Quelques semaines après cette
tentative d’émigration clandestine, le tout nouveau champion du monde cadet du
3 000 m battit le record national de la distance en 8.16 à l’occasion des
championnats d’Algérie scolaires par équipes d’établissements, organisés alors
traditionnellement par la ligue de wilaya des sports scolaires de Constantine,
au début du mois de juin de chaque année, depuis 1988.
Quelques mois plus tard, à la
rentrée scolaire, Miloud Abaoub partit en respectant les règles de franchissement
des frontières, pour l’Ouest de la France où l’attendait une place en formation
professionnelle qu’avait pu lui obtenir
un ancien entraîneur de Prosider Annaba devenu manager ou plutôt un agent
d’athlètes au statut mal défini. On dit encore qu’il puisa sans compter dans le
vivier des jeunes. Certaines « médisances » laissent même
entendre qu’il se serait investi en particulier dans les effectifs scolaires.
En 1996, après deux années passées
en Vendée (une province française qui fut, à la fin du 18ème siècle,
avec les Chouans, aux idées républicaines et se rangea aux côtés des
monarchistes), Abaoub se classa à la première place du championnat de France
junior de cross-country. L’été suivant, il conquit la médaille de bronze du 1
500m des championnats du monde junior de Sidney (3.39.37).
Dans cette finale qui vit le
jeune Batnéen tirer brillamment son épingle du jeu, deux noms, qui plus tard
seront auréolés de gloire, ressortent. Il s’agit de ceux de son compatriote Ali
Saïdi-Sief (7ème en 3.42.12) et du Kenyan Noah Ngeny (8ème en 3.42.44).
Les années qui suivirent cette
finale des championnats du monde juniors de Sidney furent brillantes pour les deux adversaires de Miloud Abaoub. Aux
championnats du monde de Séville de 1999, le Kenyan sera médaillé d’argent du
1 500 m (3.28.73). Il se classa derrière Hichem El Gueroudj (dont il fut
le « pace maker », le meneur d’allure dans les
meetings) qu’il devança, une année plus tard,
aux Jeux Olympiques de Sidney (2000). A ces mêmes Jeux Olympiques de
Sidney, Ali Saïdi-Sief fut sacré vice-champion olympique du 5 000 m.
En 1998, deux années après les
championnats du monde junior, Miloud Abaoub courut le 1 500m en 3.34.37 et
le 3 000 m en 7.45.75 (ses records personnels). Cette année-là fut pour lui
remarquable. A la fin de l’hiver précédent, il s’était classé à la 26ème place du cross court des championnats du
monde de la discipline.
L’année suivante, en 1999, il fut
demi-finaliste (11ème) du 1 500 m des championnats du monde
d’athlétisme disputés à Séville (Espagne), juste devant Ali Saïdi-Sief (12ème).
Noureddine Morceli, sur le déclin depuis la finale d’Atlanta, abandonna en
finale. Séville marqua un tournant de l’athlétisme algérien.
A nouveau, dix années après 1988,
à la fin de la décennie dorée, une croisée des chemins se présente pour les
meilleurs jeunes coureurs de demi-fond algériens.
Observons que, au début du 21ème
siècle, dans le prolongement de ce qu’il advint à Abaoub, Saïdi-Sief et
d’autres jeunes brillants jeunes champions, médaillés ou finalistes des
championnats du monde juniors ultérieurs, la discipline connait un drôle de
destin. Comme Chronos, elle dévore ses meilleurs enfants.
Le récit connu de l’existence et
du parcours sportif de Miloud Abaoub est réduit à sa plus simple expression. La
seule certitude que nous ayons est qu’à partir de 1999, il est engagé dans une
courbe déclinante faite de régressions chronométriques accompagnées par de
nombreuses participations à des cross et à des courses sur route.
Le destin de Saïdi-Sief sera
quasiment semblable à celui de Toufik Makhloufi, les mêmes entraineurs (Brahmia
et Dupont), la même progression prodigieuse. La différence est que des vents
contraires entraînent l’un (Saïdi-Sief) vers une carrière sportive
incomplètement aboutie et le second (Makhloufi) vers la gloire olympique, leur
objectif commun.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire