Nous pouvons supposer que, sans cette proximité géographique, la seconde
sanction (suspension de 4 ans) n’aurait pas été connue de la nouvelle FAA, que
la décision n’aurait été, pour la ligue d’athlétisme, qu’un document
administratif à classer dans les archives. Il n’en est rien.
En réalité, la situation qui vient de naitre, le « cas
Samira Messad », tel que dénommé dans le procès-verbal de la
réunion du bureau fédéral, est encore plus complexe qu’il n’y parait. Comme
s’il ne l’était pas déjà suffisamment avec toutes les péripéties que le
résultat d’analyses anormal ne laissait pas voir. Le fax de la DTN est certes
le fait déclencheur. Mais, il n’est que l’aboutissement d’une démarche
administrative engagée quelques semaines plus tôt.
Car, avant que la décision d’aggravation de la sanction ne soit dévoilée
inopinément, tout démarre avec le désir de Samira Messad de reprendre une
licence sportive, de retrouver la piste et les compétitions comme le lui permet
la décision qu’elle a entre les mains. Une décision qui la suspend pour une
année. Une décision acceptée à contre cœur.
Aux championnats d’Algérie d’athlétisme Open 2016, marquant quasiment
la fin de la suspension de 12 mois, Samira Messad avait été approchée par
Abboud Labed pour qu’elle signât une licence au club dont il est la cheville
ouvrière : le MA de Constantine. La sanction d’une année de suspension expirerait
à la fin du mois d’août 2016.
Le MAC n’est pas un grand club. Mais, c’est une association sportive
particulièrement remarquable. Le club a été créé, est présidé et financé par la
championne du 1 500 mètres des jeux olympiques de Barcelone (1992),
Hassiba Boulmerka.
Le club déroge aux règles de fonctionnement habituelles. Dès sa
création, il s’intéressa aux courses de demi-fond et aux jeunes. Il rejoignit
ainsi la philosophie préexistante à la création des associations sportives ou
sections d’athlétisme.
Cette vision fait partie également (comment pourrait-il en être
autrement au vu des vécus de Boulmerka et Labed ?), il faut le dire, du
conditionnement mental, du « formatage », du mode de
pensée de Labed qui, pendant toute sa carrière d’enseignant d’EPS et
d’entraîneur d’athlétisme, fut au contact des adolescents et surtout….. des
adolescentes qui écrivirent les lignes les plus prestigieuses de son palmarès
d’éducateur sportif. Abboud Labed est considérée comme LE spécialiste algérien de
l’athlétisme féminin, excellant dans toutes les épreuves du programme. Quant à
la préséance du demi-fond, le club la doit à Hassiba Boulmerka. Parcours
sportif oblige.
Hassiba Boulmerka a connu Labed à ses premiers pas. En fait, dès le
collège où elle fut son élève puis au club.
La connaissance partagée de l’idéologie sportive et la force de
persuasion de Labed, conduisit la nouvelle association sportive à privilégier
la création d’écoles d’athlétisme disséminées dans les établissements scolaires
(de la ville et en dehors de l’agglomération de Constantine) où les enseignants
d’EPS étaient motivés pour devenir des partenaires du club dont Hassiba est le
leader. Dans leurs visions, chaque établissement scolaire est considéré comme
un pôle de développement, apte à devenir ultérieurement une annexe du club ou
même un club à part entière pour les écoles situées dans des localités
éloignées.
La politique suivie commence à porter ses fruits. Avec de jeunes
athlètes figurant parmi l’élite nationale. Ainsi qu’avec de premiers pas
réussis au niveau international. Hamdani Benahmed, finaliste des championnats
du monde cadets 2017 et médaillé d’argent des championnats arabes 2017 sur 2000
mètres steeple (5.56 sur la distance), est le joyau actuel du club.
Pour la petite histoire récente de l’athlétisme constantinois, le
sauteur en longueur et triple sauteur Triki Yasser Mohamed Tahar y aurait pris
sa première licence avant de connaitre d’autres clubs. Labed (et les clubs où
il exerce) parait avoir été la victime rituelle du pillage des athlètes. Labed
s’est habitué à cela. Bien qu’il trépigne de rage chaque fois que cela arrive.
Hassiba Boulmerka fut sans doute l’athlète la plus emblématique et
représentative de la pratique du piratage d’athlètes. Avec Abboud Labed, Hassiba
Boulmerka avait atteint un niveau international plus que respectable. Sous sa direction,
elle fut double championne d’Afrique (800 mètres et 1 500 mètres) à Annaba
(1988) et deux fois demi-finalistes sur les mêmes distances aux jeux olympiques
de Séoul (1988).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire