015 ».
Dans ce cas particulier de dopage en milieu footballistique, la CNAD
ne serait qu’observatrice, en position attentiste. La possibilité d’intervenir
dans le processus serait donnée (en priorité) aux instances
internationales (l’AMA et la FIFA) avant l’intervention de la CNAD
proprement dite. Il semblerait que ces interventions exogènes soient
privilégiées à l’intervention de la CNAD.
Il a été remarqué que la question qui est au cœur du football, frappé
à l’époque de l’interview par plusieurs cas (dont le plus médiatique, celui de
Youcef Belaili, le joueur milliardaire) échappe à la CNAD.
Le docteur Mekacher reconnait cette particularité. Elle serait la
conséquence des us et coutumes, de la place distinctive de l’univers
footballistique dans le mouvement sportif national qui s’appuierait entre autre
sur une spécificité née d’« une vieille tradition de lutte contre le
dopage » que détiendrait la fédération algérienne de football, du
nombre de contrôle qu’elle effectue chaque année et de ses capacités
financières qui ne sont pas celles des autres fédérations.
Par ailleurs, cette autonomie d’action (encore une fois renouvelée) de
la FAF aiderait la CNAD qui pour toutes ces raisons « n'a ainsi pas
besoin d'intervenir dans le football », une discipline sportive
dont le médecin fédéral, dispose d’un avantage supplémentaire, certainement en
raison de son expertise et de son expérience dans le domaine et du poids
représenté par 361 contrôles (plus de 50 % du bilan) réalisés en neuf mois
(janvier à septembre 2015), celle d’être «membre de la commission de
discipline de la CNAD ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire