mardi 27 septembre 2016

Polémiques (20), La compétence à l’épreuve du terrain


Le phénomène de l’accaparement  d’athlètes tel qu’il a été pratiqué par le Mouloudia et les clubs de performance n’a pas été totalement nuisible. Nous serions même tentés d’écrire que, pour beaucoup d’athlètes, elle fut socialement bénéfique.
Pour les clubs et les entraîneurs qui participèrent à la formation de ces athlètes, elle fut négative et conduisit, par la    force des choses, à la disparition des clubs consécutivement à la dégradation de leurs situations financières étroitement dépendantes des subventions accordées par les autorités locales et dont la détermination s’appuyait, en grande partie, sur les résultats sportifs obtenus. Cette disparition des clubs, fondation de l’ensemble de la structure sportive, résulte également du désengagement et la démotivation des éducateurs sportifs en activité sur les terrains de sport. Une catégorie sociale dont nous dirons qu’elle comprend aussi bien des enseignants d’EPS, des entraineurs bénévoles  (une espèce en voie de disparition) que des techniciens  et des cadres du sport formés par les ITS et l’ISTS.
Dans la vision « élitiste » que nous a présenté Saïd Lounnas, au niveau de la cellule de base que sont les clubs, la rivalité entre les « bénévoles » (ceux qui ne sont pas liés par un lien de subordination direct avec le MJS et les DJS)  et les « professionnels » (les entraîneurs rémunérés par ce secteur ministériel) n’est pas aussi nette que ce que nous avons pu l’écrire jusqu’à maintenant. Nous pouvons même nous aventurer à dire qu’elle fut quasiment nulle. A l’exception bien sur des cas particuliers naissant de la rencontre d’énergumènes que l’on a pu trouver aussi bien chez les « qualifiés » que chez les « diplômés ».
Sur le terrain, le diplôme (quel qu’il soit) n’a pas sa place. Il est remisé dans un tiroir des administrations et ne sert qu’à définir un statut administratif et un niveau de rémunération. Ce qui compte le plus c’est le niveau de compétence de l’entraîneur. Une compétence qui se définit, quantitativement et surtout qualitativement, par « son » palmarès qui est en réalité (on a tendance à l’oublier souvent par facilité intellectuelle) la somme de ceux des athlètes qu’il a accompagnés au cours de sa carrière. Ces palmarès d’athlètes prenant la forme de titres et de performances conquis et/ou réalisés à différents niveaux de compétitions. Cette compétence est aussi la vitrine, la transcription discursive, qu’il a su se construire (ou qu’on lui a construite) à partir d’un seul résultat exceptionnel.
On nous reprochera bien évidemment la comparaison qu’à nouveau nous faisons malgré nous entre Abboud Labed et Amar Bouras. Cette comparaison illustre justement la situation décrite précédemment où la structure fédérale n’a pas valorisé les nombreux titres et records nationaux de l’un, obtenus et réalisés (avec les moyens trop souvent dérisoires dont dispose un entraîneur du pays profond à classer parmi les entraîneurs « qualifiés") par une multitude d’athlètes pendant toute une carrière et les titres et records d’une athlète (exceptionnelle à tous points de vue) pendant une période relativement brève par un entraîneur "diplômé", de surcroit considéré comme le leader de l’excellence. A juste raison, on devrait s’interroger sur ce que cette même athlète (Hassiba Boulmerka) aurait pu fournir comme satisfactions avec son premier entraîneur si la fédération lui avait procuré les moyens qui ont été mis à la disposition du second. La réponse ne sera pas connue puisque l’on ne peut réécrire l’histoire.
C’est aussi la même question que nous devons nous poser au sujet de Toufik Makhloufi dont l’entraîneur (Ali Redjimi, un "diplômé" de l’ITS) est félicité par l’entraîneur français (Philippe Dupont) pour son travail préliminaire et lui reconnait une certaine compétence pour avoir amené à 3.30 au 1 500 mètres l’athlète qui lui a été confié par le biais d’une convention avec la fédération. A la fin de l’année 2014, ce même entraîneur (Ali Redjimi), sous une fédération dirigée par Amar Bouras, aurait été écarté par l’administration sportive algérienne (FAA ou MJS) de l’encadrement d’un stage programmé à l’étranger (Etats Unis) de son protégé (revenu provisoirement dans son giron) pour ne pas détenir les titres requis. A ce moment-là, Makhloufi était en quête d’un entraîneur après avoir quitté successivement Amar Brahmia (printemps 2012) et Aden Jama (automne 2014). Makhloufi est parti seul, sur ses propres fonds, accompagné par un kiné et deux sparring-partners qui ne purent achever le stage. Un cadre de la fédération, plus exactement le DTN (que les instances voulaient imposer à tout prix)  fut ensuite dépêcher pour transporter les fonds finalement décaissés  et contrôler l’usage qui en était fait. Conservons ce fait dans un coin de notre mémoire.

Deux exemples d’une situation où des entraîneurs de talents se sont vus couper les ailes, ont été empêchés de donner leur pleine mesure, de mettre en valeurs leurs compétences, pour permettre à des Icare de s’envoler vers le firmament de la gloire. Combien d’autres pouvons-nous en recenser ?

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