La citadelle, perchée sur son rocher surplombant la vallée de l’Oued Rhumel
et Hamma-Bouziane qui fut autrefois une immense étendue de jardins (aujourd’hui
détruite, recouverte par les poussières émanant des cheminées de la gigantesque
cimenterie dominant la plaine), méconnait l’histoire qui regorge pourtant de
faits similaires à ceux accolés à la Rome antique.
De plus, ces méfaits contrastent indéniablement avec la délicatesse et
la préciosité culturelle et civilisationnelle que l’Histoire s’accorde à
attribuer aux harems dont se sont dotés les occupants sanguinaires venus de
Constantinople et les demeures bâties sur le modèle rapporté d’Andalousie par les
réfugiés morisques.
Des récits proposent la geste tragique de courtisans de la cour
beylicale jetés (après un transport par les souterrains joignant le Palais aux
précipices) dans le Rémis (« les gorges de l’Oued Rhumel »
dans l’expression dialectale locale forgée au début du 20ème siècle)
pour avoir déplu, par les actes ou par les paroles, au seigneur Bey de
Constantine, féal du Dey d’Alger, vassal du Sultan de la Porte Sublime.
Comme cela fut souvent le cas
dans le milieu de l’athlétisme algérien, la carrière sportive d’Ali Saïdi-Sief
ne tint à presque rien, à un fil. Elle fut le produit de concours de
circonstances, d’enchaînements factuels qui, selon les époques, furent bénéfiques
ou maléfiques. Ali Saïdi-Sief connut les deux variantes.
Au milieu de la décennie 90, Ali Saidi-Sief, le futur médaillé
d’argent du 5 000 des jeux olympiques de Sidney (2000) avant d’être, une année
plus tard, le premier athlète Algérien reconnu internationalement pour avoir
été suspendu en raison de faits de dopage, était un illustre inconnu y compris dans
son village natal.
L’athlétisme y était émergeant, quasiment inexistant en terme de
performances de premier plan. Il faudrait en vérité percevoir la première
discipline olympique en termes de course à pied elle-même limitée, comme dans
tant de villages et de petites villes de l’ « Algérie
profonde », à des compétitions de courses sur route organisées le
plus souvent dans les rues des villages et des villes.
Des organisations mises sur pied le plus souvent, en ces localités
retirées, par les enseignants d’EPS dans le cadre du sport scolaire et par les
autorités locales, contraintes de se plier aux injonctions péremptoires et
autres résolutions coercitives des instances supérieure du Parti unique et de
l’Administration. Il fallait en passer par là afin de préserver et de booster
leurs carrières administratives et politiques. Déjà à cette époque, l’ascension
sociale était impulsée par le carriérisme politico-administratif, l’alliance
entre le Parti et l’Administration.
Ces compétitions étaient
organisées à l’occasion des phases du « cross
du Parti et des APC » et par la suite (à partir de 1990, le parti
unique n’étant plus en odeur de sainteté avec l’avènement du multipartisme) du
« Cross de la Jeunesse ».
Par bonheur, un club naitra à Hamma-Bouziane. Il rejoignit la modeste dizaine
de clubs de la ligue constantinoise d’athlétisme dont l’étendue, au fil des
bouleversements imposés par les découpages administratifs successifs, s’est
rétrécie comme une peau de chagrin dès avant le recouvrement de la souveraineté
nationale et la fin, par redécoupage administratif successif, du département de
Constantine, l’une des trois entités administratives de l’Algérie coloniale.
A Hamma-Bouziane, comme partout ailleurs, la naissance du club fut
portée par d’anciens athlètes convertis en techniciens supérieurs des sports.
Le but était d’éviter aux adolescents de la bourgade les déplacements, longs, fastidieux
et coûteux alors, sur Constantine, de leurs procurer une activité sur place, à
domicile. Au-delà de ce prétexte louable, il y avait l’ambition de démontrer
que les talents y existaient mais qu’ils ne disposaient pas de l’exposition
nécessaire, étouffée qu’elle était par l’emprise des entraineurs et des clubs
constantinois.
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