Les
supporters algériens couvent de leurs attentions énamourées les joueurs de
football ramenés d’horizons divers. De jeunes joueurs, la vingtaine à peine
dépassée, ayant encore tout à apprendre pour devenir de grands joueurs et que
l’on incorpore dans les sélections appelées à disputer les plus grands tournois
qui sont organisés sur le continent (Coupe d’Afrique des Nations)ou sur la
planète (Coupe du monde).
La sélection
de ces joueurs talentueux, mais manquant encore de maturité, fait l’objet de
débats médiatiques houleux autour de ces franco-algériens ou autres binationaux
(M’Bolhi, Taïder, Cadamuro) qui ne peuvent se permettre de réfléchir trop
longuement sur la décision à prendre (celle de choisir l’équipe nationale avec
laquelle il jouera alors que son cœur balance entre les deux rendant cornélien
un choix… attendue par tous). Surtout, lorsque la presse se met à battre le
tambour. Ils n’ont pas le droit de décevoir…les millions de supporters qui, en
d’autres circonstances plus normales, celles faisant partie de la vie
quotidienne, n’auraient pas la même attitude. Il ne faut pas faire fuir la
fiancée surtout lorsqu’elle est belle.
A des
niveaux différents bien sur. Surtout, lorsque le joueur réfléchit à ce qui
l’attend de l’autre côté de la mer et ne veut pas se lancer dans une aventure
dont il connait (en partie) les risques. Ceux dont il a eu à pâtir lors des
vacances scolaires pendant laquelle la langue qu’il parle, son accent, ses
habitudes, ses attitudes sont l’objet de…commentaires (de la part des cousins
et cousines, oncles et tantes et camarades de jeu, etc.) où l’étrangeté, la
différence est notablement marquée et remarquée. C’est là que se trouve le
substrat de la prétendue polémique entre les joueurs locaux et les joueurs
professionnels auquel se greffe la jalousie de l’Autre qui vient prendre une
place qui nous est due parce qu’il n’est pas comme nous et de chez nous.
Il est vrai
que le statut de joueur de l’équipe nationale en fait un être à part. Le fait
qu’il évolue dans un club de bonne notoriété européenne en fait une starlette à
laquelle on fait les yeux doux, que l’on courtise, et dont on satisfait les
moindres caprices…. en attendant qu’elle soit enchaînée, pieds et mains
liées ….par les liens de l’union, de la lettre d’engagement à signer si
« on » a joué en équipe jeunes ou de la première sélection
irrévocable en match officiel. A ce moment-là, on lui fera sentir à
cette…..canaille de quel bois on se chauffe, en lui sortant tous les petits
défauts (ou ceux que l’on regarde comme tel) d’un petit jeune venu…d’ailleurs,
d’un autre univers, d’une autre culture.
Si le choix
de revêtir la tunique algérienne est considéré comme allant de soi, le choix
inverse est peu apprécié. Sahnoun, Meriem, Zidane, Benzema, Nasri (et dans
quelques temps Fekir lorsqu’il aura joué ses premiers matchs avec l’équipe de
France), bien qu’ils soient considérés comme de bons joueurs voire d’excellents
joueurs, souffrent d’une tare indélébile, celle de n’avoir pas revêtu la
runique des Fennecs. Ils sont en manque de patriotisme.
Le lien avec
la mère-patrie ou du moins celle de leurs parents (ou de leurs ancêtres) est
distendue, semble-t-il. Pourtant il existe fortement. Plus fortement qu’on ne
le croit. Mais, jamais dit. D’ailleurs même si la proximité avec la terre
ancestrale est avouée, elle n’est jamais crue. Du moins par les gardiens de ce
temple qui n’existe que dans leurs lubies et n’attire pratiquement pas de
fidèles, si ce n’est des courtisans prosélytes. Pour eux, le choix de l’équipe
de France est plus que significatif de la dérive patriotique.
C’est
lorsque le joueur n’est plus en activité, que les micros et les caméras se sont
détournés, que remontent à la surface des anecdotes racontées par des personnes
étrangères à cette problématique. La dernière a été narrée récemment par un
grand entraineur italien de renommée internationale, Marcello Lippi. Celui-ci
répond (au journaliste algérien qui veut savoir pourquoi il a cité Zinedine
Zidane parmi les joueurs algériens alors que ce dernier a joué pour l’équipe de
France avec laquelle il a remporté un titre de vainqueur de la Coupe du monde)
qu’il avait, du temps où Zidane jouait à la Juventus de Turin dont il était
alors l’entraineur, vu le joueur (déjà renommé internationalement) jouer, à une
heure très tardive, dans une rue de Turin. Interpellé par son coach, Zizou eut
une réponse à laquelle Lippi ne s’attendait certainement pas. Lippi dit « il
me répond : ce sont mes amis de mon pays l’Algérie ». Tout
cela, dans une ville du Sud de l’Italie, à l’heure où les gens honnêtes sont
sous la couette et les joueurs professionnels récupèrent, Zidane joue au
ballon, à la lumière des lampadaires avec des inconnus venus de son pays
apportant ₺Rihet
El bled₺,
l’odeur de son pays où il n’est pas né et n’a pas vécu.
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