En fait, le potentiel indéniable des gamins et des gamines de Hamma-Bouziane
(comme ceux des localités avoisinantes d’El Khroub, de Chelghoum-Laïd dans la wilaya
de Mila ou d’ailleurs), stimulaient une perception et un discours comparable à
celui tenu par les structures constantinoises vis-à-vis de ce qui est décrit
comme l’algérocentrisme et d’un univers globalisant basé sur le principe du « centralisme
démocratique ».
Ce principe, régissant l’ensemble de l’organisation sociale, dans ses
dimensions administrative, économique et politique, est battu en brèche par un
désir, de plus en plus puissant et plus souvent exprimé, d’émancipation de
l’emprise entretenue par les grandes métropoles, en particulier de celles se
voulant capitales régionales.
C’est ce qui dans les discours universitaires, sportifs et
journalistiques a été traduit par la sacro-sainte démocratisation du sport se manifestant
en particulier dans la politique d’investissements prônant la réalisation
d’infrastructures élitistes dans les endroits les plus reculés du pays. La
conséquence de la mégalomanie qui traverse le monde sportif.
Aujourd’hui, Hamma-Bouziane recense un médaillé olympique
(Saïdi-Sief), un sélectionné pour les championnats
du monde et les jeux olympiques (le marathonien Tayeb Filali). Triki Yasser
(natif d’Ibn-Ziad), la nouvelle perle du saut en longueur algérien est un
voisin proche.
La nature humaine apprécie le mimétisme, la reproduction fidèle, les
« copier-coller » de la modernité numérique.
Hamma-Bouziane s’est, depuis l’avènement de Saïdi-Sief, lancée dans la
reconduction de l’univers athlétique.
Hamma-Bouziane a donc emprunté à Constantine ville suzeraine, le mode
du déploiement (que l’on retrouve aussi en d’autres régions) à l’infini de
l’athlétisme. Cette extension du domaine athlétique se fonde essentiellement sur
des rivalités personnelles, des inimitiés de techniciens et de la soif de
pouvoir ou de réussite.
Elle mène à la création de clubs rivaux, aux pillages d’athlètes et à de nouvelles
répartitions de subventions sans que l’enveloppe globale ne soit notablement augmentée.
En dépit de ces créations, la densité athlétique n’évolue guère. Hamma-Bouziane
recense trois clubs d’athlétisme et organise une course sur route solidement
ancrée dans les traditions de la cité. Elle attend aussi la réception de son
complexe sportif de daïra doté d’une piste d’athlétisme. Les résultats sportifs
se limitent au niveau régional.
Il faut dire pour comprendre ce phénomène que Hamma-Bouziane, à l’image
des ex-petites villes de la couronne constantinoise, est confrontées à un boum
démographique effarant. L’augmentation galopante de la population s’appuie sur deux
paramètres.
Le premier se situe dans le caractère considéré « normal »
du développement citadin se fondant sur deux phénomènes sociaux : la
vigueur du taux de natalité et l’exode rural. Le second paramètre repose sur
une dimension que nous qualifierons d’« artificielle »
consécutive aux relogements de deux types de population.
La première de ces deux populations est de citadinisation récente.
Elle est arrivée dans la périphérie constantinoise, occupant les aires
d’habitats précaires, à partir des années 80 et de la « décennie
noire ».
La seconde, une délocalisation massive de groupements humains se
déclinant par un exode urbain, de la ville vers une campagne qui ne l’est plus,
est formée par la population des quartiers séculaires intra-muros, celle de la
« vieille ville » (s’opposant à la « nouvelle
ville » d’Ali Mendjeli aussi peuplée que Constantine) tombant en
ruines, de tradition citadine plus ancienne remontant d’abord à la guerre de
libération puis, dans un deuxième temps à la période de l’exode rural qui
accompagna la politique d’industrialisation ayant fait de Constantine et de ses
alentours un des pôles nationaux de l’industrie mécanique..
Lorsqu’Ali Saïdi-Sief montra le bout de son nez aux championnats nationaux de cross organisés à El
Tarf, un seul club existait à Hamma-Bouziane.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire