Abdi Youcef affirme que c’est grâce à
ses efforts personnels, en tentant de concilier l’impossible équation « travail-entraînement »
proposée à un migrant sans ressources en territoire étranger, en se « distinguant
dans cette discipline » qu’il s’est « ouvert les portes
de la consécration dans un pays où seule la performance compte pour se frayer
un chemin dans n’importe quel sport ».
Par cette phrase anodine, il en profite
pour enfoncer le clou, pour montrer son ressentiment vis-à-vis du système
fédéral où la performance ne serait pas le critère de sélection. Disons qu’Abdi
Youcef n’est pas le seul à le faire, à tenir ce discours qui n’est pas audible
en ces hauts lieux de la responsabilité sportive coupés du reste du monde.
Mais, c’est sans doute l’avantage, il
est l’unique athlète à avoir réussi une carrière sportive correcte (au niveau
mondial s’entend) sans avoir été aidé par la fédération algérienne et les
autres instances sportives. En attendant que nous ayons la possibilité de
connaître le soutien qu’aurait pu lui apporter celles d’un pays avec lequel le
seul lien est un passeport.
Selon les quelques explications données,
cette situation difficile, son « calvaire » (une
période au cours de laquelle il a du faire ses preuves) aurait duré deux années.
Du point de vue chronologique, il signifie qu’il serait arrivé en Australie en
1998.
Ses efforts, nous dit-il, furent
finalement récompensés en lui permettant d’obtenir la nationalité australienne.
Il précise que ce fut plus précisément au cours de l’année 2000 (qui est celle
de l’organisation des Jeux Olympiques par l’Australie) qu’il acquit sa nouvelle
nationalité tout en conservant l’ancienne.
Sous les
couleurs du pays auquel il a fait maintenant allégeance, il eut une carrière
sportive internationale plus qu’honorable. Il est à mettre en avant qu’il a
participé à des compétitions (les Jeux du Commonwealth) qui, sous nos cieux,
ont un caractère anecdotique, peu familier, exotique et surtout qui ne marquent
pas les palmarès des athlètes algériens et ceux du bassin méditerranéen.
Les Jeux du
Commonwealth regroupent les nations appartenant à l’ancien vaste empire
britannique. Outre les îles britanniques que l’on connait peu ou prou
(Angleterre, Ecosse, Pays de Galles, Irlande et Eire) connaissent la
participation des anciennes colonies de la Grande-Bretagne que sont le Canada,
les iles de l’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande), les iles des Caraïbes
(Jamaïque, Bahamas, Barbade), les nations du sous-continent indien (Inde,
Pakistan, Bengladesh, Malaisie) ainsi que celles d’Afrique (Afrique du Sud,
Kenya, Tanzanie Namibie, Nigéria, Botswana, Zambie, Zimbabwe, Cameroun, etc.),
la planète de l’anglophonie. On constate à la lecture de cette liste incomplète
que ces Jeux rassemblent des puissances athlétiques dont la présence dans les
palmarès des championnats du monde et des Jeux Olympiques est attestée.
Réputé
être un coureur de 3 000 m steeple, Youcef Abdi remporta en 2002 (deux ans
après être devenu Australien et certainement deux années de préparation
sportive selon les normes remplaçant deux autres années de difficultés) la
médaille de bronze du 1 500 m des Jeux du Commonwealth de Manchester
(3.37.77). Son record personnel sur la distance est de 3.36.35. Il a été
réalisé à deux reprises en 2002 puis 2003.
Selon l’Australo-amazigh (l’entretien, à la suite
de l’évocation de son intégration dans la société australe, est centré dans sa
seconde partie sur la question de l’amazighité telle que perçue par un
supporter de la JSK installé
à l’autre bout du monde, dans un pays arborant les mêmes couleurs que le club mythique de la Kabylie), cette
médaille aurait eu une importance historique et symbolique « pour
l’athlétisme australien qui n’avait pas réussi un tel exploit quarante ans
durant ».
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