samedi 31 mars 2018

Ali Saidi Sief (18), La naissance d’une aristocratie


Dans le corps de la nouvelle caste qui prend le pouvoir dans la sphère sportive, pour les cohortes de dirigeants puisés dans les rangs des techniciens-fonctionnaires constitutifs de l’aristocratie du secteur, il s’agit d’un challenge difficile à relever.
Cette nouvelle caste est une catégorie socioprofessionnelle qui a été inscrite dans un cursus de carrière restrictif (celui des sciences et méthodologie du sport) qui, par la suite, se diversifiera. On constate que cette classe sera exclusive (dans la constitution de l’électorat sportif) des anciens sportifs (y compris internationaux) n’étant pas inscrit dans l’orientation académique privilégiée et dominante.
L’association algérienne des cadres du sport est passée par là non pas pour défendre la corporation mais pour devenir un instrument de pouvoir au service de la puissance publique. L’entrée en politique de l’association a été, nous l’avons vu par ailleurs, à l’origine de la dissension entre le clan Brahmia et celui constitué autour de Lounnas qui n’est cependant pas totalement responsable de l’opprobre qui rejaillira plus tard sur ses contrefacteurs.
Nous observerons que les plus illustres de ces anciens sportifs de très haut niveau (champions et/ou  médaillés olympiques et mondiaux) seront plus tard (au 21ème siècle) exclus de l’assemblée générale par une de ces nombreuses pratiques manipulatoires dont la sphère athlétique et les épigones de Lounnas furent friands.
L’exemplarité dont sont porteurs, à travers leurs palmarès, leurs auras, leurs légendes, les grands champions gêne aux entournures à la fois ceux qui n’ont pas percé dans leurs parcours sportifs et dans la dimension universitaire d’une part ainsi que les sportifs (convertis en entraîneurs) soucieux de gravir l’échelle du pouvoir électif sportif après s’être emparé, par le biais des réseaux en action, du pouvoir administratif sportif.
Dans ce maelstrom socio-économique destructeur de la vague rentière, la corporation des sportifs (au sens large incluant aussi bien les athlètes relégués cependant au dernier rang que les entraîneurs et les dirigeants) est habituée à être servi à la demande, conditionnée par le système économique et politique à trouver dans les coffres forts presque jusqu’alors inépuisables les prébendes qui furent ceux de l’Etat-Providence.
Comprenons-nous bien, l’Etat, le secteur productif public et privé sont, comme tous les acteurs du mouvement sportif national, à la recherche de trésorerie, que le marché international des hydrocarbures et de la rente qui en découlait, ne peuvent plus assurer. La sphère sportive a un besoin inextinguible de cash-flow qui n’est plus disponible.
C’est  l’incapacité des fonctionnaires (catégorie sociale à laquelle appartient la bulle sportive) à opérer la rupture épistémologique nécessaire, c’est-à-dire le passage de la vision socialiste du sport à la nouvelle vision (mentalité, attitude) plutôt libérale, qui amena le début de l’agonie des ASP (associations sportives de performance) et des ASC (associations sportives communales).
Le sort des premières étaient liées aux grandes entreprises publiques en très grandes difficultés. Les secondes ont été dépendantes, pour une partie signifiante de leur financement, de la coloration politique des assemblées populaires communales (APC) ou (plus précisément en conformité au schéma administratif transitoire de l’époque) des DEC (délégations exécutives communales), ces entités administratives désignées, par le pouvoir administratif et politique, en lieu et place des assemblées populaires élues accaparées par la mouvance d’inspiration islamiste lors des élections de 1991-1992.
Nous noterons que les répartitions des subventions (un aspect fondamental de la gestion des ASP et ASC) aux associations sportives ont été alors orientées, plus que par le passé, vers deux activités sportives : le football-roi et les sports de combat. Nous admettrons qu’il aurait été difficile, politiquement insensé dans la perspective de la continuité d’un système vacillant, d’écarter (compte tenu de l’importance de la place occupée dans l’imaginaire des citoyens et des décideurs) le football de la manne providentielle.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire