lundi 12 mars 2018

Ali Saidi Sief (9), Abdi Youcef, le migrant


Sans doute, l’ex-enfant prodige des Aurès a-t-il emprunté la voie des courses aux primes, celle du mercenariat. Nous n’avons pas malheureusement suffisamment d’informations sur cette question pouvant tarauder l’esprit de beaucoup d’observateurs et d’analystes, soucieux de comprendre les raisons de son échec. S’il en existe encore. Bien que nous devions admettre que la course aux cachets soit (pour un athlète dans la situation de Miloud Abaoub) le meilleur moyen d’arrondir les fins des mois difficiles en terre étrangère.
On pourrait raconter à l’envie, certainement sans beaucoup dévoyer la réalité,  la saga de Miloud Abaoub en nous inspirant des récits des jeunes athlètes marocains de demi-fond. Si ce n’est que, par bonheur, pour le coureur algérien la fin soit plus heureuse.
Il parait ne pas avoir son nom cité dans la moisson des faits divers marquant la diaspora marocaine dont de nombreux membres alimentèrent, plus que de raison, la chronique européenne (France, Espagne, Belgique) du dopage amenant à la conclusion, toutefois superficielle et rapide, suivante : la précarité conduit aux dérives éthiques ou dans le meilleur des cas à la stagnation. La prolifération des champions ne doit pas une bonne chose dans l’esprit des responsables.
A ce que l’on sait, après quelques recherches documentaires, c’est que l’aventure sportive française de Miloud Abaoub a tourné court. Ses meilleures performances chronométriques sont restées orphelines.
Après avoir atteint le seuil du niveau mondial de son époque, il fournit la norme à de jeunes coureurs algériens qui firent mieux que la génération précédente (celle des années 80 : Abderrahmane Morceli, Rachid Kram, Amar Brahmia) qui ne put franchir la barre des 3.36 au 1 500 m. A quelques exceptions près, les espoirs algériens du 1 500 m (course devenue emblématique) restèrent longtemps en deçà de 3.32. Jusqu’à l’apparition de Saïdi-Sief puis de Toufik Makhloufi !
Le second « fugueur », fut Youcef Abdi. Au cœur de la décennie 1990 (nous l’avons retenu car il appartient à la même classe d’âge que Miloud Abaoub et Ali Saïdi-Sief), il fut  un coureur. Il l’était déjà en minimes et cadets.
Il est originaire d’Azazga, une localité de cette wilaya de Tizi Ouzou qui commençait, sous l’impulsion des enseignants d’EPS et de jeunes techniciens fraichement émoulus des instituts de formation, à faire bouger les idées reçues sur les places fortes de l’athlétisme algérien. Les spécialistes des courses de demi-fond le voyaient au même niveau chronométrique que Morceli (dont il tutoya les records jeunes) ou plus exactement d’Azzedine Brahmi, médaillé de bronze du 3 000 m steeple des championnats du monde de Tokyo.
Comme tant d’autres athlètes, avant et après lui, il n’était pas dans les petits papiers de la fédération, sur la liste des athlètes devant bénéficier du soutien fédéral. Il faut dire que la voix de Tizi Ouzou ne portait pas jusqu’au stade annexe et que les méthodes de son entraîneur n’étaient pas en phase avec le discours ambiant. On l’accusait alors de « griller » son athlète.
L’autre hypothèse, faisant suite à la polémique signalée ci-dessus, est qu’il était inscrit sur une autre liste, celle de ceux (athlètes entraîneurs) refusant de passer sous la coupe réglée des entraîneurs dits nationaux. Des techniciens appâtés (comme le montreront, au cours des années suivantes, les actes des uns et des autres) par les récompenses et avantages divers qui furent offerts aux entraîneurs de Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli, après leurs titres de champions du monde de 1991.
La motivation par l’argent (la rondelette somme de 1 000 000 de dinars soit environ 100 fois le salaire minimum  de l’époque) et les logements attisent les tentations et clivent les relations.

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