Sans doute, l’ex-enfant prodige des
Aurès a-t-il emprunté la voie des courses aux primes, celle du mercenariat. Nous
n’avons pas malheureusement suffisamment d’informations sur cette question pouvant
tarauder l’esprit de beaucoup d’observateurs et d’analystes, soucieux de
comprendre les raisons de son échec. S’il en existe encore. Bien que nous
devions admettre que la course aux cachets soit (pour un athlète dans la
situation de Miloud Abaoub) le meilleur moyen d’arrondir les fins des mois
difficiles en terre étrangère.
On pourrait raconter à l’envie, certainement
sans beaucoup dévoyer la réalité, la
saga de Miloud Abaoub en nous inspirant des récits des jeunes athlètes
marocains de demi-fond. Si ce n’est que, par bonheur, pour le coureur algérien
la fin soit plus heureuse.
Il parait ne pas avoir son nom cité
dans la moisson des faits divers marquant la diaspora marocaine dont de
nombreux membres alimentèrent, plus que de raison, la chronique européenne (France,
Espagne, Belgique) du dopage amenant à la conclusion, toutefois superficielle
et rapide, suivante : la précarité conduit aux dérives éthiques ou dans le
meilleur des cas à la stagnation. La prolifération des champions ne doit pas
une bonne chose dans l’esprit des responsables.
A ce que l’on sait, après
quelques recherches documentaires, c’est que l’aventure sportive française de
Miloud Abaoub a tourné court. Ses meilleures performances chronométriques sont
restées orphelines.
Après avoir atteint le seuil du
niveau mondial de son époque, il fournit la norme à de jeunes coureurs algériens
qui firent mieux que la génération précédente (celle des années 80 : Abderrahmane
Morceli, Rachid Kram, Amar Brahmia) qui ne put franchir la barre des 3.36 au 1 500
m. A quelques exceptions près, les espoirs algériens du 1 500 m (course
devenue emblématique) restèrent longtemps en deçà de 3.32. Jusqu’à l’apparition
de Saïdi-Sief puis de Toufik Makhloufi !
Le second « fugueur »,
fut Youcef Abdi. Au cœur de la décennie 1990 (nous l’avons retenu car il
appartient à la même classe d’âge que Miloud Abaoub et Ali Saïdi-Sief), il fut un coureur. Il l’était déjà en minimes et
cadets.
Il est originaire d’Azazga, une
localité de cette wilaya de Tizi Ouzou qui commençait, sous l’impulsion des
enseignants d’EPS et de jeunes techniciens fraichement émoulus des instituts de
formation, à faire bouger les idées reçues sur les places fortes de l’athlétisme
algérien. Les spécialistes des courses de demi-fond le voyaient au même niveau
chronométrique que Morceli (dont il tutoya les records jeunes) ou plus
exactement d’Azzedine Brahmi, médaillé de bronze du 3 000 m steeple des
championnats du monde de Tokyo.
Comme tant d’autres athlètes, avant
et après lui, il n’était pas dans les petits papiers de la fédération, sur la
liste des athlètes devant bénéficier du soutien fédéral. Il faut dire que la
voix de Tizi Ouzou ne portait pas jusqu’au stade annexe et que les méthodes de
son entraîneur n’étaient pas en phase avec le discours ambiant. On l’accusait
alors de « griller » son athlète.
L’autre hypothèse, faisant suite
à la polémique signalée ci-dessus, est qu’il était inscrit sur une autre liste,
celle de ceux (athlètes entraîneurs) refusant de passer sous la coupe réglée
des entraîneurs dits nationaux. Des techniciens appâtés (comme le montreront, au
cours des années suivantes, les actes des uns et des autres) par les
récompenses et avantages divers qui furent offerts aux entraîneurs de Hassiba
Boulmerka et Noureddine Morceli, après leurs titres de champions du monde de 1991.
La motivation par l’argent (la
rondelette somme de 1 000 000 de dinars soit environ 100 fois le
salaire minimum de l’époque) et les
logements attisent les tentations et clivent les relations.
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