dimanche 15 octobre 2017

Samira Messad (71), Le champ de la rumeur s’élargit

Nous observerons que jusqu’à cette déclaration quelque peu déroutante du Directeur Technique National, le nom de Salim Keddar n’avait jamais été cité aussi ouvertement sur la place publique. A notre connaissance, aucun officiel de l’athlétisme national n’avait accolé son nom à une affaire de dopage.
Pourtant, son nom avait été prononcé à maintes reprises. Il avait été véhiculé par des rumeurs qui évoquèrent souvent la présence de ce spécialiste du 1500 mètres dans la liste des athlètes d’une notoriété certaine qui auraient échappé, par un moyen ou un autre (dont les fameuses autorisations à usage thérapeutiques présentées après un résultat d’analyse anormal alors que la qualité d’athlète international impose la remise d’un dossier médical justificatif au moins 30 jours avant la compétition), aux contrôles anti-dopage et qui ne se gênèrent pas pour attribuer sa progression chronométrique phénoménale à l’aide pharmaceutique.
En plus d’avoir été associé aux autres coureurs de demi-fond appartenant à l’élite nationale prétendument en marge de la légalité sportive, Salim Keddar fut le sujet d’au moins deux rumeurs qui circulèrent dans le périmètre du complexe olympique. Deux rumeurs qui le visèrent directement.
La première fut celle qui en fit un des adeptes de  la pratique d’évitements de contrôles anti-dopage.  
La seconde le signala (avec du recul nous dirons que la déclaration de Boubrit a pu être le déclic de cette rumeur) en tant que troisième luron du trio ayant présenté un résultat d’analyse anormal lors des championnats nationaux open du 1er août 2015.
Un trio anonyme jusque-là composé de Samira Messad déclarée positive et à ce titre sanctionnée, d’Abdelghani Bensaadi (le coureur de cross-country et de demi-fond long de Bordj Bou Arreridj dont l’identité est liée, par un procès-verbal de réunion de la FAA, à l’éviction d’un médecin du processus de validation d’AUT) et donc de Salim Keddar.
Ahmed Boubrit précisa également, au cours de cet entretien téléphonique se présentant aujourd’hui avec les attributs de la réfutation d’une partie des déclarations de Messad, que le programme de contrôle anti-dopage retenu pour ces championnats d’Algérie Open d’athlétisme portait sur  les trois premiers des épreuves.
L’athlète prétend pour sa part que le contrôle aurait été un préalable, une condition sine qua non à une sélection pour les championnats maghrébins.
L’intervention radio-télévisée d’Ahmed Boubrit nous conduit à comprendre que les palabres relatées par Samira Messad pourraient ne pas avoir eu lieu, seraient le fruit de son imagination. Ce qui rend encore plus incompréhensible le renvoi (puis le rappel) de Samira Messad de la salle d’attente du centre de prélèvement.
Toutefois, cet épisode met aussi au premier plan, une thèse quelque fois évoquée dans la perspective de la théorie très contemporaine du complot et de manipulations de flacons d’urine. Selon cette thèse, Samira Messad en aurait été la victime, le bouc émissaire destiné à couvrir les activités illicites d’une autre athlète, d’une championne qui ne pourrait être, cela va de soi, qu’une protégée de la fédération.
Le compte-rendu des résultats de l’analyse est anonyme. L’identité de l’athlète n’est pas spécifiée. L’athlète, selon le protocole, est identifié par un numéro de dossier. Le bilan des analyses indique uniquement que les urines examinées appartiennent à un athlète de sexe féminin. Un peu plus loin, dans un commentaire se voulant explication de la présence du produit trouvé (Nandrolone), il exclue l’éventualité de l’utilisation de la pilule contraceptive et/ou d’un état de grossesse, un produit et une situation typiquement féminine.
Seul un examen plus approfondi des résultats (et d’autres analyses) peut valider ou infirmer cette théorie difficile à concevoir.
Le passage à la télévision de Boubrit nous était inconnu. Nous avons été mis dans l’impossibilité de relever que l’affaire Samira Messad a également connu une infraction à la règle de confidentialité. Les deux années écoulées avant les fuites visant Souad Aït Salem et les 5 cyclistes encore anonymes montrent à ceux qui voudraient nier la transgression qu’il s’agit en vérité d’une pratique éculée.

Le 24 août 2015, une vingtaine de jours après ce contrôle réalisé lors d’une compétition et en un lieu suscitant plus tard (et jusqu’à aujourd’hui) des doutes, le laboratoire français accrédité par l’AMA de Châtenay-Malabris, situé dans la région parisienne déclare un résultat anormal d’analyse. 

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