mercredi 30 décembre 2015

Après la sanction pour dopage, Alex Schwazer prépare son retour



L
e retour sur les stades d’athlètes suspendus pour dopage a toujours été difficile. Même si la présence au plus haut niveau est possible et avéré, il est toujours accompagné de la suspicion qui stigmatise un comportement de tricherie qui ne peut être effacé. Les réputations sont définitivement entachées et la faute est constamment rappelée. Surtout lorsque l’athlète retrouve sa place aux premiers rangs internationaux de l’épreuve pratiquée (Gatlin, Powell, etc.).
Comme beaucoup d’athlètes dopés, Alex Schwazer, spécialiste italien de marche athlétique (champion olympique du 50 kilomètres aux Jeux olympiques de Pékin 2008), âgé de 30 ans, avait envisagé de mettre un terme à sa carrière après avoir été contrôlé positivement à l’EPO quelques jours avant le début des Jeux olympiques de Londres, en 2012. Pourtant, il annonce son retour pour une nouvelle médaille olympique aux JO de Rio 2016 avec l’intention déclarée d’«humilier le monde du dopage». Schwazer revient avec l’aide de Sandro Donati, un entraîneur (spécialiste des épreuves de vitesse et de demi-fond entre 1977 et 1987), ennemi déclaré de ce genre de pratiques ce qui lui valut d’être écarté des pistes d’athlétisme.
Alex Schwazer ne se voyait pas reprendre l’entraînement et la compétition « avec tout le poids de la suspicion » sans cette collaboration invraisemblable d’un dopé et d’un adversaire du dopage. Mais, c’est lui qui fit la démarche de demander à Sandro Donati de prendre son destin en main. Schwazer avait besoin d’une caution. Il ne le cache pas : « Je voulais une personne capable de m’entraîner, et surtout de mettre en place un programme antidopage indépendant qui montrerait que je suis propre». Son choix se porta vers Donati qui fut le premier à avoir  dénoncé les agissements du médecin italien Francesco Conconi et de son disciple, Michele Ferrari, préparateur de Lance Armstrong (Alex Schwazer lui aurait versé 20 000 euros en 2009 pour qu’il l’entraîne).
Sandro Donati accepta à la condition expresse que le marcheur témoigne devant la justice à Bolzano (d’où est originaire Schwazer) dont les investigations ont conduit dernièrement à la proposition d’exclusion de 28 athlètes (et l’examen de 39 autres cas suspicieux) par le comité olympique italien. La rédemption de Schwazer est passée par des aveux détaillés où se mêlent les discussions avec les adversaires russes aux Mondiaux de 2011, les propositions d’acquisition de la nationalité russe et de transfusions de sang avec eux à la frontière tchétchène, les voyages à Antalya ( Turquie) pour se procurer de l’EPO, les conseils de Ferrari pour les piqûres en intraveineuses, les micro-doses auto injectées, et l’attitude de la fédération qui sait et ne dit rien.
Donati collabore avec Schwazer depuis le mois d’avril 2015. Il  assure que depuis  « Alex est l’athlète le plus contrôlé du monde » et qu’il aurait subi pas moins de 23 prélèvements sanguins et trois urinaires dont les résultats sont transmis au Comité olympique national  italien (CONI) et à l’Agence mondiale ­antidopage (AMA).
Cette collaboration a obligé l’athlète a changé de vie, de s’installer à l’hôtel, à une centaine de mètres de la maison de son nouveau coach. Il s’y entraîne  dans la chambre avec des séances de home-trainer et à la salle de fitness sur tapis roulant. Schwazer n’a pas le droit de s’entraîner dans les stades jusqu’à début mai 2016, chaque après-midi, Donati, sur son vélo, suit Alex dans les rues de Rome ou sur les bords du Tibre.
Le CONI l’ayant autorisé, Schwazer a fait un test sur 10 km chronométré en 38’02” représentant «la troisième performance mondiale de tous les temps » au grand bonheur de  Sandro Donati, qui enregistre quotidiennement, sur son petit carnet, « les progrès réalisés chaque jour».
Au vu de ce test et des carnets d’entraînement de l’époque où Schwazer était dopé (Donati estime que le niveau d’alors « était très faible, ses résultats étaient uniquement dus aux effets de l’EPO»), le coach pense qu’« Il sera impossible de le battre ».

Nous noterons que si Schwazer, pendant sa période de sanction, était interdit d’accès aux installations sportives, en Algérie, Larbi Bouraâda bénéficiait de stages à l’étranger (Leverkusen en juillet-août 2013). Une explication à un avertissement adressé par l’IAAF.  

mardi 29 décembre 2015

Rabah Madjer, Le symbole d’une époque révolue ?

R
abah Madjer, l‘homme, le joueur est connu depuis des lustres. Son nom a franchi les frontières pour avoir réalisé quelques unes des actions footballistiques qui marquent les esprits de ceux qui ont pu y assister en « live », assis dans les tribunes des stades ou confortablement installé devant un écran de télévision. Il fit partie du commando de joueurs locaux qui n’était alors qu’un groupe de joueurs essentiellement formés de joueurs  préparés à la performance sportive sur les terrains vagues et les terrains d’Algérie renforcés par une petite poignée de leurs pairs repérées par les structures de l’omniprésente organisation de masse ralliant la majorité des nationaux résidents à l’étranger, l’Amicale des Algériens en Europe. En ce temps-là, différencier les joueurs par leur provenance n’était pas significatif et n’avait pas l’importance idéologique qu’on lui accorde aujourd’hui dans la presse sportive. Il est vrai, qu’alors, à une époque où le socialisme spécifique était dominant et les journaux relevaient d’entreprises publiques que l’on appellera la presse gouvernementale, une décennie plus tard, avec le changement de perspectives politico-économiques et la venue de l’"aventure intellectuelle", était numériquement réduite à sa plus simple expression.
Après l’exploit collectif de Gijón consistant, à l’occasion du premier match de l’E.N en phase finale de la Coupe du monde de football, à vaincre l’"ogre allemand", Rabah Madjer, joueur formé en Algérie, membre de toutes les équipes nationales depuis les catégories jeunes, frappa, quelques années plus tard, l’imagination mondiale avec un geste technique qui porte son nom. Toujours face à une équipe allemande, en finale de la Ligue des champions. 
Sélectionneur national évincé de son poste, consultant de haut niveau possédant un excellent sens de la communication orale, Rabah Madjer fait partie de ceux que nous avons dénommé, ici même, les "intermittents du football", ces anciens joueurs, ces entraîneurs, méprisés par les responsables de clubs, qui ne peuvent jamais menés un projet sportif à son terme car en butte à leur instabilité émotionnelle  chronique et à celle des supporters. Repris au plus haut niveau de la maison fafienne, l’expression - renvoyant initialement aux "intermittents du spectacle", ces corps de métiers (réalisateurs, assistants, éclairagistes, preneurs de son, costumiers, maquilleuses, etc.) sans lesquels un spectacle (films, séries télévisés, pièces de théâtre, galas, etc.) ne peut être et encore moins réussi, bien que leur statut soit semblable dans la précarité  à celui des entraîneurs, des médecins, des kinés et des gardes matériels – par une dérive sémantique inappropriée et indécente frise la moquerie déplacée et l’indigence intellectuelle surfant une victoire inespérée. Mais, il n’en demeure pas moins qu’un "intermittent", comme peut l’être Madjer, est le révélateur d’une réalité assombrie par l’argent et la récupération facile de l’effort financier et intellectuel de ces autres qui aujourd’hui (quand les revenus de la rente pétrolière diminuent) comme hier ont beau jeu de déclarer « nous n’avons pas de pétrole mais nous avons des idées ».
Madjer, pur produit de la formation algérienne de joueurs, auréolée d’une gloire qu’on ne peut lui confisquer même si on l’écarte de la postulation à la présidence de la FAF, est un ardent défenseur de ces joueurs locaux qui ont quasiment disparu de l’équipe nationale, réduits seulement à des strapontins (équipe olympique, sélection nationale militaire) que la réglementation internationale où les nécessités géographiques leur concèdent. Et ce sont justement ces deux sélections qui prouvent que le talent existe mais n’est pas employé à bon escient. La philosophie du gain rapide, du consumérisme à l’algérienne fondé sur l’importation, du prêt à jouer, est passée par là.
Comme Rachid Mekhloufi, un autre grand nom du football algérien, grand footballeur parmi les grands de son époque, dans un monde où l’indigène n’avait pas sa place, qui fut son maître en football, Rabah Madjer à la crinière grisée, dans une approche qui se voudrait (selon certains) conservatrice et rétrograde, sans écarter les Franco-Algériens méritants, axe sa pensée et son raisonnement sur "les locaux", ce que d’aucuns nommeraient le développement du produit national.

Invité sur le plateau d’une télévision nationale privée satellitaire, il eut une remarque édifiante en observant, à propos de la diffusion d’un reportage documentaire consacré (par une télévision belge) à un jeune joueur, évoluant dans le championnat de ce royaume, pressenti pour renforcer les rangs des "Verts", qu’il aurait été préférable de médiatiser les jeunes oubliés de tous. L’animateur ne sut bien évidemment quoi répondre.

lundi 28 décembre 2015

Mouloudia d’Alger, Sous pression populiste


A
la veille du Mawlid Ennabaoui, quelques supporters du Mouloudia d’Alger, doyen des clubs algériens, club emblématique s’il peut en être, qui dès sa création s’est donné une perspective innovatrice en investissant dans les forces vives populaires d’une nation en attente du recouvrement de sa souveraineté et se plaçant, selon ses partisans, dans une dimension d’opposition au pouvoir colonial en exhibant sa prévalence religieuse, se sont retrouvés pour montrer leur exaspération en perturbant une nouvelle fois une séance d’entraînement. Une réaction qui pour toute personne douée de raison est inexplicable dans un contexte où l’équipe qu’ils chérissent plus que tout, après une longue période de résultats mitigés, revient – suite au changement des staffs directionnel et technique effectués dans la tradition sportive de ces chocs psychologiques destinés selon les stratégies de perpétuation de leadership à permettre le redressement des groupements sociaux en plein désarroi - aux premières loges d’un championnat de Ligue 1 en perpétuel et impossible équilibre et qui plus est dans une période où les écarts ne sont pas déterminants y compris entre ceux détenteurs d’une relative aisance financière et les quémandeurs de subvention .
On ne peut s’empêcher de toute évidence de lier ce débordement au résultat final de la rencontre qui, quelques jours plutôt, avait opposé l’étendard historiquement religieux du mouvement sportif national à son éternel rival local (l’USM Alger) dans un derby entre deux équipes, d’un seul et même quartier, représentatives de strates socio-idéologiques divergentes. Un résultat qui n’a pas l’air de satisfaire les supporters les plus endurcis.
C’est certainement dans l’humus idéologique, sociologique et populiste qu’il faut rechercher les racines d’un moment sur médiatisé d’un club porté à bouts de bras par la presse sportive à sensation à l’affut de ces situations pré révolutionnaires qu’elle suscite et entretient pour le plus grand bonheur de quelques uns dont ses commanditaires.
Les mouvements de foule de ce type au cours desquels des supporters surexcités demandent des comptes à des joueurs et à des entraîneurs livrés à eux mêmes et sans défense devant une foule déchaînée, les sit-in de protestation devant les sièges d’institutions sportives et publiques, les marches populaires sans les rues des villes et les comités de sauvegarde mis en place pour exprimer leurs ras-le-bol et invectiver font partie de ce que l’on pourrait sans hésitation qualifier de cours normal des choses dans une société dépourvue de normes, de ces faits sociaux si courants qu’ils en deviendraient anodins s’ils ne faisaient la « Une », une preuve itérativement répétée de la gestion des associations sportives par la rue. D'autres clubs de même stature populaire (CSC, MOB, MCO, JSK, etc.) vivent des situations identiques, latentes la plupart du temps et expansives et même explosives en ces occasions de repli identitaire, de retour à l’authenticité originelle affichés ostensiblement par les laissés-pour-compte.    
Extraordinairement c’est à l’époque où la gestion des clubs a été confiée (par les pouvoirs publics et la représentation nationale) à des sociétés commerciales, groupements d’un marqueur sociétal d’une certaine aisance financière, que la voix populaire se fait entendre alors qu’elle s’était tue ou faite plus discrète dans un passé récent lorsque la représentation directoriale des associations sportives était entre les mains de bénévoles ou de responsables désignés par les entreprises publiques.
En ces temps nouveaux où les supporters ne devraient être que des admirateurs, confortablement assis dans des tribunes et des gradins, d’un spectacle à la hauteur des prétentions managériales, on se surprend à écouter des déclarations éculées de dirigeants acculés reprenant un discours (aussi agressif que peut l’être la désapprobation populaire) se référant à d’autres segments, à d’autres activités  de la vie sociale.  Une reprise des points de vue de leurs prédécesseurs en poste dans un passé récent, détenteurs d’un pouvoir sans faille, stigmatisant les foules en colère, capricieuses car éternellement bernées par des promesses non tenues.

dimanche 27 décembre 2015

Toufik Makhloufi, Des milliards sur la table


C
onfortablement installé sous les branches de notre arbre appesanties par les fruits oléicoles arrivés à maturité, un verre de thé à proximité de la main pour rester éveillé et l’esprit clair (comme nous le répète inlassablement un confrère qui préfère le fumer), nous avions cru que le débat, enclenchée par une déclaration des plus anodines de l’entraîneur français de Toufik Makhloufi, était clos suite à la publication des réactions des officiels du mouvement sportif national, le président du COA et le bureau de la fédération algérienne d’athlétisme. Une déclaration dont nous avons tenté de décrypter les tenants et les aboutissants, et de montrer l’inadéquation et la disproportion, pour ne pas dire l’inanité de réactions qui, contre toute attente, ont dévoilé l’incapacité à comprendre le problème posé et à maîtriser une situation de communication qui ne nécessitait pas leurs interventions.
Il semblerait qu’il n’en soit rien. Bien que loin des bureaux de la place du Premier Mai et des salons où se fait et se défait le mouvement sportif national au gré des humeurs des uns et des autres, les rumeurs (ou plutôt des informations non vérifiées propagées par des acteurs respectables du milieu de l’athlétisme), grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, nous parviennent et donnent un éclairage nouveau et plus pertinent à un débat dont le thème initial était, il nous faut en convenir, des plus dérisoires confinant même à l’insignifiance.
Un problème d’intendance (l’obtention d’un visa Schengen) s’est transformé en un débat sur l’ingérence, les prérogatives de collaborateurs et à un étalage sur la voie publique (de surcroît étrangère), sur un site électronique spécialisé peu connu certes, d’informations non divulguées sur le territoire national.
En répondant à une question bien précise que s’est posé un entraîneur, les autorités sportives algériennes ont invoqué l’importance de la prise en charge d’UN athlète (espoir de médaille olympique pour des millions d’Algériens accrochés à un rêve difficilement accessible) et des avantages qui lui sont octroyés en récompense de performances passées et  en prévision de succès potentiels futurs. Un déballage d’hiver qui se veut appartenir à une politique de transparence.
Les dernières nouvelles confortent d’une manière détournée que les autorités sportives n’étaient pas préoccupées par la question de visa Schengen mais par un autre type de visa, celui-ci d’ordre administratif et comptable. Un visa qui certifierait que les dépenses supposées engagées pour le compte de la préparation de Toufik Makhloufi l’ont été en conformité avec la réglementation et qu’elles sont donc justifiées par la documentation qui convient. Une démarche tout à fait en phase avec les procédures consistant à rendre des comptes sur l’emploi de l’argent public. Le ministre en poste l’hiver dernier avait proclamé que l’aide financière de l’Etat ne pouvait être versée entre les mains du coureur de 1 500 mètres  ce qui aurait (avions-nous compris) conduit un cadre de la fédération à se déplacer (avec une grande quantité de billets verts contenus dans une mallette) jusque sur les lieux d’un stage (aux Etas Unis) pour régler des dépenses déjà engagées alors que les préalables administratifs étaient en rade.
Des montants (en monnaie nationale et en devise étrangère) circulent sans que les informateurs puissent expliquer s’il s’agit des montants mis à la disposition de l’athlète ou de dépenses à justifier. Un débat byzantin s’il peut en être s’il ne s’agissait d’une répétition de la polémique de l’année dernière qui avait obligé le ministre de la jeunesse et des sports à intervenir dans les débats. Une polémique restée apparemment sans solution pratique sur la gestion des fonds publics puisque elle reprend sous une forme plus nuancée et plus pernicieuse

Nous avions, en ce temps-là, avancé les principes de traçabilité des opérations financières dont la reddition des comptes est l’ultime phase et des dépenses en cash, en numéraires. Les montants aujourd'hui en cause seraient importants (5 milliards de centimes, 130 00 euros sont invoqués). Comme toujours, les spécialistes en méthodologie du sport ont retenu les sommes sans pouvoir expliquer de quoi il s’agit. Mais, cela expliquerait à nouveau que la préparation de Makhloufi soit freinée au terme d’une année civile correspondant à l’établissement des bilans financiers et à l’entame d’une saison sportive et la véhémence des ripostes.     

samedi 26 décembre 2015

Idéal olympique, L’argent n’a pas d’odeur


A
u niveau de la fédération internationale d’athlétisme (IAAF), un scénario quasiment identique à celui qui se déroule au sein de la fédération internationale de football est reproduit. Sauf que, dans ce qui pourrait se présenter tel un partage des terrains judiciaires, c’est la France qui est le bras armé de l’AMA, l’agence mondiale de la lutte antidopage qui sait si bien choisir ses cibles dans ce qui parait être une instrumentalisation aux relents de guerre froide ou d’un choc des idéologies. Le choix de la Suisse (au-delà de la neutralité de cette nation) et de la France s’explique par l’existence du siège  de chacune de ces deux fédérations internationales sur leurs territoires respectifs même si les observateurs remarqueront avec pertinence que le siège de l’IAAF est sis dans la principauté de Monaco qui pour beaucoup de volets relève de l’Administration française et que les deux sont considérés comme des paradis fiscaux.
Les pratiques généralisées et/ou systématiques de dopage, l’extorsion de fonds, le blanchiment d’argent sur un fond de dissimulations d’informations a conduit à la suspension d’athlètes russes, de leur fédération nationale et du retrait d’agrément de l’agence russe de lutte contre le dopage et du laboratoire d’analyses, à la mise en examen de trois hauts responsables de l’IAAF dont son ex-président, puis de trois autres de la fédération kényane ainsi que la suspension d’athlètes kenyans et turcs pour dopage d’abord puis d’une trentaine d’athlètes italiens pour des « no shows » (refus de se laisser contrôler ou absences aux contrôles). Il est attendu une seconde vague visant les athlètes des pays de l’ex bloc soviétique (Ukraine, Biélorussie, Slovénie, etc.) et surtout la Jamaïque.
Dans cette ambiance délétère, Sébastian Coe, le président nouvellement élu (au mois d’août dernier), fait l’objet d’investigations de la part de la police française dans une affaire de conflit d’intérêts liée à son ancien statut d’ambassadeur de l’équipementier américain Nike et de l’attribution de l’organisation des championnats du monde d’athlétisme 2021 à Eugène, ville américaine fief de l’équipementier dont le choix s’est démarqué des apparences procédurales.
Alors qu’il essaye de se dépêtrer de cette situation peu enviable, son compatriote, anciennement directeur de la communication devenu chef de cabinet à l’IAAF (ne serait-ce pas une forme de népotisme tant décrié lorsqu’il s’agit des pays émergents visible dans la gestion de Lamine Diack)  est impliqué, par un courriel (comme pour la possible action de lobbying de l’actuel président e l’IAAF en faveur de Nike) adressé au fils de Lamine Diack (ancien président de l’IAAF qui aurait financé la campagne électorale de la présidentielle sénégalaise avec les fonds provenant du chantage des athlètes russes dopés). Ce courriel laisse penser qu’une campagne médiatique, destinée à amoindrir les conséquences de la suspension d’athlètes russes (avant les championnats du monde de 2013), aurait pu être confiée à la société de communication dirigée par Sébastian Coe.          
Pierre de Coubertin, rénovateur des jeux olympiques (dont l’athlétisme est le pilier historique et mythique)  doit se retourner dans sa tombe.  A travers les fondements idéologiques encadrant la naissance des jeux olympiques modernes,  il avait interdit aux communs des mortels de gagner quelques sous en pratiquant leur sport favori. La vision qu’il en avait entraîna l’excommunication, la radiation du sport olympique de Thorpe l’Indien d’Amérique, de Mohamed El Ouafi, l’Algérien qui couru contre des chevaux pour gagner sa vie et conduisit Jesse Owens, l’afro-américain (dont la légende raconte qu’il humilia, à quatre reprises, le Führer Adolf Hitler en battant, dans leur fief du stade de Berlin construit à leur gloire prévue, les héros Aryens) à changer de casaque, à abandonner ses ambitions sportives pour survivre dans des Etats Unis d’Amérique ségrégationnistes.

Comme les hauts dirigeants des organisations sportives internationales (CIO, FIFA, UCI, AMA, etc.), ceux de l’IAAF semblent se considérer comme appartenant à une race supérieure qui doit guider les autres même en se compromettant avec l’adversaire d’hier et en mêlant si nécessaire sport, politique et argent comme le firent Diack et Coe dont la campagne aurait été financée par Roman Abramovitch, oligarque russe réfugié en Grande Bretagne, richissime propriétaire due Chelsea.   

vendredi 25 décembre 2015

Présidents de la FIFA et de l’UEFA, La casuistique des « grands » du foot


L
es plus hauts responsables du mouvement sportif international, plus particulièrement les dirigeants (passés et présents) de la fédération internationale de football et le président de l’UEFA (union des associations européennes de football), dont les plus représentatifs son Joseph Blatter et Michel Platini, sont dans des dispositions peu agréables. En effet, une bonne vingtaine de dirigeants de la FIFA sont dans le viseur des enquêteurs du FBI et du département de la justice américaine d’une part et de la justice suisse d’autre part, pendant que d’autres ont été confrontés à la justice interne de cette fédération, sa commission de discipline qui examine le comportement des grands patrons du football mondial. Si les premiers attendent les développements à venir qui pourraient les amener à la barre des tribunaux à moins qu’ils n’acceptent de collaborer à la recherche de la justice et de la vérité en dévoilant les détails de leurs turpitudes et en mettant en cause d’autres personnes parmi leurs pairs, le comité d’éthique de la FIFA taille à coups de machette forts opportuns dans la jungle que serait devenue cette institution internationale footballistique.
Considérée, en raison de ses ramifications occultes, comme une véritable maffia par ceux qui en connaissent les coulisses et en ont divulgué (dans des enquêtes journalistiques et des publications livresques),le fonctionnement, les malversations et autres dérives corruptives, il semblerait, à première analyse, que c’est une opération « mains propres » qui a été engagée pour redonner un peu de crédibilité à un organisme non gouvernemental - aussi riche et surtout beaucoup plus puissant que certains Etats – qui en serait aujourd’hui dénué.
La « vieille garde » de la FIFA a été décapitée alors que les membres appelés à assurer la relève sont dans une situation de faiblesse de plus en plus avérée. L’attribution de Coupes du monde à la Russie et au Qatar (au détriment des Etats Unis et de la Grande Bretagne) a entraîné, on le perçoit de plus en plus, une réaction des candidats écartés qui s’apprêtent à prendre leurs revanches en investissant le CA de la FIFA ou en lui dictant son orientation. En haussant la voix, au début de l’automne, les sponsors-major ont montré la voie de la destitution de Blatter et de ses anciens alliés.
Par un curieux hasard, nous assistons à un retournement rocambolesque de situation, une sorte d’effet boomerang ou une version footballistique de l’arroseur arrosé. Le comité d’éthique s’en est pris à son créateur, « Sepp » Blatter, inspiré par un autre « grand seigneur » du sport, un ancien président du CIO, Juan Antonio Samaranch parti sur la pointe des pieds du comité international olympique. Une situation ironique pouvant conduire à dire que les visionnaires de la salubrité sportive rattrapés par des affaires de gros sous, ont vu leurs réputations égratignées par des comportements qui prennent des proportions démesurées quand elles sont pratiquées par les grands de ce monde que sont ces hauts dirigeants du mouvement sportif proches des milieux des affaires, des dirigeants ayant prétendu suivre les traces (avant de diverger) du rénovateur des jeux olympiques destinés essentiellement aux couches sociales disposant de suffisamment de temps pour pratiquer leur hobby et désireux d’atteindre le slogan mille fois vanté d’un esprit sain dans un corps sain qui n’a plus aucun effet dans celui des hiérarques appartenant à un autre temps.

Par ailleurs, les deux bannis de l’univers footballistiques prennent leurs aises avec la réglementation dont ils ont été les concepteurs ou du moins les porteurs en un temps où ils avaient pour motivation première l’élimination de leurs détracteurs les plus sérieux ou du moins retarder le plus possible la réhabilitation. En envisageant, en ultime recours, de faire appel à la justice civile – ce que la réglementation de la FIFA et des fédérations nationales interdit formellement -, Blatter et surtout Platini, qui croit indéniablement posséder encore un avenir dans cet univers footballistique dont il a fait son aquarium, montrent qu’ils avaient,  le long de leurs carrières de responsables du foot, tout faux.       

mardi 22 décembre 2015

Coupe d’Algérie, Une des premières leçons à tirer


L
es matches de Coupe seraient, à en croire nos confrères de tous les pays du monde où se pratique le football, des rencontres sportives qui ne répondraient à aucune logique, où les petits rivaliseraient et neutraliseraient même d’autres équipes à la réputation plus flatteuse. Un fait qui a été à l’origine d’une légende footballistique, d’une légende des gradins de stades qui donne la place de héros aux petites équipes, avec un retour vers les contes et les fables, vers Cendrillon et le Petit Poucet. 
Les 32èmes de finale qui se sont disputés le weekend dernier ont permis à de "petites équipes" ou du moins considérées comme telles parce qu’évoluant généralement dans ces "divisions inférieures" qui sont celles dont le statut hiérarchique n’est pas celui des Ligues 1 et 2  de se faire, le temps d’un match, une petite réputation. Quelques unes en ayant tenu tête à des ténors du football professionnel national, au palmarès riche en titres, et d’autres en remportant une victoire inattendue dans un contexte où la valeur est déterminée par la masse salariale et non la qualité technique et la volonté des joueurs.   
A l’issue de ce tour de qualifications qui a vu la présence des clubs de la Ligue 1, 16 clubs amateurs sont encore en lice dont 2 clubs de "Régionales" et 5 des ’"Interrogions", des équipes locales survivant dans le paysage footballistique algérien en puisant leurs effectifs dans le réservoir des joueurs du village ou de la petite ville. Des équipes dont l’existence convulsive s’appuie sur le découverte et la formation des jeunes talents locaux et dont le budget annuel représente à peine le quart du salaire mensuel moyen d’un joueur de Ligue 1.
S’il faut saluer ces équipes dont le parcours en Coupe est tributaire du tirage au sort et de quelques exploits sportifs, nous retiendrons de ces trente-deuxièmes de finale de la Coupe, le résultat de la rencontre entre la "Dream Team" qu’est l’USM Alger et le Paradou AC, une équipe des hauteurs d’Alger qui revient de l’"Enfer des divisions inférieures". Une rencontre entre une formation sportive qui s’appuie sur la puissance financière d’un groupe privé et s’inscrit comme le modèle du projet de professionnalisme algérien que veulent édifier les instances sportives nationales et internationales et une autre en reconstruction sur la base d’un projet sportif ambitieux porté également par le secteur privé.
L’USMA est un exemple de construction de club sportif qui, nous semble-t-il, présente beaucoup de ressemblances avec ce que fut l’Olympique de Marseille des années 90 (alors présidé par Bernard Tapie, l’homme d’affaires français ayant débuté sa carrière professionnelle en tant que chanteur, animateur de spectacles devenu repreneur-redresseur d’entreprises commerciales et industrielles en difficulté avant qu’il ne devienne homme politique  puis acteur de théâtre et patron de presse,) mêlant l’aisance financière et le soutien populaire des quartiers voisins de la Canebière. Un Olympique de Marseille dont le parcours fut parsemé de dérives de tout ordre. Même si sur ce plan-là et jusqu’à aujourd'hui, l’USMA est loin de se confondre avec  cet OM, on ne peut s’empêcher de penser que la surenchère salariale  pourrait bien être à l’origine à l’impair commis par Belaïli en utilisant des produits dopants.
Le PAC n’est pas et n’est plus le petit club de quartier qu’il fut. C’est certainement le club qui ne respecte pas le conformisme ambiant qui fait du tape-à-l’œil le moteur d’un professionnalisme chancelant et perdant. Il est certainement celui qui tente le mieux de s’approprier cette perception de la construction d’une entreprise sportive menée selon les règles du libéralisme économique fondé sur la démarche d’entreprises industrielles et non sur le marketing et la propagande.

Avec son ₺Académie₺ qui a fourni, dit-on, 60% de l’effectif qui a franchi ce tour qualificatif, c’est un autre modèle qui s’est imposé et s’oppose à des clubs mieux nantis et plus dispendieux. L’argent dépensé par les Zetchi ne l’a pas été en pure perte. Le club qui a appartenu à la Ligue 1 revient au premier plan grâce aux efforts des  ₺ouled famila₺, véritables  ₺enfants du club₺, pendant des ₺Minots₺ marseillais qui régénérèrent le club failli des stars ou de l’AJ Auxerre de Guy  Roux qui rivalisa très longtemps avec les plus grands clubs de France et d’Europe avec les joueurs formés dans son centre.  

lundi 21 décembre 2015

Bruits de souks, Des comportements inadmissibles


D
ans quelques jours débutera une « pseudo » trêve hivernale. Une pause raccourcie d’abord par l’organisation de deux tours de la Coupe d’Algérie et par ensuite par le rattrapage des interruptions du processus normal du championnat  dues à la participation à des rencontres internationales  (amicales et officielles) de l’Equipe Nationale. Nous noterons que certains entraîneurs estiment que cette trêve n’est pas bénéfique et n’améliore en aucune façon le rendement anémique des joueurs professionnels qui se prélasseraient dans une compétition dépourvue d’intensité.
Si cette appréciation est à discuter par les spécialistes, la trêve sera. Elle interdira aux clubs la routine des stages de préparation hivernale sous d’autres cieux. Généralement en dehors des frontières nationales. Courte certes, mais elle sera. Comme le commerce réglementé, le football obéit à une règle inexorable qui veut que les clubs fassent leurs marchés de joueurs et que ces derniers (perçus comme des mercenaires à la quête insatisfaite de quelques centaines de milliers de dinars supplémentaires) se mettent en chasse d’un nouveau point de chute rémunérateur.
Comme en toute chose, les mercato du football algérien ne se distinguent guère de l’activité commerciale telle qu’elle est pratiquée dans ces zones de vente où règne en maître le trabendo, ce commerce informel qui fait fi de toutes les conventions et conditionne les comportements. Un arrêt de la compétition, une préparation pour « recharger les batteries » et terminer à peu près correctement un championnat qui arrive à mi-parcours et à besoin d’activités récréatives. 
La gestion des effectifs des clubs professionnels est empirique. Elle repose sur la ₺pifomètrie₺, une démarche qui s’appuie sur l’intuition des « super grands chefs d’entreprises » que sont ces dirigeants de clubs dont l’affaire commerciale à objet sportif est en permanent déficit, en perpétuel redressement, en quête du parfait naïf qui les renflouera.
Les dirigeants de club n’ont pas de vision et de stratégies. Les échos reproduits à l’infini sous l’impulsion d’intermédiaires de tout acabit leur servent de lignes de conduite en matière d’évaluation des potentiels et des capacités d’intégration dans leurs équipes respectives qui font que les joueurs s’apparentent à des pions interchangeables, à des robots alors que l’on sait que leurs logiciels, leurs formations sont inadaptés à la polyvalence dont on veut faire croire qu’elle est la panacée aux errements de toutes sortes.
Les souks hivernaux et estivaux sont une jungle où chacun des nombreux actants (répartis en dirigeants de clubs, joueurs, agents de joueurs, supporters, correspondants de presse, etc.) participent à qui mieux-mieux à une gigantesque partie de poker menteur dont ils assurent la distribution des rôles dans une parodie de blockbuster hollywoodien.
Le recrutement de joueurs implique la libération d’autres joueurs dont le rendement ne serait pas à la hauteur des attentes et auxquels on n’a pas laissé la possibilité de s’adapter au mode de jeu et aux mentalités. Pour réussir ce pari que les règlements ont prétendument rendu ardu, tous les moyens sont bons. Y compris les plus déloyaux. Ceux qui donnent de nous une image dégradée et dégradante qui font des Algériens des xénophobes et de l’Algérie un pays qui n’a rien à envier à une France où les partisans du Font National et les esclavagistes de tous bords seraient au pouvoir.
Après l’épisode de l’été dernier, en plein mois de Ramadhan, mois de piété et de solidarité s’il peut en être, qui a vu les dirigeants du CSC mettre à la rue (annulation de la prise en charge de l’hébergement à l’hôtel) le joueur franco-algéro-sénégalais Elias M’Baye (de surcroit n’ayant pas été payé depuis trois mois) pour l’obliger à résilier son contrat, c’est le MCA qui réédite la même pratique avec un autre joueur étranger, le joueur camerounais Patrick Ngoula (également en attente de plusieurs mois de salaire) auquel on demande de libérer son logement de fonction avant que son contrat ne soit résilié.

Par un curieux hasard, les deux clubs (CSC et MCA), ont pour actionnaire majoritaire des entreprises publiques, la compagnie pétrolière nationale  (Sonatrach) et sa filiale, la compagnie de transport aérien (le Groupe Tassili).    

samedi 19 décembre 2015

Le visa de T. Makhloufi, Le "réalisme socialiste" des autorités sportives



L
e débat qui a suivi les déclarations de Philippe Dupont au sujet de la reprise boiteuse de la préparation de Toufik Makhloufi en vue des jeux olympiques de Rio de Janeiro est somme toute une situation de communication dans laquelle des paramètres futiles et incongrus ont fait leur apparition. On observera également pour le clore que la première réaction officielle a été celle du président du comité olympique algérien et qu’elle a été publiée sur un site français (sur lequel se retrouvent les passionnés d’athlétisme et de la lutte contre le dopage) le surlendemain de la parution de l’interview de Philippe Dupont sur les colonnes de Liberté.
La déclaration du premier responsable du mouvement olympique dans le pays a été suscitée très rapidement par les journalistes français ce qui laisse supposer que la réaction des autorités sportives algériennes étaient attendues  et que le président du COA surpris  s’est laissé emporter par la passion mais a été aussi transcendé par les commentaires et le contexte qui prélavèrent dans les milieux sportifs algérois. Malheureusement, encore une fois, le débat n’a pas été maîtrisé. La réaction de ces autorités (COA et fédération) montre indéniablement qu’il y a malaise.
C’est toujours dans les colonnes du même quotidien, cinq jours après la publication des déclarations de l’entraîneur français, que les lecteurs algériens ont eu à connaitre le point de vue des autorités sportives. En fait, il s’agit encore de celui du  président du COA. Le président de la fédération algérienne d’athlétisme (sollicité par le journal en question pour connaitre sa réaction) «  n’a pas souhaité répondre à chaud à l’entretien de Philippe Dupont ». Le journal précise que “la FAA va publier incessamment un communiqué pour apporter sa version des faits”. Le communiqué sera publié deux jours plus tard. Un communiqué qui n’apporte rien si ce n’est qu’il confirme le formalisme discursif dans le plus pur style jdanovien, des plus belles heures du réalisme socialiste soviétique.
En ce qui le concerne, le président du COA a en premier lieu déclaré ne pas souhaiter « entrer dans une polémique stérile qui ne sert pas les intérêts de notre champion olympique Taoufik Makhloufi ». Ce dernier n’est pas intervenu directement (bien qu’étant le principal concerné) dans cette situation dont nous dirons qu’elle démontre que les considérations logistiques donnent l’impression d’être secondaires. Mais, pouvait-il intervenir ? Sa prise en charge fastueuse est un frein à toute rebuffade.  
Ainsi qu’il l’exprime clairement, le président du COA a voulu, avant tout  « ne pas laisser passer des allégations inexactes de son entraîneur Philippe Dupont qui affirme que Makhloufi ne dispose pas de visa ». La lecture sereine de cette déclaration montre qu’il insiste particulièrement en réitérant que « c’est faux, je vous assure que Makhloufi a le visa en poche et pas plus tard qu’il y a quelques jours il était dans mon bureau avec son visa » avant de poursuivre que si le champion olympique n’a pas rejoint « le stage à Angers, ce n’est certainement pas à cause d’un problème de visa ». Notons que selon Dupont, le stage devait se dérouler au Portugal qui en hiver accueille les meilleurs demi- fondeurs français et européens
Après avoir à nouveau réaffirmé que « l’État, le COA et la FAA ne lésinent sur aucun moyen pour offrir les meilleures conditions de préparation à Makhloufi en perspective des jeux olympiques de Rio », le président du COA déclare que Dupont  « est mal placé pour donner des leçons aux responsables algériens et aux institutions algériennes » puis rappelle le statut de ce dernier qui « devrait s’occuper du volet technique et de la préparation de Makhloufi pas plus, lui qui est lié par contrat, ne l’oublions pas, à la Fédération algérienne d’athlétisme ».

Le quotidien rappelle le fait qui a incité Dupont à faire les déclarations qu’il a faite (la difficulté à obtenir le visa qui lui a fait rater le premier stage de préparation prévu au Portugal) et précise que « le jour de l’entretien (mercredi), Makhloufi n’avait pas encore son visa » (visa Schengen) et qu’il n’avait pas, au moment de la parution de la réaction du président du COA, obtenu le visa pour l’Afrique du Sud, pays qui abritera le stage de préparation du groupe Dupont et « surtout son dossier de sortie du MJS pour payer son stage de préparation à l’étranger ». Le quotidien subodore que la « question sera visiblement réglée et tout porte à croire que Makhloufi, actuellement logé à l’hôtel Sheraton aux frais de la FAA, sera du voyage pour l’Afrique du Sud ».

En quête de la vérité….. sportive


L
e lecteur algérien qui suit, tant bien que mal, les péripéties de la carrière de Toufik Makhloufi, sujette à de multiples rebondissements, crises et polémiques, est mis dans l’impossibilité de comprendre ce qui s’est passé ces derniers jours. La crise du visa Schengen est maintenant dépassée. Le champion a obtenu le document qui lui permet de franchir les frontières européennes. Il se pose, aux yeux des observateurs, la question de la durée du visa et de qui doit se charger de cette démarche consulaire. Une question moins innocente qu’il n’y parait puisque le coureur avait été confronté en juin dernier à une problématique du même genre qui l’aurait empêché de participer (à l’amorce de la période compétitive) à un meeting à Birmingham, en Grande Bretagne.
Makhloufi s’échinait à obtenir celui qui lui permettra de prendre part au deuxième stage prévu dans le programme de préparation concocté par Philippe Dupont, son entraîneur, conventionné par la fédération algérienne, le manager du demi-fond français et entraîneur des meilleurs coureurs de demi fond et surtout le double médaillé d’argent du 3000 mètres steeples des jeux olympiques de Pékin (2008) et de Londres (2012) mais aussi champion d’Europe à Zurich (2013) du  1 500 mètres après avoir été disqualifié et dépossédé (suite à une plainte espagnole) de la médaille d’or de son épreuve préférée (le 3 000 mètres steeple) pour avoir retiré son maillot  avant le franchissement de la ligne d’arrivée.
Beaucoup de choses ont été dites. Très peu dans les colonnes de la presse nationale mais beaucoup dans les milieux sportifs avides de ces débats qui facilitent l’occultation des résultats médiocres réalisés en dépit des moyens astronomiques mis à la disposition des fédérations soit par l’Etat soit par le biais du sponsoring.
Des indiscrétions circulant parmi les détracteurs des responsables de l’athlétisme algérien font état d’un budget annuel avoisinant les 30 milliards de centimes. Un budget faramineux lorsqu’on le compare à un nombre de licenciés (selon une déclaration de Hassiba Boulmerka) qui ne dépasserait pas 3 000 athlètes. Un ratio coût/médailles qu’il vaut mieux éviter de calculer tant il semble invraisemblable.
Certaines contributions fédérales à l’organisation de compétitions,  des premières éditions de courses sur route (clôture de la saison 2013-2014) ou de cross country (ouverture de la saison 2015-2016) inscrites dans les calendriers et challenges nationaux semblent l’être en vue de répondre à des motivations et  des intérêts personnels puisqu’il ne s’agit pas d’un encouragement, d’une aide, d’un soutien  à la pérennisation  de compétitions tendant à s’inscrire durablement dans le paysage athlétique.
Le choix de l’hôtel Sheraton du Club des Pins (prise en charge par la fédération puis le comité olympique) pour l’hébergement automnal de Toufik Makhloufi surprend énormément car la crise de l’année dernière s’était cristallisée (en partie) sur le choix de l’hôtel sur les lieux de la période de stage hivernal. Contestant le luxe proposé par les responsables sportifs (ministère ou fédération ?), Toufik Makhloufi avait déclaré alors que, lors d’un stage au Kenya (avec le groupe d’athlètes d’Adem Djamaa qui avait été son coach), il s’était contenté du strict minimum comme ses partenaires de stages dont Genzebe Dibaba, devenue depuis recordwoman du monde du  1 500 mètres. Des reportages réalisés par la presse internationale à la découverte de l’athlétisme kenyan insistent sur l’absence de luxe dans les camps d’entrainement d’Iten et d’Eldoret dont les hôtels ne seraient même pas classés et disent que les jeunes athlètes kenyans se limiteraient à des huttes pour habitation  et à des bols de riz pour alimentation.
Ce qui est étonnant c’est cette transmutation imposée à un athlète qui doit certes bénéficier d’un certain confort psychologique et matériel pour réaliser les objectifs (très élevés) attendus mais que l’on ne doit pas couver au point d’amoindrir ses capacités. L’histoire de l’athlétisme, montre que, de tous temps et dans tous les pays, les « dieux du stade » n’ont pas été chouchoutés au point d’en faire des privilégiés et certainement pas décriés avant même le déclin de leurs carrières.

La disproportion, entre une question légitime qu’est la lourdeur de l’établissement d’un visa et une réponse qui s’appesantit sur les avantages financiers et matériels octroyés par les pouvoirs publics, montre bien le fossé qui sépare les hommes de terrains et ceux qui déambulent derrière les lambris.   

vendredi 18 décembre 2015

Il prépare sa chute


P
our démolir l’interview accordée (publiée jeudi 10 décembre) par Philippe Dupont au quotidien national « Liberté » qui était avant tout l’expression de inquiétude ressentie par un entraîneur (français) en charge de la préparation de Toufik Makhloufi, champion olympique (algérien) du 1 500 mètres, et s’interrogeait sur la difficulté à obtenir un visa, le président du comité olympique algérien s’est adressé à un site électronique spécialisé en athlétisme (à la demande des journalistes de ce site) pour expliquer qu’il s’agissait en fait d’une question de prise en charge financière qui ne serait pas à la hauteur des attentes exagérées de l’athlète et d’une justification des dépenses engagées. Une relecture de l’interview et de nos précédentes chroniques montre  qu’il n’en est rien.
Le journaliste observe que Taoufik Makhloufi « n’a pas créé le lien affectif » avec le peuple algérien. Le champion olympique de 2012 ne serait plus portée par la dynamique qu’avait entraîné sa victoire inattendue (souvenons nous des quiproquos et des interrogations acerbes, sur fond de soupçons de dopage, qu’avaient suscité son abandon au 800 mètres et sa  participation à la finale du 1 500 mètres). La réaction populaire (qui se fiche éperdument de l’athlétisme  en dehors des victoires) prétendument négative est expliquée en partie « par le manque de résultats depuis sa médaille d’or olympique » et par « ses jérémiades permanentes sur des aspects financiers » qui irriteraient des Algériens « en souffrance ».
On revient immanquablement aux discours économique et politique qui ont cours actuellement en Algérie, l’austérité résultant de la diminution de la rente pétrolière, et à ce leitmotiv qu’est la justification des frais engagés que l’on brandit lors de la reddition des comptes. Le président du comité olympique national ne cache pas qu’il (Toufik Makhloufi) «a beaucoup d’avantages, tous les avantages possibles de la part de l’Etat ».
Ce que les Algériens ne savent pas et que les journalistes algériens ne connaissent est dévoilé dans la presse française :  « le champion olympique cadeauté en biens immobiliers lors de son sacre londonien, toucherait un salaire de cadre évalué à 1 000 euros mensuels de la part de la Sonatrach, une rétribution de 1 400 euros mensuelle sur des fonds ministériels de la MJS, un contrat évalué à 120 000 euros annuel avec l’opérateur Mobilis sans oublier un pool de partenaires privés et ses primes de meeting ». Tout l’argumentaire employé habituellement pour discréditer un homme politique ou d’un homme d’affaires gênant. Sauf que là, il s’agit simplement d’un coureur à pied qui, par sa notoriété et ses gains, rivalise (avec une certaine réussite sportive) avec les millionnaires du football professionnel à l’algérienne.
Alors qu’il est appuyé avec une certaine insistance sur la désinvolture avec laquelle le champion gère sa carrière internationale, on se surprend à lire que le retard dans l’obtention du visa pour la France ne serait qu’une mauvaise excuse puisque, selon le président du COA « son dossier a été traité dans les meilleurs délais propres aux demandes formulées par les personnalités». Ce ne serait donc qu’une tempête dans un verre d’eau. Dupont ce serait fourvoyé dans un combat qui ne le concerne pas ou aurait été induit en erreur pas son poulain.
Ce comportement (de l’athlète) aurait pour motivations listées par le site un manque de sérieux de l’athlète qui occasionnerait un retard (par rapport à la programmation envoyée par Dupont) dans sa préparation, un manque de motivation à reprendre le haut niveau ou une réticence à entreprendre un entraînement intensif qui serait devenu une mode, lors des cycles hivernaux, et que l’on retrouverait dans les programmes de certains coureurs de demi-fond. Une affirmation qui confirmerait que Toufik Makhloufi n’en fait qu’à sa tête.
Faisant référence à un correspondant anonyme, affirmant sans aucun détour que « nous, Algériens, nous sommes habitués aux médailles d’or» alors que nous sommes en attente du champion qui nous les rapportera et comme si nos bilans des championnats du monde et des jeux olympiques en regorgeaient, s’écrie que « Dupont, c’est le bouclier de Makhloufi » et que ce sont « toujours les mêmes problèmes, les mêmes histoires avec les mêmes excuses inventées de toutes pièces ». Et cette sentence définitive : « il prépare sa chute ».


mardi 15 décembre 2015

Le retour des "pirates des pistes" et des requins


N
ous nous sommes astreints pendant quelques jours à lire, comprendre, décortiquer, analyser et de tenter de remettre dans son contexte, une interview accordée par Philippe Dupont, coach de Toufik Makhloufi, détenteur du titre de champion olympique du 1 500 mètres qui sera remis en jeu l’été prochain aux jeux olympiques de Rio de Janeiro. Depuis la conquête de cette médaille de vermeil, Makhloufi a déçu ceux qui laissent parler leurs sentiments et oublient que, pendant que nous dissertons sans fin, les autres, ses adversaires et ceux qui les entourent travaillent et font des efforts pour progresser.
L’an passé, pratiquement à la même époque, Makhloufi était au cœur de la polémique. Une histoire d’argent et de procédures administratives et une tentative de mettre la main sur la gestion de la carrière de l’athlète et les avantages de tout ordre qui découle de sa position de potentiel vainqueur des courses de 1 500. Beaucoup, au plus haut niveau de la pyramide de l’athlétisme ont besoin des résultats de cet athlète pour continuer à exister. Ce sont ceux que nous avions dénommés en 1988, il y a déjà plus d’un quart de siècle, ₺les pirates des pistes₺, ceux qui viennent cueillir les fruits du travail des autres. Hassiba Boulmerka fut une des premières, Toufik Makhloufi ne sera pas le dernier. C’est comme cela que l’on assassine les découvreurs et les formateurs et l’on annihile tous les efforts consentis par les uns et des autres.
Le MCA en faisait partie. Ratissant large, il permettait cependant (il nous faut le reconnaitre) aux athlètes de disposer des moyens nécessaires pour atteindre une certaine plénitude au moins au niveau national et continental. Puis, disons-le sans détour, le système le voulait.
Aujourd’hui, sous le couvert de ce que l’on appelle les groupes, les athlètes sont dans l’obligation de se soumettre au diktat de leurs responsables cumulant les fonctions d’entraîneurs et de managers dans leurs versions libérales à l’individualisme effréné que l’on retrouve dans cet économie informelle qui ravage le pays. Le MCA des Djouad, Brahmia (et de ceux qui les accompagnaient et dont le rôle était plus important que ce qu’il n’y parait à première vue) savait gérer les questions de logistique qui se posaient en permanence à la multiplicité des groupes en déplacement pour des stages et/ou des compétitions. La fédération algérienne également. Malheureusement, comme le disait récemment, sur les ondes de la radio nationale, Sid Ali Boukrami, expert en finances internationales et ancien ministre, l’Algérie n’a pas su capitaliser le plus important, les ressources humaines.  Le retrait (pour raisons de santé) espérons-le, momentané du secrétaire général de la FAA est une explication potentielle à cette absence de réactivité de la fédération.
Philippe Dupont, dont l’interview a révolté beaucoup, a déclaré que « si les Algériens ne font rien pour Mekhloufi qui le ferait à leur place ». Il a touché du doigt notre incapacité à agir, à accomplir le futile. Dans une organisation qui se respecte (et Philippe Dupont bénéficiant du statut d’étranger, de la liberté de penser et d’expression, chargé de ce type de questions au niveau de sa fédération d’appartenance s’est permis de dire tout haut ce que beaucoup, accaparés par la gestion de leurs carrières, pense tout bas), ce sont les structures desquelles (GSP et FAA en dernière instance) un athlète de ce niveau relève qui devraient se charger de ces commodités. En fait, les faits le confirment chaque année, Makhloufi est rétif, est un électron libre, ne disposant d’aucune structure d’accompagnement et de soutien. Makhloufi est un grand champion qui exerce dans l’informel. Comme tous les jeunes de ce pays, il se débrouille pour survivre au milieu des requins.

Mais, cette question de visa qui revient sur le tapis n’est que la partie immergée d’un gigantesque iceberg qui est la gestion des aides, subventions et sponsoring dont bénéficie le champion en titre er candidat à sa propre succession sur le 1 500 mètres. 

Le visa pour des milliards


C
’est sur un site électronique consacré exclusivement à l’athlétisme (essentiellement aux courses de demi-fond et de fond et qui fait son cheval de bataille de la lutte contre le dopage) que nous avons trouvé les premières réactions des officiels algériens, de ces « responsables algériens » visés par Philippe Dupont (passant de la fonction d’entraîneur de Makhloufi à celle d’attaché de presse et d’avocat) dans ce qui n’était au départ qu’une question de visa. Les précédentes chroniques étaient rédigées et en instance de publication lorsque nous en avons pris connaissance. Nous n’avons rien changé puisqu’il n’y avait rien à changer.
On apprend, dès le surlendemain de la parution de l’interview (jeudi 10), que l’entretien accordé à « Liberté »  par   Philippe Dupont « a provoqué la colère des autorités sportives locales qui ont bien du mal à contrôler la carrière du champion olympique du 1500 qui n’a toujours pas rejoint le groupe Dupont pour conduire sa préparation olympique ».
Comme nous, le site s’interroge sur le statut de Toufik Makhloufi en se demandant si effectivement il est « le mal aimé », « l’ingérable », « l’enfant gâté ». Il observe aussi que le journaliste de « Liberté »  «ne s’attendait sans doute pas à soulever ainsi une petite tempête diplomatique ». Le site pour écarter toute équivoque indique plus loin que « les propos de Philippe Dupont mué en attaché de presse ont déclenché la colère des autorités sportives et consulaires algériennes ».
Nous rappellerons que, lors de la crise de l’année dernière, pratiquement à la même époque, le président du comité olympique algérien avait pris (selon les propos tenus alors par Toufik Makhloufi) la défense du coureur en bisbille avec les structures du ministère de la jeunesse et des sports au sujet de l’aide financière qui devait lui être attribuée en prévision des championnats du monde de Pékin.
Cette fois-ci, contacté par un des journalistes du site électronique, le président du comité olympique s’élève contre les propos de Philippe Dupont. Comme cela est souvent le cas, dans ce type de situation, c’est le cacique qui répond à ce qui semble être une ingérence, une critique des institutions publiques. Qui n’est en fait qu’une inquiétude formulée à propos d’une dérisoire question administrative (consulaire) qui en temps normaux n’implique pas le recours à un tel niveau de décision.
On y apprend aussi que les deux hommes (le président du COA et Taoufik Makhloufi) « se sont rencontrés il y a cinq jours (Ndlr. comprendre le 7 décembre, donc avant la parution de l’interview) pour tenter d’apaiser une situation conflictuelle et délétère ». Le site indique que la rencontre avait un double but, « à la fois pour éteindre la colère d’un athlète en demande excessive de soutien financier illimité mais aussi et surtout pour espérer lui remettre le pied à l’étrier ». Nous relèverons que la question du soutien financier n’a pas été abordée par Dupont qui s’est limité strictement à la difficulté à obtenir ce visa problématique qui empêcherait Makhloufi de reprendre les entraînements de haut niveau.
 A la lecture de la suite de l’article, on est amené à  comprendre que Makhloufi mène une vie de pacha qui n’est plus celle d’un athlète à la quête d’un nouveau titre olympique. On nous dit par exemple qu’il est logé, depuis près deux mois, dans des conditions inespérées à l’hôtel Sheraton du Club des Pins, haut lieu de la nomenklatura, et que la facture a été d’abord à la charge de la fédération algérienne d’athlétisme puis, après épuisement des fonds alloués, du comité olympique qui a pris le relais. Le site poursuit ironiquement (on le comprend fort bien) en écrivant « une base d’entraînement VIP pour celui qui ne s’entraînerait que par de simples footings dans la forêt de Bouchaoui».



lundi 14 décembre 2015

"Si les Algériens ne font rien……"



L
a nouvelle polémique qui s’annonce autour de la préparation de Toufik Makhloufi fait partie de ces rituels qui rythment naturellement l’organisation et le fonctionnement du mouvement sportif national dont on sait malheureusement que ce microcosme ne se différencie guère de l’univers dans lequel il s’insère puisque ce sont les mêmes mécanismes et mécaniques qui sont en action et reproduits.
Revenant sur la course de la finale des championnats du monde de Pékin, Philippe Dupont, son entraîneur dont le contrat d’objectif s’achèvera avec les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, replace la quatrième place (la plus mauvaise puisque venant tout juste après les médaillés) admet que le champion des Algériens était obnubilé par une place sur le podium et que cet objectif était celui que lui avaient désigné les spécialistes. Le résultat (4ème) a été celui du choix (fait par T. Makhloufi) de rééditer la course de Londres devenue pour lui la course de référence. Après coup, Dupont note qu’il aurait du choisir une autre tactique, courir différemment et qu’ « en prenant moins de risques, il aurait pu largement prétendre au podium et peut-être même gagner la course ». Mais, il le répète « quatrième dans un championnat du monde, ce n’est pas rien » avant d’inciter les Algériens à ne pas faire « la fine bouche sur une telle performance ».
On apprend que Makhloufi est quelqu’un « de très sensible », très marqué « par le côté affectif » et que « c’est un passionné » qui « a tout le temps besoin d’être soutenu ». Contrairement à ce que la polémique de l’année dernière pouvait laisser croire, le soutien attendu n’est pas spécialement matériel mais moral. Makhloufi ressentirait, sur ce plan-là, un déficit de ce Dupont appelle ₺amour₺, ₺reconnaissance₺ et ₺confiance₺, un comportement de la part des responsables de l’athlétisme algérien qui pour lui est « énigmatique et désolant ».
Pour en avoir discuté souvent avec l’athlète, l’entraîneur «le sens un peu blessé par ce manque de considération » et par les tracasseries rencontrées qui expliqueraient le retard dans le démarrage d’ « une préparation optimale » en vue des championnats du monde. La reconduction de cet état d’esprit et de ces contrariétés semble l’inquiéter et l’amène à prévoir la reproduction du même scénario avant les Jeux olympiques de Rio.
Dupont (qui n’est pas en permanence avec Makhloufi) explique l’avoir eu au téléphone et ne pas être satisfait de la préparation en cette période avec le ratage d’ « un stage très important de développement général que j’ai organisé avec de grands athlètes français dont Mekhissi, au Portugal, pendant deux semaines. Il était vital qu’il soit là. Je voulais absolument qu’il travaille avec Mekhissi pour optimiser la préparation et je suis déçu qu’il n’ait pas pu être de ce regroupement ». Pire, Makhloufi pourrait être absent à un second stage prévu au mois de janvier, en Afrique du Sud. L’inquiétude de Dupont est du au fait qu’ « il fallait reprendre le travail au mois de novembre » et que  « Makhloufi est aux abonnés absents pour des raisons futiles ».
Comme en juin dernier, il s’agit d’un problème de visa dont Dupont dit qu’il est vrai que c’est « un problème compliqué surtout en ce moment », mais qu’il ne peut comprendre « qu’il faille plus d’un mois pour obtenir un visa de longue durée à un athlète de la trempe de Mekhloufi qui normalement doit pouvoir voyager comme il le veut ». Dupont se pose également une question pertinente : « si Taoufik Makhloufi qui doit défendre dans six mois un titre olympique ne peut pas avoir un visa en moins d’un mois, qui peut l’avoir ? ».
Expliquant la situation présente, Dupont déclare que tous les adversaires de Mekhloufi ont repris l’entraînement « depuis un bon bout de temps » alors que notre coureur se démène pour obtenir un visa, une opération administrative « qui n’est même pas de sa responsabilité à vrai dire ». Considérant qu’un athlète de son  standing « doit être soutenu, encadré », « ne doit manquer de rien » et que «c’est l’une des rares chances de l’Algérie aux Jeux olympiques », il remarque que Makhloufi a du mal à respecter le programme de préparation en Algérie et que l’athlète lui aurait dit qu’il « n’est pas dans des conditions psychologiques adéquates ».

Espérant une amélioration « dans un futur très proche », supposant que Makhloufi « est une idole dans son pays » et que les responsables algériens pourront faire quelque chose, l’entraîneur français ne prend pas de gants en disant simplement « si les Algériens ne font rien pour Mekhloufi qui le ferait à leur place ».  

dimanche 13 décembre 2015

Makhloufi à Pékin, "C’est tout simplement miraculeux"



P
hilippe Dupont qui rencontre quotidiennement les meilleurs athlètes français de demi-fond et approche régulièrement, au gré des stages de préparation qu’il encadre partout dans le monde, les plus grands athlètes (les adversaires de Toufik Makhloufi et les autres) observe aussi que la belle machine « peut aussi être déréglée par des tracasseries administratives et par manque de soutien de son entourage immédiat ». Ce qui est le sort du champion olympique et de tant d’autres athlètes au potentiel étincelant (ils sont nombreux) qui n’intéressent pas particulièrement la fédération algérienne d’athlétisme dont les meilleures compétences sont en retrait ou meurent à petit feu.
Dupont affirme que Makhloufi, lorsqu’il est mis dans des conditions de préparation idéales, « c'est-à-dire qu’il ne se soucie que de son travail sur le terrain »,  peut réaliser des choses fantastiques. Il raconte également que pendant la période de préparation  des Championnats du monde de Pékin (en fait les cinq mois passés sous sa coupe), « il a bossé durement. Il a souvent terminé ses séances d’entraînement très fatigué » parce qu’il en voulait tellement. La conclusion qu’il tire de cette période est, qu’au sortir d’une période d’inactivité, « il a beaucoup souffert à l’entraînement pour être à la hauteur à Pékin, et beaucoup en Algérie n’ont pas tellement fait écho de ses sacrifices ». Cet ensemble d’éléments concourt à faire du champion olympique en titre un membre à part entière « de la race des athlètes de haut niveau dans le demi-fond mondial » avant de répéter ce que l’on aurait tendance à oublier que  « c’est tout de même le champion olympique du 1500 m dont on parle là » et que quand il est mis « dans des conditions favorables, il peut être parmi les meilleurs de ce monde dans le demi-fond et çà ce n’est pas rien ».
Dupont a la décence de ne pas juger la préparation "offerte" à Toufik Makhloufi avant son intégration dans son groupe d’entraînement. Mais, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle ne fut pas optimale puisque pendant un peu moins de 5 mois, Makhloufi a eu droit à une préparation accélérée qui fait dire à Dupont que « c’est un miracle ». Au gré des réponses, Philippe Dupont montre que Makhloufi, malgré les difficultés, « voulait encore se défoncer pour ce titre ». Il notera d’ailleurs que c’est ce qu’il a fait « en termes de préparation même si le résultat n’a pas suivi ». Bien que l’entraîneur ait estimé que cela serait difficile et que la réussite « n’était pas du tout évidente » et au bout de trois mois de travail, le coureur s’entête et réalise un chrono de 2’13’’ 00 au 1000 m (4ème performance mondiale) et 15 jours plus tard 3’28’’75 (7ème meilleure performance mondiales de tous les temps) au 1500 m. A nouveau, Dupont renouvelle le caractère extraordinaire du niveau atteint en peu de temps « pour moi, c’est tout simplement miraculeux ».
Il constate aussi qu’avec ces performances « beaucoup d’espoirs reposait sur lui pour une médaille. C’est l’espoir de tout le peuple qui l’a vu triompher à Londres » et que la 4ème place des championnats du monde fut « une grosse déception » pour le peuple algérien mais aussi « pour moi et pour Makhloufi lui-même ».

Le réalisme reprend le dessus. Il est vrai que cela n’est pas à la portée de tous et encore moins des charlatans, de ceux qui ne maîtrisent pas la complexité d’une préparation et comptent justement sur les miracles. Ceci, Dupont ne le dit pas. Il s’en tient simplement à dire objectivement qu’être «quatrième dans un championnat du monde très relevé, ce n’est pas mauvais non plus ». En bon défenseur de son athlète (mais aussi pour rehausser la qualité du travail réalisé sous sa houlette), il fait valoir les circonstances atténuantes à prendre objectivement en compte, à savoir le « peu de temps durant lequel nous avons travaillé ensemble » ainsi que le « niveau exceptionnel qu’a connu cette année le 1500 m ». Il constate que les six premiers de la course ont  tous couru  en moins de 3’30’’00 et que le champion du monde Asbel Kiprop a fait 3’26’’69, tout près du record du monde de Hicham El Guerroudj (3’26’’00). Son avis personnel est qu’ « il n’y a pas de honte à être quatrième à un championnat du monde d’un niveau aussi élevé ».

samedi 12 décembre 2015

Toufik Makhloufi, Une machine capable de faire des merveilles



N
os confrères du quotidien national ₺Liberté₺ éprouvent un intérêt non déguisé pour Toufik Makhloufi, champion olympique du 1 500 mètres qui, depuis 2012 et sa médaille d’or inespérée gagnée haut la main sur la  piste du stade de Londres, n’arrive pas à réitérer une performance que seul chez nous, sur cette distance mythique, Nouredinne Morceli (chez les hommes) a pu réaliser. Toufik Makhloufi est, selon les observateurs, un de ces athlètes pouvant récidiver dans son registre et apporter une nouvelle médaille d’or.
En ce début de saison olympique, nos confrères nous alertent, à juste raison, sur le renouvèlement d’un scénario déjà vu au début de la saison dernière, d’un hiver préparant les championnats du monde de Pékin et s’étant achevé au pied du podium malgré tous les efforts consentis pour la réalisation de cette ambition déclarée.
La saison 2015-2016, qui culminera avec les jeux olympiques de Rio, débute sur les mêmes bases d’incertitudes prononcées, d’incompréhensions et d’exaspération que la précédente. Celles qui avaient suivi la médaille d’or du 1 500 mètres des jeux de Londres avaient été, sur le volet de la communication et de l’expression des conflits avec les pouvoirs publics ou leurs représentants, beaucoup plus sereines puisque le coureur était soit malade (2012-2013) soit en reconstruction après sa maladie (2013-2014).
Malgré tous les embuches rencontrées ces dernière années, pendant ce cycle olympique, Toufik Makhloufi, qui n’était avant sa victoire londonienne qu’un coureur de 800-1 500 de valeur internationale et qu’un honorable outsider, est devenu (sa prestation inattendue et inespérée de Londres aidant) un coureur international reconnu. Son standing a été modifié, amélioré pas ses résultats de l’année dernière où l’on retrouve deux excellents chronos mondiaux (Top 4 mondial de tous les temps sur la distance intermédiaire du 1 000 mètres et un Top 7 sur 1 500 mètres) agrémentés, quoiqu’on en dise, par une 4ème  place aux championnats du monde de Pékin.
Les débuts de saison de Toufik Makhloufi sont difficiles. L’année dernière, « Liberté » s’en était déjà fait l’écho pour une histoire de bourse de préparation restée dans les startings blocks suivie d’une polémique médiatique stérile obligeant un ministre à descendre dans l’arène pour dédouaner ses représentants et accablé l’athlète. Un peu plus tard, ce sera la délivrance d’un visa qui provoquera l’excitation générale.
La nouvelle saison démarre avec une autre histoire de visa. Mais, cette fois-ci, Toufik Makhloufi est en retrait. Il n’est pas exposé directement. Son entraineur, agréé par les instances sportives nationales, rue dans les brancards. Philippe Dupont, dont la carte de visite n’est pas vierge (entraineur de Mahiedinne Mekhissi, un Français d’origine algérienne, double médaille du 3 000 steeple et manager national du demi fond français) fait entendre incidemment que tout ne va pas pour le mieux et que la préparation connait une mauvaise entame.

L’interview accordée fait partie de la routine journalistique. Une de ces interview où l’on fait le point d’un passé récent et où on l’aborde les projections sur un futur proche. Elle permet aussi de mieux cerner le personnage Toufik Makhloufi au sujet duquel beaucoup de choses (pas très agréables) ont été dites par des personnalités sportives dont on sait aujourd’hui qu’elles sont des acteurs de la lente agonie de la course à pied en Algérie. L’œil neuf et de surcroit étranger nous décrit  « assurément une personne très attachante, qui a des valeurs ». Dupont qui connait les athlètes algériens et a eu une expérience malheureuse avec Ali Sidi Sief Ali (il était son entraineur lorsqu’il conquit la médaille d’argent aux jeux Olympiques de Sidney 2000 et l’était encore lorsqu’il fut contrôlé positif, après avoir remporté une autre médaille d’argent aux championnats du monde d’Edmonton, l’année suivante) affirme avoir « beaucoup de plaisir à travailler avec lui. C’est aussi un athlète de haut niveau, un professionnel qui ne rechigne pas au travail mais qui réfléchit ». On comprend mieux pourquoi, Makhloufi fut qualifié d’ « athlète ingérable » par des cadres de la fédération. On retrouve également certains traits du portrait tracé par des retraités de l’athlétisme le décrivant comme un bourreau de travail. Dupont dit de lui que « c’est une sorte de machine capable de faire des merveilles ».

vendredi 11 décembre 2015

Recapitalisation du CSC, Des informations tronquées ou manipulées



A
u cours des premiers jours du mois de décembre, l’assemblée générale des actionnaires de la SSPA/CSC a décidé de la recapitalisation de la société commerciale qui gère les affaires du club de la ville aux huit ponts qui fait vibrer le cœur de milliers de Sanafirs, les supporters invétérés des « Verts et Noirs ».
La résolution, telle qu’elle a été annoncée dans la presse, à l’époque où elle a été votée, a permis de constater une multiplication par 2.5 du capital initial de la SSPA qui était de 24 milliards de centimes. Par cette opération, qui doit conduire si elle est bien gérée à un assainissement provisoire (si les réflexes antérieurs persistent) de la situation financière de la société par actions et des dettes enregistrées, le capital social par cette de recapitalisation (augmentation du capital) est porté à 60 milliards de centimes.
L’information, dont la portée est indéniablement de première importance, est - comme c’est le cas lorsqu’elle est diffusée par les milieux médiatiques proches des dirigeants constantinois du club - tronquée, incomplète si ce n’est manipulée. Bien plus, cette même information ne permet pas aux supporters de se projeter dans l’avenir ou de se retrouver dans le présent. Surtout, quand ils doivent  se remémorer certains détails qui ont bruité, il y a quelques semaines ou mois, sur les cachoteries de ces mêmes dirigeants.
Une certitude cependant, cette augmentation du capital n’est pas la suite d’une activité ₺normale₺ qui aurait permis à la société d’engranger, au fil des exercices comptables, des bénéfices et de dégager ce que les comptables nomment les ₺réserves₺. Il est en effet de notoriété publique que l’ensemble des clubs de football professionnels algériens sont déficitaires et que tous sont confrontés à des situations financières difficiles et que les joueurs (principaux salariés) sont dans l’attente de plusieurs mensualités et primes de matchs. On sait également que le montant des dettes augmente régulièrement.
La presse sportive locale donne cependant une information méritant que l’on s’y arrête. En l’état actuel du processus d’augmentation du capital social, la répartition des actions est maintenue en l’état ante donnant 75% des actions à l’actionnaire majoritaire (groupe Tassili) et 25% à un groupe de 6 actionnaires composé de Chenni, Fersado, Haddad, Boulhabib, Boukhezra et Souilah. Par ailleurs, ces actionnaires disposeraient d’un délai d’un mois (à dater de la réunion) pour souscrire aux nouvelles actions créées et en libérer le montant. Passé le délai fixé (échéance le 5 janvier, dernier délai), l’actionnaire principal serait obligé s’en porter acquéreur ce qui aurait pour conséquence de porter sa participation à 99, 99%.
Pour l’instant, nous n’approfondirons pas la réflexion. Nous laissons le soin aux lecteurs de le faire. Et, reviendrons sur le sujet dans le courant de la première quinzaine du mois de janvier, quand le processus de recapitalisation sera entièrement formalisé et authentifié.

L’information journalistique publiée laisse cependant pantois. Le scénario décrit laisse entendre que ce serait quasiment un ultimatum qui aurait été intimé à ces actionnaires minoritaires qui, dans l’hypothèse où ils ne souscriraient pas à la recapitalisation, seraient dans l’obligation de se désister des actions qu’ils détiennent pour que Tassili détienne 99,99% des actions. Nous observerons que la loi (code du commerce) n’oblige pas les actionnaires à souscrire aux nouvelles actions émises ou à se défaire de celles qui sont en leur possession. En restant sur leur position actuelle, les 6 actionnaires en question ne représenteront non pas 0.01% mais 10% du capital social. Ils perdront 15% du cumul des voix (et du pouvoir décisionnel minime, il faut en convenir) qu’ils détenaient et ne seront redevables devant les créanciers de la société qu’à hauteur de leur participation à partir  de l’authentification (devant notaire) du nouveau contrat d’actionnariat. La nouveauté ne réside pas dans la répartition de l’actionnariat que tous, dans le landernau constantinois, attendaient et même appelaient de tous leurs vœux mais dans la dépossession du pouvoir exécutif des caciques sanafiriens.