lundi 9 avril 2018

Ali Saidi Sief (21), En dessous des cartes


En fait, le potentiel indéniable des gamins et des gamines de Hamma-Bouziane (comme ceux des localités avoisinantes d’El Khroub, de Chelghoum-Laïd dans la wilaya de Mila ou d’ailleurs), stimulaient une perception et un discours comparable à celui tenu par les structures constantinoises vis-à-vis de ce qui est décrit comme l’algérocentrisme et d’un univers globalisant basé sur le principe du « centralisme démocratique ».

Ce principe, régissant l’ensemble de l’organisation sociale, dans ses dimensions administrative, économique et politique, est battu en brèche par un désir, de plus en plus puissant et plus souvent exprimé, d’émancipation de l’emprise entretenue par les grandes métropoles, en particulier de celles se voulant capitales régionales.

C’est ce qui dans les discours universitaires, sportifs et journalistiques a été traduit par la sacro-sainte démocratisation du sport se manifestant en particulier dans la politique d’investissements prônant la réalisation d’infrastructures élitistes dans les endroits les plus reculés du pays. La conséquence de la mégalomanie qui traverse le monde sportif.

Aujourd’hui, Hamma-Bouziane recense un médaillé olympique (Saïdi-Sief), un sélectionné pour les  championnats du monde et les jeux olympiques (le marathonien Tayeb Filali). Triki Yasser (natif d’Ibn-Ziad), la nouvelle perle du saut en longueur algérien est un voisin proche.

La nature humaine apprécie le mimétisme, la reproduction fidèle, les « copier-coller » de la modernité   numérique. Hamma-Bouziane s’est, depuis l’avènement de Saïdi-Sief, lancée dans la reconduction de l’univers athlétique.

Hamma-Bouziane a donc emprunté à Constantine ville suzeraine, le mode du déploiement (que l’on retrouve aussi en d’autres régions) à l’infini de l’athlétisme. Cette extension du domaine athlétique se fonde essentiellement sur des rivalités personnelles, des inimitiés de techniciens et de la soif de pouvoir ou de réussite.  

Elle mène à la création de clubs rivaux, aux  pillages d’athlètes et à de nouvelles répartitions de subventions sans que l’enveloppe globale ne soit notablement augmentée. En dépit de ces créations, la densité athlétique n’évolue guère. Hamma-Bouziane recense trois clubs d’athlétisme et organise une course sur route solidement ancrée dans les traditions de la cité. Elle attend aussi la réception de son complexe sportif de daïra doté d’une piste d’athlétisme. Les résultats sportifs se limitent au niveau régional.

Il faut dire pour comprendre ce phénomène que Hamma-Bouziane, à l’image des ex-petites villes de la couronne constantinoise, est confrontées à un boum démographique effarant. L’augmentation galopante de la population s’appuie sur deux paramètres.

Le premier se situe dans le caractère considéré « normal » du développement citadin se fondant sur deux phénomènes sociaux : la vigueur du taux de natalité et l’exode rural. Le second paramètre repose sur une dimension que nous qualifierons d’« artificielle » consécutive aux relogements de deux types de population.

La première de ces deux populations est de citadinisation récente. Elle est arrivée dans la périphérie constantinoise, occupant les aires d’habitats précaires, à partir des années 80 et de la « décennie noire ».

La seconde, une délocalisation massive de groupements humains se déclinant par un exode urbain, de la ville vers une campagne qui ne l’est plus, est formée par la population des quartiers séculaires intra-muros, celle de la « vieille ville » (s’opposant à la « nouvelle ville » d’Ali Mendjeli aussi peuplée que Constantine) tombant en ruines, de tradition citadine plus ancienne remontant d’abord à la guerre de libération puis, dans un deuxième temps à la période de l’exode rural qui accompagna la politique d’industrialisation ayant fait de Constantine et de ses alentours un des pôles nationaux de l’industrie mécanique..


Lorsqu’Ali Saïdi-Sief montra le bout de son nez aux  championnats nationaux de cross organisés à El Tarf, un seul club existait à Hamma-Bouziane.

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