En cette année 1988, Hassiba
Boulmerka, tout juste âgée de 20 ans, se fit remarquer après avoir conquis les
titres africains du 800 et du 1500 aux Championnats d’Afrique d’Annaba. Puis, elle
confirma son entrée dans le monde restreint du niveau mondial lors de sa
participation aux Jeux Olympiques de Séoul. Elle échoua cependant à obtenir la
qualification aux finales des deux courses sur lesquelles elle avait été
engagée (800 m et 1 500 m).
Noureddine Morceli, quant à lui,
plus jeune (18 ans seulement) que Hassiba, après s’être classé honorablement
(9ème) aux championnats du monde junior de cross-country à Auckland
(Nouvelle Zélande), il est devenu vice-champion du monde (juniors) à Sudbury
(Canada). Cette performance lui vaudra de faire partie de la délégation algérienne
qui se rendit à Séoul. Il fit partie du groupe des jeunes athlètes talentueux
invités par le CIO à assister aux Jeux Olympiques.
Au cours des semaines qui
suivirent les Jeux Olympiques de Séoul, le statut social de Hassiba changea. De
simple « athlète de performance » qu’elle était,
elle devint membre à part entière du groupe dit de l’EN, stationnée à
demeure à Dely Ibrahim et autres lieux, aux petits soins de la fédération.
Avec, comme cela coule de source,
un changement d’entraîneur. Le nouveau coach n’a pas encore fait ses preuves mais,
la proximité de ce dernier avec les coulisses de la fédération aidant, elle
reçoit les moyens logistiques dont elle ne disposait pas auparavant.
Les conceptions philosophiques de
son entraîneur valent à l’athlète d’être visée par des accusations de dopage. La
préparation biologique était entrée dans le discours de certains entraîneurs
parmi les plus proches de la « fédé ». Pour faire la
part des choses, Noureddine Morceli, en raison de ses exploits à répétition,
n’échappa pas (plus tard) à des accusations identiques.
Son appartenance à ce groupe
d’athlètes de « l’élite nationale » fait qu’elle est
appelée, au cours des mois qui suivent, sous l’impulsion de son président de la
FAA, à traduire sur le terrain (en attendant la promulgation d’une législation
amendant très fortement l’encadrement juridique de la pratique sportive
algérienne en lui donnant une orientation moins étatique) toutes les
possibilités de marquer les imaginations en disposant des moyens financiers
pour ce faire. Nous ne devons pas oublier que déjà s’annonce la crise
financière qui conduira au P.A.S (pacte d’ajustement structurel).
Dans le même temps, ce qui
deviendra dans le discours économico-politique dominant, « les
capitaux marchands de l’Etat », regroupant un portefeuille d’entreprises
publiques économiques mises sous la tutelle des fonds de participation, se
délestent progressivement de l’ensemble des activités qui ne sont pas en
relation directe avec les missions fondamentales des entreprises.
Les premiers dégraissages des
EPE, supports financiers du mouvement sportif, concernèrent les ASP dont la
pratique à la base du système organique fut fortement impactée. Cette
législation sportive a contrario maintint puis accentua le soutien à la gestion
étatique du haut et du très haut niveau. L’élite sportive est une arme
médiatique mise au service du pouvoir.
Quant à Noureddine Morceli, il prend
l’avion (en compagnie de Lotfi Khaida et de Réda Abdenouz) à destination du
Riverside Collège, en Californie où l’attend une bourse d’études qui ne doit
presque rien au microcosme athlétique national. Ce sont son proche entourage et
les amitiés ou relations de son frère Abderrahmane et d’Amar Brahmia au sein de l’athlétisme international qui facilitèrent
le départ.
Nous dirons (en exagérant à
peine) que Noureddine Morceli fut le premier « harrag »
(brûleur de frontières) médiatiquement connu. Toutefois, à l’inverse des
« harragas », Noureddine partit en totale conformité
avec les règles du pays qui l’accueillit et formellement avec les règles
algériennes de sortie du territoire national.
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