Avec Ammar Brahmia (nous nous garderons d’oublier Mohamed Djouad qui
fut le patron du club), le Mouloudia mixait les éléments primordiaux de ces
deux visions (professionnalisme étatique et professionnalisme libéral) pourtant
d’apparence contradictoire.
Les acquis de l’athlète-fonctionnarisé étaient étroitement intriqués aux
avantages introduits par la naissance, au
plan international, de l’athlétisme
professionnel dans la forme légalisée des nouvelles conceptions de l’IAAF et du
mouvement olympique.
Sous l’influence des « aristocraties » franco-britannique, l’athlétisme,
discipline par excellence de l’olympisme, ne reconnaissait pas, avant les
années 1980, le professionnalisme. La mention « athlétisme amateur »
figurait dans l’intitulé de l’IAAF (« fédération internationale
d’athlétisme amateur ») qui avec ce changement devint la « fédération
internationale des associations d’athlétisme ».
Cette perception, aujourd’hui anachronique de la pratique sportive
réservée à une élite sociale a été le fondement idéologisé des Jeux Olympiques
(la principale compétition d’athlétisme puisque les premiers championnats du
monde ne se déroulèrent qu’en 1983) avait conduit à la disqualification de grands
champions tels l’Amérindien Jim Thorpe, du Français Jules Ladoumègue, de
l’Algérien Boughera El Ouafi) lesquels, pour des motifs alimentaires, avaient enfreint
la règle établie.
Cette nouvelle approche de l’athlétisme était assortie de
l’intervention, sous forme de sponsoring, des équipementiers et de la
distribution de primes de notoriété et de résultats dans les meetings et la
mise en place d’un circuit de compétions (richement doté) dénommé
successivement « Grand Prix IAAF-Mobil », « Golden
League » puis « Diamond League ».
Sur la trace de ces équipementiers sportifs (Adidas, Puma, Nike, etc.),
se sont engouffrés d’autres multinationales attirées par le formidable et
alléchant support médiatique que sont les champions.
Ali Saïdi-Sief était junior première année lorsque le résultat de Tarf
attira l’attention sur lui. Les conseils d’entraîneurs avisés lui firent adopter
la voie menant à « la montée sur la capitale ». Ces entraîneurs
n’étaient pas toujours désintéressés. Mais, ils l’étaient plus que ceux qui
animent le mouvement sportif national d’aujourd’hui qui sont devenus des
« coaches » monnayant leurs compétences.
« Coach » est un néologisme d’origine
anglo-saxonne. Il est porteur de la perception nouvelle de la fonction dont la
forme fait l’objet d’une compréhension particulière par une partie de la
corporation en phase (il faut l’admettre) avec son environnement complétement
débridé.
Le vocable « coach » ne déroge guère à la
relation qu’ont les fonctionnaires algériens (tous secteurs confondus) avec
l’exercice de leur profession. Celle-ci se définit, dans la pratique
quotidienne, par la double (ou multiple) activité (commerce, entreprises,
chauffeurs clandestins, cours dits de soutien). Elle illustre, pour ceux qui en
furent les pionniers, à la fois la précarité pécuniaire de la catégorie
socio-professionnelle induite par les grilles de salaire et la perception
qu’ont les éducateurs du volume horaire d’activité auquel leur statut les
oblige et de la rentabilité temporelle.
Pour beaucoup d’entraineurs (dans le répertoire récent des emplois du
secteur, ils sont classés dans la catégorie des éducateurs) cela signifie au
minimum le port d’une double casquette : « entraîneur- fonctionnaire », rémunéré par la
Fonction Publique, et « entraîneur libéral »,
défrayé complémentairement par les athlètes intégrant leurs groupes d’entraînement
et partageant (selon des pourcentages convenus) les primes et indemnités,
etc.
Il existe une autre variante. Elle est si ancienne qu’elle s’apparente
à une tradition que nul ne peut ébranler. Elle fait partie des acquis sociaux que
le multi-syndicalisme rentier défend avec opiniâtreté.
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